vendredi 28 novembre 2008

Risquer ma "Voisine" ?

"Rares sont les très belles femmes qui vivent comme si elles ne l’étaient pas, dans l’insouciance parfaite de cette beauté, exerçant des professions et se livrant à des activités où cette beauté n’est aucunement engagée. Ignorerait-elle, celle-là, à quel point elle est belle ? se demande-t-on. Est-il possible qu’on ne le lui ait jamais fait remarquer ? Qu’elle n’ait pas perçu que le monde s’ouvrait inexplicablement devant elle ? Femmes peu intéressées par les soins de toilette, que cela ennuierait de mettre en scène à tout moment leur magnifique personne, mues par de plus impérieuses vocations, des rêves qui les portent au-dehors d’elles, et dont la beauté négligée est, de ce fait aussi, absolument bouleversante."

Mon très cher Eric Chevillard ! C'est justement le propos de ce livre "la voisine " que je n'ai pas su risquer auprès d'un éditeur quelconque. Ma voisine est une femme dont chacun s'amourache à sa façon et qui n'éprouve elle-même aucun souci de soi, déteste paraître et s'apprêter, fuit la foule et ne trouve compagnie agréable qu'auprès de personnages de fiction. Ses seuls bonheurs : la lecture et la couleur dont elle enduit des cansons pour y voir surgir d'improbables trognes de ses propres limbes. Devrais-je risquer ma "Voisine" sous les projecteurs ou la laisser dans l'incognito de son manuscrit ?

mercredi 26 novembre 2008

Cette poésie d'Aragon est mon actualité du jour

(...)

L'avenir de l'homme est la femme

Elle est la couleur de son âme

Elle est sa rumeur et son bruit

Et sans elle il n'est qu'un blasphème

Il n'est qu'un noyau sans le fruit

Sa bouche souffle un vent sauvage

Sa vie appartient aux ravages

Et sa propre main le détruit


Je vous dit que l'homme est né pour

la femme et né pour l'amour

Tout du monde ancien va changer

D'abord la vie et puis la mort

Et toutes choses partagées

Le pain blanc les baisers qui saignent

On verra le couple et son règne

Neiger comme les orangers.

(...)

Aragon,

Zadjal de l'avenir.

Le Fou d'Elsa


mardi 25 novembre 2008

les harpies et les matadors

Je me demande si nous aurions droit aux mêmes commentaires empreints de condescendance voire de dégoût si les deux candidats en lice à l'investiture socialiste étaient de vrais mecs, de ceux pour qui le combat "à mort " est légitime. Dès que deux femmes défendent âprement leurs positions, on a droit aux allusions à la chipie, la harpie, la mégère. Un vote aussi serré, qui est l'occasion des habituels bidouillages en la matière, aurait sans nul doute déclenché de semblables tentatives de contestation et d'inversion du résultat si les protagonistes avaient été des mâles. Imaginons DSK et Fabius dans la même arène, l'écart minuscule des voix ne déclencherait-il pas de l'un ou l'autre de nos matadors pareille agitation ? Mais alors les commentaires sportifs et militaires fleuriraient sous les plumes, le combat des chefs serait à l'honneur. Rappelons-nous (c'est encore dans l'actualité) le duel Sarko Villepin.
Comment ne pas comprendre que Ségolène accepte mal une défaite, résultat d'un agglomérat de circonstance entre les vieux caciques et les jeunes loups, sur un slogan parfaitement inamical (TSS), défaite qui semble de surcroît légèrement maquillée. Martine, nonobstant ses qualités et son potentiel n'a réussi à démettre son adversaire que grâce au mariage des carpes, des lapins, des sangliers et des perroquets prêts à s'arranger joyeusement de leur propre cacophonie pourvu qu'on parvienne à couper le sifflet à la ravie de la crèche, la madone des médias .
Si j'étais socialiste, j'aurais eu du mal à voter. Heureusement, je ne suis d'aucun parti si ce n'est celui d'en rire.

lundi 24 novembre 2008

Fossoyeurs

M'obliger chaque jour à poster une vignette sur ce blog. Quelle drôle d'idée !
Anniversaire de Claude Levi Strauss. Cent ans ! Et quelle lucidité ! Avoir compris en découvrant les "sauvages" que les vrais barbares étaient ceux qui partirent à la conquête du monde, forts de l'illusion qu'ils pouvaient en devenir les maîtres quand ils auront été les pires fossoyeurs de sa richesse et de sa beauté.

dimanche 23 novembre 2008

Attac et l'économie solidaire

Les conséquences catastrophiques d'un comportement économique erratique génèrent parmi nos éminents responsables politiques un discours soudaine ment gorgé de moraline, fustigeant l'inconséquence des prédateurs dans leurs excès d'avidité. La régulation et ses bienfaits sont (re)découverts après avoir été stigmatisés comme traces archaïques de la « malheureuse expérience communiste ». L'heure serait à l'invention d'une nouvelle économie. Qu'on ne s'y trompe pas, ces gesticulations ne s'accompagnent pas pour autant d'une remise en cause radicale des principes du capitalisme financier, (recapitalisé à grands frais grâce à l'habituelle tonte des masses moutonnières) il ne s'agit au mieux que d'un «nouveau Bretton Woods», qui aurait pour mission de remettre de la régulation alors que la sortie du dollar, en 1973, du système mis en place à la fin de la guerre a entraîné le «flottement» des cours des changes et la disparition du contrôle sur les agissements des banques. Il existe des alternatives à cette économie décollée des fondements politiques et humains nécessaires à toute gestion du vivant et de la cité. On nomme communément «économie solidaire» les formes d'activité qui essaient une autre formule d'articulation entre les divers ingrédients de la production de biens et de service (finance, matériaux, travail, échanges). Trop commodément confinée aux marges de l'économie telles que les services à la personne, l'insertion par l'activité économique) l'économie solidaire est un espace de recherche et d'expérimentation où se sont développées les alternatives à l'obsolescence, la nocivité, le gaspillage, constitutif d'une partie importante des productions de l'économie dite moderne.

Réagir face aux exactions d'une économie malade de la peste, c'est s'interroger sur la pertinence des fondamentaux et participer à l'élaboration d'un autre parti pris économique. C'est en tout cas, au sein d'un mouvement d'éducation populaire tel qu'Attac, une dimension fondamentale qui est encore peu développée et qu'il serait urgent d'approfondir.

Contagion

Le blog d'Eric Chevillard !
Un exemple mais quel ! Saine émulation certes, se méfier cependant du découragement que le talent des autres instille à nos propres velléités.
Le blog, un exercice que je m'impose pour combattre mon actuelle mise en veille de mes pulsions de vaine écritureuse.