Je n'ai pas enregistré d'images du festival. Cette année, les empilements de cartons et d'affiches m'ont procuré un sentiment de tristesse. Tant de débauche de moyens, affiches, cartes postales, jeunes gens ramonant les rues, pourquoi au final ? Bien-sûr, j'ai vu quelques spectacles (uniquement du Off, le In inaccessible si on est comme moi peu organisée, ne sachant pas jusqu'au dernier jour quand exactement j'atteindrai les rives du Rhône et les marches du Palais des Papes. Amos Gitai pliait bagage, Wajdi Mouawad archi complet etc. Aussi ne vais-je vous transmettre des rues que l'une d'elle quasiment vide, un miracle.
Chaleur épouvantable, poussière, hordes en baguenaude, téléphone des locations occupés, bref tout ce qui mène à la question récurrente, que suis-je venue faire dans cette galère.
J'ai inauguré pourtant par un vrai bonheur. Les copains du théâtre du Maquis, dont j'ai déjà dit tout le bien que je pense de leur folie douce, présentaient une création Le cabaret des hérétiques, inspiré -très librement!- de la croisade contre les Albigeois et notamment de l'épisode du massacre des Cathares dont on a retenu la phrase prononcée par l'évèque de Béziers "Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens". C'est un opéra rock parfaitement déjanté, dont les textes puisent aux sources du XIIIème sertis de façon irrévérencieuse par Pierre et Jeanne Béziers (coïncidence de nom) dans une série de tableaux où l'Eglise et la Papeauté en prennent pour leur grade. On rit beaucoup tout en revoyant en accéléré l'histoire de l'éradication de l'Occitanie.
D'ordinaire, je vais assister aux lectures ou conférences qui ont lieu au Collège Saint Joseph (l'an dernier Badiou, sur l'Amour). Hélas mon calendrier était en décalage, il ne se passait rien les jours où j'aurais pu.
Ne pas totalement bouder son plaisir. Certains théâtres sont très agréables. Le petit Louvre par exemple où nous (Zoë+ mamzelle fille+ copine Mamzelle + Copine Zoë) avons vu "Nous les héros" du sieur Jean Luc Lagarce, dont le mélange entre drame de la vie familiale, épopée de saltimbanques en recherche de lieux d'exercice de leur talent (et de remplissage d'écuelle) est rythmé de chants yiddish qui rajoutent une note de mélancolie à un propos déjà empreint de nostalgie et d'inquiétude.
Je ne vais pas passer en revue tous les spectacles (une douzaine en tout, tous honorables). Juste vous livrer un lien vers Macondo qui appartient à un dyptique à partir de textes de Gabriel Garcia Marquez et dont j'avais vu avec bonheur Erendira l'an dernier. " La vie n'est pas ce que l'on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s'en souvient " dixit GM Marquez.
La suite à venir...
Photos ZL
Ile de la Barthelasse vue du Jardin des Doms.
Rue presque déserte en pleine folie festivalière. Avignon 2009.
15 commentaires:
Votre rue-elle : souvenir. Petit belge de 16 ans descendu en stop jusqu'à Avignon. Désargenté. Cherchant de l'ombre et un resto qui ne soit pas un gouffre. Donc attiré par les rues les moins encombrées. Et les menus sans grandes envolées. Arrivé lui sembla-t-il à bon port. Dès l'entrée : problème. Un silence soudain plombé. Des visages plus que fermés.
Explication : le petit belge rural, en pleine guerre d'Algérie, venait de débarquer en toute innocence dans un resto à couscous. Mais dès qu'il expliqua sa nationalité, les Algériens autour de lui, rentrèrent leur hostilité au vestiaire.
un billet de Zoélasse?
Je suis allée sur le lien de Macondo... J'espère voir cette pièce dans un temps proche.
Bon retour sous l'arbre.
J'ai vu aussi Erindira à Avignon. C'est la même troupe, Zoë ?
@JEA, Oui, on ne déteste que ceux qui vous ont colonisé, les autres sont mieux supportés. J'ai constaté ça au Zaïre, du temps de Mobutu où manifestement les Français passaient mieux que les Belges.
@Merci, vous souhaite d'assister à ce moment de magie
@JC, oui c'est la même troupe, vous l'avez vu l'an dernier, nous étions peut-être à quelques mètres sans savoir que nous allions nous retrouver dans un autre espace temps. La danseuse était sublime. Elle a un rôle plus réduit dans Macondo, mais est toujours aussi émouvante
ah oui, Avignon, et puis Anduze. C'est chez moi tout ça. je rentre d festival, et puis je vais y retourner. C'est vrai que c'est difficile, toute cette paperasse et le monde et la grande foire.
J'ai beaucoup aimé "nous les héros" également et au petit Louvre j'ai vu aussi "pas de prison pour le vent".
J'aime aussi beaucoup le théâtre des Halles (j'aime bien tous les lieux où il y a un jardin) et nous (mon mari ma fille et moi) y avons vu un exceptionnel "bal de Kafka".
Zoë, je pense que nous avons toutes les deux un point commun : cette énergie folle dépensée par les comédiens, pour un résultat souvent très limité, nous angoisse par rapport à l'avenir de nos filles qui souhaitent faire ce métier.
Au fait: pessimiste votre 807!
En principe j'en ai un demain.
@Mére Castor . Vous habitez le Gard et même vous êtes proche du vidourle si j'en crois ce que j'ai lu sur un de vos nombreux (!) sites. J'ai eu une petite maison de vacances à Junas avant de venir dans le Lauragais et de vendre ce coin de paradis ce que je regrette depuis tous les jours. Bon re festival
@Lavande , ma belle Lavande, oui nous partageons le souci d'un métier magnifique mais si aléatoire. On voit beaucoup de gueux dans Avignon mais comme ils sont lumineux et souvent hilares, on peut imaginer que leur passion suffit à leur bonheur. Mais c'est aussi une folie qui consume. J'aime mieux cependant (et vous aussi sans doute) que ma fille soit animée par l'amour de l'art plutôt que comptable dans une administration (respect gardé à ceux qui s'y collent)
Mon 807 pessimiste ? Non juste un jeu sur les chiffres. Je lirai le vôtre demain
Chouette promenade (que tu auras partagée sans le savoir avec Franck-Olivier Laferrère), merci Zoë. As-tu entendu chanter les hirondelles ? - c'est décidément le chant que j'aime le plus au monde.
Biz !
@Sophie K. Partagé avec un nombre impressionnant de personnes (Les chiffres que j'ai collectés pour les années précédentes seraient d'environ 110 000 pour le In, 550 000 pour le Off. Je suis sûre d'avoir cotoyé plein de gens que je connais au moins de nom (suite demain).Biz
Merci, Zoë, pour ces "festivalités" franchement dites. N'étant guère festivalière, j'apprécie pourtant d'en lire les échos.
"Macondo" résonne dans ma mémoire: Garcia Marquez, bien sûr, mais aussi l'excellente librairie d'autrefois dans la galerie Bortier, Macondo, devenue Tropismes non loin de là, dans la galerie des Princes à Bruxelles.
Je garde un souvenir ému des deux fois où j'ai vu Avignon pendant le festival, malgré l'épouvantable chaleur. C'est à Avignon que j'ai découvert la chanteuse Juliette et que j'ai vu une pièce snob où Eric Cantona conversait avec Artaud...
Zoë revenue !!! Curieuse impression que ce festival de théâtre écrasé de couleurs et de lumière...
Je ne suis pas allée, finalement, au marché de L'Oulle, quand j'ai su que tu n'y étais pas d'une part et d'autre part parce que la chaleur était insupportable...
Maintenant c'est la folie du tour de France qui s'empare de la nature environnante... La Provence n' est plus qu'un grand terrain de jeux...malheureusement.
Un blog très intéressant d'une Avignonnaise qui fréquente assidûment le festival et nous en offre des chroniques et des photos.
http://brigetoun.blogspot.com/
(signalé par JEA chez Clopine)
@Tania, je ne suis guère festivalière moi-même sauf pour Avignon (une amie m'accueille), Marciac (le jazz à Marciac, c'est unique) mais je n'irai pas cette année et le banquet du livre de Lagrasse qui n'est pas à proprement parler un festival. Vous lisez et nous donnez envie de lire.
@Dominique Boudou Juliette à Avignon, belle découverte.
@Sophie. Oh oui, jeudi, la chaleur était terrible, tout juste si on pouvait remuer les paupières sans suer!
@Lavande oui excellent le blog de Brigetoun sur Avignon, bonne idée de donner le lien (je le réservais pour le vent des blogs mais deux fois valent mieux qu'une.
A propos des 807, j'avais proposé à FG plusieurs sur le thème, il a chois le plus excessif, j'aimais mieux les autres
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