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lundi 10 mai 2021

Chronique d'une semaine ordinaire 10

 Evidemment, certains dimanche je ne peux me placer devant mon clavier pour cet exercice que j'ai décidé de m'infliger : passer au fixateur des bribes de vie qui sinon disparaîtraient aspirées par la grande pompe temporelle. Bribes de vie minuscule.

lundi 5 mai,

Je suis en mission : mon partenaire, à sa délicieuse habitude, a pris un rendez-vous  qu'il ne peut honorer et m'a confié le soin d'accueillir le technicien qui doit faire un audit de la maison afin d'enclencher un processus de remplacement de notre vieille chaudière au fuel. Oui ce n'est pas écolo mais elle a 25 ans et à l'époque c'était ce qui fonctionnait au mieux et de fait elle a fidèlement rempli son office sans caprices. Donc le spécialiste a arpenté la maison, prenant mesures de toutes sortes. Une personne au demeurant affable mais c'est toujours un peu désagréable ce genre d'incursion dans le lieu d'une intimité.

Auparavant, j'étais passé à la librairie pour acquérir un livre que je n'ai pas encore entrepris (j'essaie de finir le Rochefort qui compte 500 pages et je n'ai pas le temps de lire autant que je le souhaiterais)

Voici donc l'ouvrage, j'y reviendrai.

 


mardi 4 mai 

Je m'apprête à rendre visite à mon amie C. quand mon portable sonne et le technicien Enedis me rappelle (je l'avais oublié ab-so-lu-ment). Il vient remplacer mon compteur (qui n'est pas le mien, donc je n'ai rien à dire) par ce miracle d'espionnage technologique, j'ai nommé le Linky. A la suite de sa venue, je n'ai plus d'eau chaude. Je ne m'étendrai pas sur tous les aléas. Il semblerait après plusieurs tripotages dont l'option "marche forcée" que j'ai enfin une eau propice à une douche confortable.

L'après-midi, je rend visite à Mireille pour lui annoncer que je ne viendrai pas m'installer chez elle. Nous sommes sur la terrasse, les oiseaux chantent à tue-tête, je vois bien qu'elle est déçue mais je lui dis que je suis trop farouchement indépendante, que je voyage souvent et que tout ça est incompatible avec une régularité espérée. Je lui ai promis cependant de venir de temps à autre jouer avec elle.

mercredi 5 mai   

Promenade avec C. qui me fait découvrir les bords du Tarn à la hauteur du barrage .C'est un rendez-vous pour les homosexuels me dit  C,.elle vérifie toujours qu'elle ne risque pas de les déranger en y abordant


Sur le chemin du retour je capture quelques couleurs  

Le soir je regarde le film "Les beaux jours": Dans une ville balnéaire du nord de la France. Caroline, dentiste à la retraite, accepte, un peu réticente, l'offre de ses enfants qui l'ont inscrite au club de loisirs pour seniors Les Beaux Jours où se rencontrent des gens de son âge pour exercer diverses activités. Après un premier contact difficile, elle finit par s'y rendre avec plaisir et y fait une belle rencontre. Caroline sympathise en effet avec Julien, qui lui donne des cours d'informatique. Le jeune homme devient bientôt son amant. A ses côtés, elle retrouve une joie de vivre toute spontanée. Mouais ! Mais après une délicieuse incartade, elle renonce à cette petite folie au moment où une jeunette accroche le regard de son jeune amant. Elle revient vers son vieux mari qui pardonne. Fanny Ardant dans la splendeur de sa maturité rend crédible l'aventure. Parions que si son vieux mari avait eu l'opportunité de séduire une jeune gazelle, il n'aurait pas renoncé si facilement.

jeudi 6 mai

J'entame ma journée, avant de m'installer devant les visio du jour  par la lecture du dossier du 1 consacré à la crise de l'hopital psychiatrique. J'apprend ainsi qu'il existe une infirmerie psychiatrique de la Préfecture de police où sont conduits ceux qui sont interpellés en état de dérangement apparent avec des comportements plus ou moins violents. La contention est souvent nécessaire et les infirmiers sont des costauds qui doivent néanmoins se mettre à plusieurs lorsque le lascar est particulièrement virulent. Sans surprise on y constate la réduction des moyens et la recrudescence des demandes volontaires d'internement à la suite de la pandémie.

vendredi 7 mai

Je me rend au théâtre du Chien Blanc où mon amie Anne -Marie présente en privé sa dernière création. "Le FAUBOURG DES COUPS-DE-TRIQUE", solo théâtral, d'après le roman d'Alain Gerber,adapté et mis en scène par Charles Gimat. 

 Un plaisir ces retrouvailles avec le théâtre vivant et avec le talent d'Anne-Marie Camus

Dans la soirée un jeune couple vient visiter la maison pour une colocation de trois mois. Ils sont enthousiastes et n'espéraient pas disent-ils dénicher un tel endroit. Je dois totalement vider les lieux donc. A suivre...

samedi 8 mai

Autres retrouvailles. je suis invitée à déjeuner chez mon ami Michel qui est potier à Levejac, spécialiste de la porcelaine. 


C'est un généreux qui plaisante en permanence. Il m'apprend qu'il a failli mourir. Crise cardiaque alors qu'il installait une exposition au Grand Palais. Heureusement il a pu être pris en charge suffisamment tôt par des médecins compétents, dans des services fournis en matériel. Si cela lui était arrivé dans sa campagne perdue, il serait mort. Il est bien vivant et je m'en réjouis. J'ai passé quelques heures agréables en sa compagnie et les amies qui l'entouraient ce jour là. Je suis repartie avec un bouquet de roses blanches. 

dimanche 9 mai

Séance mensuelle littérature avec mes amies du groupe. Nous avions choisi Cynthia Fleury.

 

 Ci-Gît L'amer - Guérir Du Ressentiment

"Toute personne qui ne peut investir le monde par le biais de sa libido meurt à petit feu et bascule dans le ressentiment comme processus de défense"

"Retrouver une forme de santé ce sera reprendre le chemin de la création, de l'émergence possible".

vendredi 9 octobre 2015

On ne voit pas le temps passer.

Les chiffres sont sans appel : ma fréquentation de la blogosphère baisse inexorablement.
Je suis très occupée, il est vrai, à de multiples grandes petites affaires. Outre les tâches attendues par mes cercles d'activités (dont quelques jours ultra compacts à Berlin), les travaux divers dans la maison et au jardin, j'ai accueilli tout ou partie de la troupe de comédiens avec lesquels ma fillote s'est lancée dans une aventure théâtrale. Bien qu'ils aient travaillé principalement à Paris, ils ont donné la première à Toulouse et j'étais chargée d'organiser un peu la logistique d'accueil. La jeune troupe débute, a peu de moyens financiers et le projet est ambitieux. "Le peuple lié"   a obtenu l'attention de Philippe Caubère qui leur a prêté sa voix off (celle du Major) et les a gratifiés d'un joli texte d'encouragement que je reproduis ici
"" J'invite et j'encourage avec toute la vigueur possible tous les programmateurs, directeurs et, au-delà, amateurs de théâtre qui le pourront, à se rendre au Théâtre du Gymnase pour assister à l'une des trois présentations de ce spectacle, que je n'ai pas vu puisqu'il est encore en répétitions, mais dont j'ai eu l’occasion de lire le texte auparavant et auquel j'ai eu la chance et l’honneur de participer par l'enregistrement de ma voix incarnant l'un de ses personnages. Pourquoi -à part ça- me direz-vous? Parce que le roman dont il est inspiré et la formidable adaptation qu'en ont tiré Marie Lauricella et Olivia Combes m'ont tout de suite rappelé Le Premier Maître, ce prodigieux film de Kontchalovski de 1965, et surtout La Tragédie optimiste de Vichnievsky (1933), deux œuvres majeures qui ont bouleversé ma génération. Le même climat, les mêmes mots, les mêmes images. En fait : la même histoire. Celle de la grande guerre de libération du peuple russe et du prix qu'il a dû la payer. Et non pas seulement vue, mais vécue ici par les femmes. Un bataillon de jeunes femmes. Vivantes, drôles, enfantines, coquettes, parfois terrifiées, la plupart du temps follement courageuses. Voici, avec le retour sur la scène de cette grande et noble histoire que je pensais jetées aux oubliettes, celui d'un féminisme enfin digne de ce nom. Réel, historique, bouleversant. Ne manquez pas, s'il vous plait, d'aller applaudir ces combattantes héroïques qui prennent le temps de s'habiller joliment avant d'aller mourir, comme ces actrices, metteuses-en-scène ou décoratrices, aussi belles qu'aventurières, n'ayant pas craint de partir vivre en Russie pour y trouver le métier et l'inspiration, avant d'en revenir avec ce joyau de poésie, de fraîcheur, de littérature et de tragédie. Cette merveille de théâtre."

Ils vont se produire à Paris, au Gymnase, une scène peu familière de ce genre de théâtre, mais dont les directeurs fait confiance au talent des deux metteuses en scène.
Inutile de mentionner que j'ai été éblouie par le résultat des deux ans de travail des deux bougresses (adaptation de la pièce, sélection des acteurs -tous impeccables- décors, costumes, tout avec leur seule énergie).   Et fière de ma fillote
C'est un spectacle où se mêlent la poésie, l'émotion, la drôlerie, un texte fort danse et chants  Un petit teaser pour vous donner envie
 
 Toutes les infos ici

A part ça, j'ai lu des livres, de nature différente, mais j'y reviendrai. Un petit teaser là encore ? 

Le foyer, un lieu de repli frileux où l’on s’avachit devant la télévision en pyjama informe ? Sans doute. Mais aussi, dans une époque dure et désorientée, une base arrière où l’on peut se protéger, refaire ses forces, se souvenir de ses désirs. Dans l’ardeur que l’on met à se blottir chez soi ou à rêver de l’habitation idéale s’exprime ce qu’il nous reste de vitalité, de foi en l’avenir.
Ce livre voudrait dire la sagesse des casaniers, injustement dénigrés. Mais il explore aussi la façon dont ce monde que l’on croyait fuir revient par la fenêtre. Difficultés à trouver un logement abordable, ou à profiter de son chez-soi dans l’état de « famine temporelle » qui nous caractérise. Ramifications passionnantes de la simple question « Qui fait le ménage ? », persistance du modèle du bonheur familial, alors même que l’on rencontre des modes de vie bien plus inventifs…
Autant de préoccupations à la fois intimes et collectives, passées ici en revue comme on range et nettoie un intérieur empoussiéré : pour tenter d’y voir plus clair, et de se sentir mieux.
Mona Chollet, Chez soi, une odyssée de l'espace domestique. éditions Zones, 250 pp., 16 €. Parution le 23 avril.
Si vous ne connaissez pas Mona, je vous conseille son site, elle a été pionnière de la communication numérique. Elle y publie à un rythme beaucoup plus élastique encore que le mien, mais il est vrai qu'un essai aussi fouillé que celui qu'elle vient de faire paraitre, ça mange beaucoup de temps. Sur son site une présentation de son opus plus explicite que je ne saurais l'être. Et les mots de minuit avec Cynthia Fleury

Un dernier teaser avant de retourner à mes moutons (sommeil!!!) . La musique de 'Ici les aubes sont plus douces" est en grande partie de Yom et c'est une merveille. Découvrir Yom 

A bientôt! 

mercredi 6 avril 2011

Spéciale dédicace à Aimé Césaire. Du courage.

La justice écoute aux portes de la beauté Aimé Césaire.

Cynthia Fleury est une philosophe préoccupée des heurs et malheurs de l'idéal démocratique. La fin du courage, paru en 2010 chez Fayard aurait pu s'orner d'un point d'interrogation, mais Cynthia Fleury a écrit ce livre après qu'elle a subi l'épreuve que chacun traverse un jour dit-elle, la mélancolie du découragement. Savoir qu'il faut tenir quand rien ne tient et n'en avoir plus le désir.

"Nous vivons dans des sociétés irréductibles et sans force. Des sociétés mafieuses et démocratiques où le courage n'est plus enseigné. Mais qu'est-ce que l'humanité sans le courage?"(8)

Elle interroge ce que le courage signifie pour l'individu (morale du courage) et pour la société (politique du courage).

Citant Jankélévitch, elle définit le courage individuel comme une équation à trois entrées : imaginio vera - pretium doloris - vis comica soit le parler vrai, le prix de la douleur, en fait le prix donné à la vie qui vaut d'être vécue et enfin la force comique. (88 - 92).

Citant Hugo, elle établit un parallèle (elle n'est pas la seule) entre la société actuelle, dite démocratique, gouvernée par l'esprit de lucre à courte vue, et celle que Napoléon III avait instaurée. Celle des petits leaders qui règlent leur pas au doigt mouillé et au beuglement de l'opinion (165). Hugo : "Cet homme ment comme les autres hommes respirent. Il annonce une intention honnête, prenez garde; il affirme méfiez-vous; il fait serment, tremblez." (165).
Ceux qui tutoient le prince ne sont hélas que des conseillers, nullement des consciences (178)

Citant Amartya Sen, elle rappelle que le processus démocratique sans participation à la délibération est illégitime. Jamais la définition des fonctionnements de valeur ne doit être confisquée par les experts.

Cependant se rappeler que ce qui fait la grandeur de l'homme c'est d'être incomplet; (...) c'est de percevoir quelque chose au-delà de soi, quelque chose en deçà (...) le monde moral.
Les sujets décomplexés sont affranchis de cela. De cet affranchissement, ils croient faire le lit de leur liberté. Ils ne bâtissent qu'une souveraineté d'eunuque" (183).

Hugo encore "Il n'est pas donné à un scrutin de faire que le faux soit le vrai et que l'injuste soit le juste. On ne met pas la conscience humaine aux voix".

Cynthia Fleury: Entretenir l'illusion de l'agir, voilà la tâche politicienne. Et l'histrion au charisme incivil s'y emploie , de jour comme de nuit.
Constituer une machine financière, non pas servir le pays mais se servir
(Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique).

On voudrait citer le florilège accumulé par Cynthia Fleury, il vaut mieux renvoyer au livre. Et souligner qu'Hugo, écrivant en exil ne s'abandonne pas au pessimisme. Il croit au réveil du peuple et il est persuadé que la gangrène de prospérité ne signera pas la fin de l'éthique démocratique (194).

Désespérer, c'est déserter.

La lecture de l'ouvrage de Cynthia Fleury est revigorante.

Comme il est important d'être informé pour savoir où orienter son courage une information sur la façon dont les agences de notation nous entubent.

Et pour se donner du cœur à l'ouvrage.
Hadouk Trio