mercredi 29 avril 2009
Voyages, voyage
Clopine m'a soufflé le sujet du jour. Elle s'extasie du miracle de l'avion qui vous fait traverser le monde en quelques heures et ce, grâce à l'abnégation des personnels, de l'hôtesse, qui mime pour la énième fois, les consignes de sécurité ayant vocation à ne point servir, au pilote qui vous arrache et vous dépose de là à là sans défaire le brushing. Elle dit avoir peu usé de ce moyen (épouvantable bouffeur de pétrole, d'oxygène, générateur de bruit et de méchants gaz) et être la première génération de sa lignée.
Il se trouve que j'ai dû utiliser l'avion à un rythme sans commune mesure avec celui de notre Très Haut et de ses différentes cours, mais cependant plutôt soutenu à une époque.
Comme Clopine, je souffre de cette douleur épouvantable qui au moment de l'atterrissage, à cause de la dépressurisation, se vrille au niveau des sinus et de l'oreille, de sorte qu'on a l'impression que tous les vaisseaux vont exploser et qu'une AVC va finir par nous anéantir. La première fois du moins, parce qu'ensuite, on ne saurait dire qu'on s'y habitue, du moins sait-on qu'on en réchappe.
Des avions manqués, retardés, détournés (pour cause de verglas, de brouillard, de tempête), des valises perdues, des correspondants qui ne vous attendent pas et vous ne savez pas où vous devez vous diriger, des transferts anxiogénes (Ammam, 40 degrés pas de climatisation , les avions en retard, des annonces indéchiffrables, des gens qui s'évanouissent par suffocation), des transits au pas de charge, des appels qui ne vous sont pas parvenus parce que votre nom est vraiment trop déformé, des itinéraires étranges, particulièrement alambiqués pour complaire aux impératifs d'un prix d'agence (ainsi un Dar Es Salam / Paris, via Moscou, Aéroflot la compagnie la moins chère). Mille anecdotes.
Nous allons au Maroc chez des amis, janvier est terrible, nous espérons le soleil. Comme nous sommes coincés dans la salle d'embarquement, un type fait preuve d'un bagout inouï, nous récitant du Céline, du Flaubert, du Baudelaire, comme il respire. Fabrice Lucchini avant qu'il ne soit très connu, il n'a encore tourné que (si on peut dire) dans le Perceval de Bresson. Au retour, trois semaines plus tard, c'est la fuite du Shah et son atterrissage en catastrophe a Marrakech qui nous retient une journée supplémentaire dans un très bel hôtel, où nous retrouvons Lucchini et son verbe fougueux.
L'avion entre New Delhi et Katmandou (bien après la ruée vers l'Inde des années 70) où je constate que les femmes secondent spontanément les mères lorsque les enfants brament pendant que nous dégustons de délicieuses brochettes de lamelle de viande qu'on croirait cuites au brasero.
Un Fokker qui tangue entre Paris et Brème sans interruption de sorte que lorsque nous atterrissons je mets un temps fou à trouver l'équilibre ordinaire, joscille comme sur le pont d'un navire.
Une arrestation ubuesque à Frankfort: nous sommes deux hommes et quatre femmes et les deux ressemblent à on ne saura jamais qui. Nous sommes dérivés alors que nous sommes en transit et nos bagages fouillés et nos inquisiteurs ont beaucoup de mal à accepter de nous relâcher, nous étions censés représenter une grosse prise semblait-il.
Un avion minuscule de 20 places dans lequel on ne peut se déplacer qu'en se courbant et qui nous offre un panorama sur les plaines à céréales du Saskatchewan où on ne décèle aucun édicule attestant de l'existence de cultivateurs pour ces immenses étendues de blé.
Un jour, je manque l'avion pour Palerme après moultes péripéties dont je vous fais grâce mais qui m'ont littéralement réduite en charpie, je décide de ne pas prendre le suivant et de ne plus jamais utiliser l'avion.
Je ne me suis pas tenue à cet intégrisme, à cet absolu tabou, mais il est vrai que j'ai réorienté ma vie, en partie pour échapper à la foire des aéroports qui se ressemblent et sont tous uniques. Mention spéciale pour celui de Chicago où on prend des navettes qui longent des kilomêtres de batiments où stationnent et se démènent des milliers d'artisans de ce miracle du déplacement dans l'espace et le temps, où on est accueilli avec des chiens et où dans les couloirs passent en boucle le rappel des consignes de sécurité.
Voyage donc. Aujourd'hui, jeudi, je prend le TGV et je "monte à la capitale". Visite d'amis, observation du mouvement social de ce premier mai, l'expo de Calder à Beaubourg si le temps de queue n'est pas décourageant et grande fête d'anniversaire d'une amie chère avant de revenir sous le soleil exactement, lundi.
Illustration : Alexander Calder. Joséphine Baker (IV), vers 1928
© Calder Foundation, New York / Adagp, Paris 2009
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25 commentaires:
Voyages voyages , veinarde !
moi je pars à la compagne avec ma campagne , aux champignons , retour à la nature , pas d'ordi , juste de l'air pur ! Paris moi ce sera enfin une semaine vers le 22 juin , c'est fixé , ( hou hou L. ) ; pour Calder évite le juste à l'heure de l'apéro !
bon train train pas quotidien Zoë !
"des appels qui ne vous sont pas parvenus parce que votre nom est vraiment trop déformé (...)"
Probablement parce que dans un aéroport, "Lucid'air" a des allures de compagnie aérienne ?
(Ça va, je connais la sortie...)
@Cactus, moi de pars de la campagne et reviens vers mon ancienne chérie. Au bout de quelques jours, je suis heureuse de l'avoir revue mais je repars sans regret. Paris c'est bien au mois d'août, au mieux.
@ L°, Excellent, tu ne perd rien pour attendre, mon retour oeuf corse comme dit je ne sais plus, toi peut-être ?
avions-nous peur, déraison, bien descendu les marches, pris le train en marche, droit à un dernier verre ?
bonjour Zoë.
vous avez de la chance d'avoir autant voyager.
Découvrir le monde, les grands espaces, des nouvelles personnes qui parlent une langue qu'on comprend pas, et surtout découvrir des nouveautés culinaires.
Justement Clopine, dont le voyage s'est, semble-t-il, très bien passé, a mangé des pasteis de nata à Belem. Vous connaissez ? ça ressemble à des petits flans, c'est très facile à faire soi-même, il suffit d'avoir un peu de lait, de la farine, du sucre, des oeufs et une pâte feuilletée que vous pouvez acheter toute prête en grande surface.
Je vais demander à Clopine si elle connait la recette.
à bientôt.
bravo c'est bien VIAN ! manque juste le reste maintenant !!
t'es championne , t'as bien pensé !
Dexter, la recette, on veut la recette!
Je me souviens d'un vol Marseille-Paris très chahuté avec trous d'air, etc. Un haut responsable de l'entreprise, assis à côte de moi, a lancé alors à la cantonade, pince-sans-rire : "Quelqu'un a-t-il une Bible ?"
Quelques secondes plus tard,j'allais, en titubant, vomir aux toilettes.
Votre voyage, demain, devrait se dérouler sans encombre ni manifestation inopportune.
Allez, bon week-end Zoë. Reposez-vous bien.
(Je projette une installation proche sur l'île de Sainte-Hélène, où, figurez-vous, je suis en train de (faire) construire. Bien entendu, vous êtes cordialement invitée. Je fournis les rames)
@Ch Borhen : vous faites construire à l'ile Sainte Hélène ? quelle idée ?
et moi aussi je suis invité ?
on y va comment ? j'espère qu'il ne faut pas prendre l'avion pour y aller, j'ai une peur bleue de prendre l'avion, au moment du décollage, en général, je demande à descendre, du genre 'merci mais je préfère faire le reste de la route à pieds'.
même pour les voyages organisés je suis un mauvais client, j'aurais du vivre à l'époque des diligences.
si vous voulez je pourrais venir avec ma guitare.
sinon j'ai mis ma recette des pasteis de nata sur le blog de Clopine.
Ste-Hélène ? Jean-Paul Kauffmann et la chambre de Longwood.
Vous étiez hôtesse de l'air, Zoë?
0 Tous, Merci, je suis bien arrivée, le TGV fait des bruits proches du réacteur d'avion en vitesse de croisière. En revanche dans la Gare Montparnasse il produit un vrombissement épouvantable. Après quelques palabres avec ma chère amie, elle me prête son ordi pour que je m'offre une ligne ou deux. Tout va bien. Demain à nous deux (ou trois ou quatre ou quelques millions)Paris. Sous l'égide de Joséphine avec qui j'ai eu une histoire particulière que je raconterai un jour peut-être.
@Chr. Sainte Hélène ? Vous avez attrappé la sarkolyte (dépression post partum pour tyran fatigué).
@ Dexter. Que deveniez-vous ? Englouti dans la logorhée assoulinienne ?
@Lavande une recette, une recette!
@Cactus, vais voir tes ivresses.
@JEA So long
@DH C'était l'avion ou la bible qui vous retourna l'estomac ?
"elle me prête son ordi pour que je m'offre une ligne ou deux"
Ah la vache ! t'es complètement accro alors ?... c'est devenu une vraie addiction !
Bonnes promenades parisiennes.
Et dire que je suis parisien !
Enfin...
Vous avez MSN Zoë ?
Merci, Zoe, de m'avoir lue (et citée !) mais je me sens toute bête, moi, du coup, avec mon émerveillement de novice. Votre vie me semble si "composite", comme un bijou vous voyez ? Que vous me semblez avoir mis à profit, tout de même, malgré tout, toutes cees heures perdues dans les aéroports...
Clopine
@matriar K oui et je récidive, une piqure toutes les 12H au moins, suis en retard
@Stalker. Vous ici ? What a suprise ! Eh oui, je ne visiterai pas le monument Stalker, inconnu sur les guides. Une autre fois, qui sait?
@Poupette, connaissez MSN du côté de Bacon les Bruyères ? C'est pour les djeuns ? J'ai un mail ordinaire.
@Clo, pourquoi seriez vous toute bête ? Il n'y a aucun mérite spécial à prendre des avions. Dieu sait que des hordes de crétin arpentent les aéroports. L'émerveillement ça c'est précieux.
Chère Zoë, tu as l'air d'avoir vécu tellement de choses que je me demande quel âge tu peux bien avoir ?
Lognes - Vittefleur en Piper, 3000 pieds à 115 nœuds, un peu plus d'une heure.
On atterrit dans l'herbe et ça sent bon.
La taulière du Snack-Bar, rondelette et souriante, a le geste précis pour servir les demis; elle cause beaucoup et dis tu à tout le monde.
On est bien, au soleil.
bonsoir Zoë ! juste cette necdote ; à la terrasse d'un bistro je pensais donc à toi , oui oui pas "pensai" mais l'autre , en train de même , si je déteste le train train quotidien , lorsque je sortis un crayon de ma poche pour dessiner un dessin genre Caldéron : puis de le montrer à la table d'à coté , deux belles inconnues , nénés à l'air et pas de la dernière pluie (mini zup jusqu'aux cheville) : de les interroger sur mon oeuvre un peu grabouillé " vous pensez à quoi ? " tu ne devineras jamais leur réponse !
bien à toi !!!
hou hou t'es plus en Vendée le dimanche soir ? :-(
À mon avis, Zoë va avoir des "choses" à nous raconter.
"observation du mouvement social de ce premier mai, l'expo de Calder à Beaubourg" : mobiles n'allant nulle part?
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