dimanche 30 décembre 2012

La ressourcerie de Zoë. Morceaux choisis

Renseignements sur BRIC à BRAC ORCHESTRA
Bric à brac orchestra



Le 10 janvier dernier, j'avais inauguré une séquence ressourcerie qui devait remplacer le Vent des blogs. En fait il n'y a pas eu de seconde édition. Aussi ai-je décidé de conclure cette année par une chronique de recyclage de morceaux récupérés ici ou là, soit sous l'arbre soit ailleurs. Voici donc non pas le bric à blog  de La Feuille Charbinoise , mais desbribes de blog, un best of de fin d'année en quelque sorte(original non?). 

Parmi les évènements qui m'atteignirent cette année : la mort de Laurent Perrin. Avec lui disparaissait tout un pan de ma jeunesse, lorsque son appartement de la rue de Buci servait de repaire à la petite bande d'amoureux et d'amoureuses qu'il accueillait à toute heure.

Il y eut une élection, vous vous souvenez. Comme les tweets ont beaucoup gazouillé à l'époque pour annoncer les résultats avant l'heure légale j'avais commis une série de messages codés rigolos (enfin le pensai-je).

Le 22 mai, répondant à l'appel de la cinéaste parisienne Laure Kalangel, un collectif international de musiciens et d'auteurs se forme et se lance dans l'écriture et l'enregistrement d'un morceau inspiré de Which Side Are You On de la syndicaliste états-unienne Florence Reese. La partie musicale est dirigée par Éric McComber et réalisée et mixée au Studio Bangratz à Sauve, Languedoc-Roussillon.

J'ai rencontré le nouveau Robin des Bois. Il est venu à la demande d'un groupe local d'activistes présenter l'expérience de Marinelada. Cette homme est habité sans conteste d'une réelle volonté de changer les rapports sociaux.  Chéguévariste en diable! Compte-tenu de la crise que vivent les Espagnols, cette expérience emblématique commence à faire des émules. Vale! 

A l'occasion du prix Nobel de la Paix attribué à l'Europe, je m'interrogeais sur le sens d'une telle attribution alors même que l'Europe, gouvernée par des affidés de grandes banques, continue à organiser l'essorage des petites gens dans la grande machine à mondialiser pour la plus grande satisfaction des jongleurs de titres et la jouissance intime des squales de la finance. 

Dans cette veine : une satire au hachoir du film de Dupontel "Enfermés dehors". Regardé en famille hier soir. Déjanté, déroutant, déconnant (un peu éprouvant quand même).

Cette année j'ai ajouté quelques étapes précieuses dans  le cours de mes pérégrinations. Ainsi suis-je devenue une fidèle de Sergeant Pepper et je garde dans ma sélection de dernière minute avant la fin... de l'année, cet article qui m'avait particulièrement touchée.
La mienne de fille a passé quelques jours à la maison et elle est déjà repartie pour fêter avec les copains le passage vers l'année nouvelle. Elle nous a montré quelques vidéos des travaux du groupe des jeunes apprentis comédiens avec lesquels elle travaille à Minsk. Je vous en livre un extrait. C'est ma petite chérie qui ouvre le bal. La qualité de la vidéo n'est pas excellente, le rire de la jeune traductrice hors champ est un peu agaçant mais cet échange de gnons est un excellent exutoire pour conclure cette année pendant laquelle la main m'a souvent démangée tant les têtes à claques ont abondé sur la scène médiatique. 

C'est avec beaucoup de douceur que je vous souhaite de basculer vers la nouvelle année.

lundi 24 décembre 2012

Soyeux Noël

Cette année le sapin est un palmier
Pour accompagner votre réveil, un joli morceau de Matilda (une amie de ma fillote).
Elles ont bien du talent ces jeunes pousses...
Que la vie vous soit douce.

vendredi 21 décembre 2012

Une fin du monde qui fait pschiitt!



sondage fin du monde
Illustration empruntée ici

Si vous me lisez, c'est que l'évènement ne s'est pas encore produit. Si vous avez encore le loisir de vous promener sur le ouèbe c'est que tous les plombs n'ont pas fondu, les satellites ne se sont pas collisionnés, les pôles ne se sont pas abouchés et les océans continuent gentiment à bercer le sommeil des petits nenfants.

Bon, alors cette fin du monde, ça vient ? Non parce que si en effet il pouvait y avoir un certain remue-ménage, ça pourrait être rigolo. Je donne quelques idées aux extra-terrestres pour les aider à faire du bon boulot.
Goldman Sachs et quelques autres de ces usines à faire turbiner le fric prennent feu pendant une assemblée générale (en espérant que la piétaille a été mise au chômage, histoire de lui sauver la peau (encore que pour travailler dans une telle boite...)).
Les arsenaux implosent les uns après les autres (s'ils explosent c'est pas raisonnable pour l'entourage). Toutes les pétoires s'enrayent, les drones s'enrhument, les missiles s'endorment, bref, les belliqueux sont à main nues. Ouf! Ça c'est fait.
Les tyrans impétueux sont arrachés au sol et flanqués dans une soucoupe, direction Jupiter. Je ne peux pas citer tous les candidats, y'en a trop, un bon millier au moins pour donner l'exemple.
Tous les violeurs du jour sont saisis d'une chaude-pisse carabinée qui les éloigne de toute concupiscence pour 99 ans.
Les carouf et autres hangars à distribuer des mochetés fabriquées par les petits serfs des pays dits en voie de progrès  sont envahis d'une odeur d'égout irrespirable dont rien ne vient  à bout.
Les bestiaux parqués dans les couloirs de la mort en attente de leur mise en pièce sous cellophane s'évadent tous en même temps et viennent meugler aux portes des Mac Do.
Les centrales atomiques prises de commotion cérébrale font un arrêt cardiaque et s'arrêtent sans demander leur reste.
Les piscines des milliardaires se remplissent d'un seul coup d'un liquide rouge qui ressemble à s'y méprendre à de l'hémoglobine.
Les diamants s'attaquent à l'aveugle aux yeux et aux dents de celles qui les arborent, l'or fond dans les girons,  les fourrures reprennent leur sauvagerie sur le dos des rombières.
Je vous invite à faire part de vos propres suggestions, il faut les guider ces petits verts.

On peut rêver un peu. En fait, si vous m'avez lue jusqu'ici c'est qu'aucun bug n'a entravé notre complicité virtuelle. A l'heure où j'écris, le jour dit fatal vient de commencer. J'espère bien vous retrouver demain à la même heure et que la fin du monde n'aura pas fait crac, boum, hue à part le boucan médiatique que l'on sait.

Portez-vous bien

Je retranscris les suggestions de mes visiteurs pour que les Archanges de l'Apocalypse les trouvent en bonne place.
contraindre les producteurs d'OGM à ne bouffer plus que ça jusqu'à ce que mort s'en suive. la bacchante
les bétonneurs, les proxénètes, les marchands d'armes, les trafiquants d'ivoire et de poudre de corne de rhinocéros soudain précipités dans un cratère de volcan en activité. Euterpe
un kiki minuscule et très, très douloureux à l'usage à tous ceux qui violent ou voilent les femmes
Anonyme Sophie K.
 un remue-méninges, une perturbation tellurique, un coup de foudre, une remise en place sans l'aide des "petits verts", un éclat de rêve, les pieds bien plantés dans notre terre. Frédérique

lundi 17 décembre 2012

"Tout foutre en l'air sans toucher à rien"

C'est Pierre Jourde qui m'avait offert de rencontrer ChevillaL'Auteur et moird. Dans son opus "la littérature sans estomac", il assassinait joyeusement des auteurs que pour ma part j'appréciais avec modération (litote) (Angot, Houellbecq ), d'autres que ces lazzi atteignaient au sein de l'estime que je leur portais (Duras par exemple). Dans cet exercice de démolition, un écrivain, servait en contraste de référence de la bonne littérature, celle qui ne se paie pas de mots mais ausculte et sculpte la langue sans se soucier aucunement d'accrocher l'exercice aux figures obligées de la narration. Je me jetais donc sur le premier Chevillard "Mourir m'enrhume" et me mis ensuite, après avoir rattrapé mon retard, à guetter  les sorties du phénomène, sans jamais être déçue. Ah! "Le vaillant petit tailleur", l'Oreille rouge, Nisard et Sans l'Orang Outang ! Et puis je ne sais pourquoi, je décidais de faire cesser l'addiction, laissai choir Choir,  ne visitais plus qu'épisodiquement l'Autofictif, ne pris pas la peine de me procurer Dino Egger. L'exercice stylistique pour éblouissant qu'il soit me désespérait.
Philippe Annocque m'a d'une aimable bourrade  remise sur le chemin que je n'aurais pas dû quitter. Pourquoi se priver de ce bon jus de treille quand il y a tant de piquette qui circule ? Il se trouve que le prétexte de la logorrhée chevillardesque ne pouvait que faire de moi une complice, d'emblée. J'exècre comme le personnage ( un point commun entre le personnage, l'auteur, le lecteur), le gratin de chou-fleur. Comme le clame et le déclame ce Blaise (je n'ai pas dit Blaireau) en prenant à témoin une mademoiselle qu'il contraint comme nous lecteurs à écouter sa complainte, on peut essayer d'échapper à ce qui  détruit en nous le goût  des autres et toute appétence à vivre, les autres s'ingénient à nous servir et nous resservir l'horrible rata.
Le fil  de la narration est fort ténu, la répétition un exercice de haute voltige, les bifurcations et virages très risqués entre Blaise déblatérant à la terrasse d'un café (d'où on peut voir passer les communs des mortels dans leur commune insignifiance) et  Blaise épris cette fois d'une fourmi qu'il suit avec constance, flanqué d'une amoureuse glanée à l'improviste, d'un enfant rameuté de même et d'un tamanoir échappé d'un cirque (seule explication un peu sensée à son apparition prodigieuse et dangereuse, eh oui la fourmi, vous suivez ? c'est bien ! continuez !).
Les livres de Chevillard sont impossibles à résumer, il le fait exprès le bougre, il déteste le propos convenu, cet homme, le cliché et toutes les vieilles poussières qui encrassent le verbe.  Il s'en moque même, ses aventures sont aussi risibles que celle du Cavalier à la longue figure, coiffé de son bassin de barbier, conspuant l'époque qui a renié les hautes valeurs de la chevalerie. Lui c'est la mort de la littérature qu'il prophétise en la déplorant,  par extinction du lecteur, ou plutôt de la lectrice, puisque seules les (vieilles) femmes hantent les salons du livre (dixit l'auteur).
(...) "les hommes ne lisent pas ni les proses ironiques, sarcastiques même et peu narratives, ni rien d'autre non plus; ils sont devenus de froides machines, des fonctionnaires zélés du système en vigueur entièrement appliqués à leur tâche, ne goûtant la volupté d'être que dans le jeu fluide des combinaisons et des rouages -la musique des moteurs, la circulation du ballon-, incapables de recueillement et de solitude, farouchement anti-intellectuels, définitivement perdus pour la littérature. Leur intérêt ne s'éveille que lorsqu'il est généré par leur capital. (Et parce qu'ils ne leur prêtent pas main-forte, et qu'ils les laissent écluser seules toute la production littéraire, c'est aux femmes qu'il revient de lire les mauvais livres aussi bien que les bons)" * (228)


Autofiction dérisoire, métaphores puissance métaphore, ligatures de sens improbables, syllogismes imparables, tout cela touillé dans le chaudron du sorcier, d'où jaillissent des fusées éclairantes qui laissent de longues trainées de couleur dans votre paysage mental, non sans avoir éventuellement fait sauter quelques unes de vos potiches.
Lire Chevillard, c'est une ascension à mains nues, le corps secoué régulièrement par le "rire blanc", ce rire que Michel Tournier distinguait de tous les autres, le rire métaphysique de celui qui sait que son élan l'a conduit au dessus du vide et contemple le gouffre, hilare.

Hors de question d'évoquer l'ironie , Chevillard abomine "l'ironiste (qui) voudrait n'être dupe de rien, ni de lui-même ni des autres, ni des mots ni des lettres qui les composent, il se couvre de tous les côtés. C'est une anguille visqueuse, un sale type pervers qui abuse de la naïveté des jeunes filles et de la candeur confiante de ses lecteurs. (...) Mon cœur est dans ma main quand j'écris, j'ai l'impression d'avoir capturé une petite rainette, dit l'auteur, Certains trouveront l'expression de mon visage un peu niaise. Plutôt ça que l'atroce rictus de l'ironie, ce masque de Voltaire creusé par Léautaud qui n'aura bientôt plus de joues du tout.** (244)

L'écrivain est  un être qui ne goûte de la vie que sa transmutation par les mots. Écrire est une activité de mise à l'écart pour fuir en fait le commerce de tous ceux qui prétendent habiter le monde et y peser dans des engagements qui ne font qu'ajouter du chaos au désordre. Or l'auteur "volontiers révolutionnaire en théorie, a horreur de toute espèce de changement dans l'ordre de ses jours. (...) Sa vocation d'écrivain s'explique du coup avec évidence. Il trouve dans cet exercice l'occasion de tout foutre en l'air sans toucher à rien. Il feint jusqu'à un certain point de croire que la littérature est le réel et il s'emploie à le déconstruire, à le ruiner dans ses fictions sabotées, sachant bien pourtant que nul effet de retour n'est à craindre, que les vaches sont bien gardées et l'espace du songe parfaitement étanche. (36)

Une illustration dénichée grâce à  Depluloin : le lecteur, une sculpture d'Alain Laboile, rajoutée ce jour (mardi).

* L’esprit des péninsules, 2002, (Pocket, 2003). Prix de la critique de l’Académie française.
**Pardon à mes doux amis, qui, eux lisent mais savent bien que cette activité n'est pas ce qu'ils partagent le mieux avec leurs congénères mâles.
***Je confirme qu'Eric  Chevillard (avec qui j'ai eu le plaisir de parler) arbore un air tranquille et doux, sans une once d'arrogance ou de suffisance, pas comme certain ergoteur rive gauche. Pour mieux vous faire une idée de l'amabilité du "critique du Figaro", suivez le guide Annocque


mercredi 12 décembre 2012

Complétement givrée!

 Ce matin, plein soleil, le plaisir pur du spectacle après les brouillards givrants de la nuit.

C'est dans ce petit bosquet que je niche
 Les peupliers sont une des premières étapes = petite promenade. Au delà ce sera la ferme, puis le lac. mais pas aujourd'hui








 
Le givre est un grand artiste.
Le soleil a fait fondre la féérie.
Je quitte mon abri et je pars sur les routes.
A plus tard

samedi 8 décembre 2012

Pour un monde sans pitié


Cannibales

Le téléthon me hérisse. Les appels au don sur le ton de l'urgence quand ça fait des années qu'on  nous mène en bateau avec cette histoire. Comme Jacques Testart en fait la démonstration implacable, s'il y a bien une partie des dons qui permet d'offrir aux malades des aménagements (qui devraient l'être via la solidarité publique, soit dit en passant), les annonces mirobolantes concernant les chances de guérison s'avèrent fallacieuses. "En suscitant de faux espoirs, la thérapie génique pourrait conduire à un échec d?autant plus douloureux qu?il aura été coûteux, y compris pour la connaissance."
Le cirque organisé pour susciter la collecte, particulièrement gerbant, se résume à fournir au bon gogo de base l'occasion de se sentir bon et généreux, encouragé en cela par les vedettes de service et l'exhibition des handicapés, tout cela accompagné par les bonimenteurs dégoulinant de discours larmoyants et culpabilisants (si vous ne donnez pas vous êtes un salopard d’égoïste sans cœur). Quant à la circulation de la manne dans les circuits nauséabonds de la spéculation financière, un voile pudique nous dispense d'en connaître les chemins tortueux. En revanche comme les dons sont déductibles des impôts, au final, c'est bien l'argent public qui finance en partie cette recherche et -selon Testart-elle se trouve dévoyée, car il faut des résultats seulement dans le domaine transgénique et si possible des brevets juteux à la clé.
Comme je ne suis pas certaine que vous lirez l'excellent article de Testart, (ce serait dommage, mais vous êtes libre)  je vous en extrais un petit morceau que j'ai dégusté avec délice : la position d'un handicapé qui dit mieux que je ne saurais le faire ce que je pense de cette machine à mendier.
« j'ai vraiment cet énorme rêve que les handis bouleversent les clichés, s'approprient leurs indépendances, construisent leurs autonomies. et il me semble que le téléthon est l'ère préhistorique de tout ça. J'ai 28 ans, je doute avoir plus de 10 ans à vivre, heureusement que j'ai depuis longtemps boosté ma vie bien loin des promesses d'autrui, de toute cette création de l'attente-dépendance que le téléthon orchestre minutieusement. Je ne fais plus du tout partie des handis qui soutiennent une image de nous comme celle que les téléthons nourrissent. J'y ai la vive impression que mon handicap y est justement caché : pas de sexualité (ah si quand tout le monde pionce...), pas de morts dans nos entourages, pas de dépression insidieuse face à l'évolution de la maladie, pas de discriminations sociales (logement, études, travail, relations amoureuses...), pas de vie précaire financière, pas d'inaccessibilité urbaine stagnante... non, que des p'tits handis bien blancs / bien du-centre-ville (ils sont où nos potes handis kailleras aux téléthons ?!), bien gonflés d'espoiiiir, bien souriants... la réalité-bonne-conscience, non merci. Allumez votre quotidien plutôt que la télé !... » 

Personnellement, je suis pour un monde sans pitié. Je préfère me démener pour l'accès à l'autonomie de chaque être humain, pour le respect de ses droits à une situation digne. Ça suppose que la manne  des richesses produites, non par l'intelligence miraculeuse de notre élitocratie, mais par tous ceux qui rament, ne soit pas siphonnée par une minorité qui se gave pendant que d'autres doivent pleurnicher et tendre la main pour simplement bouffer. Pas de pitié pour les pauvres, pas de pitié pour les riches, mais il va falloir que les derniers réduisent la voilure, sinon ils finiront dans les marmites des gueux et ce sera bien fait!  

Illustration

vendredi 30 novembre 2012

Interlude



 
Pour vivre heureux, il faut coucher sur la paille qu'on voit dans l’œil de son voisin et se chauffer avec la poutre qu'on a dans le sien. Alphonse Allais 
   
 PoPour vivre heureux, il faut coucher sur la paille que l'on voit dans l'oeil de son voisin et se chauffer avec la poutre qu'on a dans le sien.

Un exemple saisissantur vivre heureux, il faut coucher sur la paille que l'on voit dans l'oeil de son voisin et se chauffer avec la poutre qu'on a dans le sien.

vendredi 23 novembre 2012

Contre les torgnoles et le viol, marchons!


Une journée nationale contre les violences faites aux femmes

Extrait d'une précédente campagne de sensibilisation sur les violences conjugales.
En France, 75 000 femmes sont violées chaque année et plus de 150 meurent sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon. A peine 10 % des femmes violées portent plainte et seuls environ 2 % des violeurs sont condamnés.
 Une journée nationale, parce que le honte doit changer de camp mais est-ce suffisant ? Quand rien ne bouge dans l'imaginaire : pubs affichant des femmes dénudées et aguicheuses, puissance virile clamée et adossée aux armes et aux bagnoles, sans compter l'impunité  (2% de violeurs condamnés, rien que ce chiffre dit l'essentiel).
Petite compilation d'articles consacrés à cette journée du 25 novembre

Spots contre le viol
Viol double peine
Viol les voix du silence

Et l'amie Frédérique Martin

Pas le temps, ni le cœur d'en dire plus, ni mieux. J'irai marcher demain dans la rue à Toulouse et bramer avec les copines pour que "la honte change de camp" même si je n'y crois pas un seul instant. Mais ce n'est pas parce que la cause est perdue d'avance qu'on doit en plus se taire!

Sans compter que les Robocops continuent leur infâme boulot à Notre Dame des Landes

lundi 19 novembre 2012

Quatre ans déjà ? Ca ne nous rajeunit pas !










mardi 13 novembre 2012

Chroniques parisiennes. Dans la vie, y'a des hauts et des bas.


La veille j'avais assisté à la première de Félicie, je m'étais régalée et couchée à pas d'heure. Le lendemain j'entamais ma journée parisienne d'un bon pied et l’œil affuté.


Arrrrrgh! C'est le râle que Sofka a entendu pendant que nous devisions au téléphone quand je découvris le temps d'attente pour l'expo Hopper : deux heures et demi !!!
Je renonçais immédiatement et comme j'étais à Champs-Elysées Clémenceau, je suis descendue vers la Concorde et l'Orangerie. Il faisait très froid et j'ai emprunté la contre-allée, ne serait-ce que pour éviter les baraques du marché de Noël déjà en place et  les camions qui installaient les drapeaux pour la cérémonie du 11 novembre.



J'y ai rencontré une statue étrange intitulée : la muse, ah bah!


Dans les jardins des Tuileries, j'ai croisé un Dubuffet, le Bel Costumé, une oeuvre de 1973,installée là en 1998.

 J'ai eu raison de choisir  Chaïm Soutine, (1893-1943) : pas de queue, donc des salles relativement tranquilles et une collection regroupée autour du fond de l'Orangerie (collection Paul Guillaume) avec des toiles venant de tous les grands musées du monde.
Chaïm Soutine était un être étrange qui déchirait des toiles pour les recoudre, peignait sous une impulsion irrépressible (dixit Madeleine Castaing, décoratrice et mécène de Soutine, elle décrit ses relations avec le peintre dans une archive INA diffusée dans l'exposition).   

 
Madeleine Castaing vers 1929
Elle et son mari prendront la suite de Paul Guillaume pour soutenir Soutine. C'est un homme introverti, coléreux, exigeant, qui brule volontiers ses toiles. On estime qu'il en a brulé autant qu'il en a peint. Il est vrai que sa peinture traduit ces états extrêmes.
Les portraits sont étonnants, ils sont à la fois torturés et compassionnels. Chaïm Soutine est particulièrement sensible aux petites gens (il appartenait à la communauté juive pauvre de Biélorussie sous l'empire russe)



 

Le Petit Pâtissier, vers 1922-1923 

La série de paysages peints dans le Sud  sont éclatants, vibrants, dansants,  

L'escalier rouge à Cagnes 1923-1924

Et pour l'amoureuse des arbres que je suis il y a une belle série dont celui ci et les suivants. Mais allez plutôt voir l'exposition (si vous le pouvez), ces images ne rendent pas justice à la puissance des toiles  

 
 

J'ai bien-sûr eu beaucoup de plaisir à parcourir la collection de Jean Walter et Paul Guillaume, riche des Derain, Matisse, Cézanne et  Picasso  (avant le cubisme, Domenica, la veuve de P. Guillaume s'en étant débarrassée). Je sais bien que Les Nymphéas sont considérés comme la pièce majeure et inaugurale de l'Orangerie mais je ne sais pourquoi, dans cette immense salle de béton,  ils perdent leur sensualité. Ou je commençais à être fatiguée.

Nu drapé étendu
Henri MATISSE (1869 – 1954)
1923 - 1924


Il me fallait un répit : une salle de cinéma ("J'enrage de son absence", film très sensible de Sandrine Bonnaire, -une femme que j'aime beaucoup -, un peu gâché -le film- par une musique trop insistante dans le pathos). Ensuite, j'avais rendez-vous avec mes amis potiers qui exposaient au Salon du Patrimoine culturel au sein du Carrousel du Louvre. Quelle foire insensée, pas le salon en lui-même, plutôt compassé avec toutes ces choses précieuses comme des meubles en bois de rose et des vitraux et des fers forgés et tout ça



Non, c'est l'immense usine à consommer située à quelques encablures du Louvre qui m'a effarée. Une horreur!
Après un diner dans un restaurant que nous faisait découvrir un ami, ( je vous l'aurais bien recommandé, mais  j'ai oublié le nom et l'adresse) l'ami en question a tenu absolument à nous faire visiter son nouveau futur logis (un monceau de travaux à prévoir). Pas très enthousiaste pour ma part, j'avais envie de me coucher de bonne heure ou plutôt, moins tard que les jours précédents mais je n'ai pas voulu gâcher l'ambiance. Las, nous sommes restés bloqués dans l'ascenseur entre deux étages (5 et 6). Lutte contre la claustrophobie (prévu pour quatre, l'ascenseur, mais bien esquichés), contre l'angoisse de la chute libre (j'avais lu Le cas Sneijder), contre l'agitation de mon copain qui se maintenait guilleret en se proposant de péter la porte et la vitre pour nous glisser dans le petit carré dégagé. Finalement en appelant par le bouton prévu à cet effet nous avons obtenu l'assurance qu'on viendrait nous délivrer dans un délai d'une demi-heure. Je vous épargne les détails. Ce fut fait puisque me voilà ici à vous conter ce petit incident. Statistiquement, il est normal que ça arrive une fois au moins dans une vie, j'espère avoir ainsi effacé ma trace sur l'ardoise du destin.

Photos ZL, sauf les peintures qu'on ne peut prendre en photo au musée et c'est aussi bien.


mercredi 7 novembre 2012

And the winner is...

 Puisque l'Amérique (pardon les États (des) Unis d') a tout de même préféré un type qui prône l'égalité entre tous plutôt que le tri entre le bon grain (homme blanc riche), de l'ivraie (tous les autres, infoutus de gagner au moins 100 000 dollars par jour), même si la politique d'Obama ne sera pas pour autant si différente (sinon, on le saurait, depuis 4 ans), on va au moins éviter qu'un discours de ségrégation ne se généralise et que la moisissure puritaine finisse par totalement scléroser le cerveau des Yankees. On va aussi éviter que chez nous, les Copé et autres barbants imprécateurs se gargarisent d'un succès qui aurait regonflé leur voile f-haine.
Alors qu'il fait un soleil radieux et que je m’apprête à passer une nuit dans l'Intercités Toulouse Paris ( en général une demi-heure de retard à prévoir), donc en raison de toutes ces minuscules scories de l'actualité, je conclue ce billet hyper condensé par une citation de Thomas Vinau
La poésie
muscle en nous
ce qui ne prétend pas gagner

Photo ZL  rue des Francs-Bourgeois Paris 4, mai 2012

lundi 5 novembre 2012

Tentative de conjuration



Republican presidential candidate Gov. Mitt Romney, left, and President Barack Obama campaigning. 

Effrayante la tronche de Romney non ? D'accord Obama, lui, a de grandes oreilles mais c'est pour mieux écouter mon enfant.
Ce blog oscille sans cesse entre légèreté (ainsi va la vie et toutes ces sortes de choses) et pessimisme profond (la vie va mal, la planète va mal et accrochez vous ça va empirer).
Aujourd'hui, va savoir pourquoi c'est la deuxième version. Il faut dire que j'ai eu la mauvaise idée de lire Bastamag, excellent web magazine mais pas toujours follement gai. En l'occurrence, ce genre d'info me fout les glandes en même temps que la pétoche. On va se refaire un Bush bis en pire (?) Réponse sous peu. Mais je croise les doigts en quelque sorte en espérant que ce billet sera totalement obsolète dans quelques jours.
Oui bon d'accord, Obama a déçu,( l'aura-t-on entendu!). En revanche le Romney, il ne décevra pas. Comment il va leur lâcher la bride à tous ces vampires!!! Et nous sommes embarqués sur la même minuscule planète qu'ils ont bien l'intention de dépecer jusqu'au dernier minuscule atome de vie palpitante pour la transformer en billions de dollars sur leurs comptes en banque. God save Obama ! 

mercredi 31 octobre 2012

L'écriture du désir


Barcelone, 27 octobre 2012. Photo ZL

 " (...) si la question que pose un roman pouvait être résumée si aisément, il ne serait pas nécessaire d'écrire le livre. Or, à l'orée du travail, elle est une véritable énigme pour le romancier qui pourrait chaque fois dire qu'il écrit pour savoir ce qu'il pense, ou, à l'instar de Breton :"Je n'écris pas ce que je croyais penser." Tant qu'il ne l'a pas déployée, il ne connait pas avec précision sa question. Il sait simplement quel thème il traitera. Et lorsqu'il l'a déployée, il ne mesure pas ce qu'il a fait dans son somnambulisme. "

"L'imagination semble toujours la qualité des autres : elle est, par définition, ce qu'on n'aurait pas imaginé soi, ce dont on se sait incapable, elle est l'inventivité qu'on constate avec étonnement chez autrui et dont on est persuadé qu'on ne l'aurait pas eue. Ce qu'on nvente soi-même parait toujours sans imagination - puisqu'on l'a inventé soi-même"
Belinda Cannone L'écriture du désir. folioessais 2012.


Et pour parler de l'écriture, à sa manière légère et profonde :  Sagan

jeudi 25 octobre 2012

Huaxi, la cité radieuse.

Les villes les plus dynamiques du monde seront chinoises ! Ce n'est pas moi qui l'affirme mais un blog dédié au marketing chinois.
Les méthodes capitalistes associées à un régime autoritaire font saliver nos dirigeants qui ont affaire à des capricieux et des fainéants, obsédés de justice sociale et de conservation des acquis. 
Voyons, pour la beauté de la démonstration l'exemple tout à fait étonnant de Huaxi, une ville qui est passée d'un état de famine à celui de prospérité. Chaque famille possède une villa et une ou deux voitures, chaque habitant cumule 1,2 millions de Yuans de propriété, la santé et l'éducation sont gratuites et l'animation culturelle et artistique y est soutenue. Il semblerait que ce "miracle" se soit fait sous la houlette du secrétaire du parti du village Wu Renbao, (50 ans de bons et loyaux service, toujours à la manœuvre à plus de 85 ans) qui s'est dédié, infatigable , à l'avènement d'une richesse partagée en invitant les habitants à travailler inlassablement pour  créer de la richesse.
Il a exalté les habitants du village, encore paysans à  travailler dur et sérieusement pour devenir un modèle.
Dans les années 1970, le regroupement de cultivateurs de riz ont construit une usine de fer et d’acier, puis une entreprise de tissage puis ont lancé une société de matériaux de construction, et les changements se sont accélérés avec l’adhésion de tous les habitants.

http://www.marketing-chine.com/wp-content/uploads/2011/08/huaxi-ville.jpg


 
"Il faut renforcer mutuellement le développement matériel et spirituel. Mais le développement matériel prime. Le développement spirituel est notre âme. L’association artistique de Huaxi vise à enrichir la vie des habitants. Enrichir la vie spirituelle du peuple est indispensable, sinon la vie matérielle devient vaine."

Ceci est le centre commercial de la ville. Riante architecture n'est-ce pas ?

"Dans cette ville chinoise spéciale, les chiffres sont surprenants : toutes les personnes actives perçoivent des salaires et des primes, selon leur rendement au travail.
Elles dépensent le tiers et investissent le reste dans les activités de la cité.  (c'est moi qui souligne) Chaque personne travaille dur et les gains générés ne peuvent pas se vendre si elles quittent le village donc tout le monde reste et travaille dur.
Tous les habitants sont actionnaires des 9 grandes sociétés dirigent des complexes industriels géants et des 60 moyennes entreprises dépasse les 30 milliards yuans en capital."

Voilà donc un modèle économique qui combine l'hyper productivisme, la coopérative et le partage des richesses, sans oublier le ciment d'une culture partagée.

Voilà pourquoi nous allons devenir les nouveaux Indiens de la Planète et pourquoi également on peut s'inquiéter de la fonte des glaces aux pôles. A moins que nos industrieux Chinois ne trouvent la solution pour compenser leur formidable expansion par un soin proportionnel à l'égard de la biosphère. 
Mais j'ai quelques doutes...
Quant à envier ces nouveaux élus... 

samedi 20 octobre 2012

L'île aux nuisibles

Dans son blog, Greek Crisis, Panagiotis Grigoriou,  dans le courant de son texte de présentation du film Khaos, cite l'idée attribuée à la Troïka, suivant laquelle « il faut transférer la population des îles comptant moins de 150 habitants, car maintenir sur place ces petites communautés et populations coûte alors cher » (topontiki.gr – 11/10 et Real-FM 12/10). 
Une idée commence à courir,(une rumeur ?) : la Grèce est un pays trop beau pour être laissée au peuple grec. Elle est vendue à la découpe actuellement et  à l'encan, tout y passe, du Port du Pirée à l’Aéroport International d'Athènes, plusieurs ports régionaux, les télécoms et l'électricité pour les plus gros morceaux. Alors vider les petites îles pour y installer quelques magnats de la finance internationale, c'est pas une bonne idée ça ? Surtout qu'eux ont les moyens de payer l'impôt n'est-ce pas. 

 Plage de Samos 1996. Photo ZL
Pendant que la Grèce se débat dans les griffes de la Troîka, l'Europe reçoit le prix Nobel de la Paix. La première réaction est de se visser le doigt sur la tempe. Pas pour Philip Olterman, journaliste au Gardian, qui propose de dédier ce prix à la révolution sexuelle européenne et d'en attribuer la somme allouée (923 680 €, quand même) au programme Erasmus qui a favorisé l'avènement d'une génération vraiment européenne par le biais des mariages issus des échanges universitaires. Vu comme ça...
Hans Magnus Enzensberger, lui est moins enthousiaste. Il considère (et à juste titre selon ma modeste opinion) que les Européens ont perdu la gouverne de leurs institutions, remplacées par une série de sigles, dont on ne sait pas bien ce qu'ils signifient et moins encore ce qu'ils désignent si ce n'est "qu'ils" émettent des consignes que les gouvernements se doivent d'appliquer sous peine de sanctions, lesquelles sanctions se retrouvent directement sur notre dos ou sous notre gorge (voir plus haut). Ce sont le FESF, le MES, la BCE, l’ABE et le FMI qui ont pris les commandes, tous "bancocrates" et affidés . Voir ou revoir Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde .
Passons à plus réjouissant. Les reposeurs ont trouvé la parade pour continuer à pourrir la vie de ceux qui nous la brisent, j'ai nommé les pubeux, en évitant la contravention pour dégradation. La pub fatigue prétendent-ils et ils lancent une grande campagne d'affichage de cette opinion (que je partage, on s'en doute) par le biais de post-it et de papier graft placardés un peu partout et amovibles sans dégâts. Les Parisiens auront peut-être le plaisir de contempler l'ouvrage ou d'y participer comme ce monsieur de 88 ans qui s'en réjouit dans la vidéo que vous aurez vu si vous avez cliqué sur le lien.
Ce n'est pas le Grand soir qui nous délivrera des Grands Nuisibles mais leur relégation dans la catégorie des animaux tristes et ridicules de la fin du siècle dernier. On devrait les cantonner sur une île grecque tiens, et on organiserait des croisières pour leur envoyer des noyaux d'olive à la fronde. 
  
Le  titre est en référence à L'île aux fleurs une démonstration sur le mode humoristique de ce qui nous occupe ici.

vendredi 12 octobre 2012

Propos éclectiques

Je vais, je viens sur cette planète et j'y amasse une profusion d'étonnements, d'ébahissements, de perplexités.



Ainsi, en visite dans le marais poitevin, l'étrange odeur fétide de l'eau dormante du petit lac autour duquel se dispersaient les chalets qui nous servaient de chambre. Nous étions une poignée d'escaladeurs de falaises sociales, venus de plusieurs pays européens et on nous présentait un système astucieux (le groupement d'employeurs) qui permet de créer des emplois pérennes dans ces endroits de ruralité profonde. Un jeune homme fougueux nous avait expliqué comment, de cette façon, on pouvait installer des éducateurs sportifs ou des animateurs culturels dans de toutes petites communes qui ne le pourraient pas seules.  Hélas, pour illustrer l'extrême intérêt de ces emplois mutualisés qui combinent des postes chez différents employeurs pour offrir un  plein temps sécurisé  aux personnes, on nous a emmené visiter une usine d'embouteillage, de vin mais aussi d'eau.



Nos amis italiens, eux-mêmes très engagés dans la lutte pour l'accès universel à l'eau, ce qui suppose que les multinationales de l'eau disparaissent au profit d'une mise à disposition régulière et régulée par la puissance publique, ont commenté, les mains sur la tête : "c'est comme emmener un végétarien dans un abattoir".


J'ai eu la chance de n'avoir jamais travaillé en usine et chaque fois que j'ai pu approcher cet univers, non seulement la visite m'a lessivée (on mesure ainsi l'usure subie par ceux qui s'y collent quotidiennement), mais je n'ai pu m'empêcher de buter sur cette énigme anthropologique (même si je connais bien la réponse) : comment a-t-on pu en arriver là ! Le principe même de cette mise sous plastique d'un élément qui nous est absolument essentiel pour vivre. Les concepteurs de ces chaines hallucinantes (les Italiens sont les meilleurs selon notre guide), en partant de plastiques préformés création des bouteilles, remplissage, pack moulé de plastique, puis constitution de palettes elles-mêmes emmaillotées de plastique.  Tout cela sans l'intervention d'un seul bras humain. Le seul boulot d'un  clampin planté devant la chaine : repérer l'incident potentiel et arrêter la chaine. Des millions d'emplois de cette nature dans le monde, pour fabriquer du non sens. Ainsi en l'occurrence : 6000 bouteilles de vin et 20000 d'eau à l'heure  pour les  linéaires du Carouf local, et pour l'export, des milliers de mètres carrés immobilisés pour le stockage, des camions dans tous les sens pour charrier les citernes dans un sens, les palettes et les caisses dans l'autre. On pense, en regardant circuler ces objets si familiers, mais qui, réunis de la sorte, deviennent parfaitement étranges, on songe au jour où cette usine, comme beaucoup d'autres s'arrêtera (plus de marché, pas rentable, dépassée par la concurrence, bref), on songe à l'amas de ferrailles et de saloperies imputrescibles qui resteront à faire repartir vers leur origine, la terre, d'où les archéologues des années 20??   les extirperont afin de nettoyer les sous sols avant remise en exploitation agricole. On connait d'ores et déjà le phénomène à ailleurs. Et à Détroit en particulier.

Passons à autre chose. Je ne regrette jamais d'avoir décidé un jour que je ne serai plus parisienne, sauf de temps à autre, lorsque j'apprends par exemple que  la fête à Boby se tiendra mercredi  17 au café de la danse. Mais ils viendront bien par ici.


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Quant à l'exposition consacrée à Edward Hopper, elle s'installe au Grand Palais jusqu'en janvier. Je suis censée pointer mon nez dans la capitale d'ici là mais j'imagine que la longueur de la file d'attente me découragera. 



Pour conclure ce billet bien mélangé, un double coup de sang : le verdict à l'égard des organisateurs des tournantes. Message envoyé aux filles qui subissent et aux jeunes brutes qui "s'amusent" : "pô grave! " Enfoirés!!!
Petit ajout suite au commentaire bienvenu de JEA, un lien vers le Festival des Libertés de Bruxelles. Magnifique programme de films, de concerts, de débats. Aller sur Mosaïques pour des extraits commentés


samedi 29 septembre 2012

La sorcière se fustige

- Bon, qu'est-ce que tu fous ? En 2009, 169 posts, en 2010, 90, ce qui était déjà un gros ralentissement, en 2011, 64  hop un bon tiers en moins et en 2012 ça va être quoi ? Une moyenne de 3 par mois?
- Sais pas, plus grand chose à dire peut-être, pas le temps.
- Le temps, le temps, il a bon dos.
-Je viens sur le blog, le temps de me balader chez les autres,  il faut que je lâche le clavier. Et puis quand je regarde ma liste, je ne vois que des arrêts prolongés, un an, huit mois, trois mois cinq semaines etc... Suis pas la seule à rester en rade, ça ne m'encourage guère.
- Tu n'as qu'à renouveler, avec de plus vaillants.
- Bof !  Ceux qui restent en piste me conviennent. Déjà bien du mal à les visiter régulièrement...
- Arrête alors, ferme le bazar, passe à autre chose.
- Nan, j'aime bien ma petite cabane sous l'arbre, mais  pas envie de m'y agiter plus que ça. Et puis c'est l'automne, la pluie et le gris de retour, et puis ma fillote est partie ( à Minsk,!!!) et puis il est 23h18 et j'ai sommeil.
Soyez indulgents o' vous qui passez ici, la Sorcière a la flemme

mercredi 19 septembre 2012

Pourquoi être heureux quand on peut être normal ?



Je reviens de Marseille où j'ai pu constater que dans les quartiers nord on ne circule pas au milieu des Kalashnikovs. S'y développent des initiatives pour mieux vivre dans un environnement honteusement conçu dans la laideur et le mépris pour les populations qui devaient s'y loger. Aux Aygalades, l'autoroute (construite sur la rivière Caravelle !!!) a éradiqué le château et de multiples bastides et déploie son boucan assourdissant à quelques cent mètres d'un petit jardin collectif gagné sur le désert végétal environnant.


Les habitants du quartier organisent des journées du patrimoine et même un système de chambre d'hôtes (Hôtel du Nord). Les jardins partagés sont des lieux de paix sociale (dixit l'un des responsables, 48 ans, qui habite le quartier depuis l'âge de 4 ans et se souvient de la forêt qui se trouvait en lisière du quartier où il allait jouer avec ses copains.

Celui-ci, le Jardin des Aures se trouve sur une autre partie des quartiers Nord, il accueille des écoles, des centres sociaux, des enfants handicapés, des personnes en insertion et les familles du quartier pour jardiner ensemble.

Je vous fais grâce d'un reportage sur Marseille qui se prépare pour 2013, année de la culture en un immense chantier notamment autour du vieux port.



Dans le train du retour, je faisais face à une jeune mère dont le bébé de quatorze mois gigotait tant et plus. Comme souvent, la mère était énervée, pas seulement par l'agitation de sa petite mais surtout du dérangement supposé auprès des passagers, de sorte qu'elle la cramponnait, contraignait, houspillait obtenant l'effet contraire à ses injonctions, à savoir cris et protestations et tentatives réitérées d'escapade. Son malaise me troublait bien plus que le manège de la petite fille. A un moment, elle a commandé un café au serveur ambulant et comme elle tentait de le boire tout en maintenant sa petiote contre elle, je lui ai proposé de prendre la petite fille avec moi pendant qu'elle boirait son café sans risquer de l'ébouillanter. Elle a accepté avec réserve. J'en ai profité pour intéresser la petite môme avec deux bricoles, le temps que la mère se détende et perde son angoisse de "déranger". De retour sur les genoux maternels, elle a fini par s'endormir et nous avons pu reprendre notre lecture.



"Pourquoi être heureux quand on peut être normal". C'est la fin de non recevoir de sa mère adoptive quand Jeanette Winterson essaie de défendre son amour lesbien pour une amie (elle a seize ans). Pour cette mère adoptive pentecôtiste confite en religion, la révélation de l'homosexualité de sa fille est insupportable, le démon s'est emparée de cette enfant de toute façon pas conforme du tout au modèle qu'elle a a tenté de façonner. Trop libre, trop rebelle. Le récit de cette enfance est proprement hallucinant : des nuits entières "enfermée dehors", les murs du foyer constellés d'exhortations tirées de la bible, un père taiseux et soumis à sa femme au corps énorme et souffrant, qui ne partage jamais son lit.
Jeanette est malgré tout habitée d'un formidable appétit de vie et se cherche dans les mots et les livres. La mère n'hésitera pas à lui infliger un exorcisme pour la débarrasser (en vain) du démon de l'homosexualité et brulera tous les livres que Jeanette empile sous son matelas.
Une mère névrosée d'une telle envergure aurait pu complétement détruire en elle toute pulsion vitale. C'est juste le contraire qui advient, même si l'écrivain devra traverser plusieurs épisodes dépressifs, car se protéger de l'émotion pour ne pas souffrir c'est aussi se priver du bonheur de recevoir, d'être aimée.
Le livre est une ode à la littérature, Jeanette puise dans la poésie et la prose la force qui lui permet de faire face à la folie maternelle, à l’opprobre qui afflige les homosexuels dans les années tatchériennes (qui sera quelques temps un modèle avant qu'elle ne comprenne le désastre social induit par l'ultralibéralisme), à la morgue de ses condisciples d'Oxford ("vous êtes notre expérience ouvrière").
Elle se découvre féministe avant même que les textes ne lui soient parvenus. Il lui suffit de regarder autour d'elle : les femmes étaient toutes dans la dépendance réelle ou feinte de leur mari.
"Le seul et unique cours d'éducation sexuelle auquel nous ayons eu droit à l'échelle à l'école ne concernait pas du tout le sexe, mais l'économie sexuelle. Nous devions payer notre part parce que la modernité l'exigeait, mais nous devions donner l'argent au garçon pour qu'il puisee être vu en train de payer. Il n'était question là que de tickets de bus ou de places de cinéma, mais plus tard, lorsque nous aurions un budget domestique à gérer, il nous faudrait nous assurer qu'il sache que tout etait à lui. L'enseignante a appelé ça la fierté masculine, je crois. Je me suis dit que c'était la chose la plus idiote que j'aie jamais entendue; la théorie de la terre plate appliquée aux relations sociales."
En dépit des souffrances d'une enfant qui ne sait quelle est sa véritable identité, de la fréquentation d'une mère abusive et totalement givrée, au final, cette vie lui a permis de devenir ce qu'elle est : un écrivain connu, autonome, qui a pu grâce à la fréquentation des livres s'inventer et se réinventer et mener sa quête du bonheur.
Je souhaite à la petite fille du train de parvenir à échapper aux mains maternelles pour se livrer sans vergogne à l'enivrante exploration du monde.LienLien