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vendredi 16 février 2024

Le problème avec Judith

 

 

 Les récentes déclarations de Judith Grodèche ont fait grand bruit et entrainé à leur suite une kyrielle de commentaires et de prises de position pour ou contre les accusations qui pleuvent sur les hommes du milieu du cinéma. Je me suis décidée à mieux comprendre ce nouveau "me too" comme l'intitulent certains media. Je suis allée sur Arte.tv où on peut visionner la série qu'elle a réalisée Icon of french cinema  illustration à peine déguisée de son histoire : à quatorze ans elle est devenue "la petite femme "de Benoit Jacquot âgé lui de 39 ans, Elle a vécu avec lui pendant 6 ans puis s'est enfuie  après avoir vécu sous l'emprise d'un homme qui considérait qu'il lui apprenait à vivre tandis qu'il emprisonnait ses jeunes années et étouffait en elle ses désirs réels.  La série est assez auto centrée sur l'actrice et tandis qu'une sorte de reconstitution de son histoire se déroule  en parallèle, on assiste à ses  démélés avec sa fille, interprètée par Tess Barthélémy, sa propre fille, séduite elle-même par son chorégraphe plus âgée qu'elle. On suit ses difficultés à retrouver un rôle au cinéma, illustration du problème du "tunnel"des femmes de 50 ans aggravé de sa rupture de l'omerta qui règne dans ce milieu. A la suite de Judith Godrèche, plusieurs actrices, Anna Mouglalis, Charlotte Arnould et Anouk Grinberg. au cours d'un entretien à Médiapart témoignent de cette menace qui empèche la plupart de celles qui ont subi les agressions de réalisateurs ou d'acteurs de ne plus retrouver de rôle. Elles soulignent que ce n'est pas le seul milieu qui est concerné mais que c'est encore plus difficile pour des femmes qui sont précaires et qu'elles peuvent au moins se servir de leur notoriété pour mener campagne contre ces abus de pouvoir. Car il s'agir bien du pouvoir dont il est question. D'autant qu'en France le statut du réalisateur est hypertrophié, il est sur un piedestal, ce qui n'est pas le cas au Québec par exemple où la notion d'oeuvre collective est plus considérée. 

Il y a l'affaire Depardieu, je n'insisterai pas, sauf à dire que je trouve qu'il est devenu d'une laideur insupportable. En mai 2023 une Tribune des actreur.ices a été émise et signée  par 3700 personnes à ce jour dont un grand nombre de comédien.ne.s. J'ai repéré un petit nombre de noms masculins, les hommes peuvent être également victimes de chantage, dans un milieu où l'homosexualité est banale ou simplement choqués du comportement de leurs collègues. Anouk Grimberg a eu à coeur de ne pas incriminer toute la profession et a insisté sur le fait que la plupart des tournages se déroulent sans problème. Lio sur un autre plateau indiquait que les prédateurs sont connus et que des listes circulent pour mettre en garde les actrices quant aux manières désastreuses de certains mâles insupportables.

Citons un extrait de la tribune : Évidemment, la place que l’on offre aux personnes qui abusent, harcèlent, violentent, sur le tapis rouge de ce festival, ne vient pas de nulle part. C’est symptomatique d’un système global mis en place depuis des générations. C’est un système basé sur les principes de domination et de silenciation. La silenciation  de toutes celles et ceux qui travaillent dans le milieu du cinéma et qui n’osent prendre la parole par peur des impacts sur leurs carrières, leurs productions, leurs postes. Cette peur est un verrou puissant.

C'est tout un système à déconstruire, certaines femmes étant elles mêmes misogynes. Le patriarcat est imprimé en chacun des actes de la vie et agit à notre insu pour nous "aveugler", Télérama titre cette semaine sur "un aveuglement collectif" et j'ai revu dernièrement le film de Tavernier "Les valseuses" gros succès à l'époque, dans lequel Miou-Miou était traitée de façon absolument indigne. Les débuts de Depardieu...  Par ailleurs le nombre d'hommes qui vivent avec des femmes qu'ils ont prises au berceau renforce la légitimité de ceux qui sont attirés par les jeunes Lolita, qui ne sont pas comme Kubrick l'a illustré des aguicheuses mais bien, comme l'a montré Nabokov les victimes d'un prédateur pervers. 

Un homme ça s'empêche comme le disait Albert Camus.     

Au nombre des aberrations du patriarcat, l'écart des salaires et là encore les actrices étaient montées au créneau. Elles avaient manifesté sur les marches du  Festival de Cannes 2018 pour réclamer l'égalité salariale. Le différentiel dans certains cas est hallucinant.

Citons encore la conclusion de la tribune 

Nous savons qu’une autre façon de fonctionner est possible, que les avancées qu’apporte un mouvement comme celui de #MeToo offrent la perspective d’un monde dans lequel nous pourrons enfin tous et toutes travailler sans peur et offrir des films qui porteront l’enthousiasme d’une génération qui refuse les rapports de domination .

Notre voix ne fait que naître.

Osons dire que la mise en visibilité par celles qui sont habituées à s'exprimer publiquement doit parler au nom de toutes les femmes. J'ai personnellement subi de nombreuses agressions sexuelles dont j'ai pu me dépêtrer, mais aussi des formes d'abus de pouvoir qui m'ont coûté mon job faute d'avoir plié l'échine et je ne connais pas de femme qui puisse se vanter d'avoir échappé à ces abus, même quand les hommes qui utilisent leur pouvoir n'ont pas conscience qu'ils en usent impunément. Il est temps de démolir pierre à pierre un système qui par ailleurs soutient la déliquescence actuelle du monde où une poignée de puissants violent  tous les droits humains en toute impunité.

vendredi 23 novembre 2012

Contre les torgnoles et le viol, marchons!


Une journée nationale contre les violences faites aux femmes

Extrait d'une précédente campagne de sensibilisation sur les violences conjugales.
En France, 75 000 femmes sont violées chaque année et plus de 150 meurent sous les coups de leur compagnon ou ex-compagnon. A peine 10 % des femmes violées portent plainte et seuls environ 2 % des violeurs sont condamnés.
 Une journée nationale, parce que le honte doit changer de camp mais est-ce suffisant ? Quand rien ne bouge dans l'imaginaire : pubs affichant des femmes dénudées et aguicheuses, puissance virile clamée et adossée aux armes et aux bagnoles, sans compter l'impunité  (2% de violeurs condamnés, rien que ce chiffre dit l'essentiel).
Petite compilation d'articles consacrés à cette journée du 25 novembre

Spots contre le viol
Viol double peine
Viol les voix du silence

Et l'amie Frédérique Martin

Pas le temps, ni le cœur d'en dire plus, ni mieux. J'irai marcher demain dans la rue à Toulouse et bramer avec les copines pour que "la honte change de camp" même si je n'y crois pas un seul instant. Mais ce n'est pas parce que la cause est perdue d'avance qu'on doit en plus se taire!

Sans compter que les Robocops continuent leur infâme boulot à Notre Dame des Landes

vendredi 12 octobre 2012

Propos éclectiques

Je vais, je viens sur cette planète et j'y amasse une profusion d'étonnements, d'ébahissements, de perplexités.



Ainsi, en visite dans le marais poitevin, l'étrange odeur fétide de l'eau dormante du petit lac autour duquel se dispersaient les chalets qui nous servaient de chambre. Nous étions une poignée d'escaladeurs de falaises sociales, venus de plusieurs pays européens et on nous présentait un système astucieux (le groupement d'employeurs) qui permet de créer des emplois pérennes dans ces endroits de ruralité profonde. Un jeune homme fougueux nous avait expliqué comment, de cette façon, on pouvait installer des éducateurs sportifs ou des animateurs culturels dans de toutes petites communes qui ne le pourraient pas seules.  Hélas, pour illustrer l'extrême intérêt de ces emplois mutualisés qui combinent des postes chez différents employeurs pour offrir un  plein temps sécurisé  aux personnes, on nous a emmené visiter une usine d'embouteillage, de vin mais aussi d'eau.



Nos amis italiens, eux-mêmes très engagés dans la lutte pour l'accès universel à l'eau, ce qui suppose que les multinationales de l'eau disparaissent au profit d'une mise à disposition régulière et régulée par la puissance publique, ont commenté, les mains sur la tête : "c'est comme emmener un végétarien dans un abattoir".


J'ai eu la chance de n'avoir jamais travaillé en usine et chaque fois que j'ai pu approcher cet univers, non seulement la visite m'a lessivée (on mesure ainsi l'usure subie par ceux qui s'y collent quotidiennement), mais je n'ai pu m'empêcher de buter sur cette énigme anthropologique (même si je connais bien la réponse) : comment a-t-on pu en arriver là ! Le principe même de cette mise sous plastique d'un élément qui nous est absolument essentiel pour vivre. Les concepteurs de ces chaines hallucinantes (les Italiens sont les meilleurs selon notre guide), en partant de plastiques préformés création des bouteilles, remplissage, pack moulé de plastique, puis constitution de palettes elles-mêmes emmaillotées de plastique.  Tout cela sans l'intervention d'un seul bras humain. Le seul boulot d'un  clampin planté devant la chaine : repérer l'incident potentiel et arrêter la chaine. Des millions d'emplois de cette nature dans le monde, pour fabriquer du non sens. Ainsi en l'occurrence : 6000 bouteilles de vin et 20000 d'eau à l'heure  pour les  linéaires du Carouf local, et pour l'export, des milliers de mètres carrés immobilisés pour le stockage, des camions dans tous les sens pour charrier les citernes dans un sens, les palettes et les caisses dans l'autre. On pense, en regardant circuler ces objets si familiers, mais qui, réunis de la sorte, deviennent parfaitement étranges, on songe au jour où cette usine, comme beaucoup d'autres s'arrêtera (plus de marché, pas rentable, dépassée par la concurrence, bref), on songe à l'amas de ferrailles et de saloperies imputrescibles qui resteront à faire repartir vers leur origine, la terre, d'où les archéologues des années 20??   les extirperont afin de nettoyer les sous sols avant remise en exploitation agricole. On connait d'ores et déjà le phénomène à ailleurs. Et à Détroit en particulier.

Passons à autre chose. Je ne regrette jamais d'avoir décidé un jour que je ne serai plus parisienne, sauf de temps à autre, lorsque j'apprends par exemple que  la fête à Boby se tiendra mercredi  17 au café de la danse. Mais ils viendront bien par ici.


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Quant à l'exposition consacrée à Edward Hopper, elle s'installe au Grand Palais jusqu'en janvier. Je suis censée pointer mon nez dans la capitale d'ici là mais j'imagine que la longueur de la file d'attente me découragera. 



Pour conclure ce billet bien mélangé, un double coup de sang : le verdict à l'égard des organisateurs des tournantes. Message envoyé aux filles qui subissent et aux jeunes brutes qui "s'amusent" : "pô grave! " Enfoirés!!!
Petit ajout suite au commentaire bienvenu de JEA, un lien vers le Festival des Libertés de Bruxelles. Magnifique programme de films, de concerts, de débats. Aller sur Mosaïques pour des extraits commentés