dimanche 6 décembre 2009

Le vent des blogs 37. De l'Art et des cochons


A écouter tout en parcourant ces lignes.

C'est sans doute la lecture de Hyrok et le passage où Nicolaï de Russo décrit la mise en scène pour gogos dans une galerie d'exposition de riens remplis de vides qui s'enlèvent à 6000 euros pièce pendant que les travaux de Louison (son héros et son double) dans lesquels il a mis toute son âme sont absolument ignorés (t'as pas le bon plan com coco), j'ai été sensible cette semaine à quelques agacements générés par le foutage de gueule qu'on soupçonne à la vue de certaines manifestations prétendument artistiques.

C'est un vaste sujet que je ne ferai qu'effleurer (moucheter), de liens en lieux.


Commençons par du lourd. Sur le site des Abattoirs on apprend que "la sculpture “Agoraphobia” de Franz West est en cours de déménagement du parvis des Abattoirs au Jardin Raymond-IV. Allez contempler l'oeuvre en question, un truc genre anneau de Moëbus double ou triple d'une couleur rose layette et de grande taille, très grande taille.

"La pêche à la baleine" ironise sur la mobilisation du conservateur de l'expo pour maintenir la bonne mine de la salade (pour comprendre, faut aller voir)

En vagabondant j'ai trouvé un post ancien mais assez significatif des ébahissements que l'Art moderne peut provoquer chez tout spectateur, même plein de références et de bonne volonté ainsi du "losange gris sur fond blanc".

Chez Sophie K on s'est disputés (on adore se disputer) à propos de l'Hyperréalisme.



Une qui n' a pas l'air d'apprécier ses arts contemporains du maintenant et tout de suite de là où elle est, c'est Frasby , pour plus de lumières allez voir par vous-mêmes.

Puisqu'avec Frasby, nous sommes à Lyon un lien vers la Biennale de Lyon, ou on retrouve Agnès Varda qui est tombé sur un collectionneur d'os.

Je dois avouer que je suis volontiers du côté de Jeandler quand il s'interroge à partir d'une racine sur L'enfance de l'art . Une de ses visiteuses nous renvoie vers les travaux de Heather Jansch, doit-on classer cela dans l'Art contemporain ?

Je n'ai pas épuisé le sujet, c'est le sujet qui m'a un peu sucé la moelle si j'ose dire (et une semaine passablement chargée mais ni dans l'art, ni la dentelle) .Vais aller retrouver Louison, voir s'il arrive à s'évacuer de la misère noire où le maintient son outrecuidante posture, ne pas faire semblant.

Ci-dessous, oui oui, c'est une oeuvre.



Photo 1 Bernard Pras
Photo 2 Didier Trenet

vendredi 4 décembre 2009

Les vases communicants. Sous les pavés, les âges...


«(...) pourquoi ne pas imaginer, le 1er vendredi de chaque mois, une sorte d'échange
généralisé, chacun écrivant chez un autre ? Suis sûr qu'on y découvrirait des nouveaux
sites (...)».
François Bon et Scriptopolis ont lancé l'idée des Vases Communicants. Aujourd'hui Clopine
et Zoé lucider s'invitent réciproquement.
A toi ma Clopine

Est-ce que cela arrive aux autres ? Je pourrais formuler cela autrement : est-ce que je suis un monstre ? Chacun de nous, pour peu qu’il se mette en avant ou qu’il prenne le risque de s’exprimer, éveille chez autrui des réactions, parfois peu amènes, parfois bienveillantes, en tout cas bigarrées. Mais nos ressorts, même les plus intimes, sont aussi les plus communs. Je prends donc le pari d’être « comme tout le monde », alors même que la grande affaire de ma vie a été la souffrance née de ma singularité, ou de ce que je croyais telle.


Quand, enceinte, je marchais dans la rue, il me semblait que d’un seul coup, la ville entière était remplie de ventres ronds. Mon cerveau m’indiquait que cette sensation était vraisemblablement une illusion d’optique. Il n’y avait aucune raison particulière pour que la fécondité, en France, ait fait un bond considérable, à partir du moment où j’attendais un bébé. Y voir une relation de cause à effet aurait bien évidemment relevé de la pure mégalomanie...Mais d’où sortaient, alors, ces futures mères, devenues soudainement aussi nombreuses dans les rues de ma ville, que des serviettes de bain étalées sur une plage en été ?


Les petits vieux dans les rues, et spécialement les petites vieilles, je n’ai commencé à les « voir » qu’avec la maladie qui devait emporter ma mère. Mais là, et contrairement aux femmes enceintes, disparues au fur et à mesure que mon garçon grandissait, elles n’ont plus jamais quitté mon champ visuel. Quand j’ai lu « la vieillesse », de Beauvoir, et plus encore les carnets d’or de Janet Somers/Doris Lessing, j’ai même cherché à voir volontairement les « personnes âgées », pour parler comme un bulletin municipal, à ne pas les effacer, comme je le faisais à 20 ans, purement et simplement du pavé que nous arpentions pourtant ensemble.


Les plus touchantes, pour moi, sont celles qui, indomptables, essaient encore et toujours, malgré leur âge avancé, de ne pas ressembler à leurs mères ; celles qui bannissent le noir, qui, si elles doivent utiliser une canne pour compenser l’arthrose, la choisissent à tête de canard, ou à pommeau d’argent. Celles qui ont le cheveu raréfié, certes, mais recouvert cependant, crânement, d’un béret rose, ou vert. Celles (et j’en ai vu !) qui attachent à leur col une rose rouge, de la même nuance que leur parapluie, ouvert en corolle au-dessus d’elles... Ce n’est pas une question d’argent, ou de classe sociale. C’est une question d’affirmation de soi.


Si j’en crois les statistiques, je peux raisonnablement escompter être à l’orée de mon dernier quart de siècle, les deux premiers étant désormais révolus. J’ai toujours eu l’intuition, ou l’espoir, allez savoir, que cette ultime période m’apporterait une sorte d’apaisement. Je sais pourtant que les chagrins de toute sorte s’accumulent, au fur et à mesure que l’on avance et que les autres tombent à côté de vous. Que les chemins vont se rétrécissant, les corps s’alourdissant et les sens s’asphyxiant. Il me semble pourtant que, dans ma vieillesse, je pourrais peut-être me sentir « comme tout le monde », en osant enfin n’être comme personne. Invisible aux jeunes, je pourrais moi aussi attacher des fleurs à mon chapeau, porter des Nike et envoyer des baisers aux amoureux des bancs publics. Les autres petites vieilles ricaneront, peut-être, mais elles seront bien obligées de partager la rue avec moi, et toutes ensemble, nous la peuplerons, innombrables et cramponnées, comme les précieuses rescapées d’un invisible anonymat.

Les autres communicants (merki Anna, je l'ai pris chez toi la liste et la rajoute avec un peu de retard)

Biffures chroniques & Lephauste

François Bon & Pierre Ménard

Martine Sonnet & Pierre Cohen-Hadria

Anthony Poiraudeau & Michel Brosseau

Leroy K. May & Marie-Hélène Voyer

Thomas Vinau & La Méduse et le Renard

Robinson en ville & Danièle Momont

Cécile Portier & Jérôme Denis

Bertrand Redonnet & Juliette Mézenc

Old Gibi & Enfantissages

Daniel Bourrion & Olivier Guéry

Anne Savelli & Christine Jeanney


mercredi 2 décembre 2009

Les rois de l'azur foudroyés


Le maigre patrimoine de Baudelaire a été mis à l'encan à l'Hotel Drouot, mardi 1er décembre. Les derniers objets ayant appartenu au poète sont désormais entre les mains de quelques amateurs dont la descendance dispersera un peu plus le léger baluchon, léger en grammes mais pas en picaillons puisqu'on a battu des records
A qui va le butin du fonds Aupick-Ancelle : Madame Aupick était la mère de Baudelaire, remariée au général Aupick, (haï par Baudelaire) et Narcisse Ancelle le tuteur du poète. Avec 176 lots, la vente totalise la somme rondelette de 4.050.000 euros.
Les ailes clouées du poète, ainsi André Chénet intitule-t-il son billet où s'exprime sa colère face à cette nouvelle preuve d'incurie de nos gouvernants. Si La France a les moyens d'offrir des sanitaires de luxe à son Prince, elle n'a que faire de s'encombrer des dernières reliques de poètes, morts depuis longtemps et légèrement maudits de leur temps même si à l'école primaire nous avons tous appris "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle". Eh bien il ne pèse pas lourd il faut croire.
Le poète serait de toute façon encore plus enclin au suicide s'il revenait aujourd'hui sur notre belle planète décorée à l'infini de déchets de plastique. La mer est devenue un dépotoir et certains ilôts un cimetière d'albatros.
Peut-on pousser la métaphore au point de considérer que la poésie a désormais les entrailles encombrées de détritus et que les poètes n'ont plus d'autre issue que de dégueuler.

Pour mémoire et comme une madeleine de nos jeunes années de récitants.

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

L'image est tirée d'un article intitulé le Bateau volant de Jean Marie Le Bris selon lequel l'exploit du Capitaine aurait inspiré Baudelaire.
On peut retrouver la vidéo et un article plus développé sur les albatros victimes de nos déchets ici

dimanche 29 novembre 2009

Le vent des blogs 36. L'as-tu lu mon p'tit Lu



"J'ai un grand respect pour la chose écrite en tant que telle et même indépendamment de qui l'a écrite. Rien de plus fascinant qu'un aphorisme, vers, ou une simple phrase, dont on ne sait absolument pas d'où elle vient... Elle est là, un bout de papier dans le gazon, comme une alouette providentielle... Elle vient de se poser sur votre planète... Et illumine votre journée, votre semaine, votre vie peut-être, d'une lumière nouvelle, particulière et inattendue.
Mais soyons humbles et écrivons dans l'humilité. Sera-t-on lu? A part nos proches que ça fatigue, notre éventuelle descendance qui "fera mine", c'est assez peu probable de notre vivant. Il n'y a guère d'illusions à se faire. On le sera peut-être par d'illustres entomologistes du futur qui tomberont par hasard sur nos cahiers, nos petits carnets débraillés, nos petits secrets et qui décortiqueront nos élytres pour étudier nos abdomens luisants." Hyrok, Léo Scheer p. 134.
L'auteur Nicolaï Lo Russo confie à son blog les affres post partum, juste avant l'envol du bel oiseau.

J'ai dû le commander, la manne annoncée n'était pas parvenue jusque dans nos contrées reculées. Je m'endors et me réveille en Hyrok, c'est très chic comme tenue, mais un rien inquiétant tellement ça a l'air d'avoir été taillé sur pièce, à même la peau. Si vous voulez qu'on vous en parle beaucoup mieux allez voir ailleurs

Les écrivains bloguent ou les blogueurs publient. Quelques échos tout neufs de certains de mes petits camarades de jeu. Frédérique M, vous connaissez, n'est-ce pas. Eh bien elle publie avec des complices En quête de Job (attention, jeu de mots) et elle en parle très bien elle-même


Cécile Portier ne dit mot de la sortie de son livre sur son blog (à moins que cela m'ait échappé).
Heureusement Dominique Boudou nous en parle à sa place.








Eric Poindron nous présente les Riches heures de Jean Louis Kuffer, connu des blogueurs sous ses initiales JLK.

"Dans l’univers chaotique qui est le nôtre, où le clabaudage et la fausse parole surabondent, ces carnets se veulent, au-delà de toutes les préventions de méfiance ou de mépris, la preuve qu’une résistance personnelle est possible à tout instant et en tout lieu pour quiconque reste à la fois attentif à la rumeur du monde et à l’écoute de sa voix intérieure. À l’inattention générale, ils aimeraient opposer un effort de concentration et de réflexion au jour le jour, ouvrant une fenêtre sur le monde."

Pour conclure ce tour d'horizon, chez Frasby , une analyse de l'oeuvre de Jacques Ellul enrichie de nombreux liens dont un entretien avec Ellul. (Il n'est pas blogueur, certes, mais ce qu'il dit résonne avec ce qui précède).

Pour ceux que toutes ces lectures auront épuisés, un peu de musique Scorpions,
The Neville Brothers (Merci Mon Chien Aussi), Natacha Atlas, (merci Mrs Clooney) et pour mes petits amis qui manient le crayon avec brio (ils se reconnaîtront ah ah) une vidéo que je trouve très talentueuse (merci Clemt).

J'oubliais. Saviez-vous que notre Clopine a publié "La Recherche Racontée (... à mes potes) ?
Et Zoë ? Trois tapuscrits dorment en attendant qu'elle se décide, mais comme elle ne croit pas à l'envoi par la Poste et qu'elle est de plus en plus sceptique quant à l'avenir du livre, elle tient fermées sur son ventre luisant ses élytres en attendant la dissécation du temps, en toute humilité. Merci Nicolaï.

Photo La Grande Côte. ZL

vendredi 27 novembre 2009

Alertez les Zoé



Un ami qui me veut du bien m'a informé d'une nouvelle forfaiture de l'engeance publicitaire, baptiser la dernière des Renault du nom de Zoé

"C'est une « volonté pour les marques de jouer l'appropriation dans la sphère affective », note encore Catherine Veille, directrice de Ipsos Insight Marques. Mais si les voitures portent maintenant des prénoms, Catherine Veille nous fait remarquer qu'on observe aussi une tendance chez les consommateurs à donner aux enfants des prénoms de marques (comme par exemple Fanta, Chanel, ou Armani). Les Zoé pourront donc appeler leurs enfants Twingo ou Safrane."

Ce n'est pas parce que des tarés font un cadeau empoisonné à leur môme qu'il faut pourrir la vie de celles qui ont hérité (ou choisi dans mon cas) ce très beau prénom qui selon l'étymologie grecque signifie la vie.

L'engeance propagandiste ne recule devant aucun sacrilège, bousille la musique pour en faire des alarmes de portable, pollue les paysages urbains avec ses panneaux hideux, racoleurs, putassiers et nous bouffe les neurones pour peu qu'on s'approche des écrans, tous les écrans.

Incidemment, pendant que j'essaye de déchiffrer l'article de Rue 89, un bandeau noir et insistant vient se placer sous ma souris et affiche dés qu'on l'effleure une marque de café bien connue, puis un tigre vient se balader devant le texte, bref la pub horripilante qui met ses grosses fesses partout sans vergogne.

Je suis allée rechercher dans mes tablettes un texte publié il y a quelques années.


Le capitalisme scie la branche, le tronc même de sa prétendue cohérence. Les mécanismes du marché produisent des surplus là où on ne peut plus les absorber et créent des pénuries là où on manque de tout. Son outil idéologique, sa propagande consiste à fabriquer du désir par le biais d’informations tronquées (on ne sait rien du produit), sous des aspects falsifiés ( mise en scène hyperbolique), en exposant les états d’âme les moins reluisants. Citons la concupiscence (désirer le bien d’autrui), la forfanterie (se vanter d’exploits imaginaires), l’avarice (refuser le partage), le mépris d’autrui (ridiculiser celui qui ne peut prétendre s’offrir le gadget), le mensonge (c’est pour votre bien) sans oublier le sexisme (apparent ou en filigrane). Ce discours, en flattant les bassesses humaines tend à conforter l’individualisme comme seule parade à la multitude avide et envieuse. Il peut éventuellement doper l’acteur économique s’il parvient à se ressaisir de quelques parcelles de la profusion à laquelle il concoure, même si la progression est lente il peut accepter l’effort. Or désormais, la machine économique en refoulant les accédants à la consommation a sectionné le meilleur rouage de son théâtre.

En attendant voilà que les Zoé vont encourir les plaisanteries les plus fines sur leur carrosserie, leur retard à l'allumage (c'est une électrique qui hériterait du prénom), leur petite tenue (de route) bref toute la gamme qui va avec la dégradation publicitaire.

Il paraît qu'un père s'est élevé contre cette usurpation. J'espère que les Zoé vont protester massivement auprès de la direction de Renault qui prend déjà les précautions du conditionnel quant à la réalisation de ce projet.

J'ai déjà un vieux blues de descente vers les jours sans soleil, cette saloperie de pub ne va pas en plus mazouter la Zoie.

Dessin Iris enfant. Benjamin Kuhn

Dernière minute, en direct de Vinosse, Rosalie et pour que mon allusion soit claire
Jacques Higelin - Alertez les bébés

http://www.li-an.fr/blog/wp-content/uploads/2009/09/calvo-rosalie-couv.jpg

jeudi 26 novembre 2009

Des termites dans le cerveau


Arrêt momentané des émissions pour cause de fatigue intense.
Un relais opportun
« C’est le mauvais temps qui me protégeait le mieux. Plus de travaux extérieurs, personne sur les échafaudages, plus de barbecues à minuit dans les jardins avec beuglantes en stéréo, blagues graveleuses et rires avinés. Je désirais follement les intempéries. Rien ne m’était plus délectable qu’un ciel de tempête. Je vouais un culte aux bourrasques, aux averses, à la grêle qui mitraille les chaussées et les toits. J’applaudissais l’annonce du crachin, j’exultais devant la grisaille. Si le temps virait à l’orage, c’était Noël. J’allumais des cierges dans mon for intérieur pour que l’orage éclate à pleins seaux, que les éclairs s’en mêlent, que le tonnerre explose, que les gouttes inondent les rues, les caniveaux, qu’elles noient la ville sous un édredon liquide. J’aurais aimé que la pluie enfle et se prolonge, comme la mousson. Le gel était une bénédiction, la neige une délivrance : je redoutais les glissades sur les plaques de neige molle, mais rien n’étouffe les bruits comme elle. (...) Le verglas m’incommodait, de même que le brouillard, j’en déplorais les désagréments, mais j’adorais la morsure du froid qui oblige à boucher les issues. Alors je n’avais plus à subir l’intrusion des autres, ils demeuraient chez eux enfermés à vaquer de leur côté sans s’introduire de force dans mon intimité. Le bruit des autres, le sans-gêne des autres, l’égoïsme des autres. De ceux qui envahissent l’espace entier, nos appartements, nos maisons, chacun des lieux où l’on réside. Ils entrent sans frapper. Ils s’accordent tous les droits, ils se permettent toutes les outrances. Rien ne les arrête, les autres. Personne ne les convie, ils entrent quand même. Les autres, ce sont les bruyants. Ils décident, ils s’imposent. Ce sont les prédateurs, les pollueurs de tympans, tous ces gens qui nous déversent des turbulences à pleins tonneaux dans les oreilles, qui nous volent notre liberté, qui nous arrachent à nous-mêmes. Les colonisateurs du silence, les termites du cerveau. »

Jean-Michel Delacomptée, La vie de bureau

dimanche 22 novembre 2009

Le vent des blogs 35. Eloge de l'éclectisme


Vent des blogs réduit à sa portion congrue pour cause de week-end consacré à l'amitié, au chant et à la bonne bouffe. A l'heure qu'il est je suis fort éreintée.

Donc cette semaine j'ai découvert un enregistrement d' Higelin avant les milliers de cigarettes et de pétards qui lui ont cassé la voix, accompagné d'Areski, dans une chanson que j'aime beaucoup "Remember" avec une vidéo en hommage de DEB (posté en février, pas nouveau il est vrai). Plus récent, sur le même blog, une mise en scène vidéo d' un poème de Baudelaire, la voix très troublante.

Renato, en visite sous l'arbre y a déposé un lien vers un site de Photographies. Divers, varié, bref selon votre humeur.

Cecilia Bartoli vient d'enregistrer Sacrificium une sélection de musiques écrites pour les castrats. Dans le court entretien qu'on trouve sur le site, elle explique qu'au XVIIIème en Italie, chaque année, plus de 4000 garçons étaient castrés, sacrifiés au nom de la musique. Pour un Farinelli, combien d'hommes amputés pour rien et souffrant une vie misérable car s'ils ne devenaient pas célèbres les castrats étaient voués à la riséeet la marginalisation. Cécilia dit que l'enregistrement de ces musiques écrites pour ces chanteurs très spéciaux a été probablement le plus difficile de sa carrière. les extraits proposés donnent envie de courir sacrifier quelques euros pour ce Sacrificium.

Sur le site des Renseignements généreux, un accès vers des textes qui abordent des "sujets politiques " au sens large, écrits de façon collective et dont la vocation est avant tout de vulgarisation pédagogique, même s'il est admis en préambule que l'exercice de simplification de pensées complexes peut être criticable. Conscients de l'écueil, les membres de l'équipe s'imposent la rigueur de la construction et souhaite avant tout donner le désir d'approfondissement des textes de référence. Un exemple des brochures disponibles, La culture du narcissisme à partir des travaux de l'Américain Christopher Lasch datant de 1979 et qui sont d'une particulière actualité.

Pour terminer sur une note drôle, un lien découvert grâce à Sophie K, O Brother un film des frères Cohen que je n'avais pas vu. Extrait pour inciter à pallier ce déficit, ceux qui auraient eux aussi manqué ce petit chef d'oeuvre d'humour avec Georges Clooney . mmmmh.

Un p'tit dernier bien déjanté ? (Il me faut mériter ma réputation d'éclectisme bizarroïde "Zoë, vous nous dégotez de ces machins... Je suis tordu de rire ! Enfin bref. Christophe Borhen 15/11/09 ).
La Commedia Dell' Actu, site où sévit Grand Corleone dont voici un florilège "d'extraits de presse"
"La poésie de Grand Corleone caress'l'âme !"
(Joey Starr dans Le Frigolo Nouveau)
"Grand Corleone est à la caricature ce que, modestement, je suis à la littérature."
(Marc Lévy dans Gloseur)
"On n'a rien vu d'aussi révolutionnaire depuis Ian Curtis."
(Philippe Manoeuvre dans Les Invioquptibles)
"Son meilleur tour, c'est quand il disparaît."
(Teletrauma)
"C'est au-delà de la magie, c'est... c'est... pfiouuu !"
(Ouest Tranche)
"Comment peut-on faire tenir autant de talent dans un aussi petit bonhomme ?"
(Obstiné)
"Epouse-moi !"
(Marie-Claire)


Après Christopher Lasch, ça repose.

Photo Clemt.

samedi 21 novembre 2009

L'arbre à Palabres souffle une bougie


Comme ce blog à un an d'existence, j'ai décidé (je fais ce que je veux, c'est mon blog) d'exhumer quelques textes qui n'ont jamais eu le bonheur de vous rencontrer. Je leur fais faire un petit tour de piste avant qu'ils ne se rendorment. Je l'ai déjà dit mais le répète pour les nouveaux qui seraient de passage.
Celui-ci exprimait ma découverte amusée (et un peu naïve) du vagabondage sur le ouèbe.

Abstracteurs de quintessence (publié le mercredi 24 décembre 2008, la veille de Noël !!!)

Je viens de faire un petit tour dans la blogosphère en glissant de lien en lien. De poèmes en vidéos, de dessins en notes de musique, d'humour en humeur, quelle galerie ! Pourquoi se fatiguer désormais? La planète entière s'invite dans notre chambre. Un petit clin de clic, et nous plongeons tel l'aigle royal sur une proie ainsi capturée, consentante et roucoulante. Comme le monde devient aimable ! Tous ces archivistes désintéressés trop heureux de nous inviter à visiter leur royaume, à nous y laisser folâtrer tout à notre aise et nous ne sommes pas même obligés de récompenser le guide ni même de le saluer en entrant ou en sortant. Dommage d'ailleurs, nous aimerions parfois le ou la croiser en chair et en os. Cela, en revanche, ne fait surtout pas partie du programme, surtout pas. Le blogger n'est pas un vulgaire meetic addict. Il ne prétend qu'à la spiritualité de ses œuvres et ne songe, en toute modestie, qu'à fonder une petite clique d'adeptes prêts à faire circuler à leur tour, de clic en clic, une nouvelle quintessence.
Attention cependant, soyons vigilants, prenons garde, le poète nous aura prévenus :
"quel dommage qu'en passant par l'alambic la pensée humaine prenne le chemin contraire à celui de l'eau de roses, et qu'à la troisième ou quatrième épuration elle se dessèche, au lieu de s'exprimer en quintessence. Musset .

Photo Alambic charentais de La Glenfiddich Distillery

jeudi 19 novembre 2009

Bon anniversaire l'arbre à palabres.


L'arbre fête une année de palabres. Pendant quelques jours j'exhumerai de leur sépulcre quelques unes des momies endormies au pied de ce tout jeune arbrisseau, pour leur faire une petite toilette avant de les laisser s'endormir à nouveau.

Ce blog avait trois jours d'existence, il était indécis et timide, je postais le mercredi 26 novembre 2008, sous l'intitulé "cette poésie d'Aragon est mon actualité du jour" ce qui suit ( ne me demandez pas pourquoi et quelle actualité, ainsi passe la vie ).

(...)

L'avenir de l'homme est la femme

Elle est la couleur de son âme

Elle est sa rumeur et son bruit

Et sans elle il n'est qu'un blasphème

Il n'est qu'un noyau sans le fruit

Sa bouche souffle un vent sauvage

Sa vie appartient aux ravages

Et sa propre main le détruit


Je vous dit que l'homme est né pour

la femme et né pour l'amour

Tout du monde ancien va changer

D'abord la vie et puis la mort

Et toutes choses partagées

Le pain blanc les baisers qui saignent

On verra le couple et son règne

Neiger comme les orangers.

(...)

Aragon,

Zadjal de l'avenir.

Le Fou d'Elsa

mardi 17 novembre 2009

Touche pas à mes fess(é)es



"Je ne suis pas partisan du châtiment corporel, mais m'en interdire l'usage et ainsi diminuer ma légitimité de père est en totale contradiction avec la restauration de l'autorité parentale que tous ces élus bien pensants appellent de leurs voeux."
Extrait d'un article de l'Express, mais j'aurais pu en choisir un autre tant il y a abondance de protestations suite à l'annonce d'un projet de loi présenté par Edwige Antier de pénaliser les parents qui useraient de la fessée pour "corriger" leurs enfants.
Je ne frapperai pas mais je ne veux pas qu'on m'en empêche.
Je ne dépasserai pas la vitesse limite mais m'obliger à lever le pied c'est m'humilier, je sais conduire, je ne suis pas une brèle!
Je ne battrai jamais ma femme mais ces lois contre la violence conjugale c'est insupportable, si elle le mérite, je peux en juger et faire ce qu'il faut pour lui redonner le goût de bien faire.

Ah non ! C'est pas pareil ! Ah ! Bon ? On a une idée du nombre de mômes torgnolés pour "leur bien"?
Il y a tous ces témoignages de parents dépités qu'on leur retire le martinet des mains et qui revendiquent les baffes que leurs propres parents leur filèrent, à juste raison, ils leur sont reconnaissants, ainsi n'ont-ils pas glissé vers les pires turpitudes etc. etc. ad nauséam.

Pour ma part, j'ai reçu très peu de raclées. Une, mémorable, me fut infligée par ma mère, totalement hors d'elle parce que j'étais partie en bicyclette après diner, sans prévenir et qu'elle s'était fait un sang d'encre. Quand je me suis pointée, elle s'est jetée sur moi, m'a flanqué quelques coups désordonnés, propres à lui offrir un éxutoire à son angoisse et elle m'a privée de la sortie cinéma prévue ce soir là. Cette privation a été plus insupportable que les coups qui l'ont en revanche discréditée à mes yeux. Un adulte se doit de garder son sang froid.

La fessée présente cet inconvénient supplémentaire d'être en quelque sorte aggravée de la préméditation . Il faut déshabiller, installer en position et frapper méthodiquement. Elle ajoute à la douleur du coup l'humiliation de la nudité exposée, à un âge où l'enfant tente de maîtriser sa propre pudeur.

Infliger par la violence une règle de comportement revient à fonder la gouverne de l'enfant sur la peur, oxydant extrèmement efficace de la vitalité. On fabrique des enfants obéissants en surface, profondément opposants en réalité.

J'ai élevé deux enfants sans jamais avoir eu recours à la violence physique ni aux cris et vitupérations ce qui ne signifie pas qu'ils n' aient pas su très tôt ce qui était admissible et ce qui ne l'était pas. Il suffit de construire un univers qui évite l'arbitraire et l'absurdité et délivre suffisamment de oui pour que le non soit incontestable parce que clairement motivé.
Et je sais que beaucoup de parents ont réalisé ce petit prodige, faisant par là-même l'économie pour eux-mêmes de la violence qu'ils absorbent par rebours et du misérabilisme qui va de pair avec ce minuscule exploit qui consiste à vaincre par les coups un plus petit que soi.

Illustration La fessée Giorgio Conrad

dimanche 15 novembre 2009

Le vent des blogs 34. Vous avez dit bizarre ?



Cette semaine je vous invite à découvrir des sites qui ne sont pas tous des blogs, mais ont attiré mon attention par l'étrangeté de leur propos, de leur mise en scène ou de leur forme.

Pour rechercher l'âme soeur, il existe bien mieux que Meetic, découvrez une autre manière de se rencontrer à partir du partage de vos livres préférés. Retrouvez ceux qui ont adôôôré ce que vous-même avez placé au plus haut et au plus près de votre coeur de lecteur.

Autres temps, autres moeurs, les vocations de prêtres faiblissent, les curés s'ennuient le dimanche, ils bloguent eux aussi, y' a pas de raison. Celui-ci s'est intéressé à un personnage qui fait partie de mes familiers (attention un indice : placez la pointe de votre compas sur le lieu où se tient ce dont le prêtre parle, tracez un cercle d'un rayon d'environ 15 km et repérez les collines : sur l'une d'elle se tient la Lucider, étrange chimère à sang chaud, à langue bifide et à crinière abondante ).

Poursuivons avec une petite expo sans bouger vos fesses, et après l'expo descendez vers le billet précédent, pas triste dans le genre étrange et délirant. Sur ce site on rencontre une drôle de personne et en fouillant, on tombe sur des trucs rigolos.

Encore épastouillants sont les photomontages d' Erik Johansson.Très jeune ce garçon mais la valeur n'attend pas le nombre des années comme dirait le vieux Corneille.

Je ne sais pourquoi j'ai pensé à Cactus en allant voir ce que tramait la brigade des clowns qui fait de l'agit prop sur le vaccin. Au passage signalons que Cactus joue du sursite. Ca s'appelle Ciné chiner et c'est bourré d'extraits de beaux films bien allumés dans le genre Le dernier Tango à Paris.

Découvert chez Tania, dont je recommande la fréquentation à tous ceux qui aiment les livres,
une série de petits films (2mn) intitulée "L'objet de". Dix écrivains dans leur univers de travail (soit des empilements de bouquins qui font baver tout amoureux de littérature) nous montrent un objet fétiche et expliquent pourquoi cet objet tient ce rôle. Alberto Manguel présente sa chienne. Ce n'est pas un objet, nous sommes d'accord, d'autant qu'elle parle plusieurs langues y compris le Latin. Incroyable, n'est-il pas ?

Et pour conclure deux belles personnes en plein envol, du bonheur pur.


Photo Crépuscule sur Cendron (Ph. JEA / DR). Extraite des Minimaximes
Encore un maître du fantasmagorique notre JEA de Mo(t)saïques, bien connu des habitués. Gens de passage, étonnez-vous!

vendredi 13 novembre 2009

Trois femmes (im)puissantes


J'ai cherché les synonymes au terme puissance pour y trouver ce qui avait pu autoriser Marie Ndiaye à qualifier les trois personnages (le terme d'héroïnes serait impropre) de son opus, élevé lui, à la puissance du Goncourt. "Domination", "empire", "force","efficacité", énergie", "pouvoir" voire "potentialité". Or, après avoir refermé le livre, ces "Trois femmes puissantes" me donnent le sentiment d'avoir été, moi, grugée. "Trois femmes qui disent non". Ah ? Vraiment ?
La première, Norah, finit par se soumettre au désir du père et renonce à sa situation d'avocate vivant dans un pays libre, pour obéir à l'impérium du père, vieil homme ruiné sur la terre natale, en Afrique, qui après avoir assassiné la dernière de ses nombreuses femmes, en a fait porter la responsabilité à son fils adoré et a convoqué sa fille pour qu'elle s'occupe de la défense de son frère. "Pourquoi serait -elle venue se nicher dans le flamboyant si ce n'était pour établir une concorde définitive. Son souffle était alangui, indolent. Il entendait le souffle de sa fille et n'en éprouvait pas d'irritation. " Ainsi se conclut la première histoire de femme puissante.
De la seconde, on ne sait pas grand chose si ce n'est qu'elle a suivi un grand flandrin blond dont elle avait un enfant pour s'établir en France dans une petite vie mesquine où elle ne peut rien faire, sinon être la femme de cet homme qu'elle ne désire plus. Il a eu maille à partir avec le lycée qui les employaient l'un et l'autre, en Afrique et tous deux sont venus en France après qu'il l'a abusée sur les perspectives qui les y attendaient. Nous sommes surtout embarqués dans la rumination du mari en question, dont les détails sont filandreux et quelques fois très ennuyeux. Il a le crime de son père sur la conscience et il est lui-même habité d'un désir de meurtre, auquel il finit pas résister, de même qu'il se débarasse de sa relation malade avec sa mère. Quand donc va-t-elle enfin se manifester la puissance de Fanta, en dehors de cette obstination à se refuser à cet homme? Il faut ajouter foi aux quelques lignes qui clôturent le châpitre. Elle a gagné une bataille sans la livrer et retrouvé le sourire et le lecteur sa liberté de passer au chapitre suivant.
La troisième, Khady Demba, puise dans l'incantation de son nom des ressources de vitalité dont elle a bien besoin pour affronter l'iniquité absolue dans laquelle elle tente de survivre, essentiellement en s'absorbant dans une sorte de jouissance de la solitude et de la rêverie. Après n'avoir songé et organisé sa libido que dans le désir d'enfanter, et en vain, quand son mari meurt brutalement, elle se retrouve reléguée par sa belle-famille qui l'expédie vers la France, du moins vers ces filières qui drainent les malheureux candidats à l'immigration. Un instinct de survie lui fera sauter de l'embarcation pourrie sans doute vouée au naufrage mais ce sera pour tomber de Charybde en Scylla ou plutôt des dangers de la noyade à ceux du dépérissement dans le désert, sans oublier la case prositution.
Dans les trois situations," ces femmes qui disent non " développent surtout une capacité à accepter le sort qui leur est fait. Elles ont sans doute une force qui les maintient en vie quand d'autres deviendraient folles ou se laisseraient mourir, mais à aucun moment elles n'ont réellement une emprise sur leur vie. leur seule puissance est celle de ne pas tout à fait se dissoudre et de garder un soupçon de dignité, y compris dans les situations les plus atroces (la prostitution pour Khady Demba).
L'écriture de Marie Ndiaye ? Encensée au delà du ridicule. Oui belle écriture, mais une forme de maniérisme dans les métaphores, les répétitions, le recours au symbolisme de l'arbre, de la buse, des corbeaux, (pour se rapprocher de la cosmogonie africaine ?) une systématique de la souffrance que n'allège jamais un temps de respiration.
Il me vient le soupçon que si le jury du Goncourt a élu ce livre, c'est qu'il donne une image de l'Afrique qui correspond somme toute à ses propres clichés.
Femmes puissantes ? Femmes flouées plutôt. Sûrement pas des figures solaires de l'énergie des femmes africaines.
Plutôt lire Fatou Diome, Le ventre de l'Atlantique pour rencontrer la belle et joyeuse puissance d'une femme africaine.
Et admirer la grâce, l'énergie et le talent d'Angélique Kidjo

Photo Angélique Kidjo Saharian Vibe

NB. En revanche, je trouve Marie Ndiaye courageuse (courage fuyons) de faire part de ses opinions politiques et Eric Raoult égal à lui-même dans sa muflerie cocardière.

mardi 10 novembre 2009

Peuple Kichwa de Sarayaku Amazonie équatorienne, puissance de la vie

Ce blog débutait et j'écrivais (24 nov 2008)
Anniversaire de Claude Levi Strauss. Cent ans ! Et quelle lucidité ! Avoir compris en découvrant les "sauvages" que les vrais barbares étaient ceux qui partirent à la conquête du monde, forts de l'illusion qu'ils pouvaient en devenir les maîtres quand ils auront été les pires fossoyeurs de sa richesse et de sa beauté.

Je ne sais plus où, en commentaire, j'ai écrit qu'on ne savait pas ce que les peuples colonisés seraient devenus si les envahisseurs avaient plié bagage, voire n'avaient pas conçu ce projet fou d'aller coloniser la terre entière au prétexte (odieusement mensonger) de faire accéder à la civilisation des peuples prétendument arriérés.

J'ai trouvé ce jour cette information, sur un site intitulé délit de poésie. (merci Cathy Garcia)

Inspiré par les Yachaks (Chamanes), le projet « Frontière de Vie » est la création sur le pourtour du territoire de Sarayaku, 300 kms de long et 135 000 hectares de forêt primaire d’une immense frontière d’arbres à fleurs de couleurs. Un symbole à valeur universelle émergera ainsi lentement de la forêt amazonienne, vivante incarnation du désir universel de paix et de protection de la Terre. Ce sera le message de tout un peuple, élan vital, expression de sa volonté farouche de préserver son mode de vie, mais aussi, de créer avec nous une vaste solidarité planétaire.
Deux de ces représentants, dont José Gualinga sous protection d’Amnesty International, après avoir été plusieurs fois mis en danger de mort lors des luttes contre les compagnies pétrolières, seront en France du 12 au 24 novembre 2009. Plusieurs rencontres "conférence-projection" auront lieu.

Je reproduis ici la première, voir les autres sur le site délit de poésie.

Jeudi 12 Novembre : 9h30-12h00 - UNESCO - Paris 7e - Métro Ségur ou Cambronne - Entrée libre - Conférence en présence de Vandana Shiva, Danielle Mitterrand, José Gualinga sur la préservation des savoirs traditionnels "Manifeste sur l’avenir des systémes de connaissance ".


Pour mieux connaître l'aventure de ce peuple en résistance aller ici


Comme on est peu nombreux à s'intéresser à la survie des peuples premiers, je ne vois pas de meilleure utilité à ce blog, au lendemain de la commémoration que l'on sait, de participer de modeste façon à élever ce mur d'arbres et de fleurs. C'est aussi mon hommage personnel à Claude Lévi Strauss

« Nous, nous demandons si un peuple petit comme le notre peut changer le monde.
Peut-être pas !
Mais nous sommes sûr que dans chaque cœur, il y a un peuple qui lutte avec la même force
et si petit soit-il, nous sommes le symbole de la puissance de la vie. »
José Gualinga, Peuple Kichwa de Sarayaku Amazonie équatorienne.

Photos du site Frontière de vie déjà cité.

dimanche 8 novembre 2009

Le vent des blogs 33. Contre

pared palestinia

J'avais l'intention de revenir sur la disparition de Claude Levi Strauss, mais je vais plutôt vous inviter à visiter Lettres libres. Dans son hommage à CLS, Christophe Borhen a choisi une de mes citations préférées dont j'ai usé abondamment ailleurs que sur ce blog :
" La tolérance n'est pas une position contemplative, dispensant les indulgences à ce qui fut ou à ce qui est. C'est une attitude dynamique , qui consiste à prévoir, à comprendre et à promouvoir ce qui veut être. La diversité des cultures humaines est derrière nous, autour de nous et devant nous. La seule exigence que nous puissions faire valoir à son endroit (créatrice pour chaque individu des devoirs correspondants) est qu'elle se réalise sous des formes dont chacune soit une contribution à la plus grande générosité des autres. "
Pendant que vous y êtes, lisez ce qu'il écrit à propos de la commémoration de la chute du mur de Berlin. (lisez aussi avant après, tout est bon dans le Borhen)
Pour ces deux évènements majeurs, voilà, c'est fait, merci Christophe.

Je vais être plus frivole. Grâce à Mon Chien Aussi, je suis en mesure de vous faire découvrir si vous ne connaissiez La linea série télévisée italienne reposant sur un procédé graphique rigolo créée par le dessinateur Osvaldo Cavandoli. Découvrez dans le même temps la Linea interactive de Patrick Boivin. Merci Mon Chien Aussi. (intervenaute prolixe et sagace mais non pourvu d'un lieu personnel sur le ouèbe)

Essayons nous à l'optimisme avec deux sites.
Le premier n'a semble-t-il servi qu'une fois pour déployer une collection de "preuves" au yeux de l'auteur que 2009, est une année d'optimisme

Le second, Bonne nouvelle est un blog qui répertorie les annonces prometteuses de félicité, au nombre desquelles (parmi les dernières) il se mettrait en place un dépannage à destiné aux "usagers légaux" du cannabis dont les vertus thérapeutiques ne sont plus à démontrer mais comme tout médicament, n'est-ce pas, il ne s'agit pas d'en abuser et surtout comme il n'est pas en vente libre (surtout pas!!!) certains "usagers autorisés" mais non fournis tombent en rade. Pour plus d'info donc, le lien utile ci-dessus. Ceci dit, nous vous souhaitons de ne point émarger sur la liste des "usagers en manque".

Petite interruption uniquement dédiée à la musique (les conseilleurs se reconnaîtront, merci les conseilleurs)
The black light Calexico
Patrick Watson
Edward Sharpe and The Magnetic Zeros (celui-là, c'est Yannick qui s'abrite (oui, je sais, encore de l'odieux copinage )

J'ai découvert Histoire d'une passion. Photo, la passion. Du coup vous accèderez à une série de blogs à haute intensité photographique. Il y en a tant que vous devrez vagabonder pour trouver la votre, de passion.

Pour l'intensité cette semaine il y eut cela : le petit chat est mort en deux temps un et deux. J'ai d'autant plus compati que j'aime beaucoup le délire photographique de Dom A, que j'ai eu hélas des chats et chiens exécutés de même manière et que de façon générale le genre de génocide animal pratiqué couramment m'énerve . J'avais déjà éructé à ce propos.

Maintenant d'autres s'interrogent sur l'utilité du chien (ou du chat), pourquoi ne pas les manger tant qu'à les nourrir, d'autant qu'eux aussi pètent et en rajoutent sur le mauvais état de notre atmosphère (il y a un créneau sur l'invention de nourriture non flatulente, car nous-mêmes...)

Enfin bref, comme dit Chr. B, tout cela n'est rien, comparé à ce qui fut et peut encore advenir.
Claude Levi-Strauss se sentait étranger à ce monde qui avait détruit à peu près tout ce qu'il avait aimé.

En point d'orgue, une découverte, (merci Saravati)
Mari Boine Persen chanteuse norvégienne d'origine saami (peuple en voie de disparition, comme les "Natives" d'Amérique du Nord, du Sud, d'Australie, (ajouter à la liste selon votre connaissance). La vidéo suivante illustre quelques unes des monstruosités commises et qui sont bien pires que tout ce que j'ai évoqué.
Pardon, légèreté feinte donc.

Pour conclure, et parce qu'il faut puiser quelque ressource auprès des visionnaires, je vous adresse vers ce superbe poème de Michaux Contre.

Photo : EFE : En Palestine, au Mexique, ou au Maroc, d'autres ''murs de la honte'' restent debout.

vendredi 6 novembre 2009

Les Vases communicants. Sur tes trajets

«(...) pourquoi ne pas imaginer, le 1er vendredi de chaque mois, une sorte d'échange généralisé, chacun écrivant chez un autre ? Suis sûr qu'on y découvrirait des nouveaux sites (...)».
François Bon et Scriptopolis ont lancé l'idée des Vases Communicants. Aujourd'hui Anna de Sandre et Zoé lucider s'invitent réciproquement.
A toi Anna!

Tu vois, c’est dans l’air.
Les pluies crépitent sur des hardes entassées aux pieds d’hommes noirs, leurs mains croisées sur la tête, mais ton crédit est accepté.
Tu baisses les yeux sur ton volant et dépasses les condés sur le trottoir, qui tiennent des avions par la queue en imitant le bruit des hélices dans un sale jeu qui se termine « pour de vrai » à Cornebarrieu.
Tu vois, c’est dans l’air.
Le froid mord aux fesses de petites filles, étranglées entre deux poubelles, mais ce n'est pas lui qui les étrenne, des pères d’abord les ont clouées, des socquettes jusqu’au col Claudine. Ils l’ont narré sur du papier, c’est même passé à la télé.
Tu fixes les yeux sur ton laptop au fond du bus qui passe devant. Ta boîte hier te l’a offert, c’est pas le moment de crier Maman.
Tu vois, c’est dans l’air.
Des retraités enlacent le pied de leur lit dans des « palaces » qui puent le vomi. C’est le bruit des gifles qui dessert leur étreinte, il vient de la chambre d’à côté, celle où il n'y a plus de plainte. La douche à la vieille Suzanne, c’est le croque-mort qui la donnera, quand on prendra de sur ses draps son corps sec et ses pieds froids.
Tu suis des yeux la rame de métro que t’as ratée (mais quel idiot), et quand sur ta tête passe le corbillard tu penses à t’acheter une moto.
Tu vois, c’est dans l’air.
Des groupes d’ivrognes avec leurs chiens salissent l’espace et tendent la main. Tu sors d'une boutique avec des made in China dans un sac plastique et les enjambes jusqu’au tramway. Calé en boule dans ta parka, tu fermes les yeux et penses à Bianca, sa chatte serrée et son string Zara. Tu veux t’acheter un écran plat, mais le dimanche, c’est pas ouvert.
N'en parle pas à Nicolas, il joue au roi dans son palais. Il tranche des têtes à son bureau, Carla dessous, ton fils à l'eau. Deux trois vendus font des salauds, mais tu l'as fermée le premier.
(Tu vois, c'est toi qu'on fout en l'air.)

Participent également aux Vases communicants de novembre :
Ligne de vie et Balmolok
Frédérique Martin et Lephauste
Enfantissages et La méduse et le renard
Annie Rioux et Philippe Maurel
Tentatives et Brigitte Célérier
Pierre Ménard et Joachim Séné
A chat perché et Kill me Sarah
Petite racine et Juliette Mézenc

mardi 3 novembre 2009

Corps de Lune

Beethoven - Walisische Lieder WoO 155 - 19. The Vale of Clwyd ***

Dans les ombres charnues d'une trouée de lune fleurissaient des orties en langues de triton.
Quand il est arrivé sur un pied retroussé, il avait dans les dents un air de violoncelle.
Il marchait en griffant les franges de la nuit, il caressait des nèfles dans le creux de ses mains.
Un flot de verre brisé avait sonné l'alarme et les vieux leucocrotes s'étaient haussés du col.
Le froid avait des ongles, le sol des acqueducs , les ducs des yeux de sel et le sel des diamants.
Il respirait en rond et léchant les nuées, il caressait la pierre pour y bercer ses leurres.
En soupir évadé, en murmure, congédia les factions qui lui tendaient les bras,
"j'irais boire le calice derrière les matricules, derrière les ouvertures que l'on ne choisit pas".

***merci Renato

Photo La lune vendredi 30 octobre 2009. ZL

dimanche 1 novembre 2009

Le vent des blogs 32. La colère non dite


Cette semaine, je serai un peu concentrée sur quelques points sensibles, très sensibles. Afin de vous aider à traverser l'épreuve un petit lien musical, y'a pas de mal à se faire du bien
Musique
Kamizole, après avoir, comme elle sait le faire, vilipender le sieur Besson et son identité frankaoui (il n'est même pas né dans l'hexagone ce reptile) nous offre un lien utile vers la Conférence d'Ernest Renan effectuée le 11 mars 1882 à la Sorbonne, intitulée Qu'est-ce qu'une nation ?
Je vous en livre ici un extrait en soulignant la dernière phrase que je trouve particulièrement savoureuse en ces temps d'In and Out
L'homme n'est esclave ni de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes. Une grande agrégation d'hommes, saine d'esprit et chaude de coeur, crée une conscience morale qui s'appelle une nation. Tant que cette conscience morale prouve sa force par les sacrifices qu'exige l'abdication de l'individu au profit d'une communauté, elle est légitime, elle a le droit d'exister. Si des doutes s'élèvent sur ses frontières, consultez les populations disputées. Elles ont bien le droit d'avoir un avis dans la question. Voilà qui fera sourire les transcendants de la politique, ces infaillibles qui passent leur vie à se tromper et qui, du haut de leurs principes supérieurs, prennent en pitié notre terre à terre. «Consulter les populations, fi donc ! quelle naïveté ! Voilà bien ces chétives idées françaises qui prétendent remplacer la diplomatie et la guerre par des moyens d'une simplicité enfantine». - Attendons, Messieurs ; laissons passer le règne des transcendants ; sachons subir le dédain des forts. Peut-être, après bien des tâtonnements infructueux, reviendra-t-on à nos modestes solutions empiriques. Le moyen d'avoir raison dans l'avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé." C'est fou le nombre d'idées qu'on croyait démodées qui reviennent à la mode. J'ai même lu dans un journal (sais plus lequel) que les trentenaires louchaient vers le mouvement hippie et adoptaient la peace and love attitude.

En attendant la machine à trier le bon grain de l'ivraie mouline à grande vitesse et en enfournant tout ce qui lui tombe sous la roue dentée. Soulef relaie l'info incroyable mais hélas vraie de l'expulsion de deux anciens combattants marocains (91ans et 79ans) de leur logement, dont ils paient le loyer rubis sur l'ongle, mais qui serait voué à démolition. Lisez, ça en dit long sur les nouvelles moeurs et coutumes qui se banalisent partout, pas seulement dans les Préfectures.

D'une autre nature mais aussi révoltant, chez Eric Poindron les poursuites infligées à Bob Garcia, tintinophile dévoué, par Moulinsart, gestionnaire de l'héritage d'Hergé. Prenez connaissance du montant des dommages et intérêts réclamés pour l'utilisation de quelques vignettes et encore dont une partie se trouve être d'allégation mensongère. Reviens Tintin, ils sont devenus fous !

Encore une pub pourrie, découverte en cherchant autre chose à l'INA parce que -sans surprise- elle apparait au nombre des vidéos les plus regardées sur le site.
Dans la même veine, (à bas la pub sexiste) un blog collectif féministe rigolo. Encore ?!! J'ai une excuse, c'est mon ami Phildo qui m'a transmis le lien et en général c'est du bon donc j'ouvre et voilà, je découvre le syndrome de la bouche ouverte. Ca vous en bouche un coin, si je puis dire.

Je termine ce jour avec une petite chanson, spéciale dédicace à tous ceux qui préfèrent aux assertions radicales et sans nuances, l'hésitation bienvenue pour peser ses mots.

vendredi 30 octobre 2009

Prolégomènes


Manu Causse m'a taguée dans la série "Premières fois". Oh non ! j'ai dit. Encore un tag ! Euh finalement c'est le deuxième, le premier j'avais 500 euros en poche et 500 secondes à vivre.
Aujourd'hui pour la première fois j'ai fait du vélo le long du Canal du Midi et j'en avais envie depuis longtemps., Toulouse Matabiau Ecluse de Castanet pour ceux qui connaissent,un petit thé assis au soleil devant l'écluse où justement un bateau se faisait écluser puis retour, 25 kilomètres en tout Il faisait un temps sublime, l'automne était à son apogée de délicieuse déliquescence, le Canal du Midi est un des plus beaux arboretum d'Europe.
Mais ce n'est pas cette première fois que je vous livrerai ce soir (trop fatiguée). Non ce sera une première fois publiée pour la seconde fois puisque je l'avais postée le vendredi 10 avril 2009, 20:34 chez Rodolphe dont le blog s'intitule Ca m'rappelle. Ca vous fera l'occasion éventuellement d'aller y faire un tour.
J'ai hésité parce que j'avais rédigé ce petit texte en commentaire, en remembrance selon la jolie expression de l'ami Rodolphe. Un peu plat peut-être. Enfin bref, ainsi soit-il.
Donc!
Alors que j'en étais aux balbutiements de ma vie amoureuse, nous avions organisé une sortie nocturne très excitante. Il s'agissait d'aller diner à Bonne Anse, lieu très particulier, qui se découvrait à marée basse mais était submergé à marée haute de façon pernicieuse : lorsque l'eau parvenait sur la langue de terre, elle était déjà haute et il fallait patauger et se replier rapidement si on voulait éviter la trempett eet surtout le courant très fort qui rendait la nage difficile.
Nous étions partis munis de kilos de moules que nous allions cuire en terrée ou éclade (chez moi on disait terrée) : disposer les moules en étoile sur une planche, recouvrir d'aiguilles de pin, mettre le feu, quand les moules cuites dans leur eau s'ouvrent sans effort déguster avec pain, beurre et Gros- Plant . J'étais la plus jeune de la bande, fort naïve. Les autres allaient par deux à part quelques garçons et moi. Après la dégustation, l'un deux s' approche de moi et m' entreprend avec rudesse, sans détour.
Qu'est-ce qu'il y a dans ce joli décolleté ? Il prend une poignée de sable et la verse dans le creux de mes seins. Excuses moi, je vais l'enlever et il met illico sa main sous mon pull. Je suis déconcertée et flattée à la fois. A ma façon de me reculer il comprend que je ne suis pas (encore) familière de ces jeux.
La montée des eaux me sauve de mon embarras. Nous devons nous replier. Nous nous séparons pour monter dans les voitures, l'aventure s'arrête là.
Quelques semaines plus tard, une amie plus âgée de deux ans, un écart énorme à cette époque de la vie, m'invite à une fête. Il y a là toute la jeunesse un peu huppée (première difficulté) et tout le monde danse. Je ne suis pas la dernière, j'adore. Tout va bien jusqu'au moment où on sonne. Mon amie me demande d'aller ouvrir. Mon compagnon de terrée se tient devant moi flanqué d'un autre que je connais un peu. Salut, tu connais Frédéric ? Je suis foudroyée de timidité. Le Frédéric passe devant moi sans m'accorder grande attention et grimpe les escaliers à longues enjambées, la fête se déroule au deuxième étage de la villa cossue, espace dévolu aux enfants de la maisonnée. Je m'arrête à mi chemin, je n'ai plus envie de danser, je suis malade de désir et de peur. Je reste au salon en attendant de prendre un parti et allongée sur un canapé, regardant les lumières du petit port scintiller, ne pouvant me résoudre à réapparaître, triturant mon petit roman provisoire,je finis par m'endormir. Quand le frère de mon amie me réveille, tout le monde est parti. Je suis furieuse et humiliée d'avoir gâché ma "première surprise partie".
Par la suite je me suis affermie et j'ai mieux su accueillir ou refuser les demandes de partenaires en recherche de ce qui pouvait bien se cacher sous mon pull.

Photo Lilizen
J'oubliais, il faut plomber à son tour un petit camarade, krat, krat euh Sophie K ? Clopine ? Cactus ? JEA, parce que je crois qu'Anna de Sandre s'est déjà fait épingler, et puis elle vient de déménager, je ne voudrais pas abuser. A vos premières fois mais c'est pas obligé, hein chacun fait comme il veut.

mercredi 28 octobre 2009

Citations hétéroclites pour un jour d'automne ensoleillé


Certains pensent qu'ils font un voyage, en fait, c'est le voyage qui vous fait ou vous défait. Nicolas Bouvier L'usage du monde

« Peu d’hommes aiment longtemps le voyage, ce bris de toutes les habitudes, cette secousse sans cesse donnée à tous les préjugés. » (...) Mes premières patries ont été des livres. » Marguerite Yourcenar Mémoires d’Hadrien.

"Pourquoi cette phrase: apprendre à mourir? Je vois qu'on y réussit très bien la première fois".Une petite fille de douze ans citée par Chamfort

Un souvenir personnel posté aujourd'hui en commentaire chez Petite Racine,

"Maman tu es riche toi? Non mon chéri T'es pauvre alors. Ben non. J'ai compris, t'es tiède."
Un échange entre mon fils (trois ans) et moi (j'étais à des milliers de kilomètres, au téléphone). Cette question essentielle pour lui. Et sa conclusion. Tiède. Sans doute, oui. Ni désireuse de posséder des millions, mais peu tentée par la pauvreté. La classe quoi ! Moyenne...

Photo Henri Zerdoun


dimanche 25 octobre 2009

Le vent des blogs 31.Petite collation sur le gaillard d'avant


Au menu du jour
Pour commencer en apéritif Avishai Cohen pure merveille.

En amuse gueules, un petit pâté rentrée littéraire, facile à stocker dans l'armoire à condiments.

En trou normand, Le peuple de l'herbe

En plats principaux le choix entre plusieurs mets collectifs et quelques individuels.
Les "femmes dégagées", ainsi se nomment-elles, mesclun de bonnes feuilles pleines de sève et fortes en bouche.
La fricassée de fourmis au sein d'une Tempête dans un encrier recettes à plusieurs mains dont celles de Manu Causse très occupé à ne pas perdre sa vie en la gagnant .
La purée à la québécoise qui est un peu spéciale mais vaut pour sa présentation illustrée et dont j'ai eu le fumet par l'intermédiaire du cyclopédiste (celui là je vous le recommande, roule ma poule roule)
La tête de lard à la Rimbus, très persillée

Au fromage un excellent Flipo, crémeux à souhait, après un prix qui encourage la production.

En dessert ce sera des madeleines de chez Dexter, à la crème avec pépites de chocolat. Attention prendre le temps, ça peut être étouffe chrétien, cependant ne pas négliger la petite dernière.

Pour la boisson consulter la carte des vins Henri Lhéritier, recommandé par Michel Onfray soi-même.

Au café vous prendrez bien un Mollat, genre de digestif sans verveine.

Si ça vous tente la TV pourquoi pas mais alors pas n'importe laquelle.

Après ça vous pouvez vous allonger dans une bergère et écouter Water Music (merki Sophie K)

Je vous sens un peu ballonné, ça va aller ? Il vous reste à tester une aimable bizarrerie, un piano qui réenchante le métro ou comment inciter les gens à monter les escaliers plutôt que de se tenir comme bestiaux à l'abattoir sur les escaliers roulants (pourquoi ne pas supprimer les escaliers roulants?). Ca devrait accélérer la digestion
Ils sont fous ces Suédois!

Illustration Hiroshige.

vendredi 23 octobre 2009

Dans quel état j'erre


Tout être en introspection, au lieu d'atteindre à cette simplicité qu'on dit la clé de la félicité, s'empêtre au contraire dans la complexité. Se plaçant en observateur de lui-même, il ne tarde pas à en être le juge, dissociant en lui l'acteur et le voyeur. L'un obéit à ses déterminismes plus ou moins acclimatés, l'autre pèse les opportunités et les erreurs à l'aune d'une éthique, collage hétéroclite d'influences oubliées, de mythes amputés, de superstitions éventées, de théories incertaines, de normes approximatives, de remords parcheminés, de peurs maquillées en audaces. C'est ce qu'il nomme pompeusement sa conscience.

Photo : Caïn, sculpté par Giovanni Dupre (Musée de St. Pétersbourg) Wikipédia