jeudi 1 mai 2014

Lisbonne en légèreté

J'étais pendant quelques jours à Lisbonne. Bien-sûr en parlant avec les gens on entend beaucoup évoquer "un terrible retour en arrière". La femme qui m'hébergeait, hôtesse de l'air de 61 ans, se plaignait de devoir continuer à travailler. Elle arrivait de New York et repartait à Luanda avec à peine un jour de repos. Elle devra poursuivre à ce rythme jusqu'à 66 ans et elle n'en pouvait plus.
En marchant dans les rues, on ne ressent pas vraiment les effets de la crise, mais je ne suis pas allée dans les quartiers vraiment touchés.
Fernando Pessoa trône à la terrasse de son café favori et les touristes se font prendre en photo un bras posé sur ses épaules. J'ai aimé que ce jeune homme lise tranquillement Steinbeck assis aux côtés de l'homme tranquille pour l'éternité.  Plus loin l'homme doré gagne sa vie suspendu et statufié.




 En fait j'avais envie de respirer et je suis allée au jardin botanique où se trouvent quelques beaux spécimens d'arbres tels ce ficus ou ce palmier invraisemblable.





J'ai encore admiré les planches décrivant le mécanisme des plantes carnivores et suis repartie vers le Tage



Bien-sûr Lisbonne venait de fêter une victoire de football (ne me demandez pas laquelle, j'ignore tout de ces choses) et quand je suis arrivée de l'aéroport ça klaxonnait à tout va. En revanche -et ma logeuse me l'a confirmé- l'anniversaire du 25 avril ne semblait pas avoir mobilisé les deniers publics, le pouvoir en place plutôt tiède sur la rétrospective. 


Un chantier imposant m'a permis de constater que tout de même le bâtiment va  et continue d'employer les hommes des anciennes colonies cependant que l'Angola devient une terre de refuge pour les jeunes Portugais. Le Portugal est à nouveau une terre dont on s'exile et qui voit partir ses jeunes, formés dans les Universités, vers des pays qui leur offrent de meilleures perspectives. Cremilde (ma logeuse) m'en a parlé les larmes aux yeux. 


Le temps était doux et les bords du Tage invitaient à la flânerie. Beaucoup d'amoureux enlacés, de copains copines sirotant   un verre en bavardant. 


Voici un selfie un peu elliptique, mes pieds en position détente pendant que je contemple les nuages, les merveilleux nuages. 

  


Je suis ensuite allée à Belem pour m'empiffrer de ses merveilleux Pasteis de nata.

Sur mon chemin j'ai rencontré un joli camion. Spéciale dédicace à Dominique Hasselmann.



Je n'ai pas vraiment ressenti les effets de la crise, croisé moins de mendiants que dans les rues de Paris, mais c'est sans doute que les Portugais sont un peuple très digne. Je conclurai donc ce billet en hommage à mes amis portugais par cette pensée de Confucius, parmi celles retenues et proposées par  Tania.



« Etre digne dans la vie privée ; diligent dans la vie publique ; loyal dans les relations humaines. Ne pas se départir de cette attitude, même parmi les Barbares. » 

samedi 26 avril 2014

La chasse est ouverte



Reçu aujourd'hui par mail un lien vers un site où est présentée la situation d'un petit môme et de sa famille (Malgaches) menacés d'expulsion. Des parents et des enseignants se mobilisent. La pétition et la mobilisation aboutissent : le Préfet accepte de revoir la décision : l'expulsion est suspendue, la peur s'éloigne, elle ne disparait pas.
Dans la même veine, on apprend que le nouveau maire UMP de Toulouse, considérant que son prédécesseur (PS) était par trop laxiste,  intime l'ordre aux officiers de l'état civil de dénoncer tout soupçon d'irrégularité dans l'état civil de futurs mariés (mariage blanc ou gris, sic)
Pas à dire, on vit une époque formidable !

  

vendredi 18 avril 2014

Consolata


On a beaucoup parlé du Rwanda ces derniers temps pour le sombre anniversaire du génocide des Tutsis. J'ai alors pensé à Consolata. Je l'avais connue en 1982 pendant mon passage à Kigali. Hébergée par un ami français attaché culturel à l'Ambassade de France, j'avais fait la connaissance de Consolata, une jeune Tutsi d'une grande beauté et d'une belle gaieté. De retour en France j'avais lu dans la presse que la femme du Président Juvénal Habyarimana, Agathe, avait décidé de faire arrêter et déporter dans des camps les femmes tutsis qui avaient eu des "relations coupables" avec des Occidentaux. Consolata en faisait partie. L'ami français, revenu entre temps en France s'est démené pour la tirer de cette mauvaise passe en repartant à Kigali et en l'épousant à l'ambassade de France. Mariage à l'insu de sa famille (il est juif d'une famille très intégriste) et mariage aussitôt suivi d'une séparation.  Ils n'avaient ni l'un ni l'autre l'intention de vivre ensemble, même s'ils sont restés les meilleurs amis du monde.
Consolata a mis un peu de temps à s'acclimater à Paris (elle détestait les escaliers roulants par exemple), mais comme elle était intelligente et possédait un excellent niveau de langue, elle a trouvé du travail et s'est mise à apprendre ... l'accordéon. Nous nous voyions de temps à autre à cette époque là, période heureuse.
En 1994, cela faisait plus de 10 ans qu'elle vivait en France.  En mai, j'avais convié mes amis à une fête pour mon départ (déménagement de toute la famille, bye bye la capitale). J'avais invité Consolata, mais elle ne vint pas. Quand je l'appelai au téléphone, une personne me dit en chuchotant que Consolata venait  d'apprendre le massacre de sa famille et qu'elle était effondrée.
Sa sœur avait échappé aux tueurs et se trouvait au Zaïre. Consolata s'est débrouillée pour lui faire parvenir un ticket d'avion à partir de Bujumbura  au Burundi. Sur la route qui la menait de Bukavu au Zaîre à l'aéroport de Bujumbura, sa sœur a trouvé la mort dans un accident de voiture.
Par la suite Consolata est retournée au Rwanda au prix de gros risques pour tenter de comprendre ce qui était arrivé.  Elle a ainsi appris que son plus jeune frère, né de père hutu avait été sauvé in extrémis et se trouvait quelque part au Zaïre. Cette fois encore, elle a réussi à le retrouver, à le faire venir en France et à l'inscrire dans un lycée. Hélas, ce jeune homme était devenu inapte à la vie civile. Sans la prévenir, il a fugué pour aller s'engager dans la Légion.
Consolata avait suivi entre-temps un cursus de logisticienne et travaillé pour certaines ONG. Son premier poste a été en Arménie et ses lettres décrivaient les affres dont elles souffrait, peu habituée au froid glacial qui régnait sous ces latitudes.
Elle partit au Tchad, au Congo. Un jour elle m'annonça qu'elle était de retour en France. Je la revis, toujours aussi calme et rayonnante en dépit de tous ces deuils. Elle allait avoir un enfant. Elle était heureuse. Les dernières nouvelles ont été pour m'apprendre que le père de l'enfant avait décidé de renoncer à sa paternité au profit de sa liberté. Qu'importe, Consolata avec sa douce gaieté me dit que l'essentiel était son fils, sa seule famille.
Elle est repartie pour le Botswana et je n'ai plus de nouvelles. J'espère qu'elle aura pu revenir au Rwanda. Je crois qu'elle souhaitait participer à la reconstruction de son pays, le plus peuplé d'Afrique, le pays aux mille collines épargné naturellement des fléaux ordinaires de l'Afrique (pas de moustiques, une température relativement douce, une terre généreuse). Il devrait pouvoir se relever de ce drame épouvantable. Il compte le taux le plus élevé d'Afrique de femmes impliquées dans le gouvernement. On peut espérer qu'ainsi le niveau de fécondité s'abaisse (la surpopulation est un des problèmes de ce petit pays) et comme la corruption (plaie des pays africains) a été maitrisée, que le taux d'alphabétisation est en constante progression, le Rwanda pourrait devenir un des pays d'Afrique où  la démocratie et la justice sociale seront des modèles pour les générations futures.

 Le film


mercredi 2 avril 2014

Contraste

La Tour 2 mars 2014*


La Tour 2 mars 2014

Que  dire ? Les champs de colza sont éblouissants, l'actualité est affligeante.

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Le fou, l’amoureux et le poète

Les amoureux et les fous ont des cerveaux bouillants,
Des fantaisies visionnaires, qui conçoivent
Plus de choses que la froide raison n’en perçoit.
Le fou, l’amoureux, et le poète
Sont d’imagination tout entiers pétris :
L’un voit plus de démons que le vaste enfer n’en peut contenir ;
C’est le fou. L’amoureux, tout aussi exalté,
Voit la beauté d’Hélène au front d’une Égyptienne.
L’œil du poète, roulant dans un parfait délire,
Va du ciel à la terre, et de la terre au ciel.
Et quand l’imagination accouche
Les formes de choses inconnues, la plume du poète
En dessine les contours, et donne à ce qui n’est qu’un rien dans l’air
Une demeure précise, et un nom.
Tels sont les tours d’une imagination puissante,
Il lui suffit de concevoir une joie,
Pour percevoir le messager de cette joie.
Et, la nuit, si l’on se forge une peur,
Comme il est facile de prendre un buisson pour un ours !
William Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été, Acte V
 *La Tour est le nom du lieu-dit où je suis perchée

mardi 18 mars 2014

L'éclair au front.

Victor Brauner « Le Carreau », manuscrit autographe de René Char peint à la gouache et à l’aquarelle. Signé par l’auteur et dédicacé par le peintre à sa femme (mai 1950). Image tirée de « Victor Brauner », Centre Pompidou (janv.1996)


"Le fascisme ne fait que recouvrir ce que "la gauche" et ses intellectuels d'outre gauche lui ont permis d'occuper, dans les plus imbéciles des malentendus. les positions dans le vide et l'invivable mènent à cela."
René Char écrit ces mots d'une lucidité imparable alors que De Gaulle organise par son référendum de 1958 "le suicide de la IV ème République". Char soupçonne De Gaulle qu'il tient en très piètre estime (il l'a rencontré en Afrique du Nord alors qu'il était mandaté pour conduire les troupes françaises dans leur débarquement au Sud de la France) d'installer un franquisme à la française.
J'ai trouvé en me promenant sur les quais, lors de mon dernier passage à Paris la biographie que Laurent Greilsamer a publié en 2004 chez Fayard. On connaît ici ma prédilection pour la poésie de Char qu'on dit hermétique alors qu'elle est un concentré d'éclats somptueux d'intuitives harmonies du langage qui fouillent au plus profond de l'humain.
Quant à sa vie - qu'il refusait qu'on mette en pages de son vivant- c'est une extraordinaire épopée de la recherche obstinée de la liberté et de la vérité. Char c'est aussi un ogre, amoureux de la vie, des femmes dont il disait qu'on ne les séduisait pas mais qu'on butait contre elles.
Char c'est un ami fidèle mais qui ne pardonne aucun compromis avec la médiocrité. Il classe les humains en trois catégories "les gentils, les merdeux et les génies". Il aura fréquenté les artistes du mouvement surréaliste mais leur tiendra rigueur (surtout à Aragon) de leur mutisme sur les exactions staliniennes. On le connaît sous le nom d'Alexandre comme chef aimé et admiré de la résistance de la région d'Avignon. Cependant, à la fin de la guerre il n'éprouvera que mépris pour les ralliés de dernière heure et leur zèle à châtier les collaborateurs. Il a refusé de participer à "l'épuration". Il sera marqué toute sa vie par ces années où il a dû ordonner voire infliger lui même la mort à ceux qui menaçaient le réseau des maquisards. Lui qui respectait tout ce qui vivait, les oiseaux, les écureuils , les chiens et surtout deux animaux emblématiques le loup et le serpent.
Char c'est courage, fermeté, dignité et la poésie comme oriflamme.
La biographie est ici un exercice d'admiration mais sans dithyrambe, une trame habile tissée de ses œuvres, de ses amitiés et de ses amours.
Camus a tenu une place essentielle dans la vie de Char. Il était "son frère", un être "absolument bon", dont il a dû organiser les funérailles alors qu'ils venaient de passer quelques jours ensemble à Lourmarin avant que la Facel Véga de Gallimard ne quitte la route à Villeblevin le 4 janvier 1960.  Camus meurt sur le coup, Michel Gallimard cinq jours plus tard.
Il était l'ami de génies comme Picasso, Giacometti ou Brauner, mais il aimait fréquenter les anonymes, les hommes de la terre, de cette terre des eaux de la Sorgue, et partager avec eux dans le silence la jouissance de la lumière et des parfums d'un pays qu'il aime profondément.
Mais il sait déjà que ces paysages sont menacés par l'appétit du gain des grandes compagnies ou par les projets absurdes de l'Etat comme l'installation d'ogives nucléaires sur le plateau d'Albion contre lequel il se battra en mobilisant tous ceux qu'il connait, (et son carnet d'adresses est prodigieux) en vain. La base sera inaugurée en 1968 et démantelée en 1996.
Il n'aura pas le bonheur amer de s'en féliciter en même temps que de constater l’imbécillité d'un tel gâchis. Il meurt le 19 février 1988.
"La mort n'est qu'un sommeil entier et pur"

mercredi 5 mars 2014

Paco de Lucia le Magnifique


On envie ceux qui vont l'avoir pour colocataire au Paradis
Adios Amigo.

vendredi 28 février 2014

jeudi 13 février 2014

Zoë, le retour.

Le blog avait reculé en arrière plan ces jours-ci. En quelques jours, je me suis déplacée plusieurs fois dont trois fois à Paris. Par ailleurs, je suis dans un vrai chantier affectif et spatial dont je ne dirai rien de plus mais qui m'a occupée en permanence et devrait me mobiliser encore beaucoup.
Alors qu'ai-je fait de racontable ?
J'ai eu le plaisir de passer quelques jours à Paris en compagnie de l'amie avec qui j'ai arpenté les rues de la capitale du temps de notre belle jeunesse et c'était la première fois que cela nous était possible. Nous nous rencontrons dans nos campagnes respectives mais pas sur les traces de notre ancienne vie parisienne. Pas de nostalgie, du plaisir à savourer ensemble quelques heures de baguenaudes. Le temps qui menaçait la veille nous a fait la grâce du soleil.
Nous sommes allées voir l'exposition de la Halle Saint Pierre.


cartonkatuOK/5.

 C'est la troisième fois que je visite ce temple de l'Art brut. A chaque fois des découvertes et surtout cette impression forte d'artistes qui ne prétendent pas en être mais consacrent leur temps de façon absolue à leur recherche. La majorité des œuvres présentes sont le fruit d'existences bannies. La plupart des artisans de ces toiles ou de ces objets baroques hantés par des obsessions, des hallucinations, des obstinations ont passé leur vie en asile. Certains ont entrepris des études d'art mais ont été rejetés par l'institution. Ils ont en commun des itinéraires de vie chaotiques (orphelinats, maltraitance, ruptures diverses), une spiritualité gouvernée par des forces occultes. Et pourtant la couleur et l'exubérance prédominent. 

Aloise Corbaz, Coquille-Venus (verso) sans date, Crayons de couleur sur papier, 200 x 43 cm. Galerie du Marché, Lausanne
Aloïse Corbaz, Vénus Coquille.

La minutie des réalisations également. C'est un art généreux d'autant plus riche qu'il ne prétend pas à la postérité. Au contraire, il a été le plus souvent conçu dans des lieux modestes, à l'écart du monde  voire dans un atelier attaché à un établissement psychiatrique. Certains  comme Adolf Wölfli  y ont passé la majeure partie de leur vie. Pour les rencontrer, aller à la Halle Saint Pierre qui offre une restauration agréable et une belle librairie consacrée à l'art et à l'Art brut bien-sûr

Nek Chand - Rock Garden. India 
Nek Chand, Rock  Garden. India

Alphabet, Dalton Ghetti, série de mines de crayons sculptées. Collection de l’artiste 

Vous pouvez retrouver les figures majeures de l'Art brut, cet art mis en lumière par un psychiatre Hans Prinzhorn et que Dubuffet a relayé avec enthousiasme sur ce site.

Quoi d'autre ? Vu quelques films qui m'ont enchantée et que je vous recommande. Je n'en ferai pas le commentaire mais vous trouverez toutes les infos sur vos sites préférés et si vous n'en avez pas je vous livre les liens. 
Je le conseille à toute femme dont la vie s'est ternie et s'est dissolue  dans la grisaille d'un quotidien sans tendresse et sans  poésie. Merveilleux interprètes : Karin Viard, Bouli  Lanners, Claude Gensac (la biche de Louis de Funès dans beaucoup de ses films ). Ça requinque.
Un thème qui pouvait être un tire-larmes, traité avec sobriété, humour et gravité,  cette horreur que peut être l'arrachement d'un enfant à sa mère (merci les nonnes!). Judy Dench, Steve Coogan, un duo improbable que Frears filme avec délicatesse. 
Un pur délice. Deux solitudes qui se prennent à se désirer avec comme lien de savoureux petits plats délivrés par erreur. Par de petites lettres échangées dans cette lunchbox qui a dérivé de son cours, peu à peu s'engage un dialogue intime. Une visite de Bombay entre hyper modernité et services désuets, surpopulation et moderne solitude. Une merveille, bourrée de notations subtiles, qui ouvre l'horizon aux femmes délaissées. Le film avait obtenu le prix de la semaine de la critique à Cannes. Plus que mérité.
Mandela Un long chemin vers la liberté, Justin Chadwick 
L'exercice était périlleux. Mandela est une icône, son visage, sa voix sont très connus, il est encore vif dans les mémoires. J'avais vu le documentaire qu'Arte lui avait consacré. Eh bien j'ai été totalement séduite par l'interprétation d'Idris Elba des faits (connus) tirés de son autobiographie d'un Madiba tout en nuances qu'il incarne  de ses jeunes années d'avocat pugnace et séducteur à sa sortie triomphale de prison.  Naomie Harris / Winnie  nous donne à sentir comment les humiliations transforment  une jeune femme aimante et enjouée en une guerrière haineuse, impitoyable à l'égard des Blancs mais aussi des Noirs traites à la cause. Une leçon d'histoire et d'humanité.
En résonance au combat de Mandela,  une bonne nouvelle : Ousman Sow à l'Académie des Beaux Arts.
 
Quoi d'autre ? Hélas, l'actualité c'est aussi ça  et  ça et bien d'autres tristes régressions de tout poil. Mais j'avais envie de légèreté pour ce retour en blogosphère.

Et je terminerai sur cette photo d'une sculpture qui se trouve à Beaubourg (où je suis allée musarder) dans la partie du Musée dédiée aux œuvres les plus récentes. Elle m'a amusée. Elle aurait pu se trouver à la Halle Saint Pierre, non ?



Barry Flanagan (1941-2009), Soprano, 1981.


samedi 25 janvier 2014

Zone de turbulence

Comment dire. Chamboulement, déménagement, arguties, cogitations, interprétations, interpellations, silences obstinés, regards noirs, pluie, pluie.
Lumière, là, tout au bout, envol.
Mais tenir, s'y tenir. Coire en la "magie sienne". (Deborah Choc)

Déborah Chock - Croire en la magie sienne 

Et puis dire un mot d'adieu à une tendre amie qui vient de mourir brutalement.  Endormie,  elle ne s'est pas réveillée. Mon amie,  toujours en retard, pourquoi alors mourir si vite ?


Le chien Bolo aura beau guetter à s'en noyer les yeux, elle ne reparaitra plus et la fontaine qui coulait à l'entrée de sa maison pleine d'objets moulés de ses doigts, de peintures et de musique va émettre en vain son joyeux gargouillis dans la résignation muette des murs qui ne l'abriteront plus.


J'avais raconté une de mes visites à Souf ici

dimanche 5 janvier 2014

Et vous ça va ?

Après ces fêtes si tant joyeuses, j'ai un coup de mou. Je vais faire une pause. Un mantra pour soutenir ce nécessaire temps de méditation.

lundi 30 décembre 2013

Retrofestive 2013.

Pour conclure cette année,  mon cinquante deuxième post (eh oui, le rythme est devenu quasi hebdomadaire et ça me convient) pour accompagner donc le  passage de l'année 2013 à la  nouvelle  que je vous souhaite pleine d'amitié et de plaisirs aussi simples que ceux que je vous offre ci-dessous.
D'accord, c'est un peu étouffe-chrétien, mais faites comme dans un buffet, picorez...

janvier 2013
Un de mes préférés  Avishaï Cohen deux heures de concert à Paris comme si vous y étiez.


 Ma fillote, deux ans. Déjà - et toujours - curieuse (scan)

Deux accompagnatrices qui lui vont bien Esperanza Spalding et Gretchen Parlato



La chaine des Pyrénées vue de ma fenêtre (7/03/13). Le bois au premier plan est la branche la plus haute du cerisier.

Martha Argerich  dit à sa fille dans Bloody Daughter qu'elle aime jouer Rachmaninov (ici le Concert pour Piano n°3)


 Amusant non ? (14 /04/2013)

Autre pianiste, de jazz lui, Roberto Fonseca, jeune prodige  (comme Martha) mais élevé à La Havane au milieu des grands du jazz afrocubain (il a joué avec les vétérans du Buena Vista Social Club.


Vous ai-je jamais dit que j'aimais les vaches ? Cluny 26/05/13.

Vous ai-je dit que j'aimais Anna Calvi ?

Les roulottes d'accueil du théâtre de verdure  de la Girandole aux murs à pêches  Montreuil (01/06/13)

Un peu de jazz manouche, Bireli Lagrene, Thomas Dutronc, pas forcément le meilleur mais tellement sympatoche

Il faut que le hasard renverse la fourmi pour qu'elle voit le ciel. Proverbe arabe

Ibrahim Maalouf, Hashish . Spéciale dédicace à Sergeant Pepper


Méditation. 22/08/13 
Et pour l'accompagner un duo de hang drums.

Paris, le Marais, 15/09/13
Un autre duo, Adèle B & Zalem didgéridoo Duet.


 

Recyclart, Alternatiba, Bayonne 06/10/13  

Avez-vous déjà croisé l'extraordinaire instrument de Louis ?  


 

Florence 13/11/13

Philippe Jaroussky , magnifique contre ténor, interprète Vivaldi, "Aria Vedro con mio diletto"

 Pour finir et vous souhaiter un excellent réveillon en compagnie de ceux que vous aimez.


 Le surréalisme et l'objet.  Jusqu'au 3 mars 2014. Centre Pompidou 

J'avais hésité entre deux morceaux de Roberto Fonseca, je vous donne lecture de l'autre, c'est trop beau!

A tous mes amis et amies chéri(e)s, mes amis blogueurs et à toutes les âmes de bonne volonté. 
  Bonne année !!! 

Une petite suggestion : si vous avez envie d'enrichir cette modeste playlist, vos suggestions sont les bienvenues. je les posterai en bonne place ici même.

Et voici la rubrique brillamment initiée par Sergeant Pepper.
Léo Ferré récitant Rimbaud, merci Iris .

Photos ZL, toutes 2013, sauf la fillote, un peu plus ancienne.  

mercredi 18 décembre 2013

Mes dernières séances


Je suis restée à distance de ce blog, occupée ailleurs.
En très lapidaire, mes dernières péripéties, extrêmement banales mais très fournies.
Quelques jours à Paris.

  
Art mural. Belleville.   11/12/13, 9h23
Partagé une petite heure avec l'amie Sofka, en grande forme et très remontée contre à peu près tout et notamment les Politiques, les publicitaires, les journalistes et j'en passe. Nous nous sommes réciproquement congratulées de notre virulente lucidité.
Suis beaucoup allée au cinéma. Je vous épargnerai un laïus critique, des recommandations, juste proposer quelques mots sur les films, une image forte, une émotion fugace
Le fond de l'air de l'air est rouge de Chris Marker. Dans cette fresque, collage d'images d'archives des années 60 à 70, de la guerre du Vietnam au coup d'Etat de Pinochet, beaucoup de violence dans ces réminiscences. Pour moi la plus hallucinante est celle du jeune aviateur américain commentant en direct l'usage du Napalm et la façon dont ils canardent (ils sont nombreux)  les malheureux qui s'éjectent du brasier. La jubilation de ce type est insoutenable et on se dit qu'on ne permettrait plus à la barbarie une expression aussi directe. Autre constat, le contraste entre mai 68 en France où les victimes ont surtout été les pavés et les voitures versus ce qui se passait au Mexique, au Japon et bien-sûr à Prague. Nos CRS étaient décidément des tendres, comparés à leurs homologues  de ces pays.
Les jours heureux  de Gilles Perret. Leçon d'histoire sur le CNR (Conseil National de la Résistance). Images d'archives et témoignage des survivants. Qu'ils étaient beaux à 20 ans, Lucie et Raymond Aubrac ! La photo des cinq survivants qui nous servent de guides pendant le film nous fait, hélas, percevoir l'impitoyable manducation du temps, qui leur a laissé leur vivacité d'esprit et leur humour mais a ravagé la belle texture de leur visage.
Violette de Martin Provost ( l'auteur du magnifique Séraphine). Le cinéaste aime tirer de l'oubli des talents qui n'avaient eu qu'une notoriété passagère, des femmes au destin étrange, des sensibilités ignorées voire bafouées.. Violette Leduc est interprétée par Emmanuelle Devos (qui ne me plait pas beaucoup d'ordinaire, je ne sais pourquoi). Dans ce rôle son tempérament excessif donne toute son ampleur à cette femme dévorée du désir d'être aimée et sans cesse repoussée y compris par Simone de Beauvoir (Sandrine Kiberlain métamorphosée). Une scène  emblématique : Beauvoir déménage, Violette lui offre de l'aider de sa façon habituelle, en forçant un peu la main. Comme elle propose de décrocher les rideaux, Simone lui suggère de les prendre ainsi que quelques objets dont elle se débarrasse. Violette quitte la place offusquée, humiliée. La bourgeoise et la fille de peu : un fossé infranchissable. Cependant, Simone soutiendra de toutes les façons cette femme dont la qualité d'écriture et la hardiesse du propos l'a immédiatement convaincue qu'il était de son devoir de lui permettre de rencontrer des lecteurs, et surtout des lectrices. "Aucune femme n'a parlé de la sexualité comme vous, Violette". A l'époque c'était sans doute vrai. Depuis les termes et les images sont devenus banals.
La Vénus à la fourrure de Roman Polanski. nous permet l'entrée par infraction dans un lieu d'où le spectateur est en général banni : la répétition de la pièce et le temps de l'accord entre metteur en scène et comédiens, comédienne en l'occurrence. Or, Mathilde Seigner,  non seulement n'a pas l'intention de se plier aux directives du metteur en scène (Mathieu Amalric) mais elle va en permanence contester ses partis pris, dénigrer le machisme sous-jacent et renverser les rôles.
Le jeu de séduction sera l'occasion de propos bien sentis sur le désir de pouvoir sous-jacent à toute création artistique,   sur l'identification entre auteur et personnage et en clôture la revanche de la marionnette sur le marionnettiste. Comme les pôles d''empathie permutent sans cesse, on en sort un peu chamboulé, retrouvant dehors les préparatifs du Noël chrétien. Mais Jésus n'est-il pas une icône du masochisme ?

Parvis de Notre-Dame , 10/12/13, 18h43

Suis allée le lendemain piétiner un peu à l' Hôtel de Ville. Je ne saurais trop vous recommander l'exposition Brassaï, pour l'amour de Paris ( l'artiste hongrois est photographe, dessinateur, sculpteur, journaliste, écrivain, cinéaste), plus de 300 photos nous donnent à voir la vitalité de la  capitale, de jour comme de nuit des années 30 à 50. Diversité des thématiques : du graffiti, au Paris canaille, au Paris la nuit (flous et brouillards), aux portraits d'artistes dont beaucoup de Picasso et de ses divers ateliers  J'y ai trouvé une photo bien connue de Simone de Beauvoir qui m'a permis de constater à quel point Sandrine Kiberlain avait su se rapprocher de son célèbre modèle. On peut comprendre que Violette en ai été si amoureuse.

 
 La suite se passe à Toulouse. Mon fils ayant souhaité squatté la maison avec une bande de cinéphiles pour projections privées sans discontinuer de films sélectionnés par leurs soins, nous avons échangé nos clés de pénates. J'ai ainsi eu tout loisir de me promener dans cette ville qui a beaucoup de points communs avec les villes de la renaissance italienne (couleurs, architecture, richesse du patrimoine) et notamment Florence.

 Toulouse 15/12/13, 11h38

Il a fait très beau ces derniers jours. J'ai pu marcher le nez au soleil. Au jardin des Plantes, entre autres où j'ai croisé quelques poussettes, barbe à papa (et papas à proximité),  et même des paonnes (ça se dit ?) perchées un peu partout.

 Jardin des Plantes 15/12/13, 16h52
Voir des ours, très innofensifs ceux-là,  qui se trouvent en vedette sous la conjugaison d'une expo consacrée à l'Ours (Ours, mythes et réalites) et de la période de Noël ( le nounours a toujours la cote chez les mouflets.

Jardin des Plantes, 15/12/13, 17h15

Cinéma encore.
Henri de Yolande Moreau dont j'avais aimé Quand la mer monte . C'est le cinéma populaire des Carné et des Jean Vigo, intensément proche des petites gens dont il enregistre la subtilité des états d'âme qui s'expriment à peu de frais, d'un clignement de paupière, ou d'une moue à peine ébauchée. Yolande Moreau est une artiste de l'image et son univers poétique est fondé sur l'art de dénicher la beauté dans l'ordinaire du monde. La rencontre entre Henri (Pippo Delbono) et Rosetta (Candy Ming) est l'alliance de deux fragilités animées d'un même désir d'être aimé. Seulement, les gens là, ils veulent pas...
Casse-tête chinois, de Cédric Klapisch pour le plaisir de retrouver les acteurs avec quelques années de plus, embringués dans des histoires de familles éclatées, recomposées, d'homoparentalité, de carte de travail, de diversité culturelle. A peu près tous les sujets de nos sociétés en évolution lente et fulgurante à la fois. mais surtout le plaisir de retrouver New York comme si j'y étais (à nouveau). Léger sans être mièvre. Sympatoche et rigolo, un moment agréable à se faire du bien.
Un dernier et je ferme, c'est promis.
Les Garçons et Guillaume à table de et avec Guillaume Gallienne. Hyper nombriliste, un humour parfois de plomb, quelques scènes un peu drôles, mais bon, je pouvais m'en passer.


 Samedi, j'avais rejoint dans un bout du mondeManu Causse et Emmanuelle Urien qui signaient dans ce café culturel très sympathique, (que j'ai découvert grâce à eux, merci les Manu Manu), en compagnie de quelques autres des auteurs que publie cette aimable maison d'édition. 
 
 Toulouse, au coucher en longeant la Garonne, alors que les oiseaux paillent au ras de l'eau, c'est beau.

Berges de la Garonne 15/12/13, 17h42

Depuis, je suis de retour sur ma petite colline. Eh bien vous savez quoi ? J'irais bien faire un petit tour à New York. Sacré Klapisch!

Photos ZL, Décembre 2013, sauf la 3 bien-sûr.

jeudi 5 décembre 2013

Reposez en paix Nelson Mandela. Total respect.





 “A Man who takes away another man’s freedom is a prisoner of hatred” Long walk to freedom

Nelson Mandela , 18 juillet 1918, 5 décembre 2013.

L'hommage de Christiane Taubira   (ajouté ce jour, 7/12/13)

vendredi 29 novembre 2013

L'arbre a cinq branches




Cinq ans, oui ce blog a tenu bon depuis 5 ans. 
En dépit des tentations d'abandon.
Merci à tous ceux qui m'ont accompagnée.

Lilian Guderska




 
 
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