mercredi 2 décembre 2009

Les rois de l'azur foudroyés


Le maigre patrimoine de Baudelaire a été mis à l'encan à l'Hotel Drouot, mardi 1er décembre. Les derniers objets ayant appartenu au poète sont désormais entre les mains de quelques amateurs dont la descendance dispersera un peu plus le léger baluchon, léger en grammes mais pas en picaillons puisqu'on a battu des records
A qui va le butin du fonds Aupick-Ancelle : Madame Aupick était la mère de Baudelaire, remariée au général Aupick, (haï par Baudelaire) et Narcisse Ancelle le tuteur du poète. Avec 176 lots, la vente totalise la somme rondelette de 4.050.000 euros.
Les ailes clouées du poète, ainsi André Chénet intitule-t-il son billet où s'exprime sa colère face à cette nouvelle preuve d'incurie de nos gouvernants. Si La France a les moyens d'offrir des sanitaires de luxe à son Prince, elle n'a que faire de s'encombrer des dernières reliques de poètes, morts depuis longtemps et légèrement maudits de leur temps même si à l'école primaire nous avons tous appris "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle". Eh bien il ne pèse pas lourd il faut croire.
Le poète serait de toute façon encore plus enclin au suicide s'il revenait aujourd'hui sur notre belle planète décorée à l'infini de déchets de plastique. La mer est devenue un dépotoir et certains ilôts un cimetière d'albatros.
Peut-on pousser la métaphore au point de considérer que la poésie a désormais les entrailles encombrées de détritus et que les poètes n'ont plus d'autre issue que de dégueuler.

Pour mémoire et comme une madeleine de nos jeunes années de récitants.

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

L'image est tirée d'un article intitulé le Bateau volant de Jean Marie Le Bris selon lequel l'exploit du Capitaine aurait inspiré Baudelaire.
On peut retrouver la vidéo et un article plus développé sur les albatros victimes de nos déchets ici

40 commentaires:

vinosse a dit…

C'est pas de moi ce texte ???

Vinosse a dit…

Je vais demander des droits...

Grrrrrrrrrrrr

Sophie K. a dit…

Ouaip. Déprimant.
On vous coupe les ailes facilement, dans ce monde, hélas. Et on vous oublie vite.

Zoë Lucider a dit…

@Vinosse, c'est un reproche ou un hommage ?
@Sophie K. ouaip, ma soph, désolée, c'est pas riant comme horizon mais on ne peut pas éviter quelques "allucidées" ou alors d'albatros passer au pélican puis à l'autruche

mon chien aussi a dit…

En même temps, le principal est à la portée de tous...

Zoë Lucider a dit…

@Mon chien, pour Charles ça devrait aller, pour les albatros c'est moins sûr

mon chien aussi a dit…

Si j'en crois l' copain Baudelaire (punk de droite, tout de même), les albatros ont toujours eu la vie dure...

Cactus , ciné-chineur a dit…

l'albatros : pour moi , un des meilleurs Mocky et aussi un des meilleurs Fleetwood !
( hou hou My Dog °

Vinosse a dit…

Dans ma prim'enfance, quand j'avais encore l'esprit "prime", la découverte de ce texte me fut comme la découverte de l'évidence: tout était là, devant mes yeux, il suffisait de prendre et dire...

Depuis, en face, trop de gens cherchent l'évidence à prouver en garnissant les étagères des bibliothèques jusqu'à les faire plier, sans jamais de résultat.
Mais c'est eux qu'on prend au sérieux.

Vilain monde.

Ce poème est la seule chose écrite dont je suis absolument jaloux.

Le Gibi a dit…

4 millions d'euros ! Misère ! Mais au moins la poésie, le théâtre, le roman et la musique échappent à la captation, contrairement aux tableaux et aux scultures qui dorment dans des coffres-forts ou des résidences privées ! L'albatros ne pourra jamais être acheté, na na nère.

Anonyme a dit…

Baudelaire devait évoquer l'albatros hurleur. Pour faire taire ceux qui crient trop fort, on les gave.
Ça marche à tous les coups.

L..............uC a dit…

... C'est pas bien beau!
de l'air!
* * *
(je sors).

la bacchante a dit…

Là, le couvercle ne pèse plus, il a fermé la cocotte sans minute. Mais dedans, cela continue de bouillir...

Unknown a dit…

Avec ce poème,tu me transportes tout droit dans mon collège, je me suis revue en train d'apprendre ces vers.
C'est un billet comme je les aime, qui allie la douceur et la rage. Baudelaire, les albatros et les baluchons légers comme des plumes, qui se dispersent. Gibi a raison, qu'ils prennent le baluchon, nous gardons les poèmes.

JEA a dit…

Votre lien vers Midway.
Avant les albatros, des humains en uniforme avaient testé ce coin mortel du Pacifique.
Résultat : 543 cadavres d'Américains et 900 de Japonais...

Unknown a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Mek a dit…

Je t'aime, Zo.

Dominique Boudou a dit…

Hélas, Zoë, Baudelaire n'est pas "enseigné" à l'école primaire. Bien sûr, il existe quelques francs tireurs comme moi qui, Léo Ferré à l'appui, font passer Baudelaire et Rimbaud. Mais la plupart des instits n'osent pas...

Dominique Boudou a dit…

Baudelaire , punk de droite !!! Voilà comment on banalise un univers !!!!!!!!

Mek a dit…

Merci Dominique.
J'osais pas me lancer encore dans les emmerdes.
J'aime les chattes, mais les chiens… oah.
Pas ma tasse de poils.

D. Hasselmann a dit…

Tout est à vendre : après Breton, Montaigne, Baudelaire...

Mais il faudrait chercher un peu plus sérieusement du côté de Mallarmé, Lautréamont, Sade, et, du côté d'Ornans, fouiller les caves et greniers, bon Dieu !

Zoë Lucider a dit…

@MCA, punk de droite ? c'est osé et faire beaucoup d'honneur aux punks qui sont restés très en deça du paroxysme de Baudelaire
@Cactus, oui pour Mocky (vu y'a longtemps et Fleetwood Mac (cherché, pas trouvé)
@Vinosse jaloux de Baudelaire ? Quelle drôle d'idée!
@Le Gibi, la poésie n'a pas de prix, même si les poètes mangent comme tout le monde, paradoxe insoluble.
@Dom A, c'est une réponse à ce qui précède, il est vrai
@L...c, tu es parti prendre l'air et tu as bien fait, tu peux revenir maintenant.
@La Bacchante, bouillon de culture I presume
@Fredaime, la poésie aurait des vertus de transportation temporelle ? Tu es sûre ?
@JEA, j'ignorais mais ça ne m'étonne pas, il y a des lieux qui deviennent des ossuaires alors qu'ils étaient faits pour être riants et fertiles!
@ É. moi aussi, cher cyclaventurier
@Dominique Boudou, est-il seulement enseigné par la suite?
No comment pour la punkitude
@ É.Evitons les batailles de chiens et chats, restons oiseaux
@D. Hasselmann, tu crois que toutes les mines n'ont pas été explorées ? Optimiste, va!
@ É.

mon chien aussi a dit…

@Zoë. Baudelaire se teignait les cheveux en vert, conservateur comme c'est pas possible, bouffé par la religion, fils à maman et lécheur de cul pour soutirer deux sous. Mais bon, grand poète parfois, mais nul d'autres fois. Y a quand même un paquet de poèmes pas terribles. D'autres merveilleux, je suis bien d'accord. Mais je ne comprends pas pourquoi il faudrait trouver toutes les vertus à un type parce qu'il a écrit quelques bons poèmes. Il a flatté Gautier, ila flatté Hugo, il a flatté Leconte de Lisle, etc. Je ne reproche pas, je constate.
Ça n'enlève rien au talent de cet homme ; come quand on dit que Picasso était un type infect— hargneux, grippe-sou, d'un nombrilisme achevé et qui a tout sacrifié à son ego. n'empêche qu'il a réalisé de très beaux dessins et que ses gravures sont souvent superbes.
Mais pour faire plaisir à certains bien-pensants, je vais dire que Baudelaire était un mec formidablement sympathique, qu'il avait des opinions très avancées pour l'époque, etc, etc, etc. Ça calmera les révolutionnaires en carton.

Cactus a dit…

My Dog , z'avez pris une nouvelle dimension depuis peu !
je réalise qu'en punliant vos commentaires disséminés là ou ici , z'avez la substantifique moelle d'un blog nouveau !

" le blog commentaire " ( qui ne se tait jamais )
je vous vois déjà en votre blog !
donc , chapter one :

_LE BLOG COMMENTAIRE (1)
(le 3 décembre de l'an 2009 chez Zoë à 22:43 précisément )
BAUDELAIRE ( much ado about nothing ? )
" Baudelaire se teignait les cheveux en vert, conservateur comme c'est pas possible, bouffé par la religion, fils à maman et lécheur de cul pour soutirer deux sous. Mais bon, grand poète parfois, mais nul d'autres fois. Y a quand même un paquet de poèmes pas terribles. D'autres merveilleux, je suis bien d'accord. Mais je ne comprends pas pourquoi il faudrait trouver toutes les vertus à un type parce qu'il a écrit quelques bons poèmes. Il a flatté Gautier, ila flatté Hugo, il a flatté Leconte de Lisle, etc. Je ne reproche pas, je constate.
Ça n'enlève rien au talent de cet homme ; come quand on dit que Picasso était un type infect— hargneux, grippe-sou, d'un nombrilisme achevé et qui a tout sacrifié à son ego. n'empêche qu'il a réalisé de très beaux dessins et que ses gravures sont souvent superbes.
Mais pour faire plaisir à certains bien-pensants, je vais dire que Baudelaire était un mec formidablement sympathique, qu'il avait des opinions très avancées pour l'époque, etc, etc, etc. Ça calmera les révolutionnaires en carton._
voili voilou , ma proposition honnête , non ?

Cactus , ciné-chineur a dit…

"puBliant "

mon chien aussi a dit…

@Cactus. Bonne idée, que je vous laisse. Vous ferez sûrement mieux que moi. :)

Zoë Lucider a dit…

@ My dog, j'ai toujours du mal à porter des jugements sur les gens que je fréquente en chair et en os, alors ceux qui sont morts!!! Baudelaire est un poète somptueux même si certains poèmes ne sont pas terribles. Comme pour tous les artistes, on pourrait éliminer mais c'est ce que chacun fait selon ses propres choix.
@Cactus,tu peux le créer ma foi ce blog.

Zoë Lucider a dit…

Et voilà, la bonne idée adoptée

mon chien aussi a dit…

@Zoë. J'avais juste dit qu'il me faisait penser à un punk de droite. Rien de bien méchant. Et plutôt juste quand on connaît sa biographie. Je n'ai rien inventé. Mais on préfère les statues taillées dans le marbre. Et puis c'est un grand poète. Pas dit le contraire. Chez Rimbaud, par exemple, je trouve qu'il y a les 3/4 de ses textes qui valent pas un clou. Pas grave puisqu'il y a un 1/4 qui surpasse tout. Dans la majorité des cas, rien ne résiste.

Vinosse a dit…

Zoe: répondre à chacun, souvent par un raccourci trop court ( un bon raccourci fait prendre le temps moins long, pas le chemin) me semble n'être pas indispensable.
Ça oblige à délaisser plutot qu'à synthétiser...

Cactus a dit…

à propos de plage jonchée de détritus je te ressors ma photo sur potoshop ce jour né , ok , Zoë !

Cactus , ciné-chineur a dit…

Vinosse s'est donc trahi , il joue du synthé , voire plus si affinité !

Dominique Boudou a dit…

Je ne suis pas un révolutionnaire en carton ni même en bulle de chewing gum. Mais Mon Chien m'agace avec la punkitude de Baudelaire. Il ne s'agit pas de le sacraliser mais de le resituer dans son temps. Parler d'homme de droite n'a aucun sens. Dire qu'il était conservateur serait même osé. De toute façon, à l'exception de Jules Vallès et de Hugo sur la fin, ils l'étaient presque tous, conservateurs. Pensez à Flaubert, à Maupassant. Même Zola l'était plus ou moins...

mon chien aussi a dit…

@Dominique Boudou. Je ne vois pas en quoi la punkitude de Baudelaire est agaçante. C'était juste un petit parallèle. Et la droite, il me semble que ça voulait déjà dire quelque chose à l'époque. Courbet n'était pas conservateur, par ex., ni Lautréamont (pour autant qu'on sache), ni Leconte de Lisle, Mallarmé, et il y en a d'autres. Il se fait simplement qu'une certaine pensée l'a amalgamé parce qu'il a été victime de procès. Mais ses Litanies à Satan, c'est vraiment pas grand-chose... Il a des poèmes sublimes et des textes absolument ridicules. Et puis, je me souviens d'un témoignage de Nadar à propos de Baudelaire... ben, pas à l'avantage du bonhomme...

Mek a dit…

Il faut la vivre, cette époque, et voir le moindre chihuahua émettre sa petite critique brune de l'Everest ou de la Cordilière. « C'est pas si grââând. C'est pas si bôôô. C'est pas môôôche non plus. Môa je fais mieux, si chfeux. »

Chaque jour me laisse sidéré, ébahi, flaberghasté.
:0)

mon chien aussi a dit…

Ben le chihuahua, il croit que sur Terre, il n'y a que des chihuahuas, et ce qu'il aime c'est quand un chihuahua arrive à faire ce qu'un autre chihuahua n'atteint pas... en même temps, ça lui donne du courage parce qu'il se dit que ce qu'un chihuahua peut faire n'importe quel chihuahua peut espérer le faire. Ça s'appelle l'égalité fondamentale entre les chihuahuas. C'est pour ça qu'il ne considère pas les défauts des autres chihuahuas comme des choses rédhibitoires et des infamies mais plutôt comme des nivellements vers la nature canine générale. Un véritable incitatif.
Mais quand on a une âme d'esclave, c'est difficile à comprendre.

Florian a dit…

On n'est pas juges. On a la chance, de là où on est, de jauger sur le seul baromètre sérieux du temps : la Commune. Un petit peu également sur les positions pendant 1848. mais surtout la Commune. Il y a les mots et les actes. La plupart en effet étaient conservateurs, certains réactionnaires, on peut ajouter Renan, Taine, Louis Blanc, George Sand, Béranger, d'Aurevilly (qui ne s'en cachait pas), Hugo et Lamartine étant monarchistes très jeunes mais intéressants en 48. Flourens avait rencontré Hugo pour le prier, sinon de rallier les communards, du moins de faire une déclaration en leur faveur. Le "maître" n'a pas rallié, est resté dans une sorte de neutralité bienveillante tout de même pour les hommes de la Commune, et s'est bien comporté par la suite comme parlementaire envers Garibaldi et les exilés calédoniens. En 1871, La peur des Rouges était déjà grande. Marx et Proudhon, Blanqui, étaient lus et craints. Le monde bourgeois, auxquels appartenaient tout de même ces écrivains, était l'ennemi à abattre. Ils n'écrivaient pas pour le peuple, mais pour une sorte d'élite. L'élite avait l'argent pour acheter les livres. L'élite était bourgeoise. L'écrivain du 19e était lui aussi, comme aujourd'hui, dans le principe de réalité. Rochefort était terrible avant la Commune; pendant, c'était une autre histoire. Il a déçu, a mouillé aux côtés des Jules (Favre, Ferry, Trochu), c'était une manière de caution "populaire". Le pire était à venir avec Rochefort, le boulangisme. Remarquez, ce même peuple, communard, a acclamé le général Boulanger quelques années après. Qui plus conservatrice que la populace ? Villiers de l'Isle Adam et Vallès (qui s'est battu contre Versailles, plus qu'à son tour) sont logiques avec eux-mêmes en 71. Rimbaud, il y a eu des controverses, surtout par ses laudateurs, n'a pas été communard. Il avait 16 ans, faut voir... Zola est aujourd'hui considéré comme le chantre des ouvriers, des mineurs, il éxecrait l'idée naissante du communisme. Au final, Lénine et comparses ont beaucoup analysé la Commune pour celle de 17, et se sont beaucoup méfiés des intellectuels (dont ils étaient). D'où l'intransigeance et la chappe de plomb à venir. La Commune, pour les Bolchéviques, a été un brouillon. Quand ils ont mis au propre, ça a donné Staline.

Mek a dit…

Non, non, non. Il est temps, presque 100 ans après, d'arrêter ces conneries. Antony Sutton a prouvé les liens financiers liant Lénine au Kaiser (des millions de marks), Trotsky à la Federal Reserve (des dizaines de millions de dollars) et Roman Brackman a démontré les liens reliant Staline au Tsar.

Ne retenez pas votre souffle, mais je m'apprête à publier les attaches reliant ensuite (à compter de 1917) l'industrie de l'acier basée au 120 Broadway NY-NY et ce pathétique mafioso de Djougaschvili.

On vous enseigné d'autres choses à l'école ? Voilà qui devrait vous foutre le prépuce à l'oreille. Sutton a publié Wall Street and the Bolchevik Revolution en 1976. L'Histoire officielle n'en a rien à foutre.

Un exemple patent ? QUELLE RÉVOLUTION D'OCTOBRE ? Connerie, encore une fois. Y a bien un coup d'état en novembre. La révolution, elle, la gratuite, faite par le peuple qui en a marre, se passait en février. Mais en février, Lénine est à Zurich dans son divan moelleux, Trotsky est l'invité de Rockefeller à New York, Staline est au vert dans un exil soft dans l'Est…

Pardonnez-moi de m'énerver.
Je vous aime.

Florian a dit…

Tu peux t'énerver, E. Pas de problème.
Je ne parle pas de la même chose. Tu le vois, quand même ?
Dire que Lénine a analysé la Commune, ses résultats et ses échecs, n'est pas antinomique avec la recherche de moyens que tu évoques. Ton "non, non, non", du coup, est spécieux. Je veux bien discuter, mais tu réfutes quoi, au juste ?
As-tu étudié, pas à l'école, les manuscrits de Karl Marx sur la Commune de Paris de 1871 ? Ces textes ont été écrits pendant les évènements eux-mêmes, et ont donné le texte final de "La Guerre civile en France". Un petit extrait :
« Le fait que la révolution est faite au nom et dans l’intérêt déclaré des masses populaires, c’est-à-dire des masses productrices, c’est un trait que cette révolution a en commun avec toutes celles qui l’ont précédée. Le trait nouveau, c’est que le peuple, après le premier soulèvement, ne s’est pas désarmé et n’a pas remis son pouvoir entre les mains des saltimbanques républicains des classes dirigeantes ; c’est que, par la formation de la Commune, il a pris dans ses propres mains la direction effective de sa révolution et a trouvé en même temps, en cas de succès, le moyen de la maintenir entre les mains du peuple lui-même, en remplaçant l’appareil d’État, l’appareil gouvernemental des classes dominantes, par son appareil gouvernemental à lui. »
Maintenant, que tu me dises que la bourgeoisie a toujours profité des fièvres populaires, tu n'inventes pas l'eau tiède en disant ça.
1789, où les possédants ont utilisé le peuple pour les installer au pouvoir, et les y substituer au noble sang.
1830, où le peuple aida Thiers à renverser Charles X, pour qu’il l’écrase peu après rue Transnonain.
1848, où le Printemps des Peuples permit la IIe République, pendant laquelle Cavaignac massacra 5000 ouvriers, tout en préparant la Présidence de la douce république à Bonaparte.
1870, où les Jules (Ferry, Favre, Simon, Trochu) baptisent la République au nom du peuple, qu’ils écraseront pendant la Commune, à l’aide des canons amis (c’est-à-dire prussiens). Il n'y a pas un exemple ou le peuple n'est pas le dindon de la farce.

Florian a dit…

Pour revenir au poème de Baudelaire, il illustre bien, je trouve, la place des poètes, des visionnaires, dans les révolutions ou les remous du siècle :
"indolents compagnons de voyage". Quand ils se mêlent au cambouis, ils sont souvent maladroits, et les autres "miment, en boitant, l'infirme qui volait".
Hugo pourrait être l'exemple type, d'où sa réserve.