mercredi 4 mars 2009
Vivre 500 secondes ultimes
Manu m'a taguée. Vous ne savez pas ce que c'est , je ne savais pas non plus. Alors un brin de pédagogie sur ce sujet de première importance : tagger consiste à refiler la patate chaude après l'avoir fait passer sur votre petit tamis à bla bla pour en extraire une marmelade suffisamment goûteuse (pas facile vu le sujet vous allez voir). Vous avez compris, la chaîne (si tu la brises, maudit seras-tu jusqu'à la fin des siècles et des siècles)
Illustrer le propos en refourguant votre illustration du 6ème post en arrière (dommage le 5 aurait collé à mort si je puis dire, mais bon le hasard est aveugle). Lisez jusqu'au bout, vous faites peut-être partie des heureux gagnants du jour.
La patate que m'a lançée Manu et à 5 autres collés : "vous n'avez plus que 500 euros et 500 secondes à vivre, racontez".
Alors moi je dis, facile! Vu que les fois où j'ai pensé qu'il ne me restait que quelques minutes à habiter la planète, j'en ai au moins 500 exemples (mais pour ne pas lasser, je sélectionne et pas les plus extrèmes) et qui me servent d'une fois l'autre de conjuration : "meuh non, tu vas pas mourir, rappelles-toi la fois où tu avais cru ta dernière heure venue, le jour où
Point Reyes Californie, tu suis le chien qui a emprunté un raccourci vers la plage en contre-bas pendant que tes compagnons longent sagement la colline par ses virages en épingles. Le chemin s'éboule, pour reprendre ton équilibre tu dois te lancer en avant et retomber beaucoup plus bas au hasard, tu ne peux plus rien freiner, le chien lui, musarde tranquillement pendant que, le cul dans les cailloux, tu descends tout schluss, veillant à éviter les épineux (ajoncs très jolis avec leurs fleurs jaunes mais insaisissables), cette fois ça y est, tu vas te retrouver tout en bas, esclaffée comme une tomate trop mure. Et puis ton corps se met à jouer, tu ne tombes plus tu bondis, tu voles chaussée des bottes de sept lieues, à la rencontre de la plage lisse et douce en contrebas. Constatant que tu as atterri sans t'être rompu le cou, tes copains se lancent sur d'autres pistes improbables et tu les contemples dansant sur l'abrupt. Un grand jeu de toboggan mais qui peut fracasser le petit pantin engagé dans la rainure caillouteuse...
Porto, Portugal. Tu marches dans cette rue déserte, dans cette ville que tu ne connais pas , égarée et ce type qui colle son pas au tien et se met à te héler avec insistance à devenir menaçant et tu ne sais dans quel porche t'engouffrer pour lui échapper, tu ne veux pas courir pour ne pas stimuler son désir de te bloquer aux hanches, il te semble que ton odeur se frelate qu'elle annonce déjà le cadavre. Femme, sempiternelle proie. Il est à quelques mètres, le doute n'est plus possible, Jack va te faire la peau dans cette longue rue escarpée dominant le Douro, la zone historique du vieux Oporto, l'ancien quartier des arrimeurs, ton corps finira dans l'estuaire. Et soudain, un petit rectangle rose se dessine dans les façades noires, derrière la vitrine, des nappes à carreaux, la tenancière a vécu à paris, elle accueille cette cliente comme une miraculée, ce qu'elle est, en lui servant un verre de Porto ...
Theâtre Saint Martin, Paris. Enceinte jusqu'aux yeux, tu assistes au concert d'Higelin, le ventre martelé de l'intérieur (sens du rythme ou protestation) et une chaleur d'enfer, les tempes transpirantes, le noir qui voile les lumières, le retour au monde avec vingt visages goyesques et un chewing gum sonore où tu ne discernes rien d'autre que çava, çava, çava ...
Paris Charles de Gaulle, tu t'envoles pour l'Amérique. L'avion est agité de tressautements qui donnent le Parkinson à tous les passagers. L'avion ne bouge pas si ce n'est sur place en basculant de droite et de gauche. Tu vois par le hublot, au delà des ailes qui s'agitent comme celles de jeunes pingouins, des caissons de 3 ou 4 mètres cubes ballottés comme des fétus. Le commandant de sa voix lisse et policée indique que la raison du délai est la direction défavorable du vent. Puis au bout d'un temps de plus de 500 secondes, au moins le triple, il prétend que le vent ayant tourné il va finalement nous engager sur la piste, ce qu'il fait. Nous décollons, tel un pélican qui sautille pour se donner de l'élan, dans un silence à couper au couteau, chacun effectuant ses dernières recommandations auprès de son ange tutélaire...
Paris. Tu es assise à la terrasse d'un café. Ce type, une vague connaissance, des yeux bleus hallucinés, t'affirme qu'un essai atomique va avoir lieu près de la faille de San Andréas et que des scientifiques s'y sont opposés parce qu'une partie de la Californie risque de se détacher provoquant une onde de choc qui risque d'affecter la planète entière et c'est dans quelques minutes. Il t'abandonne avec cette prophétie à la Nostradamus, tu n'y crois pas. Mais soudain, ta bière dans son verre se met à faire de petites vagues, les pieds des tables sont prises de trémulations, les pneus des voitures chuintent et sifflent, un grondement monte du sol. Ton cœur s'arrête de battre, ainsi ça y est, les cons, ils l'ont fait, la fin du monde c'est tout de suite. Tu contemples une dernière fois les tours de Notre Dame avant qu'elles ne s'affaissent, que les gargouilles piquent du nez, que la Seine saute hors de son lit et envahisse les quais. Puis tout se calme, tu constates que tes voisins n'ont pas cessé de lire le journal. Tu es la seule que le métro entrant en gare de Saint Michel a projetée dans l'Apocalypse.
Et je passe les vrais de pires, on ne va pas gâcher l'ambiance, on est dans le supposément pas le vertigineusement proche avec salle des urgences et perfusions.
Alors 500 euros et 500 secondes ? Golfech vient de sauter ? Un évadé me tient en joue ? J'ai avalé de travers et je sens que ça ne passera pas ? Mon cœur ralentit tellement que mes oreilles sont envahies du bruit de la mer ?
Bon le foutu billet, on voit bien qu'il ne sert à rien, hein, quelle démonstration !
Une chose est sûre, jusqu'au dernier instant, l'ultime seconde, je me dirais, meuh non, rappelle- toi la fois où...
Tant qu'on est vivant, on est éternel.
Alors attention, la roulette tourne pour désigner ceux à qui je refile la patate chaude, les pauvres, j'en connais pas énormément des bloggers, j'espère que je ne vais pas avec ce tag à la noix perdre mes quelques relations, bon allez pas m'en vouloir hein, plouf, plouf:
Le Chasse clou, Lettreslibres , Dom A ,
Madame de K, Loïs de Murphy, Clopine. Respecter la parité
Vous faites comme vous voulez, un bras d'honneur peut suffire. A vous de voir.
En tout cas si j'avais tagué Aïda, elle aurait poste ça
Ouf ! Dernière fois que j'accepte un tag !
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8 commentaires:
Demande réflexion. Dossier en cours. A traiter d'urgence. Peu attendre. Voir après la réunion. Déléguer à un sous-fifre. Brûlant à faire soi-même. A feuilleter rapidement. Classer X. Remettre au dessus de la pile. Voir après le dossier Y.
Bon sang mais c'est un piège abominable ! Et quelle photo du-dit post? Et quels liens ? C'est un truc à se faire maudire !
Ah ! Ah ! Et bien on va voir ce qu'on va voir !
Désolée, mais 500 secondes c'est trop court pour écrire le futur prix Goncourt à titre posthume ! Je décline votre patate chaude mademoiselle Zoë... tu ne m'en veux pas j'espère ?
Quel courage que cette folie du tag...Surtout celui-là! Un qui demande un investissement, du travail... J'ai eu plus de chance que toi quand on m'a tagguée, c'était gentillet tout plein et rapide à faire.
Chapeau!
Argh je hais les tags ! Je me laisse la semaine pour y réfléchir...
500 euros c'est trop ou pas assez
500 secondes (ça ferait-y pas dans les 8 minutes 07 ça - euh, c'est une allusion là) c'est itou pareil
Cinq sens c'est peu
Saint Saens c'est beau
Seins Sans si on veut mais on peut faire avec
Et puis je veux bien partir 500, mais alors, dans ce cas, hop ! Je veux aussi un prompt renfort pour me voir 2000 en arrivant au port.
Hugh.
Clopine (comment ça on a pas le droit de faire des choses pareilles ? ah bon. Je croyais.)
@ Dom.A.Grand merci d'avoir déjoué le piège à loups et de nous faire voir ce qu'on va voir et en effet on voit bien!
@mame de K pas le Goncourt mais le Fémina, non ?
@medceline j'ai fait un peu long, profité au maximum de mes dernières minutes avant extinction des feux
@Loïs, je ne le ferai plus mais vous qui excellez dans le lapidaire concis (ou l'inverse), en 5 mots ça peut le faire
@Clopine. Si on peut, mais le vrai jeu c'est sur les clopineries et mettre au boulot les poteaux mais c'est ça qui fâche, je sais.
Chère Zoë, ceci n'a rien à voir avec cela, mais ce titre, votre titre, "L'arbre à Palabres", s'il le fallait (en cas de disette), me rendrait presque amoureux d'un simple morceau d'écorce.
Mais non, c'est très marrant les tags ! Bravo pour les peites histoires... Mais c'est pas du jeu : où sont les 500 euros ? Je viens justement ici parce que c'est le dernier blog visité cette nuit... Pour la 6ème photo et que j'ai moi-même été taguée par Catherine (Qui Parle ?) elle-même l'ayant été par Dominique du "Chasse-Clou"...
Ouf ! j'ai terminé le pensum. J'avoue que je ne savaia pas quoi en faire.
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