dimanche 24 mars 2013
dimanche 17 mars 2013
Zoë fait son cinéma
J'ai assisté vendredi à la projection de "Notre monde" le documentaire réalisé par Thomas Lacoste sous-titré " Faites de la politique et si possible autrement". La séance avait lieu en présence de l'auteur et de Geneviève Azam qui devait elle-même figurer au nombre des entretiens sur le thème de l'écologie et qui en a été empêché par les aléas climatiques. De ce fait, cette importante thématique est absente des propos et des propositions du film qui rassemble les contributions de plus de 35 personnalités spécialistes de leur domaine.
Le constat est général (et partagé par beaucoup d'entre nous ) "Les bases de cette société sont dans un triste état. Une civilisation est en train de s'achever. Cela mérite quelques pensées, non pas issues des institutions ou des religions, mais la possibilité de l'expression collective d'une commune pensée, loin de la pensée banale. Une pensée telle, que commune à tous elle soit porteuse des puissances singulières de chacun.
L'intérêt du film est qu'il ne se limite pas aux constats désespérants, chaque intervenant formule des propositions tout à fait judicieuses.
Je vous conseille l'intervention de Luc Boltanski sur les dérives instaurées par le système de l'évaluation introduite partout et dont les puissants se servent pour dévaloriser tout ce qui ne relève pas de la valeur déclarée comme suprême, l'argent. Les plus riches peuvent se présenter comme les meilleurs quelle que soit l'origine de leur fortune. J'en extraie ceci, "rétablir la reconnaissance de la pluralité des manières d'être au monde et d'y jouer sa vie, il n'y a pas de vie ratée, personne n'est inutile personne n'est de trop. A bas l'excellence !"
Ou encore celle de Matthieu Bonduelle sur la nécessité de la "décroissance pénale" notamment pour simplement rétablir une égalité des droits des minorités qui mises bout à bout finissent par créer une majorité puisque les frontières de la discrimination sont extrêmement nombreuses et mobiles (genre, origine native, préférence sexuelle et même jeunesse et vieillesse). Dépénaliser ce qui ne devrait relever de l'incarcération.
Ou encore, une synthèse des raisons déraisonnables qui conduisent les pays dits en développement à rester confinés dans la misère et des formes que pourrait prendre la lutte contre la corruption qui sévit sur ces territoires, merci Mathilde Dupré
Et Jean-Pierre Dubois "sans égalité, seuls les dominants sont libres".
Enfin, si vous avez vous-mêmes souffert de l'école vous serez rassérénés par Christophe Mileschi qui fait une lumineuse démonstration : l'école en instaurant l'absurdité des classes d'âge crée une catégorie de retardataires qui seront traités comme attardés, les programmes sont une manière d'homologation qui transforme les déterminismes sociaux en les naturalisant et en touchant par là à l'intime des êtres qui vont se vivre comme minables etc...
Je n'en dirai pas davantage, le site vous donne accès à l'ensemble des propositions, toutes très pertinentes pour tenter de sortir de l'infernal bordel où s'enfonce actuellement notre monde.
Un reproche cependant : un déséquilibre dans le nombre des hommes présents à l'écran 22, contre seulement 5 femmes qui sont "évidemment" sollicitées sur les questions féministes. Selon Thomas Lacoste, la production a demandé à raboter la longueur du film. Dommage ce sont surtout les femmes (déjà en minorité) qui sont passées à la trappe. Et plus encore les femmes de l'immigration puisque Hourya Bentouhami n'apparait pas dans le film. Elles sont présentes dans la récapitulation et on peut l'écouter ci-dessous, je l'ai choisie pour vous.
Ce matin, j'écoutais l'excellente émission Eclectik de Rebecca Manzoni et son invitée du jour, Solveig Anspach dont le film "Queen de Montreuil" sort cette semaine en salles. Elle parle avec beaucoup de délicatesse de cette aventure : faire un film avec peu de budget mais beaucoup de plaisir à travailler en commun. Quant à son film, je reproduis ici un extrait de la présentation de mon cher Utopia Toulouse.
Au-delà de l'hilarante loufoquerie du récit, Queen of Montreuil est un hommage vibrant à la ville d'adoption de la réalisatrice, à son incroyable cosmopolitisme, une ville où se côtoient en bonne intelligence familles africaines et bobos artistes. Et le film est l'occasion d'une jolie galerie de personnages aussi drôles que crédibles, comme l'homme à la grue incarné par Samir Guesmi, Caruso, le voisin dont le sex-appeal attire fortement Agathe, ou ce pote artiste à guitare sèche qui a toujours cinq euros à emprunter à un ami. Face au deuil d'Agathe, dans un milieu parisien où le chacun pour soi est souvent de mise, Queen of Montreuil est aussi une formidable ode à la fraternité, une fraternité instinctive, sans calcul, qui exhale un humanisme profond et revigorant.
J'irai voir le film de Solveig Anspach pour toutes ces bonnes raisons : elle tient un discours sur la direction de film qui me réjouit, elle aime "transmettre aux spectateurs de la joie.” et ... j'ai habité Montreuil pendant dix ans avant de m'installer sur ma colline, j'y ai encore beaucoup d'amis.
mercredi 13 mars 2013
vendredi 8 mars 2013
samedi 2 mars 2013
Les mots qui lassent, les mots qui délassent.
Bonne nouvelle : les Suisses s'apprêtent à voter pour abolir les hauts salaires
Il y a des mots que je ne peux plus entendre sans un mauvais frisson rampant sur mon échine vers la racine de mes cheveux.
Hélas, ils sont ressassés ad nauseam par nos édiles et mandatés divers et avariés.
Car croyez-le, l'urgence est la conquête des marchés, le soutien à la compétitivité, le retour de la croissance, la lutte contre le chômage, le retour de la France dans le top five des nations hyper florissantes touçi, touça.
Pôvres perroquets répétant à l'envie le bréviaire de tous ces pseudo experts qui ont ruiné l'économie depuis une bonne trentaine d'années tout en enrichissant une poignée de dinosaures qu'il faudra bien abattre si on veut retrouver un peu de latitude et d'initiative pour essayer de changer d’ère.
Il faudrait que nos vieux mâles nostalgiques des épopées antiques comprennent que la conquista est un concept révolu. Plus rien à conquérir, pas même les femelles qui sont désormais rétives aux méthodes agressives et dominatrices. Le monde est désormais borné et il s'agit d'aménager l'espace, non de le découvrir pour se l'accaparer.
La compétitivité est également très contestée quant à ses vertus économiques. Car ratatiner son concurrent c'est en fait se mettre à dos autant d'autres qui ne pensent qu'à vous croquer. Là aussi, combats de vieux machos qui ne se sentent forts que lorsqu'ils ont réduit à néant les autres. Seulement, c'est fou le nombre d'autres qui existent. Résultat une culture de paranoïaque où le monde est bourré d'ennemis.
Si on examine le résultat de cette course à la compétitivité on s'aperçoit qu'on a rogné au maximum les coûts salariaux pour obtenir des prix conciliables avec ceux des marchés émergents où les salaires sont misérables, mais comme le premier marché est le marché intérieur, la chute du pouvoir d'achat entraine la chute de la demande qui va d'autant plus s'orienter vers des produits importés qu'elle ne peut plus s'offrir la qualité nationale. Pas bien malins nos stratèges !
Retrouver la croissance ? Il faut se réveiller les gars, objectif idiot et sans avenir. Atteindre un équilibre zéro serait déjà bien, réduire serait mieux. Nous n'avons pas besoin de produire tout un tas de choses inutiles. Nous n'avons donc pas besoin de travailler autant. Si nous travaillons moins, nous aurons plus de temps pour manufacturer nos propres produits dont par exemple nos repas, évitant ainsi de bouffer des trucs pas francs du collier (de cheval ah ah!).
Quant à grimper dans le score des nations enviables, nous sommes bien placés pour l'instant dans un certain nombre de domaines mais nous avons beaucoup perdu. Notre système scolaire qui fut efficace au sortir de la guerre pour faire monter massivement le niveau de formation des petits paysans doit se reconvertir et cesser de fabriquer des bureaucrates, qu'on ne sait plus où caser, pour inventer les métiers d'avenir, paysan par exemple, dont on va manquer si on veut arrêter de manger des pesticides à tous les repas.
Notre système de santé laminé par la version ultralibérale qui sévit depuis 20 ans a besoin de se reconstruire pour développer plus de prévention / information et moins de médicamentation hasardeuse.
Il faudrait juste que nos gouvernants cessent de pleurnicher sur un modèle obsolète, renoncent aux grands projets inutiles et se décident à reconvertir la conquête des marchés vers une gestion intelligente des biens communs, parce que c'est ça l'avenir, qu'ils le veuillent ou non.
J'ai bien peur cependant qu'ils continuent leur quête aveugle de prestige et de hochets compensatoires. Ils ont été si mal élevés dans leurs écoles d'élites à baragouiner les mêmes litanies.
Qu'ils freinent un peu, qu'ils comprennent que l'ère n'est plus à la frénésie mais à l'éloge de la lenteur.
Les mots qui font du bien : tranquillité, rêverie, flânerie, convivialité, lecture. Ça ne coûte rien et ça n'a pas de prix
Libellés :
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éloge de la lenteur
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