dimanche 13 mars 2016

Debout !

Le temps passe , la vie passe, passe le temps.
Une très méchante grippe m'a empêchée de me régaler de mon petit voyage à Florence. Il faisait un temps de chien, l'avion m'avait rendue sourde d'une oreille, je toussais et mouchais sans discontinuer (pas très agréable pour mes compagnons de séminaire, tous très gentils fort heureusement ). Rencontré quelques sympathiques activistes dont cette jeune femme grecque qui s'occupe de mettre sur pied une coopérative pour permettre aux réfugiés de s'organiser de façon autonome Il faut dire que la Grèce paie très cher d'être sur le chemin de l'Europe, alors que des barbelés et des murs s'instaurent pour empêcher les flux de familles, qui fuient les désastres syriens et irakiens, de pénétrer vers l' Europe des nantis . Ceux de l'Est qui sont les plus déterminés, devraient se rappeler les murs qui les ont tenus prisonniers dans leur propre pays pendant plus de 40 ans. Quant aux autres, ils ont vécu un exode ou un autre au cours du dernier siècle. Les Grecs eux, déploient le peu de moyens qu'ils ont pour venir en aide à tous ces malheureux. Honte à la pusillanimité de nos pseudos gouvernants. 

Eu le temps quand même d'aller rendre visite à la ville. Bref aperçu elliptique : le fameux Ponte Vecchio, coucher de soleil sur l'Arno et Gepetto et son enfant de bois. Les vitrines de Florence sont toujours aussi merveilleuses. Je n'ai pas pu en accumuler un florilège, je ne marchais pas seule et c'est toujours un peu compliqué de ralentir le rythme selon ses propres envies. C'est pour ça que j'aime bien me promener seule... aussi.






A mon retour, plus grippée que jamais, je n'ai pas pu aller à la fête des femmes. Une petite compensation cette interprétation par la Compagnie Jolie Môme de l'hymne consacré .





Le lendemain grande manif contre la loi El Khomri, c'est pratique de faire porter par les ministres femmes les lois les plus impopulaires. Un hasard ? Je ne crois pas. Je voulais en être. Il pleuvait, j'étais frigorifiée, je me suis contentée de regarder défiler une partie du cortège puis je suis allée chercher refuge au chaud.

Foule-manif.jpg

Bien aimé le slogan "Vous pensiez vraiment qu'on allait rester sur twitter ?". Et encore "Rose promise, chomedu". Florilège ici
 
Le surlendemain, médecin, antibiotiques -une entorse à mes habitudes anti médicamenteuses mais il y a des limites à l'obstination-. Dix jours au bord de l’asphyxie, ça use. Ça va  mieux  merci.
Le printemps encore timide panache ici et là ses couleurs toutes neuves. Allons, l'hiver est derrière nous. Pour le reste...

lundi 22 février 2016

Quelques heures en bonne compagnie

La première des douze nouvelles du recueil que nous a  concocté Frédérique Martin donne le ton. Nous entrons dans un monde où on peut vendre sa mère (Le désespoir des roses), venir interviewer un candidat au suicide sans pour autant le dissuader (Dites nous tout), se marier juste après avoir surpris son futur avec sa meilleure amie dans une position sans équivoque (Les alliances), choisir son futur enfant sur catalogue (Le fruit de nos entrailles), devenir star d'un jour dans un hyper sans avoir rien demandé, et être jetée en pâture aux envieux (Le pompon du Mickey) ou encore rendre visite à l'assassin de sa femme, et lui infliger non pas le spectacle de sa douleur comme le font la plupart des victimes mais la disséquer pour l’inoculer en retour. Frédérique Martin nous entraîne dans un univers impitoyable avec ardeur, humour et à revers des situations le plus souvent épouvantables avec toute la délicatesse d'une dentellière des émotions humaines. "Du pur malt et bien tassé" comme l'annonce la quatrième de couverture. J'envisage de te vendre (j'y pense de plus en plus). Belfond
Couverture J'envisage de te vendre
Tout autre chose, mais également pétri d'humour, La joyeuse complainte de l'idiot. Michel Layaz. Éditions Zoé, 2004, réédition chez Points-Seuil, 2011. Points. "La demeure", comme son nom l'indique accueille des demeurés, c'est à dire des sujets qui ne sont pas parvenus à se dépouiller suffisamment de leur singularité pour se faire admettre dans le monde dit "normal". Ce lieu nous est décrit par un des résidents dans une langue extrêmement châtié, précise, car nous avons affaire à un amoureux des dictionnaires et à un fin observateur des personnages qui l'entourent. Les adultes, gardiens de cet univers, ont également trouvé refuge dans ces lieux pour cultiver en paix les manies les plus drolatiques qui les habitent. Madame Viviane veille,  reine de cette ruche où coule le miel de la bienveillance et où on prend soin de nourrir les pensionnaires des mets les plus délicieux. De sorte que leur départ (obligatoire après 21 ans) est un crève-cœur. Michel Layaz, par l'intermédiaire de ses "joyeux idiots" nous donne en pâture quelques unes des absurdités qui font le bonheur de nos normalités. Un délice! Je découvre cet auteur, je vais le visiter plus longuement.





Jane Campion  par Jane Campion Michel Ciment Cahiers du Cinéma,


 Une plongée dans la vie et l'oeuvre de cette cinéaste, une des rares femmes a avoir décroché une palme à Cannes pour la leçon de piano (1993). L'intérêt de l'ouvrage tient, outre à l'excellente iconographie, plus de 280 illustrations tirées des films de Jane Campion, aux entretiens qu'elle a accordés à Michel Ciment au fur et à mesure de la sortie de ses films. On découvre à la fois le processus de création, l'intrication entre sa vie et ses films qui sont soit directement inspirés de sa propre vie, soit des adaptations de livres qui l'ont accompagnés. C'est le cas de "Un ange à ma table" inspiré de la trilogie autobiographique de Janet Frame (To the Is-Land, An angel at my table,The Envoy From Mirror City). Je ne passerai pas en revue l'oeuvre de Jane Campion, le livre le fait très bien (empruntez le à la bibliothèque si vous ne pouvez vous l'offrir, c'est ce que j'ai fait), je vais juste vous livrer un passage de l'entretien du 23 avril 1993 à propos de la leçon de piano.
-Dans vos films la mort est liée à la nature , Sweetie meurt en tombant de l'arbre. Dans un ange à ma table, deux sœurs meurent en se noyant. Ici, Ada a presque péri dans la mer.
"Je n'y ai pas pensé, mais je vais tenter de trouver une réponse! Il se peut que ce soit toujours la même histoire : on croit  pouvoir contrôler la nature, et elle est plus forte que vous. Pour survivre, il faut faire une trêve avec elle, se montrer humble et accepter la part de nature qui est en vous. La volonté humaine peut devenir disproportionnée dans son rapport au monde. Enfant on croit être le maître du monde, et on apprend qu'on ne l'est pas, sinon on se prépare des temps difficiles".

Une petite citation pour conclure: Un peuple qui élit des corrompus, des renégats, des imposteurs, des voleurs et des traîtres n’est pas victime, il est complice ! (George Orwell)

Je pars quelques jours au bord de l'océan, m'oxygéner les neurones.

lundi 8 février 2016

De la civilisation

Comme je ne suis pas beaucoup venue ces derniers temps sur ce blog, si ce n'est pour éradiquer les commentaires pourris du billet précédent, je reviens avec quelques réflexions en vrac, inspirées par mes dernières lectures ou pérégrinations

"Contrairement à l’idée selon laquelle le mode de vie de la culture dominante est « naturel », les êtres humains ont vécu en petits groupes écologiques, participatifs et équitables, pendant plus de 99% de l’histoire de l’humanité."
Où l'on apprend si on ne le savait déjà les méthodes "douces" de Christophe Colomb (autoproclamé « vice-roi et gouverneur » des Caraïbes et des Amériques")  qui ont permis de faire passer la population des "sauvages " indigènes en trois ans de 8 millions à 3 millions. En 1514 il ne restait plus que 22 000 indigènes, et après 1542 ils étaient considérés comme éteints. Bel exploit!
Un article éclairant sur les soi-disant  bienfaits de notre si belle civilisation qui s'est exportée partout dans le monde au détriment des êtres humains qui n'envisageaient pas la conquête mais une vie paisible et dénuée de violence Retour sur : la civilisation Par Aric Mac Bay.
 
J'étais à Bruxelles et le contraste était particulièrement violent  entre le petit hôtel chaleureux où j'ai dormi, situé sur Place du jeu de balle, où se tient tous les jours le marché aux puces, et les folies mégalomanes du quartier du Parlement européen. Ce sont des gouffres à énergie qu'il faut chauffer ou refroidir à grands frais. Ce n'est nullement agréable, tous ces lieux sont calqués sur le modèle américain, tout est trop! On se perd dans les couloirs. Seul bon point à mes yeux une buvette où on trouve du café à 50 centimes et des sandwichs à deux euros. On aménage les prix pour ces malheureux députés. Enfin bref! Très civilisé!

A Paris, j'ai fait un petit saut dans une galerie de la rue Quincampoix (je n'étais pas repassée par cette rue que je connaissais plutôt comme haut lieu des "filles de joie"). Thaddée ne peut être qualifiée de fille de joie sauf si on donne à cette expression sa valeur littérale. L'exposition de ses collages "Les demeures de l'esprit " était délicieuse, son travail est d'une délicatesse inouïe. Quant à son univers, disons que cette jeune femme est un peu perchée et navigue entre des espaces temps improbables. Elle découpe de vieilles encyclopédies et réalise ses collages en associant ses captures selon une logique à elle seule connue mais qui procède d' un étirement onirique  entre passé et futur. Un trait d'union entre ces temps où le progrès s'enregistrait dans les encyclopédies pour les temps futurs et  notre époque de chamboulements incessants.



Thaddée a un très joli rire. J'ai eu le plaisir de bavarder quelques minutes avec elle. Nous avons évoqué ce bon Depluloin * dont nous devrions retrouver prochainement une compilation des billevesées sur un site. Je ne manquerais pas de signaler le déménagement si Thaddée nous alerte.   

Lu Pas Liev de Philippe Annocque ou comment entrer sous le crâne d'un simple d'esprit. Plus de repères, ni d'espace, ni de temps, pas de logique dans le déroulement, seulement le questionnement récurrent de Liev sur sa propre réalité. Liev ou plutôt Pas Liev place en abime toute certitude et nous sommes nous-mêmes sans cesse sur l'expectative. De quoi cet homme nous parle-t-il sinon des ruminations qui habitent tout à chacun, des spéculations que nous osons à partir d'éléments ténus de la réalité, des rêves absurdes qui nous visitent y compris les yeux ouverts.  Ce long monologue nous conduit vers une fin,  un peu comme des "Souris et des hommes", sauf que nous sommes avec George du début à la fin et qu'il n'y a pas de Lennie pour le protéger.

Pas Liev, Quidam éditeur, octobre 2015

Le spectacle  Ici les aubes sont plus douces  a eu lieu le dernier jour à Toulouse devant une salle largement occupée par des amis. . Nous sommes sur le front russe avec des femmes soldats, des femmes à peine sorties de l'enfance et plongées à corps perdus dans la guerre. La guerre fait paraît-il partie de la civilisationPerformance très puissante. A la fin, silence absolu! Un temps nécessaire pour émerger de l'énergie déployée par les acteurs dans ce combat perdu de la vie contre la guerre. Puis applaudissements chaleureux.

Le lendemain grande tablée avec ceux qui étaient venus de loin et avaient dormi sous notre toit. Nous avons pris notre repas  sur la terrasse. Décidément les hivers sont si doux. Trop ?

 
*Une de ses amies a publié des brouillons (était_ce une bonne idée?) mais le site devrait déménager. En attendant vous pouvez visiter son humour unique    

mercredi 27 janvier 2016

Merci madame Taubira

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"Fière. La Justice a gagné en solidité et en vitalité. Comme celles et ceux qui s'y dévouent chaque jour, je la rêve invaincue."
"Parfois résister c'est rester, parfois résister c'est partir. Par fidélité à soi, à nous. Pour le dernier mot à l'éthique et au droit.". Ce sont vos commentaires à la suite de l'annonce de votre démission

Merci pour votre courage, votre rigueur, votre humour, votre profonde humanité. Votre départ sonne le glas d'un espoir de justice qui ne serait pas aux ordres.
Vous avez tenu jusqu'au bout, jusqu'à ce moment butoir où vous auriez dû défendre une loi que vous trouvez -a juste raison-  inique.
Toute la droite et une partie de la gauche pousse un soupir de soulagement.
Moi je suis un peu plus triste de constater qu'il y aura de moins en moins de voix pour faire entendre l'exigence de justice.
Vous ne quittez pas l'arène, j'en suis sûre, vous êtes à nouveau libre de parole. On a besoin de votre courage, celui qui vous a animée face aux quolibets indignes des députés et face aux multiples chicanes qui vous ont freinée dans vos projets de rénovation d'une justice encore  moyenâgeuse à bien des égards. Alors à bientôt.

vendredi 15 janvier 2016

Lettre ouverte de Dieu à la rédaction de Charlie Hebdo,

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dieu-oeil

On m'a envoyé ça sur une de ces listes qui circulent dans ma boite à courrier. L'auteur en est Smail Goumeziane, Algérienéconomiste et ancien ministre du Commerce, écrivain. Il dit bien mieux que je ne saurais moi-même l'exprimer ce que je ressens sur toute cette affaire et avec un humour subtil. Merci monsieur Goumeziane. 

Lettre ouverte de Dieu à la rédaction de Charlie Hebdo,



Chers créatures,



Votre dernier numéro de ce mercredi 07 janvier 2016 m’a beaucoup interpellé. Notamment par sa couverture. Ainsi, je serais le coupable désigné des crimes atroces perpétrés, il y a tout juste un an, dans les locaux de votre journal. Un assassin qui, selon vous est toujours en train de courir. Cela m’attriste beaucoup, au point que si j’en avais le pouvoir, je descendrai sur terre,  et me présenterai au premier commissariat de police français, pour m’y rendre.

Je pourrais même plaider coupable, non seulement pour cette horrible tuerie, mais aussi, pourquoi pas, pour tous les crimes commis sur terre depuis les origines, et notamment : les massacres de juifs au temple de Salomon, la crucifixion de mon propre fils Jésus, les massacres réalisés tout au long de l’empire romain, la décapitation du propre oncle de Mohammed et de son petit-fils Hussein, les massacres commis par l’inquisition et ses guerres de religion, les génocides coloniaux, l’extermination de millions d’êtres humains lors de l’esclavage, les atrocités et autres crimes de guerre perpétrés lors des conflits mondiaux, les ravages du stalinisme, l’indicible Shoah froidement exécutée lors du second conflit mondial, et aussi, tous les massacres perpétrés au Moyen-Orient depuis des décennies et qui ont vu la mort de millions de musulmans, et le déplacement de millions de réfugiés…

Tout cela serait tellement simple. En un seul procès, forcément par contumace car je ne réside pas sur terre, - même si je suis partout chez moi -, tous les crimes, toutes les horreurs seraient effacées. Plus aucun être humain ne serait responsable de quoi que ce soit. Tous les bourreaux vous remercieraient. Le monde serait enfin débarrassé du mal absolu. Tout irait pour le mieux : plus de guerres, plus de terrorisme, plus de crimes, plus de pauvreté, plus de misère, plus de chômage, plus de discriminations, plus d’inégalités… La liberté serait totale. La Paix éternelle.

Le problème, c’est que ce n’est pas si simple. C’est pourquoi, en toute conscience, je suis prêt à  me porter non coupable. Non pas que je veuille, comme vous le supposez me défiler, mais uniquement pour vous aider à identifier les vrais coupables. N’ai-je pas dans mes différents messages à divers prophètes indiqué que j’avais créé l’homme libre, non seulement de ses actions terrestres mais même de ses croyances et de ses idées.  Ainsi, il pouvait croire en moi et en mes messages ou ne pas croire en moi. Eh oui, c’est moi qui ai permis l’athéisme. Ce faisant, je précisai que l’homme, doté d’un cerveau et d’une capacité de raisonner, était responsable de ses actes terrestres. En un mot, qu’il était redevable de ceux-ci auprès de la justice des hommes. Quand à sa spiritualité j’en faisais mon affaire pour l’au-delà. Pour ces raisons aucun homme, y compris se réclamant de moi ou de mes prophètes, ne peut revendiquer ses actes délictueux et criminels  en mon nom, encore moins les justifier par je ne sais quelle vengeance me concernant, ou mes prophètes, pour de supposés blasphèmes et autres insultes que généreraient certaines de vos caricatures. Il y a longtemps que mes prophètes et moi-même subissons de telles outrances et des violences encore plus graves, sans que cela nous interpelle plus que cela. Dans bien des cas, lorsque ce fut nécessaire, cela se régla par le pardon, une des vertus cardinales contenue dans mes messages.

Il est vrai, cependant, que parfois certains hommes d’Eglise (de Mosquée ou de Synagogue) ont déformé mes propos et agi plutôt en hommes qu’en serviteurs de Dieu. Après tout ce ne sont que des hommes. A ce titre, ils sont comme les autres hommes, sujets aux passions, aux intérêts contradictoires, voire aux rêves de puissance. C’est donc eux qu’il faut blâmer et non leur créateur. Il y a longtemps qu’ils sont, comme tous les hommes, libres et responsables de leurs pensées et de leurs actes. Et, la régulation politique, notamment dans les systèmes démocratiques inventés, à bon escient, par d’autres hommes, ont su contenir toutes ces contradictions dans des limites supportables, par une gestion plus ou moins pacifique des conflits d’intérêts. Dans le cadre de ce que d’aucuns appellent la laïcité, c'est-à-dire la séparation des institutions religieuses de l’Etat, et le strict respect de chaque culte et, au-delà, de toute spiritualité.

Quant à ceux d’entre les hommes qui n’hésitent pas à tuer en mon nom ou en celui des prophètes, ils sont encore plus responsables car ils mettent en danger la planète entière tant leur violence est aveugle et source de terreur au niveau de tous les humains, quelle que soit leur spiritualité.  Dès lors, peut-on encore croire que je serai l’initiateur de leurs crimes ? Insensé, cela reviendrait aussi à me rendre tout aussi coupable du réchauffement climatique ! Allons, il faut garder raison. Si les hommes, -certains hommes ou groupe d’hommes -, comme vous le croyez à juste titre, sont la cause du réchauffement climatique, pourquoi voulez-vous que cela ne soit pas le cas pour ce qui concerne le « réchauffement politique », communément appelé terrorisme ?

C’est pourquoi, je voudrais juste vous inviter à ne pas vous tromper d’ennemi car, paradoxalement, vous feriez le jeu de ces terroristes sans foi ni loi, et de tous les extrémistes qui cherchent à détruire l’humanité plurielle, dans ses identités multiples, dans ses croyances diverses, dans ses manières de vivre, et dans sa capacité, sans cesse renouvelée, à libérer les hommes et les femmes, par diverses luttes,  de leurs contraintes de vie sur terre. En ce sens, pour élargir à juste titre votre liberté d’expression, il ne faut pas me « diaboliser », mais d’abord chercher à libérer, en permanence, les hommes et les femmes, - tous les hommes et toutes les femmes -, de toute forme d’oppression et de domination, face au terrorisme, à l’autoritarisme, aux impérialismes, tout autant qu’aux diverses formes de recul démocratique générées par une mondialisation effrénée capable de toutes les alliances contre nature et partisane, partout, de la politique du bouc émissaire.

Excusez-moi de la longueur de ma lettre. Après tout il y a tellement longtemps que je n’ai pas parlé aux hommes. Voilà, je vais me taire. Quant à vous, continuez votre travail. Faites rire les hommes et les femmes mais pour les rassembler et les libérer. Pas pour les opposer ou les diviser. Pour qu’ils rient d’un rire salvateur et non d’un rire mortifère. Sans rancune.


DIEU


PS : si nous pouvions nous rencontrer, je vous raconterai bien des histoires drôles me concernant, diffusées depuis des siècles dans diverses cultures et y compris par des gens d’Eglise, de Mosquée ou de Synagogue… Certaines d’entre elles ont fait l’objet de publication.



vendredi 1 janvier 2016

Résolutions pour 2016 ? Boaf !


Je ne sais pas vous, mais les résolutions de début d'année, il y a longtemps que ça me fait doucement rigoler. De même le discours lénifiant de notre charmant président .  La seule résolution qui vaille c'est d'essayer de faire de son mieux et on n'est pas un héros. Les héros sont fatigants  -et fatigués d'ailleurs si j'en crois les déclarations de nos vaillants gardiens de la paix (hum).


 

Continuez à faire comme vous pouvez, avant tout ne pas nuire, ce n'est déjà pas facile, pour le reste... que cette année vous soit clémente, qu'elle soit chaleureuse et gaie. C'est parti pour 365 jours incertains, 52 semaines aventureuses et quatre saisons capricieuses. Et n'oubliez pas, le plus important, c'est d'être pas mort!



lundi 28 décembre 2015

Le bêtisier de l'arbre



   

Je ne suis pas masochiste et ne vais pas aller rechercher les bourdes que j'aurais commises pour les resservir en clôture d'une année qui aura été assez mortelle : assassinat des humoristes de Charlie, asphyxie de l'expérience grecque d'émancipation, mort de certains de mes amis ou de mes admirations (Solveig Anspach par exemple), assassinat de jeunes gens au milieu d'une nuit de fête, élections régionales calamiteuses,  assassinat de la liberté fomentée ces jours derniers avec un état d'urgence accolée à une "déchéance" (mot affreux) de nationalité (comme si les terroristes se souciaient de conserver une appartenance autre que celle de leurs factions de tueurs).
Non, mes bêtises en cette fin d'année sont les légèretés que j'ai réussi à sauver en dépit des manigances de la mort pour nous boucher l'avenir, les plaisirs arrachés à la mornitude du quotidien. Ce sont essentiellement les voyages, les livres, les films, les diners entre amis, les complicités avec mes enfants et leurs créations. 
Une petite brassée de mes dernières sucreries, les bêtises sont aussi des délicatesses, n'est-ce pas ?


Je n'ai pas eu le temps d'en parler mais le très beau film "Le bouton de nacre" a été un de mes émerveillements de cette année. Non seulement pour la beauté des images mais surtout la force du propos. Je vous invite à lire ce qu'en dit Alain Lecomte ici et que j'ai découvert ce jour. Patricio Guzman avait réalisé une autre merveille  où se mêlaient également histoire du Chili et phénomènes naturels extraordinaires. Le bouton de nacre filme l'eau et ses transformations en Patagonie et croise la férocité de la junte de Pinochet et celle des colons qui ont privé les peuples premiers de leurs terres, de leurs cultures, de leurs langues.
Nostalgie de la lumière est situé dans le désert d'Atacama où l'air est si sec et si pur que les astronomes du monde entier y ont installé leurs énormes télescopes. Pendant qu'ils fixent le ciel, y guettant les manifestations des corps célestes, des hommes et des femmes (surtout des femmes) scrutent le sol à la recherche d'ossements. Le désert a été un lieu de relégation des corps suppliciés par les bourreaux de Pinochet comme la mer a accueilli les cadavres attachés à des rails de chemin de fer,  jetés des hélicoptères militaires.

Quelques livres  : Ayerdhal, mort le 27 octobre , alors que j'étais à Rennes chez mon amie Pomme, sœur de sa femme. Découvert ainsi cet auteur dont j'ignorais tout puisque je suis peu attirée par la science-fiction. A tort sans doute. "Parleur, Chroniques d'un rêve enclavé", situé au Moyen âge  est la tentative d'émancipation d'une petite communauté contre l'impérialisme politique et religieux, liberticide et gourmand en impôts. Hélas totalement transposable à notre nouveau millénaire, cette invention de démocratie directe, cet essai fouriériste trouve une issue fatale. Les personnages sont attachants, le style extrêmement maitrisé, les dialogues ajustés. Un régal.   


 

Tout autre et pourtant  proche dans l'esprit, Mille femmes blanches de Jim Fergus. Cette fois nous sommes chez les indiens à la fin du XIXe siècle. Little Wolf grand chef cheyenne passe un accord avec "le Grand -Père blanc", mille femmes contre mille chevaux. Ces femmes sont sensées donner des enfants métis vecteurs d'une assimilation réussie des Indiens au sein de la société blanche. L'histoire est consignée dans les carnets de May Dodd, femme blanche rebelle aux conventions de sa famille bourgeoise et pour cela flanquée à l'asile dont elle ne peut sortir qu'en acceptant le voyage vers le Montana où se trouve le camp cheyenne. Elles ne sont que trente à partir, toutes "volontaires" recrutées en prison ou à l'orphelinat ou l'asile  et quelques défections plus tard elles ne sont plus qu'une poignée. Sitôt arrivées, elles sont mariées aux hommes indiens et  découvrent la liberté du corps  et la douceur des mœurs des Cheyennes, à rebours des préjugés dont elles ont été nourries dans leur vie antérieure. Cette vie difficile mais relativement heureuse (en dépit  de la polygamie)  sera contrariée par la folie que l'alcool sème chez les Indiens et leurs habitudes guerrières insupportables de violence aux yeux des femmes blanches. La tribu va être mise en danger par la découverte de l'or sur les territoires occupés légalement par les Indiens qu'on les oblige à quitter pour s'installer dans les réserves. C'est par  le regard tendre et plein d'humour de May Dodd que nous est délivrée cette saga qui se terminera comme on s'en doute...

Jim Fergus, Mille femmes blanches

Une petite dernière, si je puis dire puisqu'il s'agit de l'académicienne Assia Djebar (morte elle aussi cette année).
Automne 1991. Berkane, jeune Algérien vivant en France depuis vingt ans, décide de rentrer en Algérie. Lui, l'enfant de la casbah, ne reconnaît plus son pays. Il rencontre Nadjia, qui comme lui, vit entre deux cultures. A travers l'histoire de Berkane, c'est un demi-siècle d'histoire tragique qui est évoqué, et la ville d'Alger des années 1950-1962 qui se dessine. 


 Enfin pour conclure cette micro compilation, "cerise sur le gâteau" si je puis dire un montage de mon fiston que je trouve très beau (le montage et mon fils itou) 


Faites en sorte de prendre soin de vous;