dimanche 30 juin 2013

Un tour de Corse avant le Tour

Une petite, toute petite semaine, mais délicieuse, baignades, marches, petits diners entre amis, du temps pour lire. des vacances...
Toulouse Bastia en avion, le train qui tortille entre les montagnes.  Arrivée le soir à Calvi, plaisir des pieds nus dans le sable et l'eau fraiche.




Rencontre avec deux gisants, peut-être l’œuvre de deux amoureux qui se sont ainsi promis l'amour jusqu'au bout de la vie

La Corse et ses plages aux eaux merveilleusement claires, transparentes.


 Mais la Corse, c'est essentiellement la montagne,


ses immortelles à l'odeur forte de curry et de très fines fleurs rouges au pistil violet

 Au cours d'une randonnée au-dessus du village de Calinzana où nous partagions une maison avec des amis, un sentier bordé de vénérables châtaigniers épargnés des multiples incendies dont les traces se dressent partout sous forme de troncs calcinés




La vue de la petite terrasse de la maison. Nous y accédions au bout d'une bonne grimpette que nous finissions en ahanant tant elle était raide.




Napoléon est partout chez lui en Corse. Christophe Colomb serait corse lui aussi.  Calvi la génoise, restée fidèle à Gênes


 Pascal Paoli, le héros républicain a fait construire la petite ville de l'Ile Rousse pour contrecarrer l'influence de Calvi la traîtresse. Ici, le marché avec ses imposants piliers. Le village est très touristique et ses alentours accueillent les villas cossues  de certaines célébrités


Retour à Bastia où nous avions atterri. Ici le vieux port.

 Nous avons quitté la Balagne et traversé le désert des Agriates dont les plages sont extraordinaires.
Mais il faisait un vent décourageant et nous avions prévu de terminer cette très douce semaine à l'est, dans un bungalow à quelques mètres de la plage.


Avant de reprendre l'avion, nous avons pris un bain à 8h00 du matin en traversant le camping où les vacanciers émergeaient lentement d'une nuit tranquille. Nous avons quitté l'Ile en nous promettant d'y revenir et d'y séjourner plus longuement.
Sur la route nous avions croisé un cycliste qui paradait avec un énorme bouquet dans les bras. La Corse attendait fiévreusement le Tour de France. A l'heure où j'écris (tardive, hélas), on sait qu'il a débuté de façon un peu étrange. Au passage, j'ai revu ce bout de terre entre mer et étang.  Je ne regarde jamais le sport à la télé, mais j'ai fait exception, juste pour revoir ce morceau de terre magique.

Photos ZL Juin 2013

jeudi 20 juin 2013

Pas pleurer

"Quelques êtres ne sont ni dans la société ni dans la rêverie.  
Ils appartiennent à un destin isolé, à une espérance inconnue.
Leurs actes apparents semblent antérieurs à la première inculpation
du temps et à l'insouciance des cieux.  
Nul ne s'offre à les appointer.
L'avenir fond devant leur regard.  
Ce sont les plus nobles et les plus inquiétants."
René Char
 

Vendredi, Lydie Salvayre présentait son dernier livre à la librairie Ombres Blanches (Toulouse). "Sept femmes ", "sept allumées pour qui l'écriture n'est pas un supplément d'existence, mais l'existence même."
Elles ont en commun d'avoir eu un destin plutôt malmené sauf Colette qui a su mener sa barque et vivre sa liberté sans trop d'entraves. Comme Lydie, j'ai aimé, à 16ans, l'écriture flamboyante et la vie joyeusement iconoclaste de Colette. Puis j'ai cessé de la lire. Lydie , l'exprime ainsi : "son côté popote m'insupporte".
Les autres ont eu toutes les pires difficultés pour être reconnues de leur vivant. Le cas le plus désespéré est sans doute celui de Marina Tsvetaeva qui est considérée désormais comme l'un des plus grands poètes russes du vingtième siècle,mais a trouvé porte close auprès de nos gens de lettres lorsqu'elle était en exil à Paris. Elle a entretenu avec Pasternak (son grand amour) et Rilke une correspondance magnifique où elle décrit les conditions de misère qu'elle affronte avec ses deux enfants. Elle  finit par se suicider en 1941, alors qu'elle n'a plus nulle part où aller dans cette Russie en proie à la guerre et qu'elle avait fuie pour tenter d'échapper à la sinistrose que le stalinisme répandait dans sa folie meurtrière.
Elles partagent ces femmes le destin douloureux d'artistes qui n'ont pas de place dans un monde (la littérature) dominé par les écrivains masculins. Et même si Virginia Woolf ne subit pas les assauts de la misère qu'affrontent Tsvetaeva ou Djuna Barnes (qui elle, finit sa longue vie -90 ans- en recluse), elle doit se battre contre cette maladie qu'on nomme la bipolarité qui fait succéder à des périodes d'euphorie de graves dépressions.
Elles ont également en commun un goût farouche de la liberté, de l'indépendance, à une époque où les femmes étaient censées dépendre d'un mari à qui elles devaient obéïssance. Lorsque Emilie Brontë ose faire paraître "les Hauts de Hurlevent" et son Heathcliff, héros romantique, sombre, possédé par un amour impossible, et tenaillé par le désir de vengeance, le livre fait scandale, "les critiques sont horrifiés (...) jugent l'histoire invraisemblable, les personnages ignobles, les passions débridées, le tout écrit en l'absence totale de morale et dans un style des plus grossiers, voire répugnant". Comment cette jeune fille qui a si peu vécu a-t-elle si bien reconnu en l'être humain les puissances du mal
Je connais moins Sylvia Plath   et pas du tout Ingeborg Bachmann.   La première obtiendra le prix Pulitzer à tire posthume en 1982,  (elle se suicide en 1963). Thomas Bernhard qui s'y connaissait en noirceur avait dit de Ingeborg Bachmann : "Elle avait comme moi, trouvé très tôt déjà l'entrée de l'enfer, et elle était entrée dans cet enfer au risque de s'y perdre prématurément ". Ce qu'elle fit.

Lydie Salvayre parle de ces femmes avec toute l'empathie qu'elles lui inspirent et l'admiration qu'elle leur voue. Des vies consacrées à l'écriture au risque de leur propre vie. "La postérité a justifié la passion de leur engagement, célébré leur talent et patenté leurs oeuvres". Ses "admirées" sont "d'un autre temps, d'avant Goldmann Sachs et d'avant le storytelling, mais dont les mots parlent encore dans nos bouches pour peu que l'on consente à les tenir vivants"

Comme quelqu'un lui demandait pourquoi ce titre "Sept femmes"Lydie nous a confié que ce n'était pas son titre initial. Celui qu'elle avait choisi était "Pas pleurer", une injonction qui vaut pour toutes qui refusaient le pathos ( pas assez vendeur...). C'est d'ailleurs le paradoxe de ces destins. Car ces femmes qui   aimaient la vie, l'amour,(...) détestèrent la maladie autant que la douleur et se moquèrent de leur abject recyclage littéraire, vécurent presque toutes un destin malheureux.
Et ce pour quoi Lydie Salvayre qui déteste elle-même, de façon instinctive, (comme je la comprend), le goût du malheur,  leur voue une admiration totale (et je la suis, au moins pour celles que je connais), c'est"leur puissance poétique", "la grâce de leur écriture, le retournement qu'elles opéraient  sur les forces de mort et leur pouvoir de conjuguer l’œuvre avec l'existence".
C'est aussi pour cela que j'aime Lydie Salvayre, l'écrivain et la personne, une belle personne.

Photo ZL 19 juin 2013 
 

dimanche 16 juin 2013

Au bonheur des chats


L'envie de parler de mes chats m'est venue à la lecture du billet de Dominique Hasselmann et du commentaire de Sorcière "La compréhension et la communication avec les chats est un gage de sagesse et d’humanité qui laisse ma félinité sans défense. Le macho de service chez moi est un chat".

 Je vous présente donc mes cinq chats. Un billet tranquille, de temps à autre, ça délasse.

Elle c'est l'ancienne. Elle a dix neuf ans. Elle s'est invitée un jour, chatte pelée et affamée, grosse comme le poing. Elle a vécu dehors pendant plus de quinze ans, sauvage et refusant de se laisser approcher, mais donnant des portées dont nous ne savions comment nous débarrasser. Nous avons fini par la piéger et la faire stériliser. Depuis elle est devenue à peu près sociable, mais je suis la seule à pouvoir la caresser.


Celle-ci  a été sauvée in extremis, une portée braillante abandonnée dont les autres ont succombé. Elle, nourrie au biberon a parfaitement déjoué la mort et me voue une amitié sans faille.
  

Elle a donné naissance à quatre petits. deux ont été donnés. Celui-ci est parti à Paris avec ma fillote qui l'a ramené à la première occasion. Elle n'avait pas envisagé la contrainte liée à l'enfermement d'un chat, n'ayant connu que ceux de la maison qui vivent en plein air (et aussi beaucoup sur les fauteuils ou dans des niches qu'ils s'aménagent, de préférence dans des endroits qui leur sont interdits). Un peu "dévarié", il s'est très bien remis de son épisode urbain mais préfère sans conteste grimper aux arbres plutôt qu'aux rideaux


 Celui -ci, nous l'appelons Tanguy.Il continue de rechercher sa mère et vient souvent, comme ici, se faire lécher. Elle l'accueille, mais parfois le chasse à coups de patte bien ajustés. Il repart dépité, manifestement malheureux. Mais revient se poster dès que possible à proximité de sa môman.
 
 Enfin la dernière venue, sans doute abandonnée par des petits malins à proximité de la maison. Elle est arrivée un beau jour en miaulant à fendre l'âme. Il y a eu quelques réticences mais nous ne pouvions pas la laisser mourir de faim. Elle est donc restée. Elle est boulimique et la seule à émettre des miaulements au moment du repas. Les autres, stoïques attendent. Ils savent que ça ne manque jamais d'arriver.
Nous ne donnons pas de noms aux chats, ils s'appellent la vieille chatte, l'Isabelle, le roux, le noir et la petite rousse. Ils mènent une vie très indépendante et nous aussi, en bonne intelligence, respectueux les uns des autres et c'est très agréable. Les chats sont essentiels dans une maison à la campagne si on veut vivre sans être envahi de rongeurs.
Ce sont des êtres d'une grande élégance et pour peu qu'ils soient bien traités ils ne posent pas de problèmes majeurs (à part la corvée de nettoyage des poils disséminés un peu partout) et se débrouillent pour être en bonne santé. La vieille chatte est un peu ralentie, mais elle voit et entend encore suffisamment et ma foi, elle semble inoxydable.
Portez-vous bien.

Photos ZL  

lundi 10 juin 2013

Mourir à dix-huit ans.

Je viens une nouvelle fois de partir pour quelques jours et me voilà revenue.
La pluie n'a quasiment pas cessé depuis mon retour et je regarde les cerisiers qui portent des fruits peinant sur la voie de la maturité.
Autel baroque installé dans un petit parc au village de l'Hermitage (à proximité de Rennes) où, entre autres vadrouilles, j'ai rendu visite à mon amie Pomme . Un peu de sérénité dans ce monde de brutes.

Samedi soir, j'avais envie, à tout prix, de parler avec mon fils. Son portable sonnait, mais il ne répondait pas.
J'ai enfoui mon angoisse de mère en me reprochant cette tendance à l'anxiété dès qu'il s'agit des enfants, alors que je ne  suis guère peureuse par ailleurs et que je bannis le climat délétère entretenu par les médias : "la France a peur".
Mais voilà, un jeune garçon a été mortellement agressé, dans un affrontement "politisé". Il est mort sous les coups d'un jeune  "barbare" (20ans) se réclamant d'un mouvement d'extrême droite. Je suis doublement atteinte par ce meurtre :   parce que ce garçon était jeune, porteur d'une vie qui ne devait pas tourner court si vite et que je pense à ses parents, dévastés. Mais aussi parce que ces violences de jeunes hommes prêts à tout pour défendre une identité qu'ils prétendent menacée, démentent cet espoir que la jeunesse aurait enfin tourné le dos à ces vieilles lunes. Et  je soupçonne ces têtes brulées d'être allègrement encouragées à "durcir le mouvement" et à se tenir prêtes à servir le moment venu. Quand on regarde les photos publiées sur les manifestations d'extrême droite, on peut remarquer que les "entraineurs" ont le cheveu court clairsemé et poivre et sel. C'est évidemment plus inquiétant que les exactions d'une poignée de boutefeux dont le jeune sang cherche la gloire du combat pour des idées, aussi tordues soient-elles. 
Cependant, en l'occurrence, il est important de choisir ses mots. Et d'avancer prudemment, car on ne sait rien de bien établi sur cette affaire. Sauf que la jeune brute a frappé un type qui ne faisait pas le poids : triple faute au regard d'une morale ordinaire. L'emploi de la violence dans un différend est évidemment insupportable, agresser plus frêle que soi est une lâcheté (quoique il semblerait que l'agresseur soit lui-même de petite corpulence et qu'il aurait utilisé un poing américain), et prétendre faire régner des idées par la terreur est une infamie. 
La Droite ne digère pas d'avoir été remisée pour au moins cinq ans et dans ses rangs, il y en a sans doute qui trouvent que ce temps démocratique est usurpé et qu'il s'agirait de remettre les choses dans l'ordre quitte à user de poings américains et plus si affinités. Les discours que j'entends passer complaisamment sur les radios  ne me disent rien qui vaille quant à l'appétence de mes concitoyens pour "la manière forte" pour déloger un président jugé trop mou.
J'ai finalement pu parler avec mon fils, dimanche. Comme je lui avouais avoir un brin "psychoté", à cause de cet évènement et parce qu'à Toulouse, un fait divers m'a marquée, en 2008 un jeune homme a été jeté dans la Garonne. C'est aussi, m'a dit mon fils, parce que le type qui vient de se faire tuer s'appelait Clément.
Je n'y avais pas pensé mais c'est vrai, mon fils s'appelle Clément.