dimanche 20 mars 2011

Ceux qui la décident ne la font pas.


Donc nous voici à nouveau en guerre. Nos beaux avions, notre si efficace porte-avions, nos missiles et tout et tout. Ça commençait un peu à rouiller. En Afghanistan, on ne peut pas s'en servir, on se bat au corps à corps (pas tout à fait quand même).

Oui, bien-sûr, on ne pouvait pas laisser le Caligula libyen continuer le carnage, mais dans ce cas pourquoi si tard et pourquoi pas au Yémen, au Bahreïn, en Côte d'Ivoire ?

Pour bannir la violence, il faudrait commencer par démonter les usines d'armement. Aussi impensable que d'arrêter le nucléaire ! Enfin, pour moi cela me semble la seule idée intelligente, mais je ne suis pas un stratège n'est-ce pas. Encore moins une.

Naturellement, ça n'a pas manqué. A l'occasion (du fiasco ?) des cantonales, un homme du Prez a (ab)usé de la situation pour rappeler qu'en temps de guerre, on espérait (avant d'exiger ?) qu'on se tint tous respectueusement en soutien du chef suprême.

Oh! Que je n'aime pas le tour que tout cela prend !

Version Chanson plus Bifluorée du texte de Francis Lemarque et la version d'icelui.

Allez, ne restons pas sur la version sombre du monde. Allons nous distraire intelligemment. We want sex equality, un excellent film social comme seuls les Anglais (Nigel Cole) savent les faire, pour raconter comment les ouvrières de Ford, en 1968, ont obtenu à travail égal salaire égal. Magnifique, Sally Hawkinds interprète celle qui mènera la grève jusqu'au bout.

Dernière chose, l'Europe veut faire disparaître la "médecine naturelle". Sus au lobby des industries pharmaceutiques. Signez la pétition. Je vais me faire une tisane, tiens.

mardi 15 mars 2011

Help !!!





Des soldats japonais à la recherche de victimes le 14 mars 2011 au milieu des ruines du village de Noda

Excusez-moi, mais j'ai un peu de mal à écrire quoi que ce soit alors qu'un peuple patauge dans la boue et affronte l'horreur nucléaire, après avoir vu s'engloutir sous les flots des villes entières.

Je ne sais que dire alors qu'un autre peuple se fait assassiner et que la communauté internationale se passe de main en main la patate chaude de l'art et la manière de ménager la chèvre et le chou.

Je ne saurais ergoter quand, au Bahreïn, les soldats de l'Arabie Saoudite viennent "mettre de l'ordre", déclarant la guerre aux manifestants chiites, soutenus par l'Iran.

Je me sens bien inutile pour décrypter ce qui se passe en Côte d'Ivoire d'où des milliers de gens cherchent à fuir la folie furieuse qui anime les partisans de l'un ou l'autre camp des chefs d'Etat ennemis.

Je suis atterrée de constater qu'en dépit des dérives actuelles, les gouverneurs du monde -notamment nos ministres de l'industrie et consorts- ne remettent d'aucune façon en question les partis pris tant énergétiques qu'économiques qui conduisent la planète vers la dévastation.

Serge Latouche considère que seule "la pédagogie des catastrophes" contraindra à réorienter nos choix économiques et politiques. Quel niveau de catastrophe devra-t-on atteindre pour éviter la catastrophe ultime.

Désolée. Rien de folichon, je le reconnais et guère l'envie d'épiloguer.

jeudi 10 mars 2011

Pour toi les petits matins mouillés


le violoncelle.jpg

Pour toi les petits matins mouillés, et le ciel lavé comme une aquarelle, le ciel qui a déteint, encore clair à l'ouest, et rapide, parcouru de grands nuages blancs, déjà violet à l'est, et sombre, troué par le point jaune du premier réverbère où s'accroche la vigne vierge. C'est mon offrande à ta jeunesse, au miracle que tu fus, un pan de ciel urbain, car je n'ai rien, j'ai les mains vides, j'ai tout donné à ceux que j'aime, et tu ne m'as laissé que cette rue et cette goutte de pluie qui brille sur une pivoine.

Offrande II Bernard Delvaille. Poëmes (1951-1981) Seghers.

Photo. Henri Zerdoun

Je pars pour quelques jours voir si le printemps se prépare à Paname.

mardi 8 mars 2011

Melting potesses




Il ne faut pas écrire sur le 8 mars, ça fait mauvais genre.

Aussi, pour ce 8 mars, je préfère laisser place à un melting pot de potesses qui me plaisent à plus d'un titre et pour divers motifs. A découvrir si vous ne les connaissiez déjà.

Elles ci-devant, ce sont les "locales" de l'ébranleuse.

Elle c'est La Loeb qui nous offre une excellente introduction au propos du jour.

Elle c'est la Frédérique Elkamili, elle a un oeil inouï pour capter la beauté au quotidien et je ne suis pas certaine qu'elle soit si ravie de paraître en cette galerie.

Elle c'est la Clopine qui est reviendue après une cure de silence.

Elle, c'est une des voix féminines d'Afrique, Aminata à l'écran et Aminata à l'écrit.

C'est tout pour aujourd'hui, je ne voudrais pas abuser et vous contraindre trop longtemps à une compagnie exclusivement féminine.

La dame en mauvaise position en illustration c'est Olympe de Gouges qui avait osé prétendre que puisque les femmes montaient à l'échafaud, elles devaient pouvoir participer à la vie politique. Elle est en effet montée à l'échafaud en 1793. Je la préfère ci-dessous, quand elle a encore toute sa tête




samedi 5 mars 2011

La Sorcière maraboute la Marine


Voilà, c'est fait. n'ayez plus peur. Elle est méconnaissable, mais c'est bien elle. Voyez ce petit œil cruel. Ils me font bien rire avec leurs sondages. C'est compter sans le savoir-faire de la Sorcière. Ne me remerciez pas. Tout le plaisir est pour moi !

lundi 28 février 2011

Dakar off, suite et fin.




A la demande générale (ah ah ah!) je poursuis et termine ici mon voyage en terre africaine. Ca n'intéresse personne mais ça n'a pas d'importance, j'écris aussi pour ceux qui me lisent sans se manifester. Je les salue affectueusement, ils se reconnaîtront
Or donc, l'amie Babet qui a capté une partie des scènes qui illustrent ces derniers billets nous a proposé d'aller faire un tour hors de Dakar, à l'invitation d'un de ses amis, dont elle avait suscité une exposition en France.
Matar est venu nous chercher et nous avons dû traverser Dakar avant d'atteindre la route qui dessert Thiès et plus loin la bifurcation vers "la petite côte". Notre destination, L'école des sables de Germaine Acogny. Cette femme, chorégraphe de dimension internationale a installé cet espace dédié à la danse avec une vision d'artiste consciente que l'art est un des vecteurs les plus puissants du changement d'imaginaire qui doit présider à l'évolution des sociétés humaines. Elle accueille des stagiaires de tous les pays avec un double projet de transmission de son art et de restauration de la dignité africaine, d'ouverture à l'autre pour qu'il ne soit plus l'étranger. Les "frontières ça divise" et les arts comme la danse permettent sinon de les abolir, au moins de désamorcer leur effet de morcellement des peuples entre entités ennemies. C'est très jeunes que les enfants doivent rencontrer une discipline artistique et elle s'y emploie.
Elle était occupée, elle nous a cependant gratifiée d'un mot de bienvenue, "je connais ce grand monsieur" avant de nous convier à visiter le lieu avec le régisseur, puis de nous désaltérer d'un verre de bissap, ce que nous avons fait, après avoir discrètement assisté à une répétition et arpenté les différents espaces plantés sur le sable.


Nous sommes ensuite partis visiter le village de Toubab Dialaw, l'école est située un peu à l'intérieur des terres de ce petit village de pêcheurs. On y trouve l'Espace Sobo Badé, un hôtel construit dans les années 70 par un poète et metteur en scène haïtien Gérard Chénet.

C'est un univers étrangement créole où se superposent les influences vaudou, bouddhiste et sénégalaise.


Tous les bâtiments sont recouverts de divers appareillages de terres cuites, de pierres de lave, de coquillages. Le lieu comprend une scène où sont donnés des spectacles et on y prodigue des cours de théâtre, de sculpture, de céramique, de batik, de danse.


Le contraste avec l'ambiance de Dakar nous portait à la langueur. Nous sommes allés marcher pieds nus sur la plage, sans déranger les chiens qui dorment un peu partout. Nous avons déjeuné dans une petite gargote qu'un Belge retraité qui passe là ses hivers (eh oui, tentant pour les vieux os le soleil tropical) nous a recommandé : moins cher, meilleur qu'ailleurs.


Il est vrai que le thiof était excellent. Nous avons discuté avec Matar de la difficulté de vivre de son art, à une époque où quiconque peut désormais faire des photos, les retoucher. C'est l'œil qui change tout nous a-t-il dit. Ça pourrait sembler un truisme et pourtant...

Y a-t-il des problèmes de faim au Sénégal lui ai-je demandé en décortiquant mon poisson. Non, pas vraiment parce que le principe de solidarité, très actif au Sénégal, oblige au partage. Il y a toujours un membre de la famille ou un voisin qui donnera à manger. Il est vrai que les enfants et les jeunes que nous croisons ont l'air plutôt en bonne santé. Pas d'obésité ou très peu, des handicapés, mais moins qu'avant, la vaccination a commencé de faire reculer quelques unes des maladies graves comme la poliomyélite, la rougeole ou la tuberculose. Ce sont le paludisme et la bilharziose qui restent les maladies les plus courantes. Le taux de personnes touchées par le Sida serait un des plus faibles d'Afrique (0,9% selon l'ONUSIDA). Le problème principal de la santé au Sénégal est la libéralisation outrancière des dernières années (merci les Plans d'Ajustement Structurels!) qui a réduit l'accès des plus pauvres à la santé et la concentration des moyens sur Dakar au détriment du reste du pays. Enfin, les étudiants sont catégoriques sur le sujet : l'université ne forme pas le nombre de médecins nécessaires au pays.

On ne peut pas quitter le Sénégal sans souligner que la guerre civile perdure en Casamance. Le conflit a fait plusieurs centaines de victimes notamment à cause des mines anti personnelles disséminées sur le territoire. Depuis l'accord de paix signé en 2004, le déminage n'a toujours pas éradiqué le danger de ces infâmes saloperies. Et la Casamance reste une zone de tensions. Nos deux amis vidéastes qui étaient restés après notre départ pour tourner un film pour la paix en Casamance en ont fait les frais et se sont retrouvés inculpés de trafic d'armes. (N'importe quoi!) Ils ont finalement été relâchés, sans doute parce qu'une mobilisation immédiate s'était organisée.

En dépit de tous ses handicaps, je reste optimiste pour l'Afrique. Son retard sera son avance dès que les générations montantes, qui n'ont jamais connu la colonisation et n'ont aucune intention de se laisser enfouir dans le substrat du monde, décideront non plus de fuir vers l'illusoire richesse de l'Occident mais de se coltiner le développement de leur pays, ce qui passera par l'évacuation des vieux chefs obstinément accrochés à leurs palais et obligeamment encouragés dans leurs exactions par les puissantes ploutocraties mondiales .

Ceci est une graine de baobab. Un beau symbole.

Photos ZL et Babet

Rien à voir. Madame Annie Girardot vient de mourir, Hélénablue lui rend hommage.

vendredi 25 février 2011

Dakar, off 1 / 2.



Chose promise...
Donc, nous avons dédié un peu de temps à la rencontre avec le Sénégal, le touriste piaffait en nous (nous c'est trois primates, amies, de sexe F).
D'abord, nous sommes allées sur le "plateau", et comme nous ne pouvions faire un pas sans que d'obligeants jeunes gens nous proposent leurs services, nous avons fini par rejoindre l'Institut français du Sénégal, dont le jardin accueillait une exposition de photos et où il était prévu l'avant première d'un film "Ramata" du réalisateur congolais Léandre-Alain Baker, adaptation d’une partie du roman du même nom, d’Abass Dione, en présence du cinéaste, de l'écrivain et des musiciens. L'actrice principale en revanche ne pouvait se présenter, Katoucha Niane, " la Princesse Peule ayant trouvé la mort dans des circonstances étranges en 2008. Le film se déroule à Dakar, histoire d'amour tardif et impossible d'une femme de 50 ans appartenant au milieu huppé de la capitale, avec un jeune malfrat.

http://www.rfi.fr/radiofr/images/098/katoucha432.jpg

La salle, sous les étoiles, était pleine à craquer. La top model guinéenne, d'une grande beauté, joue son premier rôle (et son dernier) en conférant à son personnage tout le pathos sans emphase d'un destin fourvoyé. Sa vie fictive s'achève sur la côte rocheuse de Gorée. Sa vie réelle dans la Seine.


L'île de Gorée a été notre seconde escapade, trop rapide parce que j'avais un rendez-vous qui l'a écourtée. Gare de triage au temps du commerce triangulaire, l'île vit désormais des touristes qui visitent la Maison des esclaves. Plutôt que ce lieu de malheur (que j'ai visité au cours d'un précédent voyage), nous avons arpenté les ruelles.

Puis nous sommes revenues, après un poulet Yassa, dégusté sur une terrasse en surplomb de la mer .

J'ai oublié de vous présenter les moyens de transport courants.
Il y a d'abord ça, le bus, le moyen le moins cher mais inconfortable, encore que.Ou bien le taxi, les chauffeurs sont des virtuoses qui se débrouillent dans un maelström sans nom pour se faufiler en dépit de toutes les chicanes.
Ou bien ça

Non, je plaisante.
Allez, la prochaine fois, je vous présente un photographe, une danseuse et un émule de Gaudi. Si vous êtes sage.

Photos ZL ou Babet
Photo Katoucha Niane ici