mercredi 17 février 2010

L'année du tigre ou chelle du chat ?


Cha m’chamboule !

Cha m’churchauffe !

Cha m’exchite !

Cha alors !

Ch’est l’année du chat !

Qu’ech que cha chinifie cha ?

Qu’on va ch’la couler douche ?

Qu’on chera choyé, chouchouté ?

Ch’est chublime cha !


Ch’est choudain quand on y penche !

Douje ans cha pache chi vite !

On ch’en aperchoit pas.

Et là, cha yest chez la queue du chat qui ch’impoje,

Ch’est offichiel, ch’est chacré !

Cha chavire !


Cheux qui chavent qu’ech qu’i’j en dijent ?

Pache que moi, le chigne du chat, j’ignore,

Mais cha m’inchpire

Par exjemple :

Chattemine

Raminagrobiche

Chichi, chouchou, chochotte.


Cha che lèche chouvent, les chats

Cha chomnole d’un chil,

De l’autre cha cherche les chouris,

Cha fait chemblant de ch’achoupir

Et chouff !

Cha choppe ch’qui pache par là !


Checi dit, ch’est chympa, ch’est chûr,

Ch’est chaud, ch’est chouple, ch’est chivilijé

Mais, ch’est impachient, exjigeant, exchéchif

Cha ch’accroche au chol de ches origines

Ch’est pas chi fachile, pas chi chimple

Chest cha qu’est agachant ou aguichant, cha che dichcute.


Allez, cha chuffit, je chens que vous chaturez

Chette année chera chomptueuje , ch’est dit.

Je vous chouhaite chept vies, pour chelle chi et les chuivantes.

Photo. ZL. Tite chatoune.

dimanche 14 février 2010

Le vent des blogs 47. En vrac.


Ce sera un Vent des Blogs en vrac. Je suis (encore!) de passage à Paris, je n'ai pas de connexion et j'ai courageusement fait la queue à Beaubourg pour accéder à une machine. J'ai un temps contraint. Je vais donc, une fois n'est pas coutume livrer en vrac ma moisson de la semaine. C'est parti!

Les Américains ruinés par la guerre où on apprend ce qu'Emmanuel Todd avait annoncé (Après l'Empire), à savoir que leur effort de guerre remplit les comptes des multinationales de l'armement mais vide le trésor et met à genoux le reste de l'économie. Eliminons les Saigneurs de la guerre
Frédéric Pagès le site et le blog . Cet homme possède un point de vue qui me convient.
A quoi ça sert l'amour Helenablue. Pour l'illustration sous forme de bluette et une invitation à visiter la dame bleue
Travailler plus ou moins pour rien et le point de vue de l'intéressée en commentaire chez Désormière
Un puissant coup de gueule de Cohn Bendit au Parlement européen. J'aime beaucoup les tronches de coincés des parlementaires. J'ai tendance à le trouver sympathique quand il insulte des limaces.
Un artiste mongol Morin khuur et des chevaux galopant en même temps qu'un très bel article de JEA sur les chants diphoniques de l'Altaï mongol. Sans commentaire, à déguster
La forêt de Muir Woods. J'ai visité cette forêt où les arbres sont comme des cathédrales dont la beauté m'a tiré des larmes
Le parti d'en rire. Finir sur cette note vous dérouillera les zygomatiques. Ils étaient excellents ces deux compères. (spécial remerciement à Mon Chien pour le lien).

Pas d'illustration. J'arrangerai ça demain quand j'aurais repris mon clavier à moi. Il ne me reste que trois minutes. Argh! Bye bye!

Ayé. Illustration : un séquoia de Muir Woods

vendredi 12 février 2010

Cartes postales rétroactives 11. Porto.

Peinture les toits de porto

On parle beaucoup voyages en ce moment chez Fredaime, chez Dexter, chez Sophie K. Ca m'a incité à extraire d'un de mes zinédits (Le voyage des enfants), ce texte de saison, avant de reprendre un train de nuit. Bon voyage.

Spéciale dédicace à Jennifer qui fut ma délicieuse compagne de voyage en de multiples occasions

"L'hôtel était confortable mais pas folichon, situé dans un quartier qui à première vue n'était pas très animé. Après avoir mis la main sur une carte, repéré le port, nous nous sommes lancées à la découverte de Porto. Nous enjambions des tranchées, escaladions quelques barrières, nous avions fait le tour d'une place qui devait nous ouvrir une avenue, nous nous placions dans les ronds de lumière pour vérifier. L'avenue repérée, il nous fallait négocier le virage dans une de ces petites rues qui sur le plan conduisaient vers les rives. Nous avons louvoyé entre boutiques et églises enluminées. Il faisait doux et nos gros manteaux exhumés à Helsinki se sont retrouvés sur nos bras, d'autant que nous en étions à descendre puis remonter des ruelles, le front sur les vitrines, ou levé vers les cloches. Nous sommes passées devant l'imposante gare d'où Jennifer devait prendre un train pour Lisbonne le surlendemain. L'éclairage des rues plus faible que dans les avenues que nous avions abandonnées donnait à la ville des couleurs brugheliennes. Il faisait doux, nous étions dans le Sud, là où la vie reprend à la tombée de la nuit, mais Porto est une ville industrieuse, on s'y lève tôt. Nous ne croisions plus que de petits groupes clairsemés, quelques individus pressés filant vers leurs affaires, un rassemblement paisible d'adolescents occupés à leurs palabres. J'écoutais chanter la langue, ses chuintements sensuels, ses diphtongues plaintives.

Je ne suis pas une voyageuse organisée. Je débarque le plus souvent sans avoir compilé guides et récits. Absence de curiosité ? Fainéantise culturelle ? Non point, j'ai lu Pessoa avant de mettre le pied sur ses terres, fredonné cette langue sans la connaître lorsque Amalia est devenue internationale, j'ai des amis portugais qui m'ont ouvert leur âme.

Je préfère toujours aborder le lieu une fois que j'y suis et glaner ce que j'ai envie d'en savoir selon une humeur qui fluctuera au gré de mes rencontres avec les murs et les murmures. Le regard des autres contraint la spontanéité du mien. Outrecuidance ? Infernale fatuité ? Comme si on découvrait une ville en deux jours sans être expressément "bussé" dans un labyrinthe défriché par l'office du tourisme, les yeux au garde à vous à chaque spéculation spectaculaire ! Je passe "à côté », scrutant du non répertorié, exposée au hasard, boudant la jet set culture, fouinant dans les travées anonymes, regardant sous les jupes de la ville.

Nous avons fini par nous trouver au niveau zéro de la colline, sur un quai sombre où de petits établissements jetaient leurs lames de couleur. Perplexes, nous étions. L'environnement immédiat ne prêtait guère à l'hésitation. Quelques rares voitures rôdaient. Des groupes d'hommes posés sur des caisses discutaient, les yeux distraits de leur conciliabule par notre arrivée saugrenue. Nous avons choisi une tache de couleur à l'étalage et obliqué vers une perspective espérée et soudain tenaillante d'y dénicher un menu. En rôdant au bord des petites fenêtres, des portes entrouvertes, nous frôlions des chaudrons qui séchaient appuyés sur les murs, nous dérangions des chiens enroulés sur des seuils, croisions quelque gamin jailli d'une travée entre les façades étroites. Les salles enfumées, électrocutées au néon, saturées de quelques tablées d'hommes sombres ne nous engageaient qu'à pousser plus loin nos investigations. Au bout d'une dizaine de fuites, nous en étions à regretter notre entreprise. D'Helsinki aux rives du Douro, une seule journée, un bond galactique, des semelles de plomb, un broyeur fou au creux du ventre, une vague inquiétude de proie humant l'effluve du prédateur.

Justement, nous croisions un agrégat de jeunes fauves qui se mettaient à feuler et à dérouler leurs membres engourdis par l'inaction dans la fraîcheur de la nuit. L'un d'eux est venu vers nous, encouragé par sa cour rivalisant de railleries et d'injonctions. Jennifer et moi, entre les dents : "oh, oh, urgence !". En même temps nous avons repéré dans la rythmique des tranches de lumière, une toute dorée et rose, en rupture sur la fluorescence verdâtre. Nous avons lâché notre porte-à-porte pour filer directement vers la source de cette voluptueuse langue flammée. Nos lionceaux continuaient de miauler, leur éclaireur suspendu dans sa traque, forçait un peu sa voix pour rattraper la distance que nous nous appliquions à assurer entre leur désir de jouer de la papatte et nos âmes épuisées.

Stupeur, il y avait bien un restaurant mais, il était français. Tant pis pour la couleur locale. Une jolie jeune femme officiait. Elle était Portugaise, avait vécu en France et revenue au pays récemment, avait ouvert ce petit restaurant. Nous étions installées les coudes sur une nappe à carreaux rouges et blancs, dans un décor transposé des clichés de la bonne franquette, à la tiédeur rose, avec des œillets dans des vases et quelques couples se mangeant des yeux. Nous avons eu un fou rire hoquetant qui a duré suffisamment pour amuser le regard de notre hôtesse. Le menu prometteur n'excluait pas la gastronomie portugaise. Nous avons mangé du lapin, spécialité de la maison, bu du vin conseillé par la jeune femme comme le meilleur cru de sa cave. Elle était manifestement heureuse d'avoir des cousines étrangères, dont une française, toutes deux d'excellente humeur et prêtes à accueillir le premier ragoût comme la chair et le sang du Christ. "

Peinture barque sur le douro


Illustrations Isandro

mercredi 10 février 2010

La lune est un rossignol muet


Le titre est emprunté à un tableau de Max Ernst. Il m'avait beaucoup frappé, quand j'avais découvert le tableau, il y a longtemps maintenant. Je n'en ai trouvé trace nulle part. Aussi bien l'ai-je inventé.
Ce soir, je n'avais pas l'esprit fertile. En pianotant j'ai découvert ce site Au fil de mes lectures . En voilà un qui note au cours de ses lectures, ce que je fais rarement ou alors dans un carnet. J'en ai ainsi plusieurs qui m'ont accompagnée quand le clavier n'existait pas. Curieusement, depuis que l'ordinateur me tient lieu de calepin, je note moins. Je suis allée picorer dans sa liste et j'ai emprunté quelques citations de livres que j'ai lus sans en avoir retenu rien d'autre que le plaisir (sauf Epicure dont la citation ici est une de mes balises et Erasme ( un bon "garde fou"): Plutôt que te plaindre de l'ombre qu'on te fait, crée de la lumière.
Voici donc une petite liste du jour. Je me suis arrêtée à la lettre G et j'ai laissé beaucoup d'auteurs dont les citations ne m'inspiraient rien ou que je n'avais pas lus.

Marcel Achard (1899-1974)
J'adore répondre. Je réponds même quand on ne me demande rien. (Jean de la Lune, p.20, Livre de Poche n° 2458)

Alain (1868-1951)
Le besoin d'écrire est une curiosité de savoir ce qu'on trouvera.
(Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.37)

Jacques Audiberti (1899-1965)
L'existence m'apparaît comme la machination d'un mystère si fantastique et si théâtral que je tremble toujours de ne pas remplir congrûment le rôle qui m'y fut assigné.
(La fête noire, p.23, in Théâtre 2, Gallimard/nrf 1980)

Isaac Asimov (1920-1992)
La violence [...] est le dernier refuge de l'incompétence.
(Fondation, trad. Jean Rosenthal, p. 73, Denoël, Présence du futur/89)

Matsuo Bashô (1644-1694)
Aux admirateurs de lune
les nuages parfois

offrent une pause (Haiku, trad. Corinne Atlan et Zéno Bianu, p.127, nrf, Poésie/Gallimard, 2002)

Marie-Claire Blais (1939
Pour être optimiste dans la vie, il faut savoir se reposer.
(Le Disparu in Fièvre et autres textes dramatiques, p.48, Éditions du jour, 1974)


Erri De Luca (1950
Sans éclats de rire avant, les baisers sont fades.
(Trois chevaux, trad. Danièle Valin, p.34, Folio n°3678)

Marguerite Duras (1914-1996)
On ne trouve pas la solitude, on la fait.
(Écrire, p.17, Folio no 2754)

Denis Diderot (1713-1784)
Pourrir sous du marbre, pourrir sous de la terre, c'est toujours pourrir.
(Le neveu de Rameau, p.37, Livre de Poche Nos1653|1654)

Joël Egloff (1970
Il y a deux personnes absolument indispensables en ce bas mode [...]. La sage-femme et le fossoyeur. L'une accueille, l'autre raccompagne. Entre les deux, les gens se débrouillent.
(« Edmond Ganglion & fils », p.21, Folio n°3485)

Epicure (341-270 av. J.-C.)
Rappelle-toi que l'avenir n'est ni à nous ni pourtant tout à fait hors de nos prises, de telle sorte que nous ne devons ni compter sur lui comme s'il devait sûrement arriver, ni nous interdire toute espérance, comme s'il était sûr qu'il dût ne pas être.
(Lettre à Ménécée, trad. Octave Hamelin et Jean Salem, p.13, Librio n°363)

Erasme (1466(?)-1536)
Rien n'est plus sot que de traiter avec sérieux de choses frivoles ; mais rien n'est plus spirituel que de faire servir les frivolités à des choses sérieuses. (Éloge de la folie p.14 Éd. Garnier-Flammarion #36)
[...] on a raison de se louer soi-même quand on ne trouve personne pour le faire. (Éloge de la folie p.18 Éd. Garnier-Flammarion #36)

Jean Giono (1895-1970)
Qui n'a pas rêvé, à un moment donné, d'effacer la vie ? [...] L'embêtant c'est que la vie, il faut la vivre à la file. Ça commence et, à partir de là, ça tire du long jusqu'à la fin. On ne peut pas choisir.
(La femme du boulanger, p.269, Folio n° 1079)
On ne peut rien dire en criant.

(La femme du boulanger, p.317, Folio n° 1079)

Remy de Gourmont (1858-1915)
Je suis fâché qu'on ait tant pensé avant moi. J'ai l'air d'un reflet. Mais peut-être aussi que je ferai dire la même chose, un jour, à un autre homme.
(Des pas sur le sable... , p.287, in Promenades philosophiques, Troisième série, Mercure de France, 1925)

Photo ZL eh oui, il neige à nouveau.

Dernière minute, voici un lien qui atteste que ce titre existe bien (mais c'est illisible, le fond saturé ne laisse aucune chance aux lettres). Mais de tableau point de trace. Ce n'est pas faute d'avoir à ses trousses de fins limiers. Madame de K propose un rossignol chinois
ou un Chant du rossignol à minuit et la pluie matinale de Joan Miro
DH suggère "Deux enfants sont menacés par un rossignol"
et Renato poémise avec Verlaine
Vous pouvez participer à l'amélioration du billet avec vos propositions. Elles sont bienvenues

dimanche 7 février 2010

Le vent des blogs 46. Noir c'est noir.

http://www.eternnyt.com/eternnyt/wp-content/uploads/2009/10/soulages.jpg

Je suis tout juste revenue d'un voyage de cinq jours à Paris. J'ai pu aller voir l'exposition consacrée à Pierre Soulages. J'y reviendrai , notamment pour les textes qui scandent la déambulation entre ces grandes toiles de quelques six mètres carrés pour certaines, qui ne portent aucun nom si ce n'est leur taille et leur date. En attendant vous pouvez consulter le blog de Saint Sulpice qui présente des toiles, des vidéos, des liens. On peut également visiter ce site
et pour un point de vue critique celui-ci.
Je suis également allée voir l'exposition http://next.liberation.fr/article/beaubourg-se-conjugue-au-feminin, exposition profusionnelle voire confusionnelle, mais j'en reparlerai.

Le voyage n'est nécessaire qu'aux imaginations courtes, une phrase de Colette citée par "des petits riens" qui annonce dans la foulée qu'il part en voyage et reviendra bientôt avec une provision d'images. So long donc.

Pour ma part, j'ai pris peu de photos n'ayant pas mis beaucoup le nez dehors. Si ce n'est celle-ci.

Derrière cette toile qui masque la façade de la Préfecture de Paris on ravale sa façade et ces zélés fonctionnaires nous permettent d'apprécier la panoplie de compétences nécessaires à notre sécurité. J' ai cru un instant que ce serait la nouvelle façade en trompe-l'oeil qui serait infligée aux Parisiens. En attendant ces géants surplombent les quais et ajoutent de la cohue visuelle à un environnement déjà bien saturé, tout en signalant à toutes fins utiles que ces big brothers veillent sur nous.

J'ai pris également quelques photos d'un attroupement qui m'a d'abord attiré par l'oreille. Sous un kiosque du jardin des Halles, deux musiciens accompagnaient une petite foule qui chantait des airs connus. Il semble que c'est un rendez-vous ordinaire, régulier. Des gens avaient des cahiers de textes de chansons et tout ce monde remarquablement hétéroclie chantait. Des passants s'arrêtaient écoutaient puis mêlaient leurs voix. C'est un plaisir si innocent et qui lave l'âme.

Mon précédent post a attiré quelques commentaires peu respectueux de la philosophie mais surtout des philosophes. J'aime beaucoup pour ma part Georges Picard dont j'ai lu tous les livres sauf "Le philosophe facétieux" mais je vais réparer cet oubli. En tapant son nom sur Gougueule j'ai trouvé un blog de citations. Si vous voulez avoir une idée de l'animal Picard, allez fouiller. Je retiens celle-ci que je soumets à la sagacité d'Anonyme (il se reconnaitra) :"Je conçois la philosophie plutôt comme une pelote d'aiguilles que comme un matelas rembourré de vieux bouquins. "

Pour conclure un article à mettre entre toutes les mains et un site pas piqué des caleçons.

Eh non, je ne vous ferai pas l'insulte de mettre un lien musique trop facile avec le titre.
Faites des suggestions, je les rajouterai au fur et à mesure.

En écoutant Soulages et en le regardant évoluer dans son atelier (vidéo projetée à Beaubourg), je pensais que les peintres vieillissent mieux que les philosophes. Costauds et l'oeil vif.
Soulages appelle sa peinture l'Outrenoir.

Un lien de Lavande que j'affiche ici puisque dans les coms ça ne marche. Découvrons.

vendredi 5 février 2010

Sur le bla bla et le chi chi des philosophes




Ce titre provocateur est celui d'un petit ouvrage paru en 2002, que j'ai retrouvé dans ma bibliothèque et embarqué pour le voyage en train vers la capitale où je viens de passer quelques jours à écouter parler de fort intelligentes personnes. Je ne dirai rien de ce qui s'est échangé, trop particulier. Juste pour tempérer le sérieux, dire que le bla bla continuait sur un mode plutôt rigolo au cours de repas savoureux et arrosés. Peu de temps pour la promenade en blogosphère et c'est bien aussi de s'éloigner du virtuel pour le tangible.
Comme je n'ai pas eu l'esprit à la composition, je vais donner la parole à Frédéric Schiffter qui professe une distance philosophique avec la philosophie si je puis dire et une forme d'ironie ou de sarcasme à la Cioran, dont on connait les aphorismes sur l'inconvénient d'être né. Si on en juge par le titre de ses ouvrages suivants (que j'avoue ne pas avoir lus), on s'aperçoit que cela ne s'est guère arrangé depuis :Traité du cafard, Finitudes 2007, Le bluff éthique, Flammarion, 2008, Délectations moroses, le Dilettante, 2009.
"Pyrrhon inventa un doute systématique, Descartes un doute méthodique; je pratique quant à moi un doute pathologique. Or, parvenu à ce stade inquiétant de scepticisme, je ne trouve plus en moi la force de faire vivre -comme disent les pédagogues- les auteurs et leurs doctrines. Me voilà reduit à émietter dans un pense-bête quelques sophismes pour moi-même symptomatiques de l'allergie que m'inspirent leur métaphysique et leur morale auxquelles ne me semblent plus convenir que les termes de bla bla et de chichi".
Il y aurait donc les charlatans qui s'évertuent à nous faire croire que la réalité n'est pas ce qu'elle est, qu'elle serait autre mais qu'on nous la maquille et qu'il nous faut retrouver "l'essentiel" à savoir ce qui manquerait justement. Retrouver son "être", serait une autre de ses fadaises, "ce discours retors qui tend à nous faire croire qu'il nous manque l'essentiel et que nous avons le devoir de nous en soucier est ce bla bla qu'on nomme depuis que Platon l'a inventé tantôt métaphysique, tantôt morale et qui trouve toujours, peu ou prou, un écho chez l'homme du ressentiment".

Voilà pour le bla bla dont Schiffter nous livre plusieurs exemples puisés chez les auteurs qu' il est censé faire apprécier à ses élèves (oui, il est professeur, le seul selon lui à être désabusé). Il ne peut pas se limiter à Schopenhauer, sauf à encourir les foudres de l'institution.

Pour le chi chi, il en emprunte la définition à Clément Rosset "l'inquiétude à l'idée qu'en acceptant d'être cela qu'on est, on accorde du même coup qu'on n' est que cela". Le philosophe chichiteux pour Frédéric Schiffter, c'est Diogène qui vomit les hommes et refuse de se parer des insignes d'une appartenance à l'engeance. "J'ai entrepris de nettoyer la vie humaine", aboye-t-il.

Pour se faire une meilleure idée de cette apologie deu "retrait", lire le livre, écrit avec un mélange d'analyses et d'anecdotes dans un style élégant et simple.
En revanche, on ne peut pas dire qu'il vous requinque, encore que la lucidité soit à certains égards revigorante.

Illustration Alexandre et Diogène. Nicolas André Monsiau 1818

dimanche 31 janvier 2010

Le vent des blogs 45. Flûte des vertèbres




Aujourd’hui je jouerai de la flûte sur

ma propre colonne vertébrale.

Vladimir Maïakovski 1915 extrait de « La flûte des vertèbres ».

Honnêtement, je ne sais plus où j'ai glané cette référence, je pense l'avoir risquée comme commentaire mais où ? Chez Dom A ? Possible.

Il se trouve que ce très beau vers correspond assez bien à certains de mes états, lorsque je tire sur ma moelle pour m'arracher encore quelque son.

Ainsi ce week end quand je pensais goûter un peu de répit auprès de mes acolytes de web et que je constatais que leurs adresses s'étaient évaporées (cf les deux derniers posts). Raaaah nan!

Que faire d'autre que de reconstituer le trésor et au passage en oublier et en ajouter de nouvelles. Oublier parce que certaines étaient de toute façon peu visitées, ou n'ayant pas manifesté de mouvement depuis plusieurs mois. En ajouter parce qu'en allant s'approvisionner dans la liste de ceux qu'on sait fréquenter nos favoris, on se trouve en alerte et l'une ou l'autre des icônes ou des avatars draine notre attention, n'est-ce pas l'intention ?

Aujourd'hui donc, le vent des blogs sera le recueil de ces errements.

Cela ne console pas mais en cherchant à capturer son URL, j'ai appris les problèmes du Tenancier, autrement plus sévères en l'occurrence, puisque sa base de données est en rade et que son casse-croûte (sic) est en jeu.

J'ai réparé un oubli que je me reprochais, connaissant ce blog mais voilà, tant et trop sont ennemis de plus encore. L'occasion m'en était donnée d'autant qu'il m'intéressait de savoir pourquoi un écrivain blogue, George Flipo répond.

Un autre écrivain que je croisais couramment sans avoir compris que PhA, c'était lui, j'ai mis ses hublots en perspective, j'adore la mer.

Autre écriture ajoutée dans mon rouleau, tentatives selon son auteur Christine Jeanney.

Oh, je sais bien que pour beaucoup d'entre vous, ceci ne constitue pas une découverte. Mais suis-je réellement obligée de découvrir ?

Si vous voulez du nouveau allez voir La Feuille charbinoise, c'est jour de "bric à blog", un mensuel pour lui, toujours de bon conseil, je lui dois d'ailleurs quelques unes de mes bonnes adresses. J'ai retenu pour cette fois Contre-info qui nous explique en détail comment et pourquoi nos salaires baissent. Utile, non ? Retenu également, mais pour cause de légère nostalgie Les naufrageurs qui sévissent à partir de la "Saintonge maritime" (sic) où je vagis pour la première fois sur cette planète, exactement.

Pour conclure ce très bref quarante cinquième peu rugissant, un assez bluffant : Concert de la pluie. Vous l'aviez déjà entendu. Ah ! Je suis allée au bout de mes réserves de liquide rachidien pour ce soir. Un peu de repos ne sera pas inutile.

Photo 1 la plage de Royan

Photo 2 la plage du Gilet, proche de ma maison d'enfance

samedi 30 janvier 2010

Avis de travaux en cours


Je ne sais pour quelle raison, la majeure partie de ma liste de blogs a disparu. Aussi, cher lecteur, si par hasard tu n'as pas été restauré à la place où tu te retrouvais, ici à droite parce que tu es toi-même un de ces fous qui confie à l'électronique la mission de garder en mémoire tes élucubrations, pardonne à ma lenteur, signales-toi d'un petit commentaire amical et ainsi, te rappelant à moi, tu me permettras de gagner du temps pour rechercher ton URL et te réinstaller dans mes chouchous. En allant glaner chez ceux avec qui je sais partager quelques signatures, j'en découvre que je n'avais pas encore pris la peine de d'explorer. J'en ferai une petite liste demain dans le vent des blogs. Et voilà ma thématique toute trouvée. Merci blogger d'avoir ratatiné une lente accumulation. j'aurais ainsi eu l'occasion de renouveler un brin mes pérégrinations bloguesques. Mais j'aimerais autant que cela ne se reproduise plus.

mercredi 27 janvier 2010

Forgeronne, nous voilà !


Cette nuit j'ai fait un rêve étrange. Tous les rêves sont étranges, c'est entendu. Cependant, la visite, nuitamment, de personnages de la blogosphère, pour moi, c'est une première.
Or donc je rendais visite à la Forgeronne, une de mes blogueuses chéries que je fréquente le plus assidument et que je m'apprête à rencontrer en chair (hum!) et en os ( mouais.).
Je me présentais à sa porte, portant une casserole remplie d'eau chaude destinée à lui préparer un bon petit thé. Je m'introduisais incognito, sans dévoiler mon identité, du moins celle validée par mon IP, carte d'identité au pays des blogueurs.
Or, à sa porte, se tenait une sorte de mendiant, la tête rentrée dans une attitude de honte et de contrition, celle que j'avais découverte avec stupéfaction chez les mendiants du pont Charles V à Prague. Sous cette attitude faussement contrite se dissimulait un sourire ironique et le mendiant se faufilait à ma suite quand je pénétrais dans l'antre de la Forgeronne. Il y avait beaucoup de monde qui évoluait dans une lumière légèrement rougeoyante, non pas celle de la forge, mais d'un bouge relativement paisible. Comme je cherchais à me rendre utile avec mon eau chaude, je marmonnais quelques mots qui permettaient à ma forgeronne de s'extasier. Comment? c'était donc moi ? Quelle surprise ? Cependant elle ne s'attardait pas, réclamée par d'autres qui la sollicitaient et elle m'apparaissait de dos, une taille d'une exceptionnelle minceur, un large pantalon de cuir (à la manière des cow boys du grand Ouest) dont les jambières fendues laissaient voir ses cuisses et ses mollets dans le mouvement lourd du cuir. Ses cheveux étaient remontés en un chignon serré et foutraque dont quelques mêches s'échappaient. Soudain surgissait un type à la crinière péroxydée qui manifestait bruyamment sa surprise de me rencontrer après tant d'années et s'engageait dans une enquête sur les membres de mon passé. Etaient-ils toujours vivants, mes amours, mes amis. Il citait des noms et j'étais dans l'embarras, ne sachant que lui répondre et m'engluant dans un malaise grandissant. Cet anonymat que j'avais souhaité préserver, était brutalement mis à mal. La forgeronne, elle, n'était plus dans le champ (dans le chant) du rêve, mais elle demeurait ce témoin d'une mise à nu.

dimanche 24 janvier 2010

Le vent des blogs 44. Allumer une chandelle dans l'obscurité



Urgence Haiti. Je lui ai promis, je relaie la suggestion de Doulidelle, elle fait un récapitulatif des façons de venir en aide à Haïti pas seulement en France, mais en Belgique, en Suisse. C'est vous qui voyez. « Mieux vaut allumer une chandelle dans l’obscurité que maudire l’obscurité » disait Confucius.
Haïti également, Chantal Serrière rend hommage à Jacques Roumain et à son ouvrage publié après sa mort sous ce beau titre Gouverneurs de rosée. En 1937, il dénonçait le massacre des paysans haïtiens qui se trouvaient du côté dominicain ordonné par le dictateur Raphaël Trujillo pour "améliorer la race" de son pays. Suite chez Chantal Serrière.

Continuons dans le grave : un réalisateur inquiété pour délit de solidarité (n'existe pas disent les officiels, mais si, quand même, disent les officieux). Lui, en tout cas, plaide coupable.

Moins grave, mais très énervant (vous me direz, ce n'est pas la première fois que je m'énerve sur ce motif et Olympe non plus d'ailleurs. Quel motif ? La pub sexiste. Grrr.
Une autre pub mais très marrante et utile celle -là : le préservatif bandant. Si, c'est possible.

Un peu de détente avec les blagues à deux balles et si vous n'en aviez pas assez je vous repasse le Boulet. Attention, gros talent.

Restons dans la drôlerie avec Terry Gilliam. Ce lien m'a été suggéré par mon fiston, (grand chasseur de vidéos et films divers et variés), avec qui j'ai regardé "Lost in la Mancha" de Keith Fulton et Louis Pepe, le making of du tournage avorté du Quichotte que Gilliam a tenté de réaliser en 2001. Il a dû abandonner pour cause de catastrophes à répétition : orage diluvien, hernie discale (double, oui) de Rochefort et autres avaries. Le making of est passionnant, où on voit, en même temps que la formidable inventivité de Terry Gilliam , l'acharnement et l'optimisme forcené du réalisateur qui veut y croire jusqu'au dernier moment.
Neuf ans après le fiasco, il a finalement réussi à récupérer ses droits et il repart à la charge. Si le sort ne s'acharne pas (le Quixote a la réputation d'un maudit, voir Orson Welles), on retrouvera Johnny Depp en Sancho mais Quixote, ce ne sera pas Rochefort et on ne peut que le regretter.


Il a cette majesté accompagnée de folie douce du chevalier à la longue figure et avant que la hernie ne le terrasse, il avait fière allure sur son destrier.
Sortie de "L'homme qui tua Don Quixote" prévue en 2011, si...

Pour conclure, un peu de poésie : un poème, une expérience poètique, une revue électronique où on retrouvera certaines de nos connaissances Anna de Sandre, Frasby, Cathy Garcia, à vous de feuilleter et de découvrir les riches heures de Chos'e n°2.

Topor était à l'affiche dans mon dernier post, je redouble mon petit hommage : la planète sauvage, réalisé par René Laloux, à partir de dessins de Topor. Une belle métaphore sur l'esclavage. Là, ce sont les hommes qui sont traités comme des animaux, sauvages ou de compagnie, par des êtres "supérieurs"

Les artistes allument pour nous ces lumignons qui luttent contre l'obscurité des temps.

vendredi 22 janvier 2010

S'il n'en reste qu'un, comment se reproduira-t-il ?


Cliquez sur le texte pour lire confortablement

Retrouvé ce jour dans une archive et remis en jambes pour quelques heures de partage : découverte pour ceux qui ne le connaissaient pas (le texte), clin d'œil pour les autres. Spéciale dédicace à Christophe Borhen qui aime les questionnaires.
Merci Topor

mercredi 20 janvier 2010

Entretien de débauche


- Puisque vous postulez pour entrer dans notre Société, permettez-moi quelques conseils utiles pour vous éviter les impasses et les chausse-trappes.
- Vous êtes bien aimable.
- Je remplis mon rôle du mieux que je peux.
- C'est très honorable.
- Merci. Donc je vous fournirai un vade-mecum rassemblant les éléments essentiels, ordonnés selon leur importance à l'heure où je vous parle, car chaque minute, que dis-je seconde, micro milliardième de seconde introduit des changements qui ne sont pas perceptibles dans l'instant, vous comprenez?
- J'essaie mais un brin d'explication ne nuirait pas.
- Notre Société a mis au point un système de réactivité à l'actualisation des données, néanmoins certaines lourdeurs persistent.
- On peut l'imaginer.
- Ces lourdeurs sont dues à l'imperfection des filtres qui perdure entre la vitesse de la lumière et la lenteur de la matière.
- La vitesse de la lumière, c'est clair pour moi, la lourdeur de la matière c'est une évidence, les filtres, ça m'échappe, les filtres ?
- Monsieur, soyez conscient que vous êtes un vecteur d'énergie. C'est en vous que se joue l'équation et vous devez la résoudre. Vous avez été engagé pour ça. Vous êtes un filtre. Pardon, mais c'est le terme.
- Un filtre !?
- Vous êtes une matière poreuse. Vous fixez ou ne fixez pas certaines émanations. Vos appétits et vos dégoûts sont des vecteurs de conduction. Nous vous avons choisi pour cela. C'est ce qu'on dénomme "compétence".
Bien entendu, vous serez inlassablement reformaté pour continuer à conduire notre fluide énergie. Toute entrave à la fluidité des flux déclenche un signal d'alarme. Les circonstances sont considérées -éventuellement- mais le plus souvent jugées inacceptables et donnent lieu à un licenciement immédiat et sans appel. Vous comprenez pourquoi je dois vous transmettre les règles de bonne fluidité pour que vous puissiez opérer en toute sérénité.
- Sérénité ? "Matière poreuse" et "licenciement sans appel" prédisposent mal, excusez-moi! Je veux bien mettre à l'essai ma modeste personne, puis-je cependant examiner vos principes.
- Volontiers, mais si cela vous était familier, faites comme dans l'avion quand on écoute les préconisations qu'on a déjà mille fois entendues.
- D'autant qu'on n'ignore pas qu'il n'y a pas de parachute, seulement une bouée, utile à la seule condition de sombrer en douceur dans un océan par temps calme.
- Revenons à notre règlement intérieur, voulez-vous ?
- Ah, oui, intérieur.
- La Société à laquelle vous appartiendrez, si votre période d'essai nous donne satisfaction, mise sur le dynamisme, un concept de mouvement ascendant. Est dynamique ce qui génère du déplacement, financier cela va de soi, vers des sommets et des records synonymes de toute puissance.
Principe premier: il n'y a de richesse que selon une appréciation monétaire, censée transmuter de la matière en immatériel et réciproquement. Notez bien le "réciproquement", c'est l'aller-retour incessant qui est dynamique.
Etre riche c'est posséder par le biais de comptes en banque un morceau de la planète. Plus on possède de morceaux en direct ou en différé plus on peut en acquérir de nouveaux c'est ce que nous nommons l'ascension. Cette fructification échoit aux meilleurs concocteurs de flux. Vous avez été recruté pour être un technicien opérateur de réseau de circulation. Votre rôle est de faciliter la fluidité.
- Oui, que ça circule.
- Bien, vous avez compris. Ce qui circule vers où, pourquoi, pour quoi faire ne vous concerne pas. Vous n'avez ni le droit, ni le pouvoir d'en décider. Votre devoir est d'examiner les courbes et d'agir en fonction d'une logique et d'une seule, l'accumulation. C'est en chiffres purs que vos services sont évalués.
Principe second : le débat sur les finalités n'est pas admis dans notre communauté. La mesure du compte en banque est la seule issue qui doit mobiliser votre vigilance. L'horizon étant une abstraction fallacieuse, sachez que nos intérêts immédiats sont confondus avec le long terme. Nous devons donc être intraitables, avoir une longueur d'avance et de toute façon le dernier mot.
Cela ne nous empêche pas d'être informés sur les drames de l'humanité, celle qui ne ressortit pas de notre Société.
- C'est tout de même une écrasante majorité, c'est un peu regrettable, non ?
- Pas du tout. Notre Société entretient des liens fort actifs, bref dynamiques avec plusieurs autres. Nos relations vont du local à l'international avec tous les échelons intermédiaires nécessaires. C'est nous qui faisons tourner le monde, ne vous y trompez pas. Nous sommes les grands ordonnateurs de la planète et les premiers présents en cas de catastrophe. Pourquoi croyez vous que nous organisons des levées de fonds ? Pour remettre en route les flux. Que ça circule. Pour les morts, on ne peut rien, mais pour les vivants tout est à reconstruire. Croyez-moi, s'il est exact que les populations souffrent, les fluidités elles, circulent, les courbes atteignent des apogées.
Bien, quand commencez-vous ?
- Je vais prendre un temps de réflexion.
- Je crains, dans ce cas, que vous ne puissiez prétendre à entrer dans notre Société.

Illustration Daumier

dimanche 17 janvier 2010

Le vent des blogs 43. De la métamorphose.




Yves est écrivain, puisqu'il ne pourrait écrire sans honte « infinie tendresse», « fusiller du regard », ou « éperdument amoureux ». De temps à autre « sommeil pesant », « traverser l'existence », « griffonner à la hâte» lui échappent. Décelant le cliché après publication, il s'en désole. Il place souvent des virgules inutiles, aussi, qu'il extermine ensuite impitoyablement. Il a trop lu pour ne pas savoir qu'écrire bien, c'est écrire mal, comme disait l'autre. Il voudrait que toute phrase lui échappe, le surprenne, que cette surprise ne s'affadisse jamais. Il se relit, s'exaspère de retrouver ses tics d'écriture. Alors, il efface la sonorité séduisante, la tournure élégante, il traque le pléonasme littéraire, détruit le rythme ternaire qui lui vient inconsciemment. Parfois, du premier jet, il ne reste rien, sinon une simple ossature. Giacometti, pour saisir le noyau de la vie, ôtait sans cesse la glaise autour du fil de fer. La langue que triture Yves Janvier est son ennemie, il la sait trop exotique et trop intime. Ses mots tentent de peindre le réel, comme des dallesrecouvrent une cour de terre battue: mais ici, là., l'herbe rebelle s'échappe. Toujours il pourrait raturer, reprendre. Il cherche le miracle, la grâce absolue, et ne la ressent que chez les autres. Il ignore si l'insatisfaction est la preuve de l'artiste. Hervé Le Tellier Assez Parlé d'amour. JC Lattès, p 54.

Un vent des blogs anémique pour cause de tête ailleurs.

Pour ne pas laisser le visiteur sur sa faim j'ai sélectionné quelques blogs qui ont eux-mêmes adopté la compilation.

Harmonia, tiens, qui m'a fait le plaisir d'une visite et de ce fait m'a donné l'envie de lui rendre la politesse. Bien m'en a pris, comme vous le constaterez, c'est un peu étouffe-chrétien, mais on peut consommer par tranches et c'est roboratif.

Je lui emprunte également un de ses commentaires adressé à l'ami Dexter.

"Tenez, je vous livre cela, exergue du bouquin de Michéa "Orwell éducateur".

"Etre humain consiste essentiellement à ne pas rechercher la perfection, à être parfois prêt à commettre des péchés par loyauté, à ne pas pousser l'ascétisme jusqu'au point où il rendrait les relations amicales impossibles, et à accepter finalement d'être vaincu et brisé par la vie, ce qui est le prix inévitable de l'amour que l'on porte à d'autres individus. Sans doute l'alcool, le tabac et le reste sont-ils des choses dont un saint doit se garder, mais la sainteté est elle-même quelque chose dont les êtres humains doivent se garder." Orwell, 1949.

Ca me va assez bien (là c'est moi qui commente). Où ai-je lu quelque chose comme (je cite approximativement) : "ceux qui donnent des leçons sont ceux là même qui les transgressent le plus férocement. ". A rapprocher d'une formule que j'utilise souvent (Christophe Bohren, where are you ?)"les héros sont fatigants".

Les assauts de compassion dégoulinante (ça ne serait pas un cliché par hasard ?) qu'on nous inflige en ce moment entrent parfaitement dans ce tableau. Entendu ce matin que des tennismen ont donné une représentation "très marrante" à Melbourne, ils se sont bien amusés (dixit Roger Federer), le produit de leur prestation ira "naturellement" à la rescousse des Haïtiens, du moins ceux qui ne sont pas partis par tombereaux dans les fosses communes creusées pour absorber tous ces tas de morts.

Mieux vaut sur la question des horreurs subies dans les Caraïbes lire l'ami charbinois, il fait parler les chiffres. C'est éloquent.

Reconnaissons qu'en ces temps sombres un peu d'optimisme ne nuit pas. Edgar Morin propose d'échanger l'appel à la révolution (elle présente l'inconvénient de mettre à bas ce qui précédait et par là-même inaugure les temps nouveaux par un nombre consistant de crimes et d'exactions ternissant d'emblée la lumière des aubes nouvelles), contre un éloge de la métamorphose

L'idée de métamorphose, plus riche que l'idée de révolution, en garde la radicalité transformatrice, mais la lie à la conservation (de la vie, de l'héritage des cultures). (...)

Aujourd'hui, tout est à repenser. Tout est à recommencer.

Tout en fait a recommencé, mais sans qu'on le sache. Nous en sommes au stade de commencements, modestes, invisibles, marginaux, dispersés. Car il existe déjà, sur tous les continents, un bouillonnement créatif, une multitude d'initiatives locales, dans le sens de la régénération économique, ou sociale, ou politique, ou cognitive, ou éducationnelle, ou éthique, ou de la réforme de vie.

Ce n'est qu'un début, continuons la métamorphose! Evidemment ça fait moins martial.

Avant de refermer ce billet, vous faire partager un OVNI (objet vidéo non identifié). J'en dois la découverte à Mon Chien grand distributeur de liens dont je fais (ou non ) mon miel,(ainsi vous éviterai-je Mexico, Mexi i cooooo!).

Allez, je vais me replonger dans le livre de Le Tellier qui parle d'amour mais aussi des brontosaures et des taches de Fuchs. Vous voyez qui c'est Le Tellier ? Un des Papous, oulipien de surcroît. Restons exotique.

Photos De la métamorphose des flocons ZL

vendredi 15 janvier 2010

Déracinez avec moi l'arbre de l'esclavage.

Forteresse de la paix - Préfète Duffaut

Les propos de Toussaint Louverture dans sa déclaration du 29 août 1793 résonne (raisonne ?) terriblement en ces jours de misère superlative endurée par le peuple haïtien. C'est au sujet d'Haïti que j'entendis pour la première fois parler de mères nourrissant leurs enfants de galettes de terre. Je ne connais pas Haïti mais je suis allée en Jamaîque juste après le passage du cyclone Gilbert qui avait dévasté l'île. Cela faisait deux mois que le vent soufflant à quelques 300 km/ heure avait commis ses ravages et les scènes étaient encore apocalyptiques à certains endroits avec notamment des arbres géants qui avaient basculé en éviscérant le sol et en exhibant des racines hautes comme des immeubles. Le cyclone avait tué beaucoup de gens et la plupart des réseaux avaient été endommagés. J'étais arrivée à Kingston en même temps qu'une équipe de malabars dépêchée par les Etats Unis pour remettre en état les infrastructures. Mais le désastre n'avait rien de comparable à celui qui vient de s'abattre sur Haïti. Le cyclone avait traité les cahutes comme fétus de paille mais les immeubles plus solides avaient résisté et le gouvernement avait pu continué à fonctionner et coordonner l'aide internationale.
La situation telle qu'elle apparaît en Haïti est au-delà de l'imaginable. Cette misérable communauté n'a pas connu de répit depuis que les peuples de la Caraïbe ont eu affaire à ce cher Christophe, puis aux Anglais, Français et autres pirates, filous qui y installaient leurs bases de repli, de trafic, y transplantaient des Noirs (le père de Toussaint originaire du Dahomey). Cette maigre population (moins de 10 millions) dont un tiers dit-on vient d'être soit ensevelie, soit blessée, dépossédée, anéantie de douleur, hagarde et affamée, aura subi sans discontinuer les pires régimes de terreur, le pillage, la corruption, la dévastation de ses terres.
Tout cela est bien connu et en même temps ignoré, tenu en lisière des fondamentaux de la pensée internationale.
J'écoutais ce matin Régis Debré faire état des préconisations que la commission qu'il avait présidée avait émises et qui étaient restées, sans surprise, lettre morte. (Haïti et la France, rapport à Dominique de Villepin, ministre des affaires étrangères, Editions de La Table ronde, 2004). Gageons que notre Sarkoman après un petit tour de piste rangera aux oubliettes ce territoire minuscule et sans grand intérêt stratégique désormais.
Comment imaginer qu'un pays déjà si indigent puisse se relever d'une telle catastrophe.
On envoie en même temps que l'aide alimentaire des garnisons pour en sécuriser l'acheminement. Il ne s'agit pas de la force onusienne, mais encore une fois de troupes américaines qui décidément sont à ce point pléthoriques qu'elles se trouvent toujours les premières sur tous les fronts (en même temps ou juste à la suite des caméras de télévision).
Pourtant les Yankees ne sont pas particulièrement chers au coeur des Haïtiens qu'ils ont tenu sous le joug d'une occupation directe de 1915 à 1934. Est-ce bien raisonnable ?
Non, on peut craindre, une fois encore, qu'à la suite du tremblement de terre, ce ne soit pas la félicité qui s'installe en Haïti.

On est vraiment mort quand il n'y a personne pour se rappeler notre nom sur cette terre. Dany Lafferrière.

Illustration Forteresse de la paix, par Préfète Duffaut (1977). Collection de Michel Monnin (Galerie Monnin).

mardi 12 janvier 2010

The sound of silence








So what ?



I can't give you anything but love

Photos ZL 10 10 01
Comme on ne peut rien faire dans les commentaires sur blogger, je reprend le lien d'Henri Zerdoun , son chemin de silence

dimanche 10 janvier 2010

Le vent des blogs 42. Bonne année les clowns !

L'illustration de ce billet captée chez Juillev , aurait pu faire partie de la Série en bleu d' Eric Poindron.

L'interpellation du titre ne vous est pas adressée, chers visiteurs, elle est utilisée par Hervé Kempf qui s'adresse ainsi à une panoplie d'incompétents (selon lui, je vous laisse juges) dans un article paru dans Le Monde du 3-4 janvier 2010, que j'ai trouvé ici. Je l'ai lu à la suite de celui de Simon Charbonneau (fils de Bernard) sur l'hérésie de la LGV. Certes, il est agréable de joindre Paris en quelques heures à partir de Bordeaux ou de Montpellier, mais cet exploit se fait au détriment du développement des lignes secondaires (j'en sais quelque chose, à une demi-heure en train de Toulouse mais quand il y en a ...). Nos voisins européens ont plutôt opté pour la densification de leurs réseaux secondaires et l'établissement de connections bien articulées.
Tant qu’ à vouloir gagner du temps, les transports de proximité devraient être considérés comme prioritaires (TER, Tram etc…), car s’il y a du temps perdu, c’est bien dans les embouteillages. Mais le TGV transporte des cadres pressés alors que les TER sont utilisés par le petit peuple, alors, il faut savoir sérier les importances : faire gagner une heure sur 500 km à quelques uns et tant pis pour les ruraux enclavés dans leurs campagnes miteuses (et mitées).


Un brin de légèreté ne nuit pas. Merci à Lavande, pour la serie Mousses et Bulles . La croisière des physiciens s'amuse : au programme, bulles de savon géantes, effets d'optique, (quelques liens ne fonctionnent pas d'emblée, voir les recommandations de Lavande dans les commentaires).

Une vidéo de Ferré. Misogyne ? (les femmes sont merveilleuses mais sont des emmerdeuses, leur génie est dans leurs ovaires). Ca ne m'empèche pas d'être une grande admiratrice de l'artiste.

En contrepoint un texte de Nancy Huston, glané chez Tania en complément de son commentaire sur un opus dont je cite ici l'extrait choisi par l'amie belge.

« On me demande régulièrement : « Comme ça, vous êtes aussi à l’aise en anglais qu’en français ? » - et on croit à une boutade quand je réponds : « Non, aussi mal à l’aise. » Mais ce n’est pas une boutade. Si on est à l’aise, on n’écrit pas : un minimum de friction, d’angoisse, de malheur, un grain de sable quelconque, qui crisse, grince, coince, est indispensable à la mise en marche de la machine littéraire. »

Nancy Huston, Le déclin de l’ « identité » ? (Ames et corps) .

Le texte de Nancy Huston intitulé par provocation "on ne naît pas homme"est un renversement de perspective : les sociétés de tout temps s’acharnent à fabriquer justement des hommes - en contraignant les garçons, par la violence, les menaces et l’humiliation, à se différencier des filles. C’est tellement énorme qu’on ne le voit même pas. Elle a développé plus amplement ce point de vue dans son livre "Professeurs de désespoir".


Mais oui Léo, les femmes sont des emmerdantes, mais oui Jacques, des emmerdeuses mais oui Georges des emmerderesses. Ah quel trio !


En plus désormais, elles se mêlent de bloguer. Les blogs ont fait polémique d'ailleurs ces derniers temps, Rimbus le blog en a réalisé une petite compilation.


Pour finir en beauté, je ne sais plus qui avait mis le lien en ligne (les réclamations sont ouvertes dans les commentaires), j'aime beaucoup Tinguely et son cyclop.


En revanche c'est JEA qui m'a fait découvrir d'une part certains aspects de la vie d'Albert Londres et Mozart l'Egyptien.


Et puis, dernière minute, pendant que je rédigeais ce billet, la nouvelle est tombée comme on dit:
Mano Solo vient de mourir. Il taille sa route, il est parti rejoindre le soleil,

Photo ZL 10/ 01 /10, 16H 10.

Envoyé par mail, par un ami, le poème de Henri Michaux Clown

vendredi 8 janvier 2010

De fruits et de graines ?


Il n’est pas surprenant que tuer des êtres vivants pour s’en nourrir pose aux humains, qu’ils en soient conscients ou non, un problème philosophique que toutes les sociétés ont tenté de résoudre. L’Ancien Testament en fait une conséquence indirecte de la chute. Dans le jardin d’Éden, Adam et Ève se nourrissaient de fruits et de graines (Genèse I, 29). C’est seulement à partir de Noé que l’homme devint carnivore (IX, 3). Il est significatif que cette rupture entre le genre humain et les autres animaux précède immédiatement l’histoire de la tour de Babel, c’est-à-dire la séparation des hommes les uns des autres, comme si celle-ci était la conséquence ou un cas particulier de celle-là.

Hasard de la blogosphère, Bonne Nouvelle cite Lévi-Strauss, à partir d'un article qu'il a fait paraître en 1996 dans le journal La Repubblica.
J'ai choisi un autre extrait, mais vous invite à lire la totalité de la réflexion suscitée par l'épisode de la vache folle et d'une parfaite actualité, 14 ans plus tard.
Il me revient en mémoire ce documentaire "Au nom du progrès" (François Partant, un des grands contempteurs de la folie du développement productiviste). On y visite (entre autres) les usines à bestiaux aux Etats Unis. Un taureau énorme élevé en stabulation auquel on a placé un anneau dans le mufle est "promené" grâce à un rail qui guide la chaine au bout de laquelle l'animal quasi impotent et morne prend de l'exercice. J'ai rarement vu spectacle plus navrant. Pour l'animal et pour toute la chaine de pseudo intelligence qui a abouti à une telle stupidité.
Oui, en ce début d'année, je ne suis pas d'une folle gaité. Ca va revenir, pas d'inquiétude.

L'arbre de la connaissance Lucas Cranach, (1515-1586)

mercredi 6 janvier 2010

Plaidoyer pour un Nouveau Monde



"A Vienne, dans le trésor de Habsbourg, il y a quelques objets rapportés du Mexique par Cortès qui sont d'une beauté prodigieuse qui avait tant frappé Albert Dürer. Je me suis souvent demandé ce qui se serait passé si, au lieu de ce comportement destructeur, une sorte d'alliance s'était créée entre les seigneurs d'Espagne et les seigneurs du Mexique et du Pérou. Nous serions dans un monde qui n'aurait aucun rapport avec celui dans lequel nous vivons aujourd'hui"

Claude Lévi-Strauss, Plaidoyer pour le Nouveau Monde, Lévi-Strauss par Lévi-Strauss, Le Nouvel Observateur. Hors série, Novembre Décembre 2009.

A rapprocher d'une visite au musée des Nations Premières, à Regina, Saskatchewan, Canada, notée dans un de mes zinédits.

En compulsant les plans et diverses incitations raflées à l'hôtel nous sommes tombées d'accord pour le Musée des Nations Premières, le premier au Canada consacré à l'illustration de la culture indienne.

A l'entrée un panneau consacrait les efforts de tous les contributeurs qui avaient permis que la grandeur du peuple indien puisse s'exprimer en toute liberté entre ces murs. Les instances indiennes avaient elles-mêmes contrôlé la mise en scène de la représentation. Le contraste entre les alvéoles bétonnées, savamment mises en lumière et les scènes de la vie quotidienne qui les habitaient, accentuait l'archaïsme de gestes figés dans la cire. Un couple traversait le temps et tandis que ses vêtements se chargeaient de fourrure, le dialogue basculait. La femme et l'homme parlaient de leur subsistance. Il y avait la vie «d’avant » et celle «d’après ». La vie dans les plaines riantes et fertiles, celle dans les forêts, puis les réserves bidonvilles. Quand l'Indien se changeait en trappeur, on apprenait que la vie devenait dure, parce que le commerce de peaux faiblissait et qu'il fallait brader les fourrures à des prix pitoyables imposés par les blancs soucieux de leurs marges bénéficiaires. Puis ils glissaient vers les habitats précaires des faubourgs ou dans des réserves et chaque fois, l'homme et la femme se lamentaient : des dégâts de la dissociation entre l'être et sa spiritualité, de la souffrance du mépris infligé, du déclin inéluctable de l’espoir.

Le monde doit-il se partager en vainqueurs triomphants et vaincus humiliés. Et quelle est la vraie nature de la victoire ? La partie est-elle toujours remise ? Y a t - il moyen de ne pas jouer, de lâcher l'éponge, sans qu'on vienne vous tirer de force au milieu du ring ?

Le musée est une tombe, somptueuse certes, mais il conserve, il momifie ce que le désordre du monde engloutirait sinon pour le remplacer en formes nouvelles. Et paradoxalement en arrêtant la vie, il donne l'éternité.

Ces scènes pétrifiées et ce dialogue feutré - l'homme et la femme étaient à dessein employés à une conversation confidentielle, sur leurs gros soucis d'intendance- cette peinture à la Millet de la vie des humbles nous mettait mal à l'aise, nous nous sentions les complices de l'assassin dont nous serions en train de veiller la victime.

Heureusement la vidéo nous a tirées de la morosité qui commençait à nous vider les jambes. Il s'agissait d'un répertoire filmé des danses pratiquées dans les Pow Wow. C'était un excellent contrepoison de regarder évoluer dans le petit carré de magnifiques athlètes aux prises avec une géométrie complexe que leur corps épousait en flamboiement de plumes de couleur. Les jeunes filles accomplissaient des spirales explosant ou s'invaginant autour du tourbillonnement de leur corps. Leurs vêtements ourlés de clochettes s’accordaient dans la sinuosité de leurs gestes aux tambours et aux chants des hommes. En partant, nous avons toutes deux acheté un plaid de coton tissé de savants motifs et de subtiles harmonies. Comment un peuple qui maîtrisait les arts majeurs a t-il pu être délibérément considéré comme non humain ! La géométrie, le chromatisme, sans compter la science des plantes, autant d'évidences qui interdisaient toute hésitation et pourtant il y eut Valladolid. En dépit des descriptions admiratives des Cortés et autres envoyés spéciaux, l’Espagne ne pouvait justifier ses meurtres qu’en niant à ces hommes, que le crucifix n’impressionnait pas, les droits élémentaires prêchés par le Seigneur. Ils ignoraient Jésus Christ, bon prétexte pour les avilir et les spolier. Pourtant au Nord comme au Sud, leur art s’est transmis de génération en génération en dépit du dénuement où ils se sont retrouvés. Mais voilà, parce que les Indiens avaient opté pour une philosophie de l’Etre et non de l’Avoir, il leur manquait la marque essentielle de l'humain, l'avidité.


dimanche 3 janvier 2010

Le Vent des blogs 41. Bon vent à tous!

J'ai passé la ligne entre les deux années entourée de mes amis, mes amours et c'était bien. Mais de ce fait, je n'ai pas bien eu le temps de concocter une carte de vœux aux petits oignons, d'autant que le premier de ce nouvel an nous rockions JEA et moi en communicant.
Alors je suis allée en glaner chez les copains / copines (ils font ça si bien !) et j'ai retenu le florilège qui suit:

Chez Trublyonne


Les voeux de Clopine ou hélas Bérénice
Brigitte Giraud se sent comme ça et je veux bien l'entendre.
Madame de K nous le fait à l'anglaise
Un nouveau K avec Gnossiennes n°1 en accompagnement.
Un bien joli conte, Blanche Neige revisité par Anne Claire Thévenot
Un bel élan avec Frasby
Les Délits de gribouglyphes et grafficoloriages de Cathy Garcia, pour revenir à soi.
Un peu d'Oulipo ne nuit point, merci CGAT
La bacchante expose ses amis.
Anna de Sandre n'y va pas de main morte si j'ose dire en reproduisant ceci

Sinon un coeur à prendre, la brune qui roule. Tout ce qu'elle veut pour 2010, c'est un amoureux, bien le diable si elle ne trouve pas. Pour présenter votre candide hâture c'est ici.

Que des filles ? Ben oui, enfin presque. Ajoutons des voeux en veux-tu en voilà et une chouette collection en voie de constitution (pas encore expédié la mienne).

Allez, pour conclure je souhaite que le voeu de ces trois-là (merki Luc) se réalise. Et pour les bisous, merci encore Luc

Ca ira pour cette année ? Bon vent à tous !

vendredi 1 janvier 2010

Les vases communicants. Neige

« Pourquoi ne pas imaginer, le 1er vendredi de chaque mois, une sorte d’échange généralisé, chacun écrivant chez un autre ? Suis sûr qu’on y découvrirait de nouveaux sites… ».
Ainsi sont nés les vases communicants, à l’initiative de François Bon et de Scriptopolis .
Aujourd’hui, JEA s'installe sous l'arbre et Zoé Lucider est accueillie dans Mo(t)saïques



la neige a plus d’un
arbre
dans ses tiroirs
et les ruisseaux
plus d’un miroir
sous leurs peaux pierres

les nuages jouent
d’interminables prolongations
sans un oiseau
pour leur voler
dans les plumes

le silence perd
son sang-froid
qui s’est égaré
entre les sombres hiers
d’une forêt fermée
à doubles détours

la comédie humaine joue
à bourreaux fermés
pour les SDF

inventer des traces
qui traversent
les fleuves figés
et ne s’arrêtent pas
aux frontières
accoucheuses de barbelés

il nous manque
tant d’autrefois vendus
aux enchères
d’aujourd’hui pendus
aux clous des illusions
de lendemains sans
ligne de vie.

Choix de Zoë, en ponctuation une minimaxime de JEA, saisie au vol

Pendu au croc de boucher au couchant, le soleil est vraiment sanglotant


Photos JEA

Les participants aux vases communicants de janvier 2010 :

Futiles et graves (Anthony Poiraudeau) et Paumée (Brigitte Célérier),

Tiers Livre (François Bon) et Ce métier de dormir (Marc Pautrel),

Petite Racine (Cécile Portier) et Abadôn (Michèle Dujardin),

Tentatives (Christine Jeanney) et Enfantissages (Juliette Zara),

Elle-c-dit et Fut-il ou versa t’il dans la facilité ? (Christophe Sanchez),

C’était demain (Dominique Boudou) et Biffures chroniques (Anna de Sandre),

Terres… (Daniel Bourrion) et Journal Contretemps (Arnaud Maïsetti),

Liminaire (Pierre Ménard) et Jours ouvrables (Jean Prod’hom),

Pendant le weekend (Hélène Clémente) et Oreille culinaire (Isabelle Rozenbaum),

Les beautés de Montréal (Pierre Chantelois) et L’Oeil ne se voit pas lui-même (Hervé Jeanney).

Le blog à Luc et Frédérique Martin


BONNE ANNÉE !