lundi 9 mars 2009

Un monde sans pitié

Stop!!! Ne restons pas muets face aux violences faites aux femmes. Une vidéo réalisée pour Amnesty international par Olivier Dahan avec Didier Bourdon et Clothilde Courau. C'est filmé comme un muet début du siècle dernier mais c'est d'une totale actualité. Vu samedi sur grand écran c'est difficilement soutenable.

Joan Tronto une universitaire américaine vient de publier aux éditions de la Découverte un ouvrage qui fait grand bruit parmi ceux et plutôt celles qui réfléchissent sur le genre comme déterminant sociologique. Un monde vulnérable. Pour une politique du care. Ce terme difficile à traduire en français renvoie aux activités de prise en charge des plus fragiles : enfants, personnes âgées ou handicapées. Joan Tronto lui donne une définition beaucoup plus vaste : « une activité générique qui comprend tout ce que nous faisons pour maintenir, perpétuer et réparer notre « monde » de sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible ». Or cette activité assurée à 97 % par les femmes - et quand on y trouve des hommes ils sont chefs de service- est naturalisée comme de la compétence exclusive des femmes. Je n'approfondirai pas ici le propos de Joan Tronto, m'arrèterai sur un point fondamental de sa démonstration. Pour faire évoluer ce monde et le tracter hors de sa gangue de barbarie il faudrait "dégenrer" le souci des autres, considérer que c'est une haute fonction citoyenne dont chacun pourrait s'enorgueillir. Pour cela il faudrait démolir nos fantasmes de toute puissante, de soi-disant autonomie, cesser de nier que nous sommes à un degré ou un autre vulnérables, redevables à d'autres. D'autant que plus nous prétendons tenir le haut du pavé, plus nous employons pour pallier nos petites misères d'os et de muscles fatiguables, des individus, à notre service certes, mais sous payés voire sans droits reconnus y compris le droit à la citoyenneté. Ces "basses oeuvres" si on s'en tient au mépris dans lesquelles elles sont tenues, sont en réalité les fondements mêmes du vivre et sont souvent accomplies par ceux que nous tenons en lisière du monde en leur refusant une identité par le jeu des papiers. Mais comme elles sont étroitement associées au rôle que les femmes jouent de façon gratuite dans le cadre familial, il est entendu qu'elles ne valent rien. Or, la masse mondiale du seul travail domestique féminin, gratuit et indispensable au fonctionnement d'une société, représentait, en 1995 onze milliards de dollars et les deux tiers du seul travail féminin.
Joan Tronto considère qu'il s'agit d'éradiquer la commisération attachée aux tâches du "care", cesser de parler de mansuétude et de pitié, revoir les échelles de l'utilité sociale et enfin et surtout considérer que le souci de maintenir, perpétuer et réparer notre « monde » est hautement élevé dans la hiérarchie de l'éthique humaine et à ce titre à partager par tous avec, lorsque c'est l'objet de l'activité professionnelle une rétribution au moins aussi intéressante que celle d'un fabricant de bombes à fragmentation (c'est moi qui choisit cet exemple, à tout hasard).
Elle prétend que tout cela est hautement politique : point de pitié, la justice.

Pour finir une petite liste intitulée "chasser l'intruse"
Commandant /Commandante
Précurseur / précurseure
Chirurgien /Chirurgienne
Ecrivain /Ecrivaine
Chef cuisinier /Cheffe cuisinière
Medecin /Medecin
Pêcheur /Pêcheuse
Pompier /Pompière
liste non exhaustive à compléter selon inspiration

La femme au chapeau (1905)

Que dites-vous ? C'était hier qu'il fallait parler de ça ? Je suis en décalage ? Je vais lasser ? Un jour ça va, le lendemain c'est trop ?
Que le ciel vous préserve d'avoir jamais affaire à une de ces zélées Antillaises qui vous dorlotera tout en vidant votre bassin et en vous mouchant le nez.

Illustration La femme au chapeau Matisse 1905
Matisse le pur plaisir d'inventer


9 commentaires:

Cactus , ciné-chineur a dit…

Un court instant je me suis cru sur le blog de Lavande ; alors à la recherche du temps perdu à ne point avoir encore découvert celui de Zoë je renonçais presque lorsque je réalisai : mais bon sang , mais c'est bien sûr , c'est ici ! sissi !
à souvent alors !!!!

Anonyme a dit…

" Médecin/Médecin "... Sacrée Zoë !

Anonyme a dit…

Cactus je suis extrêmement flattée de votre confusion...même si ce n'est qu'un court instant!

Lavande

Anonyme a dit…

Entendu dans une émission de télé que regardait mon père dimanche AM (Drucker?): un clip avec JJ Goldman et une ravissante jeune femme (je ne sais plus de quel pays, je ne faisais pas bien attention) tourné il y a deux ans: cette jeune femme "n'existe plus", massacrée par son conjoint.
Petite fille de 9 ans, violée, enceinte de jumeaux: une équipe médicale l'a fait avorter. Les médecins, la mère et la gamine sont EXCOMMUNIES par l'évêque ; pas le violeur - c'est moins grave (sic).
No comment

Lavande

Anonyme a dit…

Zoë, dimanche je suis allée à l'anniversaire d'une copine... avec qui j'ai partagé des luttes féministes, dans le temps. je regardais une affiche confectionnée pour une manif sur la liberté de circuler pour les femmes, la nuit. Une très très belle affiche (je vais essayer de la scanner pour mon blogounet) : "la rue la nuit, femmes sans peur". Mais ce n'est pas que la rue, la nuit... La peur des femmes n'a pas régressé, elle a augmenté, dirait-on.

Femmes sans peur : voilà un monde où il ferait bon vivre !

Clopine

(et bravo pour votre blog, qui prend sa vitesse de croisière. On sent le vent dans les voiles...)

Anonyme a dit…

@ Lavande : et le terriblement consternant, dans ce drame affreux, c'est que, pour le moment, ladite excommunication " semble " beaucoup plus choquer que l'épouvantable drame dont la jeune fille a été la victime.

(comme d'hab, les institutions des uns parlent aux institutions des autres, feignant bien entendu d'être ennemies ; ainsi, tout rentre dans l'ordre...)

La jeune chanteuse, écrabouillée à mort par son conjoint, qui chante avec Goldman s'appelait Sirima. Et la chanson en question " Là-bas ".

On vomit quand ?

Anonyme a dit…

"Journée de la femme" : ils se sont trompés dans la typographie, ils voulaient écrire "Année de la femme", donc on n'est plus à un jour près.

Un tableau suffit sans doute à recadrer le sujet : l'évèque pour qui le viol "est moins grave que l'avortement" sait peut-être de quoi il parle ?

La mitre chauffe parfois la tête et le reste : les Brésiliennes ne se couvrent pas le chef ni autre chose.

Anonyme a dit…

Je confesse avoir confondu un évèque avec un cardinal : mon péché l'est donc.

Je récite quinze "Je vous salue Marnie" sur le champ.

Anonyme a dit…

Que j'honore mes visiteurs
@Cactus. J'ai trouvé la porte (this is private)
@Lavande; j'ignorais ces deux cas, il y en a tant et certains je les ai approchés de très près, ramassant dans la rue une amochée ou une autre et travaillant avec les accueillants sur leurs stéréotypes car les faits sont là, tous les milieux sont concernés.
@Clo, enfin vous venez me faire un brin de conversation. Il faut dire que vous avez fort à faire avec vos contradicteurs paranos mais pour le spectacle c'est parfait, on s'amuse comme des petits fous.
(enfin moi)
@CH.B. Vous, des ondes spéciales me relient à votre atmosphère. On se suit ou se précède et pour vomir choisissez bien votre cible.
@DH Vous êtes absout mon frère.