Voici ce qu'écrivait Julos Beaucarne au lendemain de l'assassinat de sa femme.
Ma Loulou est
partie pour le pays de l'envers du décor,
un homme lui a
donné neuf coups de poignard dans sa peau douce.
C'est la
société qui est malade, il nous faut la remettre d'aplomb et d'équerre,
par l'amour et la persuasion.
C'est
l'histoire de mon petit amour à moi arrêté sur
le seuil de ses 33 ans. Ne perdons pas courage ni vous ni moi.
Je vais
continuer ma vie et mes voyages avec ce poids à porter en plus et nos deux
chéris qui lui ressemblent.
Sans vous
commander, je vous demande d'aimer
plus que jamais ceux qui vous sont
proches.
Le monde est
une triste boutique,
les cœurs
purs doivent se mettre ensemble pour l'embellir,
il faut reboiser l'âme humaine.
Je resterai
sur le pont,
je resterai
un jardinier,
je cultiverai
mes plantes de langage.
A
travers mes dires, vous retrouverez ma bien aimée,
il
n'est de vrai que
l'amitié et l'amour.
Je suis
maintenant très loin au fond du panier des tristesses ;
on doit
manger chacun, dit-on, un sac de charbon pour aller au paradis.
Ah comme
j'aimerais qu'il y ait un paradis,
comme ce serait doux les retrouvailles...
En attendant,
à vous autres, mes amis d'ici-bas, face à ce qui m'arrive,
je prends la liberté, moi qui ne suis qu'un histrion,
qu'un batteur de planches,
qu'un comédien qui fait du rêve avec du vent,
je prends la
liberté de vous écrire pour vous dire ce à quoi je pense aujourd'hui :
Je
pense de toutes mes forces,
qu'il faut s'aimer
à tort et à travers.
Julos
Nuit du 2 au
3 février 75Voir Bernard Stiegler
Aimer, s'aimer, nous aimer