J'ai envie de relayer ce très beau texte de Philippe Lançon publié sur le site d'Altermonde-sans-frontières qu'il clôture avec cette Chaconne divinement interprétée.
jeudi 26 février 2015
Philippe Lançon est bien vivant !
J'ai envie de relayer ce très beau texte de Philippe Lançon publié sur le site d'Altermonde-sans-frontières qu'il clôture avec cette Chaconne divinement interprétée.
samedi 21 février 2015
A vomir !
Donc, relaxe pour DSK. En dépit de ce qu'en ont dit les femmes ( matos en langage d'enfoirés), malgré les descriptions explicites du commerce dont elles étaient l'objet, au -delà de ce qui a été largement évoqué des violences faites aux femmes dont certaines très jeunes, DSK repart libre et j'ai même entendu un débat sur l'éventualité qu'il puisse demander des dommages et intérêts. Comme le titre Politis , le néolibéralisme annule la dette de la violence économico-sexuelle. Beurk
En revanche les Femen ayant outragé le même procureur sont assignées à répondre d'un tel outrage. Ces messieurs ne supportent l'exhibition des femmes que lorsqu'ils la commandent et la paient.
En Turquie, on constate la recrudescence des meurtres de femmes. Cette fois la société civile s'est mise en colère suite à la découverte d'une jeune femme de 20 ans violée puis assassinée par trois salopards ordinaires. Pourquoi une telle augmentation du nombre de victimes « Ceux qui ne font pas leur travail sont les tribunaux, qui ne condamnent pas les criminels, et l’Etat, qui protège les tribunaux. Car c’est la politique sexiste de ce gouvernement qui fait monter les statistiques. »
Ça n'a en tout cas pas dissuadé un type de découper sa femme en morceaux dans ce beau pays.
Ailleurs, au Canada, "les femmes autochtones sont trois fois plus à risque de violence que les autres Canadiennes et
surreprésentées parmi les femmes disparues et assassinées au pays. En
2014, on apprend que leur nombre - 1186 en 30 ans - dépasse les
estimations précédentes, qui avoisinaient plutôt les 600."
Sinon, il existe le meurtre banal au quotidien. Avec dans certains cas une certaine originalité comme ce type qui après avoir étranglé sa femme l'embarque dans sa voiture jusqu'au commissariat où il va se livrer. Il faut le comprendre ce pauvre homme. Séparé depuis un an ( violent avec femmes et enfants) il soupçonnait son ex d'avoir une "relation". Eh oui, pas oublier qu'on leur appartient, sauf quand on ne les intéresse plus.
Allez, pour conclure, une petite anecdote. Les chinoises demandent à accoucher par césarienne avant l'entrée dans l'année de la Chèvre. Mieux vaut naitre sous le règne du cheval puissant et fougueux que celui du mouton bêlant et fragile. Vous ne trouvez pas ça drôle ? Moi non plus tout compte fait.
Mieux vaut pour nous donner du courage s'inspirer de notre cher Vaneigem
C’est une stratégie peu coûteuse que d’enrôler dans des affrontements absurdes des gens qui, avec un peu de réflexion, risqueraient de dénoncer les manœuvres des exploiteurs et de se liguer contre eux. Allez donc jouer le jeu des commanditaires en accordant plus d’importance à certaines catégories d’assassins qu’à d’autres. Sous quel label rangerez-vous le taré qui en Norvège a massacré une centaine de personnes au nom de la pureté ethnique ? Et l’écolier qui un beau matin tue froidement ses compagnons de classe ? Encouragée ou non par des factions religieuses ou idéologiques, la bêtise a la même origine : l’ennui, la frustration, l’abrutissement, le désespoir, la sensation d’être pris au piège dont seul peut libérer un grand bond vers le néant. C’est ce piège qu’il s’agit de briser en brisant l’économie marchande. Sur son passage, elle ne laisse aucune chance à la vie. Il faudra bien que sur l’autre versant de la désespérance un grand rire se lève, un rire universel ne laissant aucune chance au commerce qui d’un homme fait une chose. Le rire de la joie de vivre retrouvée.
Raoul Vaneigem
19 janvier 2015
lavoiedujaguar.net
Mieux vaut pour nous donner du courage s'inspirer de notre cher Vaneigem
C’est une stratégie peu coûteuse que d’enrôler dans des affrontements absurdes des gens qui, avec un peu de réflexion, risqueraient de dénoncer les manœuvres des exploiteurs et de se liguer contre eux. Allez donc jouer le jeu des commanditaires en accordant plus d’importance à certaines catégories d’assassins qu’à d’autres. Sous quel label rangerez-vous le taré qui en Norvège a massacré une centaine de personnes au nom de la pureté ethnique ? Et l’écolier qui un beau matin tue froidement ses compagnons de classe ? Encouragée ou non par des factions religieuses ou idéologiques, la bêtise a la même origine : l’ennui, la frustration, l’abrutissement, le désespoir, la sensation d’être pris au piège dont seul peut libérer un grand bond vers le néant. C’est ce piège qu’il s’agit de briser en brisant l’économie marchande. Sur son passage, elle ne laisse aucune chance à la vie. Il faudra bien que sur l’autre versant de la désespérance un grand rire se lève, un rire universel ne laissant aucune chance au commerce qui d’un homme fait une chose. Le rire de la joie de vivre retrouvée.
Raoul Vaneigem
19 janvier 2015
lavoiedujaguar.net
mercredi 11 février 2015
Le coeur aussi grand qu'une place publique
Passé les derniers jours dans des trains et des crématorium. Celui du Père Lachaise pour un copain dont j'aimais la brillante intelligence, le goût de la vie et du rire. Une de ces maladies "orphelines a finalement eu raison de son opiniâtreté.
Celui de Saint Etienne pour la femme de mon frère qui a résisté au crabe au delà des prévisions mais a fini par jeter l'éponge.
Les rituels ont évolué et désormais on n'enfourne plus le cercueil vers la gueule béante où vrombit la fournaise ce qui m'avait si fortement bouleversée quand c'était le corps de ma maman qui disparaissait de la sorte.
Évidemment dans ces circonstances, on est un peu mélancolique, même si on ne fait pas partie des tout proches. Leur peine nous touche et c'est aussi un pan de notre propre histoire qui s'engloutit.
Comme j'ai pris beaucoup de trains, j'ai eu le temps de lire. J'avais glané à la Médiathèque un ouvrage de Christiane Taubira qu'elle a écrit en réaction aux vagues de xénophobie dont elle a été elle-même victime ("la banane et la guenon") mais non pour parler de son cas mais de cette urgence à trouver un mode de relation aux autres qui soit de reconnaissance réciproque dans le cadre très clair et précis que sont les règles de la République. Christiane Taubira est lettrée, elle aime la langue et la manie avec une belle maestria. Elle cite en abondance aussi bien Nietzsche que Billie Holiday. Son discours est un plaidoyer débarrassé de pathos pour reconquérir cet espace commun de la Nation qui a été piraté par ceux-là mêmes qui la prostitueraient s'ils venaient à s'en emparer. Plaidoyer pour une Europe des Lumières et rappel du "principe humaniste que professe le concept africain d'unbuntu: Umuntu ngumuntu ngabantu, une personne est une personne grâce aux autres personnes". Dans nos périodes d'égotisme forcené, de petits courtisans qui se prennent tous pour le Vizir, la parole claire et lucide de Christiane Taubira éclaire et rassérène.
Et aussi l'écouter dans son très bel hommage à Tignous.
Elle conclut sur un chapitre qui postule que le racisme est un altéricide qui atteint celui qui le pratique en boomerang. "Just remember whatever you do that what you bite is what you chew" (Myriam Makeba). Alors je vais achever ce billet -pas très fun, je reconnais, mais on ne peut pas toujours rigoler- par une petite info assez gratinée : ce que Gougueule vous propose lorsque vous commencez vos phrases par "les femmes ne doivent pas. Effarant ! Chère Christiane, on n'est pas rendues!
Le titre est tiré d'une citation d'une chanson de Juliette Gréco
Celui de Saint Etienne pour la femme de mon frère qui a résisté au crabe au delà des prévisions mais a fini par jeter l'éponge.
Les rituels ont évolué et désormais on n'enfourne plus le cercueil vers la gueule béante où vrombit la fournaise ce qui m'avait si fortement bouleversée quand c'était le corps de ma maman qui disparaissait de la sorte.
Évidemment dans ces circonstances, on est un peu mélancolique, même si on ne fait pas partie des tout proches. Leur peine nous touche et c'est aussi un pan de notre propre histoire qui s'engloutit.
Comme j'ai pris beaucoup de trains, j'ai eu le temps de lire. J'avais glané à la Médiathèque un ouvrage de Christiane Taubira qu'elle a écrit en réaction aux vagues de xénophobie dont elle a été elle-même victime ("la banane et la guenon") mais non pour parler de son cas mais de cette urgence à trouver un mode de relation aux autres qui soit de reconnaissance réciproque dans le cadre très clair et précis que sont les règles de la République. Christiane Taubira est lettrée, elle aime la langue et la manie avec une belle maestria. Elle cite en abondance aussi bien Nietzsche que Billie Holiday. Son discours est un plaidoyer débarrassé de pathos pour reconquérir cet espace commun de la Nation qui a été piraté par ceux-là mêmes qui la prostitueraient s'ils venaient à s'en emparer. Plaidoyer pour une Europe des Lumières et rappel du "principe humaniste que professe le concept africain d'unbuntu: Umuntu ngumuntu ngabantu, une personne est une personne grâce aux autres personnes". Dans nos périodes d'égotisme forcené, de petits courtisans qui se prennent tous pour le Vizir, la parole claire et lucide de Christiane Taubira éclaire et rassérène.
Et aussi l'écouter dans son très bel hommage à Tignous.
Elle conclut sur un chapitre qui postule que le racisme est un altéricide qui atteint celui qui le pratique en boomerang. "Just remember whatever you do that what you bite is what you chew" (Myriam Makeba). Alors je vais achever ce billet -pas très fun, je reconnais, mais on ne peut pas toujours rigoler- par une petite info assez gratinée : ce que Gougueule vous propose lorsque vous commencez vos phrases par "les femmes ne doivent pas. Effarant ! Chère Christiane, on n'est pas rendues!
Le titre est tiré d'une citation d'une chanson de Juliette Gréco
Libellés :
Christiane Taubira,
liberté,
racisme,
République,
sexisme
dimanche 25 janvier 2015
Yes they can !
Tous ceux que j'ai rencontré au cours de mon voyage à Athènes
en septembre espéraient la victoire de Syrisa. Je suis heureuse pour
eux ce soir et même si les lendemains déchanteront sans doute parce que
cet homme même s'il met en œuvre son programme le plus fidèlement du
monde ne pourra renverser à lui seul l'ordre mondial qui crée tant de
désordres. Il va gouverner avec un nouveau personnel, une équipe plus jeune. Syrisa avait d'ailleurs créé un "gouvernement fantôme" en 2012. Cette victoire est le signe de la montée
en charge des partis politiques émanant de l'organisation de la
société civile, basés sur une distribution des pouvoirs plus horizontale, un agenda de transition écologique et de justice sociale.
Peut-on espérer que cet avènement augure d'une nouvelle ère qui verrait la fin de nos systèmes féodaux même s'ils prétendent être démocratiques.
J'espère que l'ivresse du pouvoir n'entrainera pas Aléxis Tsipras sur la pente fatale du "chefaillisme" (oui, c'est un néologisme de ma façon), cette tendance à se considérer comme le seul et l'unique capable de mener le monde.
Ce soir les Grecs font la fête, du moins ceux qui ont élu ce jeune candidat à la responsabilité suprême.
Je suis de tout cœur avec eux.
Crédit photo Yahoo
mardi 20 janvier 2015
S'aimer à tort et à travers
Voici ce qu'écrivait Julos Beaucarne au lendemain de l'assassinat de sa femme.
Ma Loulou est
partie pour le pays de l'envers du décor,
un homme lui a
donné neuf coups de poignard dans sa peau douce.
C'est la
société qui est malade, il nous faut la remettre d'aplomb et d'équerre,
par l'amour et la persuasion.
C'est
l'histoire de mon petit amour à moi arrêté sur
le seuil de ses 33 ans. Ne perdons pas courage ni vous ni moi.
Je vais
continuer ma vie et mes voyages avec ce poids à porter en plus et nos deux
chéris qui lui ressemblent.
Sans vous
commander, je vous demande d'aimer
plus que jamais ceux qui vous sont
proches.
Le monde est
une triste boutique,
les cœurs
purs doivent se mettre ensemble pour l'embellir,
il faut reboiser l'âme humaine.
Je resterai
sur le pont,
je resterai
un jardinier,
je cultiverai
mes plantes de langage.
A
travers mes dires, vous retrouverez ma bien aimée,
il
n'est de vrai que
l'amitié et l'amour.
Je suis
maintenant très loin au fond du panier des tristesses ;
on doit
manger chacun, dit-on, un sac de charbon pour aller au paradis.
Ah comme
j'aimerais qu'il y ait un paradis,
comme ce serait doux les retrouvailles...
En attendant,
à vous autres, mes amis d'ici-bas, face à ce qui m'arrive,
je prends la liberté, moi qui ne suis qu'un histrion,
qu'un batteur de planches,
qu'un comédien qui fait du rêve avec du vent,
je prends la
liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd'hui :
Je
pense de toutes mes forces,
qu'il faut s'aimer
à tort et à travers.
Julos
Nuit du 2 au
3 février 75Voir Bernard Stiegler
Aimer, s'aimer, nous aimer
Libellés :
Bernard Stiegler,
Julos Beaucarne,
nous aimer,
s'aimer
mercredi 14 janvier 2015
Penser juste
Je suis passablement abasourdie par le déferlement médiatique provoqué
par la mort des caricaturistes de Charlie. Je reproduis ci-dessous le
texte d'un membre de l'Union Juive Française pour la Paix qui me semble
une parole digne dans tout ce bazar.*
"Rien ne peut justifier un assassinat, a fortiori le meurtre de
masse commis de sang-froid. Ce qui s’est passé à Paris, en ce
début du mois de janvier constitue un crime absolument
inexcusable. Dire cela n’a rien d’original : des millions de
personnes pensent et le ressentent ainsi, à juste titre.
Cependant, au vu de cette épouvantable tragédie, l’une des
premières questions qui m’est venue à l’esprit est la suivante :
le profond dégoût éprouvé face au meurtre doit-il
obligatoirement conduire à s’identifier avec l’action des
victimes ? Dois-je être Charlie parce que les victimes
étaient l’incarnation suprême de la liberté d’expression, comme
l’a déclaré le Président de la République ? Suis-je Charlie,
non seulement parce que je suis un laïc athée, mais aussi du
fait de mon antipathie fondamentale envers les bases oppressives
des trois grandes religions monothéistes occidentales ?
Certaines caricatures publiées dans Charlie Hebdo, que
j’avais vues bien antérieurement, m’étaient apparues de mauvais
goût ; seule une minorité d’entre elles me faisaient rire. Mais,
là n’est pas le problème ! Dans la majorité des caricatures sur
l’islam publiées par l’hebdomadaire, au cours de la dernière
décennie, j’ai relevé une haine manipulatrice destinée à séduire
davantage de lecteurs, évidemment non-musulmans. La reproduction
par Charlie des caricatures publiées dans le journal
danois m’a semblé abominable. Déjà, en 2006, j’avais perçu comme
une pure provocation, le dessin de Mahomet coiffé d’un turban
flanqué d’une grenade. Ce n’était pas tant une caricature contre
les islamistes qu’une assimilation stupide de l’islam à la
terreur **; c’est comme si l’on identifiait le judaïsme avec
l’argent !
On fait valoir que Charlie s’en prend, indistinctement,
à toutes les religions, mais c’est un mensonge. Certes, il s’est
moqué des chrétiens, et, parfois, des juifs ; toutefois, ni le
journal danois, ni Charlie ne se seraient permis, et
c’est heureux, de publier une caricature présentant le prophète
Moïse, avec une kippa et des franges rituelles, sous la forme
d’un usurier à l’air roublard, installé au coin d’une rue. Il
est bon, en effet, que dans la civilisation appelée, de nos
jours, « judéo-chrétienne », il ne soit plus possible de
diffuser publiquement la haine antijuive, comme ce fut le cas
dans un passé pas très éloigné. Je suis pour la liberté
d’expression, tout en étant opposé à l’incitation raciste. Je
reconnais m’accommoder, bien volontiers, de l’interdiction faite
à Dieudonné d’exprimer trop publiquement, sa « critique » et ses
« plaisanteries » à l’encontre des juifs. Je suis, en revanche,
formellement opposé à ce qu’il lui soit physiquement porté
atteinte, et si, d’aventure, je ne sais quel idiot l’agressait,
j’en serais très choqué… mais je n’irais pas jusqu’à brandir une
pancarte avec l’inscription : « je suis Dieudonné ».
En 1886, fut publiée à Paris La France juive d’Edouard
Drumont, et en 2014, le jour des attentats commis par les trois
idiots criminels, est parue, sous le titre : Soumission,
« La France musulmane » de Michel Houellebecq. La
France juive fut un véritable « bestseller » de la fin du
19ème siècle ; avant même sa parution en librairie, Soumission
était déjà un bestseller ! Ces deux livres, chacun en son temps,
ont bénéficié d’une large et chaleureuse réception
journalistique. Quelle différence y a t’il entre eux ?
Houellebecq sait qu’au début du 21ème siècle, il est interdit
d’agiter une menace juive, mais qu’il est bien admis de vendre
des livres faisant état de la menace musulmane. Alain Soral,
moins futé, n’a pas encore compris cela, et de ce fait, il s’est
marginalisé dans les médias… et c’est tant mieux ! Houellebecq,
en revanche, a été invité, avec tous les honneurs, au journal de
20 heures sur la chaine de télévision du service public, à la
veille de la sortie de son livre qui participe à la diffusion de
la haine et de la peur, tout autant que les écrits pervers de
Soral.
Un vent mauvais, un vent fétide de racisme dangereux, flotte
sur l’Europe : il existe une différence fondamentale entre le
fait de s’en prendre à une religion ou à une croyance dominante
dans une société, et celui d’attenter ou d’inciter contre la
religion d’une minorité dominée. Si, du sein de la civilisation
judéo-musulmane : en Arabie saoudite, dans les Emirats du Golfe
s’élevaient aujourd’hui des protestations et des mises en gardes
contre la religion dominante qui opprime des travailleurs par
milliers, et des millions de femmes, nous aurions le devoir de
soutenir les protestataires persécutés. Or, comme l’on sait, les
dirigeants occidentaux, loin d’encourager les « voltairiens et
les rousseauistes » au Moyen-Orient, apportent tout leur soutien
aux régimes religieux les plus répressifs.
"En revanche, en France ou au Danemark, en Allemagne ou en
Espagne où vivent des millions de travailleurs musulmans, le
plus souvent affectés aux tâches les plus pénibles, au bas de
l’échelle sociale, il faut faire preuve de la plus grande
prudence avant de critiquer l’islam, et surtout ne pas le
ridiculiser grossièrement. Aujourd’hui, et tout particulièrement
après ce terrible massacre, ma sympathie va aux musulmans qui
vivent dans les ghettos adjacents aux métropoles, qui risquent
fort de devenir les secondes victimes des meurtres perpétrés à Charlie
Hebdo et dans le supermarché Hyper casher. Je
continue de prendre pour modèle de référence le « Charlie »
originel : le grand Charlie Chaplin qui ne s’est jamais moqué
des pauvres et des non instruits.
De plus, et sachant que tout texte s’inscrit dans un contexte,
comment ne pas s’interroger sur le fait que, depuis plus d’un
an, tant de soldats français sont présents en Afrique pour
« combattre contre les djihadistes », alors même qu’aucun débat
public sérieux n’a eu lieu en France sur l’utilité où les
dommages de ces interventions militaires ? Le gendarme
colonialiste d’hier, qui porte une responsabilité incontestable
dans l’héritage chaotique des frontières et des régimes, est
aujourd’hui « rappelé » pour réinstaurer le « droit » à l’aide
de sa force de gendarmerie néocoloniale. Avec le gendarme
américain, responsable de l’énorme destruction en Irak, sans en
avoir jamais émis le moindre regret, il participe aux
bombardements des bases de « daesch ». Allié aux dirigeants
saoudiens « éclairés », et à d’autres chauds partisans de la
« liberté d’expression » au Moyen-Orient, il préserve les
frontières du partage illogique qu’il a imposées, il y a un
siècle, selon ses intérêts impérialistes. Il est appelé pour
bombarder ceux qui menacent les précieux puits de pétrole dont
il consomme le produit, sans comprendre que, ce faisant, il
invite le risque de la terreur au sein de la métropole.
Mais au fond, il se peut qu’il ait bien compris ! L’Occident
éclairé n’est peut-être pas la victime si naïve et innocente en
laquelle il aime se présenter ! Bien sûr, il faut être un
assassin cruel et pervers pour tuer de sang-froid des personnes
innocentes et désarmées, mais il faut être hypocrite ou stupide
pour fermer les yeux sur les données dans lesquelles s’inscrit
cette tragédie.
C’est aussi faire preuve d’aveuglement que de ne pas comprendre
que cette situation conflictuelle ira en s’aggravant si l’on ne
s’emploie pas ensemble, athées et croyants, à œuvrer à de
véritables perspectives du vivre ensemble sans la haine de
l’autre."
(Traduit de l’hébreu par Michel Bilis)
* je ne suis pas juive. Ce n'est pas pour m'en défendre que je le dis, simplement pour qu'on lise ce texte comme l'expression d'un être pensant qui cherche à penser juste et non un parti pris "clanique"
** c'est moi qui souligne
Pour mémoire, la liste des grands défenseurs de la liberté de la presse présents à Paris ce dimanche
Le Roi Abdullah de la Jordanie, qui a condamné l'année dernière un journaliste palestinien à 15 ans de prison avec travaux forcés Le Premier ministre de Turquie, qui emprisonne plus de journalistes que n'importe quel autre pays dans le monde Le Premier ministre d'Israël, Netanyahu, dont l'armée a tué 7 journalistes à Gaza l'année passée (deuxième score après la Syrie) Le Ministre des affaires étrangères d'Egypte, Shoukry, qui a emprisonné la rédaction d'Al Jazeera et détenu le journaliste Shawkan pendant 500 jours Le Ministre des affaires étrangères de Russie, Lavrov qui a emprisonné l'année dernière un journaliste pour « insulte à un employé du gouvernement » Le Ministre des affaires étrangères d'Algérie, Lamamra, qui a détenu le journaliste Abdessami Abdelhai pendant 15 mois sans charges Le Ministre des affaires étrangères des Emirats arabes unis qui ont en 2013 placé un journaliste égyptien de MBC en isolement pendant un mois Le Premier ministre de Tunisie Jomaa, qui a fait emprisonné le blogueur Yassine Ayan pendant 3 ans pour « diffamation de l'armée » Les Premiers ministres de la Géorgie et de la Bulgarie, qui battent tous les deux des records d'agression et de violences contre les journalistes au cours de manifestations La Procureur général des USA, où la police de Ferguson a récemment placé en détention des journalistes du Washington Post Le Premier ministre Samaras de Grèce, où la police anti-émeute a battu et a blessé deux journalistes au cours d'une manifestation en juin l'année dernière Le Secrétaire général de l'OTAN, dont on attend toujours l'explication du bombardement délibéré qui a tué16 journalistes serbes en 1999 Le Président Keita du Mali, où des journalistes ont été expulsés pour avoir témoigné des atteintes aux de droits de l'homme Le Ministre des affaires étrangères du Bahrain, 2ème plus grand geôlier des journalistes dans le monde par habitant (ils les torturent également) Le Sheikh Mohamed Ben Hamad Ben Khalifa Al Thani du Qatar, qui a emprisonné un homme pour 15 ans pour avoir écrire le poème "Le Jasmin" Le Président palestinien Mahmoud Abbas, qui a fait emprisonner plusieurs journalistes pour insulte en 2013 Le Premier ministre de Slovénie, Cerar qui a fait condamner un blogueur à six mois de prison pour « diffamation » en 2013 Le Premier ministre Enda Kenny d'Irlande, où le « blasphème » est considéré comme un crime Le Premier ministre de Pologne Kopacz, qui a fait perquisitionner un magazine pour saisir des enregistrements embarrassant pour le parti au pouvoir Le Premier ministre Cameron du Royaume Uni, où les autorités ont détruit des données dans les ordinateurs du Guardian et ont menacé le journal de poursuites L'Ambassadeur d'Arabie saoudite où un blogueur a été publiquement flagellé pour « insulte à l'Islam » Nous voilà rassurés sur l'avenir de nos libertés.
jeudi 8 janvier 2015
Veillée funèbre hier, 7 janvier au Capitole (Toulouse)
Les petites lumières installées sur les murs du Capitole. Une foule compacte et navrée. Toutes les générations mêlées pour partager leur peine et leur indignation. Une préoccupation exprimée sur la suite de cet horrible massacre. Quelle sombre inauguration ? Quel scénario caché ? Peut-on croire d'emblée la "story telling" associée (venger le Prophète) ou plus odieux encore un fascisme brun maquillé en fanatisme qui désigne des coupables trop évidents.
Ils vont nous manquer, eux qui ne s'en laissaient pas conter et avaient vocation à nous dessiller les yeux pour qu'on ne nous vende pas des vessies pour des lanternes.Tous leurs amis seront vigilants à faire en sorte que la vérité soit faite sur cette terrible affaire.
Merci de ne pas tuer les hommes présumés coupables, pour qu'ils ne deviennent des assassins muets car assassinés à leur tour.
Cher Cabu, Charb, Tignous, Wolinski, Onc' Bernard, je vous aimais comme de vieux frères et je pense très fort à tous ceux et toutes celles qui vous chérissaient et vous pleurent et ça fait beaucoup de monde.
Libellés :
Capitole,
Charlie Hebdo,
tristesse,
Veillée
Inscription à :
Articles (Atom)