jeudi 19 février 2009

La poésie s'occupera de vous.


Si vous ne vous occupez pas de la poésie
La poésie s'occupera de vous
Petits moutons broutant les pelouses mentales
Filles du samedi soir repeintes au néon
Solitudes laquées
L'aube est une blessure fraiche sous vos doigts
Et vous marchez dans les paysages cloutés
Le malheur vous pousse par les épaules
Marchez marchez la terre autour de vous
Sue à sang à l'heure ses souvenirs
Les villes lentement
Entrouvrent leurs hautes ailes de sable
Et je m'enfonce à travers vous dans l'océan
Les yeux caillés au lait des primevères
Je m'enfance avec vous dans les jardins d'enfants
Parmi les papiers gras et les épluchures de soleils
Marchez
Les terrains vagues de l'espace sont ouverts
Marchez
Jusqu'à en déchirer le temps
Jusqu'à l'hémorragie sauvage du poème
Dans le grand laminoir des mots chauffés à blanc
Patience
Ce siècle accouche tout de même ce siècle accouche
D'une virilité éruptive du chant
Dans les convulsions du malheur
Espérance, chair magnétique
Gonflant la matrice du monde
Quand elle aura muri dans sa nuit explosive
La poésie s'occupera de vous.

Christian Hubin Le chant décapite la nuit

Photo Le sein doux ZL

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce poème est une lame qui se déroule comme sur la grève (celle-ci, celle-là) en Guadeloupe.

Le saint des saints (le pouvoir aveugle) risque une estafilade ou pire.

Anonyme a dit…

Je ne connaissais pas ce poète et j'apprécie beaucoup tout comme votre site que je découvre avec un grand plaisir et un vif intérêt.

Anonyme a dit…

Correspondances.