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samedi 20 octobre 2012

L'île aux nuisibles

Dans son blog, Greek Crisis, Panagiotis Grigoriou,  dans le courant de son texte de présentation du film Khaos, cite l'idée attribuée à la Troïka, suivant laquelle « il faut transférer la population des îles comptant moins de 150 habitants, car maintenir sur place ces petites communautés et populations coûte alors cher » (topontiki.gr – 11/10 et Real-FM 12/10). 
Une idée commence à courir,(une rumeur ?) : la Grèce est un pays trop beau pour être laissée au peuple grec. Elle est vendue à la découpe actuellement et  à l'encan, tout y passe, du Port du Pirée à l’Aéroport International d'Athènes, plusieurs ports régionaux, les télécoms et l'électricité pour les plus gros morceaux. Alors vider les petites îles pour y installer quelques magnats de la finance internationale, c'est pas une bonne idée ça ? Surtout qu'eux ont les moyens de payer l'impôt n'est-ce pas. 

 Plage de Samos 1996. Photo ZL
Pendant que la Grèce se débat dans les griffes de la Troîka, l'Europe reçoit le prix Nobel de la Paix. La première réaction est de se visser le doigt sur la tempe. Pas pour Philip Olterman, journaliste au Gardian, qui propose de dédier ce prix à la révolution sexuelle européenne et d'en attribuer la somme allouée (923 680 €, quand même) au programme Erasmus qui a favorisé l'avènement d'une génération vraiment européenne par le biais des mariages issus des échanges universitaires. Vu comme ça...
Hans Magnus Enzensberger, lui est moins enthousiaste. Il considère (et à juste titre selon ma modeste opinion) que les Européens ont perdu la gouverne de leurs institutions, remplacées par une série de sigles, dont on ne sait pas bien ce qu'ils signifient et moins encore ce qu'ils désignent si ce n'est "qu'ils" émettent des consignes que les gouvernements se doivent d'appliquer sous peine de sanctions, lesquelles sanctions se retrouvent directement sur notre dos ou sous notre gorge (voir plus haut). Ce sont le FESF, le MES, la BCE, l’ABE et le FMI qui ont pris les commandes, tous "bancocrates" et affidés . Voir ou revoir Goldman Sachs, la banque qui dirige le monde .
Passons à plus réjouissant. Les reposeurs ont trouvé la parade pour continuer à pourrir la vie de ceux qui nous la brisent, j'ai nommé les pubeux, en évitant la contravention pour dégradation. La pub fatigue prétendent-ils et ils lancent une grande campagne d'affichage de cette opinion (que je partage, on s'en doute) par le biais de post-it et de papier graft placardés un peu partout et amovibles sans dégâts. Les Parisiens auront peut-être le plaisir de contempler l'ouvrage ou d'y participer comme ce monsieur de 88 ans qui s'en réjouit dans la vidéo que vous aurez vu si vous avez cliqué sur le lien.
Ce n'est pas le Grand soir qui nous délivrera des Grands Nuisibles mais leur relégation dans la catégorie des animaux tristes et ridicules de la fin du siècle dernier. On devrait les cantonner sur une île grecque tiens, et on organiserait des croisières pour leur envoyer des noyaux d'olive à la fronde. 
  
Le  titre est en référence à L'île aux fleurs une démonstration sur le mode humoristique de ce qui nous occupe ici.

samedi 17 décembre 2011

Vent des blogs : on nous prend pour des carpettes



Tiens, un petit vent des blogs féministe avant la fin de l'année, ça va nous détendre.
Bon c'est juste, tous les hommes ne sont pas des machos : la preuve
Ca ne vous avait pas échappé, Olympe est une fine observatrice des délires du monde comme il va et elle avait conçu une petite compilation gratinée : comment être sportive sans oublier d'être sexy. J'aime particulièrement les n°6 et 9, sexy mais bancale.
Euterpe a élaboré une série intitulée "Idéologie de la dangerosité de la femme" très documentée sur les origines, tirées des textes sacrés, de la mauvaise réputation qui nous est faite depuis la nuit des temps. Dernière en date, "la désobéissante" , mais vous pouvez remonter en arrière, toutes sont édifiantes.
Au nombre des commentaires de cette onzième, j'ai découvert
Mad Meg dont je vous recommande Le coin coin.
Hypathie
(c'est vrai, elles ont toutes des pseudo Grèce antique) s'en prend dans un billet saignant aux chasseurs, cette minorité vieillissante et néanmoins rugissante. Pour redorer une image un rien racornie, ils se sont dotés d'une affiche où parade une blondasse (genre FN) prétentieuse avec un fusil sur les bras et un slogan aguicheur "Les chasseurs se mettent à nu" (non merci).

Si les hommes résistent à la pulsion viriliste, ce n'est pas faute d'y être incités par les vendeurs d'obsolescence. Poursuivons donc sur la publicité qui nous met à toutes les sauces par une étude un peu fouillée sur " le féminin, le mauvais genre en publicité" dont j'extraie l'illustration qui suit. Jolie non ?

Je vous recommande dans le texte, l'analyse de celle qui suit. A cause d'elle, le crétin sur sa grosse machine va réduire en charpie l'autre crétin qui lit Pulp Fiction avec des écouteurs sur les oreilles.


Bon, je sens que mes amis garçons saturent. Allez, une chouette compensation : la lecture de ce petit opus qui promet d'être drôle, intelligent, décapant, irrévérencieux.
Comment choisir sa maîtresse ? Question cruciale s’il en est dans ce domaine où la moindre erreur peut s’avérer fatale... Plein de sagesse, Benjamin Franklin nous fait part de son expérience : il faut la préférer vieille. Il donne d’ailleurs au lecteur incrédule huit excellentes et réjouissantes raisons de suivre son conseil.

L'Art de choisir sa maîtresse

vendredi 9 décembre 2011

Publiphile ou publiphobe ?

Pour la 8e année consécutive, l’agence Australie a commandé à la TNS Sofres une étude, Publicité et société. Et pour la 8e année, les résultats montrent que les personnes sondées ont de plus en plus de distance par rapport à la publicité.

81% des sondés considèrent la publicité comme envahissante, 57% la trouvent agressive, et 53% dangereuse. Ils se disent 37% à être "publiphobes", contre 13% à être "publiphiles".

J'ai trouvé cette info sur le site R.A.P. (Résistance à l'Agression Publicitaire).

Et pourtant!

Si je vous parle de marketing viral, vous percevez le concept ? Les publicitaires qui sont de petits malins ont très bien perçu la bonne conductibilité de l'internaute de base. Il suffit de l'hameçonner avec de la bonne gaudriole " en dévoilant le message commercial, subtilement (sic) à la fin". Le bon gogo se fera un devoir de faire passer à ses petits camarades la bonne blague et la marque associée. "Cette technique présente trois avantages principaux. D'une part, son coût est bien plus faible que celui du marketing direct ; d'autre part, l'intensité et la rapidité de diffusion du message peuvent être très importantes, avec un « auto positionnement » sur le public ciblé. Enfin, le message bénéficie d'une connotation positive liée à sa prescription par le biais d'une connaissance." (dixit Wikipédia qui au passage nous saoule avec ses appels aux dons ). Sans compter qu'on peut encore mieux localiser le public cible. Ainsi avec les systèmes de géolocalisation des Smartphone, où que vous soyez, la pub vous soumet à sa sollicitude, elle vous indique tous les lieux super magiques où vous pouvez faire chauffer la CB.

Si vous ne vous servez pas de ces espions portatifs, si vous zappez les pubs à la télé (ou la télé elle-même, encore mieux), fusillez systématiquement tous les spams qui surgissent entre vous et votre quête webeuse, arrivez au cinéma juste pile à l'heure du film afin de fuir les spots plein écran, vous n'échapperez pas aux messages embarqués : voitures, ordinateurs, alcools, vêtements, magasins, restaurants, s'ils apparaissent en bonne place à l'écran c'est qu'ils sont passés à la caisse auparavant, les producteurs intègrent désormais cette manne dans leurs stratégies de financement, laquelle manne est proportionnelle à l'envergure de votre blockbuster.

Je n'insisterai pas sur l'envahissement des visuels muraux qui parasitent chaque point de vue dans les villes sauf à mentionner l'usage récent (depuis 2007) des bâches servant à dissimuler les échafaudages et à diminuer le coût des travaux grâce aux pépettes fournies par l'annonceur qui s'y est répandu. Réservé aux bâtiments publics, ces petits arrangements vont être possibles pour des résidences privées. Si vous trouvez la facture de votre ravalement de façade trop salée, faites vous enrober par la bannière de l'un ou l'autre des vendeurs de lessive (je n'en citerai aucun, évidemment).

Pourquoi tant de hargne me direz-vous pour une industrie si tant créative et qui emploie si tant de nos génies du crayon et de l'objectif ? Je n'aurai qu'une réponse : la publicité est une sangsue. Elle a vidé en un siècle tout l'imaginaire humain de ses fondements spirituels pour fabriquer la compulsion de consommation qui entretient dans le même temps cupidité et frustration. La publicité a inventé un monde où la mesure des êtres se fait à l'aune de leur capacité à drainer de la monnaie. On est un acteur bankable ou on disparait. Les chefs d’œuvre sont désormais au service de la courbe des ventes de dentifrice ou de café. Les politiques sont coachés par des spécialistes en marketing pour mieux se vendre auprès des consommateurs de discours, lequel comme celui de la pub n'a pas besoin d'être sincère mais d'être attractif (donc potentiellement démagogique) pour mieux pêcher le bulletin de vote. Quant à l'individu lambda, s'il veut être "intégré" (donc potentiellement désintégré), dans une entreprise quelconque, il lui faudra apprendre à peaufiner la présentation de son "parcours de vie", en veillant à ne pas laisser affleurer quelque doute sur la combattivité du bestiau. Enfin, et ce n'est pas rien, outre qu'elle diffuse une mentalité minable, notamment auprès des enfants qui ne savent plus communiquer hors slogan, la pub représente des investissements pharamineux intégrés dans les coûts des produits bien-sûr. Elle est de la sorte doublement toxique : endoctrinement consumériste et détournement des flux financiers pour créer du vide.

Je conclue par une petite recommandation : le dossier "Les nouvelles armes de la pub", dans le numéro de décembre de "La décroissance", le journal de la joie de vivre".

Illustration : Casseurs de pub