Bonne nouvelle : les Suisses s'apprêtent à voter pour abolir les hauts salaires
Il y a des mots que je ne peux plus entendre sans un mauvais frisson rampant sur mon échine vers la racine de mes cheveux.
Hélas, ils sont ressassés ad nauseam par nos édiles et mandatés divers et avariés.
Car croyez-le, l'urgence est la conquête des marchés, le soutien à la compétitivité, le retour de la croissance, la lutte contre le chômage, le retour de la France dans le top five des nations hyper florissantes touçi, touça.
Pôvres perroquets répétant à l'envie le bréviaire de tous ces pseudo experts qui ont ruiné l'économie depuis une bonne trentaine d'années tout en enrichissant une poignée de dinosaures qu'il faudra bien abattre si on veut retrouver un peu de latitude et d'initiative pour essayer de changer d’ère.
Il faudrait que nos vieux mâles nostalgiques des épopées antiques comprennent que la conquista est un concept révolu. Plus rien à conquérir, pas même les femelles qui sont désormais rétives aux méthodes agressives et dominatrices. Le monde est désormais borné et il s'agit d'aménager l'espace, non de le découvrir pour se l'accaparer.
La compétitivité est également très contestée quant à ses vertus économiques. Car ratatiner son concurrent c'est en fait se mettre à dos autant d'autres qui ne pensent qu'à vous croquer. Là aussi, combats de vieux machos qui ne se sentent forts que lorsqu'ils ont réduit à néant les autres. Seulement, c'est fou le nombre d'autres qui existent. Résultat une culture de paranoïaque où le monde est bourré d'ennemis.
Si on examine le résultat de cette course à la compétitivité on s'aperçoit qu'on a rogné au maximum les coûts salariaux pour obtenir des prix conciliables avec ceux des marchés émergents où les salaires sont misérables, mais comme le premier marché est le marché intérieur, la chute du pouvoir d'achat entraine la chute de la demande qui va d'autant plus s'orienter vers des produits importés qu'elle ne peut plus s'offrir la qualité nationale. Pas bien malins nos stratèges !
Retrouver la croissance ? Il faut se réveiller les gars, objectif idiot et sans avenir. Atteindre un équilibre zéro serait déjà bien, réduire serait mieux. Nous n'avons pas besoin de produire tout un tas de choses inutiles. Nous n'avons donc pas besoin de travailler autant. Si nous travaillons moins, nous aurons plus de temps pour manufacturer nos propres produits dont par exemple nos repas, évitant ainsi de bouffer des trucs pas francs du collier (de cheval ah ah!).
Quant à grimper dans le score des nations enviables, nous sommes bien placés pour l'instant dans un certain nombre de domaines mais nous avons beaucoup perdu. Notre système scolaire qui fut efficace au sortir de la guerre pour faire monter massivement le niveau de formation des petits paysans doit se reconvertir et cesser de fabriquer des bureaucrates, qu'on ne sait plus où caser, pour inventer les métiers d'avenir, paysan par exemple, dont on va manquer si on veut arrêter de manger des pesticides à tous les repas.
Notre système de santé laminé par la version ultralibérale qui sévit depuis 20 ans a besoin de se reconstruire pour développer plus de prévention / information et moins de médicamentation hasardeuse.
Il faudrait juste que nos gouvernants cessent de pleurnicher sur un modèle obsolète, renoncent aux grands projets inutiles et se décident à reconvertir la conquête des marchés vers une gestion intelligente des biens communs, parce que c'est ça l'avenir, qu'ils le veuillent ou non.
J'ai bien peur cependant qu'ils continuent leur quête aveugle de prestige et de hochets compensatoires. Ils ont été si mal élevés dans leurs écoles d'élites à baragouiner les mêmes litanies.
Qu'ils freinent un peu, qu'ils comprennent que l'ère n'est plus à la frénésie mais à l'éloge de la lenteur.
Les mots qui font du bien : tranquillité, rêverie, flânerie, convivialité, lecture. Ça ne coûte rien et ça n'a pas de prix
23 commentaires:
Remèdes: aller voir le documentaire consacré à Pierre Rabbi. Bientôt sur les écrans. Acheter une kalachnikov à dinosaures.
Hélas, on n'en a pas fini avec les mots qui lassent....Pétris de valeurs idéologiques d'équitables distributions dans des sociétés recherchant le bien être de chacun de ses membres, nous raisonnons, global, sociétal sans se lasser , alors que nous avons affaire à de la maquereau économie. Quoique les analyses critiques soient plus entendues qu'on le croit. Par exemple , l'aliénation par le travail a été dénoncer, l'abolition du salariat exigé, et bien, le MEDEF et ses acolytes mondialisés sont en train de l'abolir le salariat et de ramener le travail, au passage à niveau zéro (jamais, le bon, le niveau) pour laisser passer les nouveaux trains de la croissance des profits...Ce qui démontre que les querelleurs qui n'apprécient pas que la majeure partie du genre humain soit traitée comme des chiens ne sont pas renvoyés à la niche fiscale...Les sujets d'indignation sont en croissance exponentielle. L'évolution des savoirs faire médicaux , la possibilité de choisir son genre, le droit à l'enfant fourni à domicile par une porteuse, les connexions cérébrales à internet, y compris les animaux, la possibilité de rester incarné post-mortem, sur le net, les cellules souches, le rajeunissement et le recul sans fin de l'espérance de vie, les manipulations génétiques, les contrôles des cerveaux lents, délibérément ralentis,j'en passe et des pires,l'homme bionique, les peaux artificielles, laissent entrevoir un monde où une petite "élite" la caste des décideurs comme s'y croit la sinclair, celle de l'Anne et la bête, musera dans le village planétaire, transformé en club med de luxe pendant que les damnés de la terre resteront cons damnés, à en chier...Las, hélas, et s'enlacer deviendra d'un ringard, ma chère!!!!
Tiens ce matin y'a du soleil, je met en lien ton article sur mon mur...
La «crise» serait une invention des multinationales (donc des politiques) pour pratiquer l'agiotage sur le dos d'états velléitaires au profit de quelques nantis ? Nôôôn...
Bravo, Zoë, nous en avons vraiment assez de ces discours répétitifs, de cette fuite en avant, de ce manque d'audace. Nous ne croyons plus à ces vieilles recettes économiques qui ont fait la preuve de leur inefficacité mais qui profitent d'une manière éhontée à quelques-uns.
Avec la population mondiale qui continue à augmenter - danger pour tous les équilibres -, il est temps comme vous dites de nourrir des progrès qualitatifs.
Bonne flânerie dominicale, Zoë.
J'ignorais que Moscovici - voir une photo de lui dans le dernier Nouvel Obs ("à consommer du 28 février au 6 mars") particulièrement bien choisie... - s'était acheté un sac à (ran)dos tout neuf chez Go Sport, de marque Quechua.
Il a en effet besoin de se dégourdir un peu les jambes.
Moi je ne les écoute plus, les robots d'en haut. Rien que le mot "croissance", répété 78987 fois par nos ineffables pontes me révulse.
la lente heure : une autre façon de ne pas subir les heurts
Bernard Chapuis :
- "Sous la lampe, où ma lenteur trouve son rythme, je me sens abrité, infiniment loin de la machine à chier du neuf qui va démarrer le matin..."
@la bacchante, mouahahah, une kalachnikov à dinosaures !
@PV,ils peuvent bien abolir le salariat, on va inventer une façon de vivre sans patrons et ce sera eux qui seront abolis.
@Vinosse, très honorée!
@D.A, Siiiiiiiiii!
@Tania, je chantais aujourd'hui telle la cigale insouciante.
@D.H. Tu veux l'envoyer promener ? :-)
@Sofka croässance.
@JEA, un autre mot qui lasse et agace : "nouveau". Tout doit être né de la dernière pluie, sinon il est rejeté dans l'obsolescence programmée.
La "conquista" a séduit aussi une femme, Laurence Parisot, qui souhaite "modifier" les statuts d'élection du MEDEF pour pouvoir briguer un 3ème mandat, info glanée d'une oreille distraite entre la tv désormais éteinte et la radio que je regarde pour m'assoupir, sachant que les rêves seront des cauchemars. Je vais finir par tout éteindre :-)
Moi, ça y est, depuis un bail j'ai quasiment tout éteint ou refermé pour profiter de la "lente heure", comme le dit bien JEA.
N'empêche, de temps en temps, ça filtre de l'extérieur et énerve un chouïa.
Une solution possible, soyez un peu plus solitaires..et restez-le!
@Frédérique, le pouvoir est un puissant aphrodisiaque, nul n'y goûte sans danger.
@Sofka, les mains sur les yeux , sur les oreilles, sur la bouche, tout à la fois, pas facile :-)
@Versus, Alceste à bicyclette ?
Ce qu'il faut retenir de la lenteur c'est qu'en allongeant le présent on ralenti le passé tout en éloignant le futur. Plus besoin d' augmenter l'espérance de vie puisque de toute façon elle nous paraîtra plus longue!
C'est plutôt de la lenteur des cerveaux dont il faut parler ici: de ceux qui n'ont pas relevé la faute d'accord sur la 1ere ligne du haut !
Les Suisses ...
@MMWH, très juste
@Vinosse, quelle faute ? :-). merci, c'est corrigé
Bader avec lenteur pour apprécier, heure après heure les légers et délicats poids de cent heures d'une petite semaine de vacance.
Embarquez, on n'ira pas trop vite!
http://www.youtube.com/watch?v=Aq7qySeyscc
@PV, de vacance, nous aimerions, hélas nous ne faisons que vaquer.
@MMWH, je n'ai vu que le titre. L'escargot est un de mes animaux préférés
Pourtant le lien fonctionne bien. Il y a peut-être une restriction chez-vous. Minuscule.tv, produit par Futurikon, c'est vraiment génial...
De lentes heures à savourer d'amoureuses langueurs.
@MMWH, oui restriction, c'est ce qui s'annonce quand on clique.
@PV langueurs languides, connais pas.
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