I can't give you anything but love
Comme on ne peut rien faire dans les commentaires sur blogger, je reprend le lien d'Henri Zerdoun , son chemin de silence
« On me demande régulièrement : « Comme ça, vous êtes aussi à l’aise en anglais qu’en français ? » - et on croit à une boutade quand je réponds : « Non, aussi mal à l’aise. » Mais ce n’est pas une boutade. Si on est à l’aise, on n’écrit pas : un minimum de friction, d’angoisse, de malheur, un grain de sable quelconque, qui crisse, grince, coince, est indispensable à la mise en marche de la machine littéraire. »
Nancy Huston, Le déclin de l’ « identité » ? (Ames et corps) .
Le texte de Nancy Huston intitulé par provocation "on ne naît pas homme"est un renversement de perspective : les sociétés de tout temps s’acharnent à fabriquer justement des hommes - en contraignant les garçons, par la violence, les menaces et l’humiliation, à se différencier des filles. C’est tellement énorme qu’on ne le voit même pas. Elle a développé plus amplement ce point de vue dans son livre "Professeurs de désespoir".
Mais oui Léo, les femmes sont des emmerdantes, mais oui Jacques, des emmerdeuses mais oui Georges des emmerderesses. Ah quel trio !
En plus désormais, elles se mêlent de bloguer. Les blogs ont fait polémique d'ailleurs ces derniers temps, Rimbus le blog en a réalisé une petite compilation.
Pour finir en beauté, je ne sais plus qui avait mis le lien en ligne (les réclamations sont ouvertes dans les commentaires), j'aime beaucoup Tinguely et son cyclop.
En revanche c'est JEA qui m'a fait découvrir d'une part certains aspects de la vie d'Albert Londres et Mozart l'Egyptien.
En compulsant les plans et diverses incitations raflées à l'hôtel nous sommes tombées d'accord pour le Musée des Nations Premières, le premier au Canada consacré à l'illustration de la culture indienne.
A l'entrée un panneau consacrait les efforts de tous les contributeurs qui avaient permis que la grandeur du peuple indien puisse s'exprimer en toute liberté entre ces murs. Les instances indiennes avaient elles-mêmes contrôlé la mise en scène de la représentation. Le contraste entre les alvéoles bétonnées, savamment mises en lumière et les scènes de la vie quotidienne qui les habitaient, accentuait l'archaïsme de gestes figés dans la cire. Un couple traversait le temps et tandis que ses vêtements se chargeaient de fourrure, le dialogue basculait. La femme et l'homme parlaient de leur subsistance. Il y avait la vie «d’avant » et celle «d’après ». La vie dans les plaines riantes et fertiles, celle dans les forêts, puis les réserves bidonvilles. Quand l'Indien se changeait en trappeur, on apprenait que la vie devenait dure, parce que le commerce de peaux faiblissait et qu'il fallait brader les fourrures à des prix pitoyables imposés par les blancs soucieux de leurs marges bénéficiaires. Puis ils glissaient vers les habitats précaires des faubourgs ou dans des réserves et chaque fois, l'homme et la femme se lamentaient : des dégâts de la dissociation entre l'être et sa spiritualité, de la souffrance du mépris infligé, du déclin inéluctable de l’espoir.
Le monde doit-il se partager en vainqueurs triomphants et vaincus humiliés. Et quelle est la vraie nature de la victoire ? La partie est-elle toujours remise ? Y a t - il moyen de ne pas jouer, de lâcher l'éponge, sans qu'on vienne vous tirer de force au milieu du ring ?
Le musée est une tombe, somptueuse certes, mais il conserve, il momifie ce que le désordre du monde engloutirait sinon pour le remplacer en formes nouvelles. Et paradoxalement en arrêtant la vie, il donne l'éternité.
Ces scènes pétrifiées et ce dialogue feutré - l'homme et la femme étaient à dessein employés à une conversation confidentielle, sur leurs gros soucis d'intendance- cette peinture à la Millet de la vie des humbles nous mettait mal à l'aise, nous nous sentions les complices de l'assassin dont nous serions en train de veiller la victime.
Heureusement la vidéo nous a tirées de la morosité qui commençait à nous vider les jambes. Il s'agissait d'un répertoire filmé des danses pratiquées dans les Pow Wow. C'était un excellent contrepoison de regarder évoluer dans le petit carré de magnifiques athlètes aux prises avec une géométrie complexe que leur corps épousait en flamboiement de plumes de couleur. Les jeunes filles accomplissaient des spirales explosant ou s'invaginant autour du tourbillonnement de leur corps. Leurs vêtements ourlés de clochettes s’accordaient dans la sinuosité de leurs gestes aux tambours et aux chants des hommes. En partant, nous avons toutes deux acheté un plaid de coton tissé de savants motifs et de subtiles harmonies. Comment un peuple qui maîtrisait les arts majeurs a t-il pu être délibérément considéré comme non humain ! La géométrie, le chromatisme, sans compter la science des plantes, autant d'évidences qui interdisaient toute hésitation et pourtant il y eut Valladolid. En dépit des descriptions admiratives des Cortés et autres envoyés spéciaux, l’Espagne ne pouvait justifier ses meurtres qu’en niant à ces hommes, que le crucifix n’impressionnait pas, les droits élémentaires prêchés par le Seigneur. Ils ignoraient Jésus Christ, bon prétexte pour les avilir et les spolier. Pourtant au Nord comme au Sud, leur art s’est transmis de génération en génération en dépit du dénuement où ils se sont retrouvés. Mais voilà, parce que les Indiens avaient opté pour une philosophie de l’Etre et non de l’Avoir, il leur manquait la marque essentielle de l'humain, l'avidité.
Photos JEA
Les participants aux vases communicants de janvier 2010 :
Futiles et graves (Anthony Poiraudeau) et Paumée (Brigitte Célérier),
Tiers Livre (François Bon) et Ce métier de dormir (Marc Pautrel),
Petite Racine (Cécile Portier) et Abadôn (Michèle Dujardin),
Tentatives (Christine Jeanney) et Enfantissages (Juliette Zara),
Elle-c-dit et Fut-il ou versa t’il dans la facilité ? (Christophe Sanchez),
C’était demain (Dominique Boudou) et Biffures chroniques (Anna de Sandre),
Terres… (Daniel Bourrion) et Journal Contretemps (Arnaud Maïsetti),
Liminaire (Pierre Ménard) et Jours ouvrables (Jean Prod’hom),
Pendant le weekend (Hélène Clémente) et Oreille culinaire (Isabelle Rozenbaum),
Les beautés de Montréal (Pierre Chantelois) et L’Oeil ne se voit pas lui-même (Hervé Jeanney).
Le blog à Luc et Frédérique Martin
BONNE ANNÉE !
La Révolution cubaine avant de s'avachir et s'obscurcir avait suscité dans le monde entier l'espoir que le système mafieux qui est le jumeau de l'ombre du libéralisme, l'exécuteur de tous les coups foireux de l'Empire, allait enfin être ramené à la lumière et comme tout vampire s'y dissoudre. Espoir déçu. Trop de transfusés du démon par morsure insidieuse participent et collaborent.
Pourtant, voilà bien ce qu'il nous faudrait. Une année de dissolution de toutes les camorras et pour commencer balancer dans des bains d'acide toutes les pétoires que nos mâles ornés des fameuses cojones arborent en sautoir sur tous les théâtres du monde. Interdiction absolue des armes. Expurgation totale. A mains nues, les pugilats s'épuiseraient assez vite et auraient l'insigne avantage de laisser les non pugilistes hors champ des gnons.
Sainte Utopie, priez pour nous. Ainsi soit-elle (la nouvelle année).
Bien entendu rien de tel n'est arrivé. Au contraire, les tribus de l'Omo dont l'art de l'ornementation du visage et du corps est inouï ont été pourvues en kalachnikovs
Neige et verglas. Longue plainte recueillie par les médias de tous ces coincés, contraints d'immobiliser leur véhicule et de dormir dans des abris de fortune. Personne, jamais, ne se réjouit d'un peu d'aventure survenue, de l'excellent prétexte pour abandonner sa routine, de l'occasion fortuite et néanmoins délicieuse de prendre langue avec des inconnus et qui sait de rencontrer sinon l'âme sœur (qui croit encore à cette fable ?) du moins une pétillante et troublante apparition, même fugace, relançant un brin le manège libidinal. Tout est désormais vécu sur le versant tragique. Alors que, à part la mort des SDF tout le reste est dérisoire. Il est quasi indécent d'étaler ces minuscules misères quand on sait qu'ailleurs des êtres sont déchiquetés, affamés, terrorisés. Et les cris d'orfraie des pauvres chéris qui se gèlent un peu le cul entre Aix et Marseille, ça me donne le goût de filer des baffes. Je hais les journalistes et les crétins qui se prêtent à cette gabegie de verbiage. Mais je hais plus encore les fous furieux des deux bords qui ont relancé la machine de guerre, là-bas, du côté du Mont des Oliviers. Je n'ai plus envie de signer quelque pétition que ce soit. Marre! Ceux qui actionnent les rockets et les obus s'en foutent totalement. Je ne veux pas participer davantage à ce rituel : ils s'entretuent, nous nous indignons and so what ?
Il est certain que le monde entier attend d'Obama qu'il adopte une attitude de retrait. Stop war, please, Mister Président! Soyez le premier président américain à introduire dans votre pays et ainsi dans l'orientation spirituelle du monde le dégoût des armes, l'interdit absolu du meurtre sous quelque prétexte. Soyez celui qui donnera à l'Organisation des Nations Unies la latitude de porter haut sa mission et ses buts.
Organisez une armée de dissuasion formée d'un mur vivant de volontaires de la paix. Nous avons un droit d'ingérence absolu ! Ça fait soixante ans que la question israélo -palestinienne nous empoisonne. Créons une fédération de deux Etats, contraints, sous contrôle international de vivre en paix. Et ceux qui ne pourraient le supporter seront priés de s'exiler. Cela semble plus juste que la situation actuelle qui force ceux qui souhaitent vivre normalement à s'extirper de ce bourbier, exportant par là même la haine et le ressentiment.
En fait, j'ai commencé à attirer un lecteur, mais quel ! Christophe Borhen soi-même que j'avais honteusement attiré sous l'arbre en recopiant ses réponses au fameux questionnaire et en apposant les miennes
jeudi 22 janvier 2009 Questions fameuses
Puisque Obama était élu et qu'une femme, Nancy Pelosi occupait le poste de présidente de la Chambre des Représentants, je formulais un voeu pieuxIl est temps de laisser le vieux monde des mâles imbus de leur supériorité de pâlichons et de détenteurs de testostérone pour entrer dans une combinatoire plus subtile des forces et des talents de l'espèce. Un peu d'optimisme ne nuit pas.
Infernal ! Je pianote disent les dilettantes, je surfe, je swingue, bref je prétends m'amuser et contrôler mes délires. En fait, je lutte pied à pied, mano à mano. Tous les jours le monde m'assaille. Or je ne cesse d'osciller entre le désir de fermer mes écoutilles pour m'enfoncer dans les eaux profondes du silence indéfectible et l'obsession de ne manquer rien d'essentiel dans tout le brouhaha émis sur cette planète, sachant que je n'occupe qu'une infime portion de la croute terrestre et plus infime encore de la gamme des ondes qui voyagent. Je reçois et dois transmettre mais à qui ? Je lis et ne sais dans quelle case de mon magasin à pensées je dois ranger ce nouvel archivage. Le monde virtuel est décidément celui de la mégalomanie (la possibilité d'atteindre le monde entier) et du misérabilisme (hou hou, y'a quelqu'un ?). A la fois envahie, la planète dans mon salon et plus seule que jamais.
Nous avons eu droit à quelques soucis d'approvisionnement en électricité dûs aux aléas climatiques, une tempête qui a ratatiné des arbres et endommagé divers réseaux
Interruption momentanée de l'image et du son. La fée électricité ayant pris quelques coups de matraque, elle nous a laissé tomber sans vergogne et alors à nous les repas aux chandelles et la bouillotte pour les draps glacés. Plus de nouvelles du monde. Expédition pour dégoter d'antiques piles à transistors. Eh bien c'est impressionnant cette addiction au bouton électrique, ce sentiment d'abandon lorsque nos écrans restent noirs, que le portable refuse de porter et que le fixe reste obstinément muet. Or nous savons que cela n'est que momentané. Qu'en serait-il si une catastrophe majeure détruisait ces sources d'énergie et de connexion qui nous sont devenues aussi essentielles que l'eau et l'air (enfin, il ne faut pas exagérer). Assisterions-nous à un pic de dépression, des sauts du haut des étages, des meurtres par décompensation soudaine de psychorigides auparavant canalisés via les jeux video de destruction massive ? Ou bien verrait-on les rues et les cafés se gorger d'anciens zombies enfin désintoxiqués, les jeux de séduction réemprunter les voies de la chair en direct, et les recherches en énergie renouvelable exploser ?
Pour l'instant les amoureux des arbres pleurent les massacrés et les pianoteurs de messages hasardeux repartent de plus belle à l'assaut de la montagne sacrée.