Je fais partie de listes qui explosent sous les commentaires à l'égard de ce qui se passe au Moyen Orient. Chacun y va de son argumentaire, les uns condamnant sans ambiguité les assassinats de civils, les autres insistant sur le sort des malheureux habitants des territoires occupés, rappelant la longue histoire de la colonisation sous la protection occidentale de cette terre si emblématique des trois religions monothéistes qui n'ont cessé de s'entretuer depuis l'occupation romaine. Vous remarquerez que je ne cite pas à dessein le nom des lieux et des peuples concernés, parce que hélas il est préferable d'éviter d'en rajouter sur l'ensemble des arguties qui se répandent pendant que le sang et les larmes coulent à profusion.
J'ai appelé au secours Victor Hugo qui dit bien mieux que je ne saurais le faire ce que je ressens face au gachis des vies épouvantées et anéanties.
Depuis six mille ans la guerre
Plaît aux peuples querelleurs,
Et Dieu perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs.
Les conseils du ciel immense,
Du lys pur, du nid doré
N'ôtent aucune démence
Du cœur de l'homme effaré
Les carnages, les victoires,
Voilà notre grand amour ;
Et les multitudes noires
Ont pour grelot le tambour.
La gloire, sous ses chimères
Et sous ses chars triomphants,
Met toutes les pauvres mères
Et tous les petits enfants.
Notre bonheur est farouche ;
C'est de dire : Allons ! mourons !
Et c'est d'avoir à la bouche
La salive des clairons.
L'acier luit, les bivouacs fument ;
Pâles, nous nous déchaînons ;
Les sombres âmes s'allument
Aux lumières des canons.
Et cela pour des altesses
Qui, vous à peine enterrés,
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez,
Et que, dans le champ funeste,
Les chacals et les oiseaux,
Hideux, iront voir s'il reste
De la chair après vos os !
Aucun peuple ne tolère,
Qu'un autre vive à côté
Et l'on souffle la colère
Dans notre imbécilité.
C'est un Russe ! Égorge, assomme.
Un Croate! Feu roulant.
C'est juste. Pourquoi cet homme
Avait-il un habit blanc ?
Celui-ci, je le supprime
Et m'en vais, le coeur serein,
Puisqu'il a commis le crime
De naître à droite du Rhin.
Rosbach ! Waterloo ! Vengeance !
L'homme, ivre d'un affreux bruit,
N'a plus d'autre intelligence
Que le massacre et la nuit.
On pourrait boire aux fontaines,
Prier dans l'ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes ;
Tuer son frère est plus doux.
On se hache, on se harponne,
On court par monts et par vaux ;
L'épouvante se cramponne
Du poing aux crins des chevaux.
Et l'aube est là sur la plaine !
Oh ! j'admire, en vérité,
Qu'on puisse avoir de la haine
Quand l'alouette a chanté.
Victor Hugo - Liberté, égalité, fraternité
Chansons des rues et de bois (1865)
Le prix Nobel de la paix a été attribué, vendredi 6 octobre à Oslo, à la
militante iranienne Narges Mohammadi, en détention depuis un an à
Téhéran « pour son combat contre l’oppression des femmes en Iran et sa lutte
pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous ».
On espère - sans y croire- qu'elle sortira de prison. Mais la domination masculine et religieuse ne se laisse pas impressionner par les "colifichets des occidentaux. Elle risque fort de pâtir au contraire de cet éclairage.