vendredi 25 février 2011

Dakar, off 1 / 2.



Chose promise...
Donc, nous avons dédié un peu de temps à la rencontre avec le Sénégal, le touriste piaffait en nous (nous c'est trois primates, amies, de sexe F).
D'abord, nous sommes allées sur le "plateau", et comme nous ne pouvions faire un pas sans que d'obligeants jeunes gens nous proposent leurs services, nous avons fini par rejoindre l'Institut français du Sénégal, dont le jardin accueillait une exposition de photos et où il était prévu l'avant première d'un film "Ramata" du réalisateur congolais Léandre-Alain Baker, adaptation d’une partie du roman du même nom, d’Abass Dione, en présence du cinéaste, de l'écrivain et des musiciens. L'actrice principale en revanche ne pouvait se présenter, Katoucha Niane, " la Princesse Peule ayant trouvé la mort dans des circonstances étranges en 2008. Le film se déroule à Dakar, histoire d'amour tardif et impossible d'une femme de 50 ans appartenant au milieu huppé de la capitale, avec un jeune malfrat.

http://www.rfi.fr/radiofr/images/098/katoucha432.jpg

La salle, sous les étoiles, était pleine à craquer. La top model guinéenne, d'une grande beauté, joue son premier rôle (et son dernier) en conférant à son personnage tout le pathos sans emphase d'un destin fourvoyé. Sa vie fictive s'achève sur la côte rocheuse de Gorée. Sa vie réelle dans la Seine.


L'île de Gorée a été notre seconde escapade, trop rapide parce que j'avais un rendez-vous qui l'a écourtée. Gare de triage au temps du commerce triangulaire, l'île vit désormais des touristes qui visitent la Maison des esclaves. Plutôt que ce lieu de malheur (que j'ai visité au cours d'un précédent voyage), nous avons arpenté les ruelles.

Puis nous sommes revenues, après un poulet Yassa, dégusté sur une terrasse en surplomb de la mer .

J'ai oublié de vous présenter les moyens de transport courants.
Il y a d'abord ça, le bus, le moyen le moins cher mais inconfortable, encore que.Ou bien le taxi, les chauffeurs sont des virtuoses qui se débrouillent dans un maelström sans nom pour se faufiler en dépit de toutes les chicanes.
Ou bien ça

Non, je plaisante.
Allez, la prochaine fois, je vous présente un photographe, une danseuse et un émule de Gaudi. Si vous êtes sage.

Photos ZL ou Babet
Photo Katoucha Niane ici

lundi 21 février 2011

La guerre, les femmes en ont assez !


Oui sans doute, les femmes en ont assez de la guerre et pourtant...
Si on en croit les déclarations du fiston du Mouammar Khadafi, il sont décidés à défendre leur pré carré jusqu'au bout. Il semblerait à l'heure où j'écris ces lignes que des avions bombardent les civils à Tripoli. Tout n'est que rumeur puisque le black out a été instauré sur les communications. Combien de morts ?
Pendant ce temps on apprend qu'au Maroc, les manifestations poussent le gouvernement aux réformes.
A qui le tour ? Au Tchad ? Déby aurait dépêché des mercenaires pour donner un coup de main à son "homologue". Sans surprise. D'autant que sa frontière nord (taillée au cordeau) est libyenne.
Un Tchadien blogueur, réfugié politique à ce titre, rencontré à Dakar, dénonçait avec véhémence le régime corrompu et incompétent et a créé un blog où il accueille d'autres contributions que les siennes pour lutter contre l'absence de liberté d'expression. Il prédit la chute du régime. Que fera la France qui a déjà dépêché son "savoir-faire" à plusieurs reprises dans le pays ?



A Dakar, les ateliers ont duré du lundi au mercredi (pour ceux qui ont eu droit à une salle ou une tente). Celui sur l'Assemblée des Mouvements sociaux a concentré quelques deux mille participants.
Issu des travaux, un extrait de la déclaration de l'assemblée de convergence particulièrement ajusté à la situation actuelle
Nous inspirant des luttes des peuples de Tunisie et d Egypte, nous appelons à ce que le 20 mars soit un jour international de solidarité avec le soulèvement du peuple arabe et africain, dont les conquêtes renforcent les luttes de tous les peuples : la résistance du peuple palestinien et saharaoui, les mobilisations européennes asiatiques et africaines contre la dette et l’ajustement structurel, et tous les processus de changement en cours en Amérique latine.
Voyons ce qui se passera le 20 mars.

Quelques images joyeuses ou paisibles en attendant, pour conjurer l'appel aux armes de ceux "qui se battront jusqu'à la dernière balle".



Donc, après avoir pris des décisions pour organiser les prochaines luttes, les délégués des différentes assemblées sont venus les présenter au cours de la séance de clôture. Mireille Fanon-Mendès France qui la présidait a entamé la séance en annonçant qu'elle avait le plaisir de nous confirmer (vendredi 11, 17h00) que Moubarak venait de s'enfuir d'Egypte. Énorme hourra bien-sûr.


Juste après, elle a proposé une minute de silence pour tous ceux qui ont trouvé la mort au cours de ces jours de fièvre. Et le silence de la foule donnait la chair de poule

Avant de quitter Dakar, nous ferons la prochaine fois un petit "circuit touristique", après quoi nous reviendrons à notre vie ordinaire.

Photos ZL ou Babet

vendredi 18 février 2011

Forum Social Mondial, Dakar 2011. Circulez, y'a tout à voir.

« La meilleure façon de comprendre un forum, c’est d'y être ! ». selon Chico Whitaker qui se félicitait jeudi qu'en dépit de l'atmosphère chaotique du Forum, liée à la diminution de moitié du nombre de salles disponibles pour les ateliers, le FSM ait eu un réel succès en terre africaine.

Le « miracle sénégalais » a eu lieu, grâce à la bonne volonté et la bonne humeur indéfectibles des accueillants et grâce aussi à l'adoption par les occidentaux d'une zen attitude face aux nombreux aléas qui compliquaient l'organisation des évènements.

L'arrivée des caravanes le samedi, et la grande marche dans les rues de Dakar dimanche, étaient d'emblée bourrées d'énergie inventive et joyeuse. Les slogans montraient par antinomie, à quel point l'état du monde est piteux: « libre circulation pour tous, fin des violences faites aux femmes, éducation et formation avant tout, souveraineté alimentaire, stop à l'accaparement des terres », tous résumés par une pancarte

Explicite et radical. Aussi Evo Morales à la fin de la marche a-t-il clamé que « le capitalisme est à l'agonie». On aimerait le croire.

Nous avons eu la visite de quelques VIP, retrouvez leur nom dans votre presse favorite, en France, on a surtout épilogué sur la signification de leur présence (ou absence) au forum1


Le vendredi 4, à Gorée a été signée la Charte des migrants dont voici un extrait2

(...) nous, personnes migrantes qui avons quitté notre région ou pays, sous la contrainte ou de notre plein gré et vivons de façon permanente ou temporaire dans une autre partie du monde, réunies les 3 et 4 février 2011 sur l’Ile de Gorée au Sénégal,

Nous proclamons,

Parce que nous appartenons à la Terre, toute personne a le droit de pouvoir choisir son lieu de résidence, de rester là où elle vit ou de circuler et de s’installer librement sans contraintes dans n’importe quelle partie de cette Terre.

En perspective le passeport de citoyenneté universelle à l'horizon 2012. Optimiste non?

Les ateliers ont commencé le lundi dans la confusion totale. Le nouveau recteur avait décidé de supprimer puis de réduire de moitié les salles allouées au Forum. Le programme n'est parvenu qu'en milieu de matinée, avec des heures qui avaient changé pour certains et des lieux que seuls ceux qui en avaient concocté l'attribution pouvaient situer. Le lendemain le programme comportait en dernière page un plan du campus extrêmement vaste de l'Université Cheikh Anta Diop. Ca ne garantissait pas qu'on trouve la tente de fortune où se trouvait l'atelier mais au moins on ne se perdait plus. Et si on se perdait de jeunes volontaires recrutés parmi les étudiants, mais pas seulement, partageaient avec nous notre perplexité. Ils n'étaient en effet guère plus au courant.

Ça donnait l'occasion de pérégriner entre les stands et de faire de belles rencontres avec les humains qui les avaient montés de toute pièce.

Celles-ci cultivent la paix en réintroduisant les céréales et légumineuses éradiquées au profit de cultures d'exportation, pourvoyeuses de devises dilapidées par leurs dirigeants.

Les pêcheurs sont à la peine depuis que les accords de pêche ont été "mangés" laissant libre cours aux gros chalutiers étrangers de rafler tout ce qui nage près des côtes d'Afrique.

Une exposition de photos sur les charges invraisemblables que se coltinent les femmes.

La Canacla, une fontaine très écologique et très belle, issue du génie industrieux africain.

Quant à lui (ou elle, je n'ai pas vérifié), son calme imperturbable au milieu du charivari témoigne d'une ancestrale habitude à côtoyer l'agitation perpétuelle de l'espèce humaine.

(à suivre)

2Plus de détail http://www.cmmigrants.org



mardi 15 février 2011

Sous le soleil exactement. Marche d'ouverture du FSM Dakar 2011



C'était au pays des arbres à palabres et ça tombait bien puisqu'on venait de plusieurs continents pour se parler.

Mais d'abord marcher ensemble tout en disant ce qu'il est urgent de dire et redire.


Faut-il le rappeler ?



Education pour tous, 40% de jeunes en Afrique


Vieux monde t'es foutu, la jeunesse est dans la rue

L'industrie agro-alimentaire ne nourrit que les comptes en banque.
1milliard de personnes sous le seuil de pauvreté, émeutes de la faim, passées et à venir


71 % des revenus de l'Or s'évaporent dans des comptes off-shore.

Un combat tombé aux oubliettes sauf pour les Sahraouis eux-mêmes.
Quels refuges pour les Réfugiés ?

Ce n'est toujours pas le cas, 900 millions de personnes souffrent de discriminations (races, castes, minorités, handicaps).

Les Robocops étaient présents devant les banques, les bâtiments officiels, suant sous le soleil dans leur bel habit noir et sous leur casque de plastique.

Ici c'est le service d'ordre de la marche, têtes et mains nues.

Vous avez bien vu, c'est notre petit facteur.



Ce sera tout pour aujourd'hui, mais comme je sais que nos chers médias ont été très chiches en informations sur cet évènement à part pour parler de Martine ou de Ségolène, je me ferai un devoir de combler ces lacunes dans les jours à venir. Yalla!

Photos ZL et Babet

jeudi 3 février 2011

Le vieux monde se fissure, que va-t-il éclore ?


Photo ZL, Monument de l'Indépendance, Ile de Gorée. 2006.

Le Forum Social Mondial se tient du 5 au 11 février 2011 à Dakar. Plus de 40000 personnes y sont attendues.
Les distances ne sont plus un obstacle pour s’ inclure dans le processus du FSM, il suffit d'utiliser l'internet comme un outil stratégique pour renforcer les dynamiques altermondialistes, luttes et propositions, au niveau local, national, régional, et mondial.
A Toulouse , le programme du "Dakar étendu"se trouve ici
Pour ma part, je pars demain. Avec Frank et Christine, nous allons recueillir par l'image et le son ce qu'il nous semblera intéressant de capter qui pourrait augurer de l'avènement d'une autre organisation du monde et nous transmettrons notre moisson. Je prévois un bain de foule (ce qui ne m'est pas très agréable) mais une pléthore d'histoires de résistance, ce qui me réjouit.

"Tous les hommes rêvent mais pas de la même façon. Ceux qui rêvent de nuit, dans les replis poussiéreux de leur esprit, s'éveillent le jour et découvrent que leur rêve n'était que vanité. Mais ceux qui rêvent de jour sont dangereux, car ils sont susceptibles, les yeux ouverts, de mettre en oeuvre leur rêve afin de pouvoir le réaliser.
Thomas Edward Lawrence, alias Lawrence d'Arabie
.

A bientôt
.

mardi 1 février 2011

Egyptiens, encore un effort !

Fichier:Bethlehem Wall Graffiti 1.jpg

Bansky, Bethléem

Peut-on se réjouir de la "révolution" égyptienne quand les militaires adoptent un discours "compréhensif" à l'égard des "légitimes revendications" de la population et que le vice président Omar Souleimane est réputé lié aux détentions secrètes de la CIA, ce qui ne serait guère étonnant pour le chef des services secrets.

Vous ne le trouvez pas sympathique cet enfoiré, euh pardon, cet indispensable ?


Omar Souleimane, l'homme indispensable du président Moubarak

Je rajoute un lien sur une vidéo étonnante : une femme lance les slogans repris par des hommes, face aux forces de police. Trouvé grâce au bric à blog de la feuille Charbinoise et son dossier sur l’Egypte. Faites tourner.

lundi 24 janvier 2011

Dansons la carmagnole au son des casseroles


Il y a des révolutions qui se font à grand bruit médiatique, celles où on dénombre des morts par immolation, par balles tirées par les Robocop locaux (avec renfort ou non de gouvernements "amis"). Il y en a d'autres dont on n'entend pas ou peu parler, alors qu'elle se font grâce au bruit. Ainsi de la "révolution des casseroles" qui s'est produite en Islande en 2008 avec depuis des péripéties nombreuses telles que la destitution du parlement et son remplacement par de nouveaux responsables, le vote à la quasi majorité contre le remboursement de la dette aux banques avec nationalisation de celles-ci et la mise en place d'une assemblée constituante qui doit rédiger une nouvelle constitution,
Il semblerait qu'une version optimiste ait circulé, relayée par différents blogs dont celui-ci où on trouvera une compilation de liens vers les rares articles rédigés sur ce qui se passe en Islande.

Rue 89 titre "la révolution démocratique en Islande tient du fantasme" et en effet, la lecture de l'article remet un peu les pendules révolutionnaires à l'heure libérale et présente le toilettage de la Constitution comme une remise à neuf des habits du capitalisme.

Last but not least, il y aurait un côté sombre qui serait encore plus occulté que le lumineux, le procès intenté aux 9 de Reykjavik.

N'ayant pas les moyens de vérifier ces informations, je les livre avec prudence.
Ce qui est certain, c'est qu'à ma connaissance cette "révolution tranquille" n'a pas fait de grosses vagues dans nos médias. Peut-on penser comme l'article du Post le suggère que " l'exemple islandais ne fait pas vraiment l'affaire de nos pouvoirs politico-financiers qui montrent là encore leur aptitude à verrouiller rigoureusement la conscience politique" ?

Les commentaires qu'on peut lire ici ou là émanant de gens qui vivent en Islande sont moins enthousiastes. Ils parlent de flambée des prix, de retour de la xénophobie et de sacrifices inévitables.

Il n'empêche. C'est réjouissant de penser qu'on peut virer les incompétents en tapant sur des casseroles, comme les Argentins en avaient déjà fait la démonstration. C'est gai, non ?

mercredi 19 janvier 2011

Le vent des blogs 54. Vite fait sur le gaz.


Au cas où vous ne l'auriez pas noté (comment? vous ne regardez pas de près mes états de service ?) je suis beaucoup moins présente dans la blogosphère que je ne le fus au début de mon incursion sur la toile. Pas le temps, mangée par une foultitude d'autres agitations qui me requièrent. Pas la tête à élaborer de la belle syntaxe et de la pensée profonde ou légère.
Cependant j'ai glané quelques petits cailloux ronds et brillants. je les dépose ici, faites-en ce que vous voudrez.

Ecritures du monde : le Niger, une vision toute en délicatesse de ce pays où vient de se produire un de ces épisodes absurdes de la vie des hommes.

Edward S. Curtis, nous a laissé un héritage somptueux, ces photos des Peuples premiers d'Amérique, comme ils se nomment eux-mêmes, "Natives"d'un continent d'où ils ont été quasi éradiqués. Quelle beauté, quelle fierté! Quelle nostalgie d'une sagesse saccagée! Toutes ces photos sont d'une pureté miraculeuse.

Pour résister à la déréliction dans laquelle nous plonge les délires de nos gouvernants (je préfère passer sous silence celui de MAM), on s'organise. Ça vient, ça vient!

On peut aussi se livrer à une transposition drôle

Pour s'alléger le coeur et le corps mieux vaut danser le Tango ou encore écouter les exploits de l'ami Manu Causse ou encore d'une petite nouvelle qui promet "Anna Calvi la crème anglaise".

Bientôt (enfin pas tout de suite) je serais rendue à des rythmes plus propices à ..., à quoi au juste ?

Illustration

samedi 15 janvier 2011

Nouvelle année, mais où ai-je la tête !

Photo JEA

J'ai trouvé ce texte stocké, (alors que je cherchais autre chose). Tiens me suis-je dit, j'ai publié ça ? Et quand donc ? En parcourant mes archives, je ne l'ai pas retrouvé. Or donc je vous l'inflige (une deuxième fois peut-être mais peut-être non), en le bricolant un peu car on n'est jamais la (le) même après une année de tribulations et quelles !

(...) mes vœux sous la forme suivante « optimisme, lucidité, pugnacité, sérénité" cocktail subtil à concocter, d'un effet revitalisant garanti. Comme vous me semblez fonctionner avec ce genre de carburant, j'ai eu envie de défendre la recette auprès de mes compagnons lecteurs. (D'où cette idée que j'avais sans doute publié ça mais quand ?)

L'optimisme n'est pas une prédisposition mais une hygiène mentale qui relève du pari pascalien : le pire, anesthésiant, mortifère, n'est ni plus ni moins avéré que son antonyme le mieux.

La lucidité est une fonction utile à chaque instant pour distinguer les vessies des lanternes, la flagornerie de l'hommage et la probité de l'imposture.

La pugnacité n'est pas folle agressivité mais volonté articulée à la résistance, toutes choses nécessaires pour seulement se lever chaque matin.

La sérénité consiste essentiellement à ne pas craindre la mort. Lorsqu'elle nous fauchera nous n'aurons plus aucun regret, à moins d'imaginer que notre corps en se dissolvant relâche une âme en quête de salut, ce qui, à Dieu ne plaise, relève (à ce jour) de la pure mythologie.

Si on observe le cours du vivant, on constate qu'il procède de ces principes. En revanche les pulsions mortifères sont antagoniques, en tension nécessaires sans doute mais dangereuses dans leur exacerbation.

Le pessimisme chronique réduit tout acte à son inanité.

La lucidité, sous bassement revendiqué de la logique pessimiste consiste essentiellement à traquer les mauvaises raisons de se satisfaire du dégoût du monde et à considérer avec mépris la modestie du quotidien.

La pugnacité revêt souvent l'uniforme de la guerre, recours soi-disant ultime pour convertir un monde dissolu.

Quant à la sérénité, elle se confond ici avec l'atrophie émotionnelle, rempart de l'angoisse.

Bien entendu, nous avançons chacun sur la corde tendue entre ces pôles et nul n'échappe à l'optimisme niais, aux aveuglements suivis de trous noirs, aux désirs de meurtres, au chaos émotionnel.

Cher visiteur, si tu penses reconnaître un bla bla que tu aurais déjà aperçu sous l'arbre, n'hésite pas à me traiter de radoteuse. Mais il te faudrait plus de mémoire que j'en ai. Est-ce bien raisonnable ?

Et si tu cherches des vœux tarabiscotés va faire un tout par .

Je vais terminer sur un vœu conjoncturel. La Tunisie, ce n'est qu'un début. L'Afrique va entrer en ébullition. Les jeunes vont se débarrasser des vieux crocodiles corrompus. Yep!

dimanche 9 janvier 2011

Le vent des blogs 53. Le retour



Enfin, le retour*, peut-être. J'hésite. Ou alors je n'écrirai plus que pour cette rubrique. On verra bien.
Je commence fort "Un clito revendicatif me rappelle une bite révolutionnaire". C'est un contrepoint au fameux "Indignez-vous" qui se dit dubitatif sur la portée de nos gesticulations "révolutionnaires". Visitez Rodolphe, ses "ça me rappelle" sont souvent savoureux.

Un film que j'irai voir, dès qu'il sortira c'est à dire le 12 janvier, Women are heroes. Ce que je crois en comprendre c'est le combat des femmes pour s'extirper de la misère et la soumission dans ces pays où c'est leur lot quotidien, en faisant la courte échelle à leurs filles ou petites filles.

Ainsi peut-on espérer qu'elles échappent au sort d'une Marceline Desbordes-Valmore

« Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire;

J'écris pourtant,

Afin que dans mon cœur au loin tu puisses lire

Comme en partant.

Je ne tracerai rien qui ne soit dans toi-même

Beaucoup plus beau:

Mais le mot cent fois dit, venant de ce qu'on aime,

Semble nouveau. »

Solko en a dressé un portrait assorti d'une photo où on lit cette expression, qui fut celle de tant d’humains de ces générations-là, gens oubliés du dix-neuvième siècle, tous les captifs, tous les vaincus qui n'eurent pas même la possibilité d'écrire la moindre ligne, de jouer le moindre rôle, et de graver leurs traits dans le camaïeu du moindre daguerréotype.


L'Olympe fait aussi une revue du net et elle est gratinée. Je vous recommande d'écouter également le petit extrait faciles et pas chères reloud à souhait.


On va finir avec Desproges dont je vous recommande le site (posthume, il va sans dire) et son fameux numéro les Juifs. Un antidote.


Tu nous l'as fait féministe sur le retour ? Oui, c'est ça. La prochaine fois, sport!



*Pour ceux qui visiteraient ce blog pour la première fois ou depuis peu de temps, le Vent des Blogs fut une rubrique hebdomadaire dont j'ai décliné 52 numéros avant de déclarer forfait.

vendredi 7 janvier 2011

Identité notionnelle, bis répétita

(Ph. JEA / DR).

"Elle est née quelque part, certes, mais elle n'y est pour rien et même aurait préféré naître ailleurs, un goût prononcé pour l'exotisme.
Elle a grandi mais on l'y a poussé. Elle a eu beau freiner des quatre fers, elle a bien été obligée de se redresser et aussi bien, commencer à prendre langue puisque c'était décidément plus efficace que les cris et les borborygmes pour obtenir du pain et des jeux.
Elle a chanté, on a prétendu qu'elle le faisait bien. Toute musique entrant dans son oreille ressortait par sa bouche. Elle était la mémoire familiale. Comment c'est déjà, tu sais bien cette chanson ? Elle s'exécutait.
Elle a dansé, son corps souffrait de trop de raideur si elle ne lui donnait pas de l'exercice, danser lui était aussi indispensable que courir et plus compatible avec les espaces confinés.
Elle a écrit, sur le plâtre frais que son père appliquait sur les murs, il admirait la performance et haussait les épaules quand sa mère protestait. Le graffiti comme méthode, en droite ligne des cavernes
Elle a aimé les livres. Elle lisait avant de savoir lire. Elle se promenait avec un livre quand elle n'aurait pu en déchiffrer un mot. Elle harcelait son frère pour qu'il lui apprenne et quand enfin elle entra à l'école, elle considéra avec mépris ces morveux accrochés aux basques de leur môman et braillant comme à l'abattoir.
Elle a aimé l'école, ah oui, elle trouvait passionnant tout ce qu'on y apprenait. Tout, sans exception. Le monde s'ouvrait enfin, immense, et elle allait y faire une grande carrière de vivante si elle ne mourait pas tout de suite, car cette perspective l'accompagnait tous les jours. Vis comme si tu devais mourir demain.
Elle a su très tôt qu'elle ne resterait pas toute sa vie au bord de cet Atlantique dont pourtant elle aimait les rochers, les dunes, l'iode et le bruit des vagues.
Elle a désiré Paris, la ville prodige, où on peut façonner un destin, autre chose que cette province où la rumeur tenait lieu de pedigree. Paris, la joie de son immersion à peine ternie par la souffrance de ses oreilles et de ses sinus, sursaturés d'émanations, le bruit et l'odeur. Paris les quais, les lumières, les bars, les musées, la cinémathèque, les petits restaurants où elle avait ses habitudes et une ardoise, les chambres sous les toits d'où elle tutoyait les pigeons.
Elle a voulu connaître le vaste monde et s'y est risquée avec peu de moyens et les yeux plus grands que le ciel.
Elle a donné la vie après avoir longtemps hésité, parce qu'elle craignait de perdre sa folle insouciance, ce qui advint.
Elle s'est employée en harangues et gesticulations afin de faire mousser d' improbables utopies, en particulier celle d'un monde où les frontières seraient tracées au bolduc.
Elle a divorcé de la Capitale, elles ne sauraient vieillir ensemble.
Et la voici, juchée sur une petite colline, contemplant le couchant et ne sachant toujours pas si elle est ce qu'elle croit être, ou celle que les autres croient voir.
J'oubliais. Ses papiers sont estampillés d'origine contrôlée et depuis longtemps déjà, on ne les lui réclame plus."



Paru en janvier 2010 chez JEA, Mosaïques dans le cadre des Vases communicants, le texte de JEA sous l'arbre

dimanche 2 janvier 2011

Comment va La sorcière et toile à matelots


- Bonjour o' vénérable, je venais vous souhaiter une excellente année et vous demander quelques conseils pour les jours à venir.
- Je ne donne pas de conseils, je ne lis pas dans le cristal et par conséquent je ne sais rien de rien à l'avance.
- Mais pourriez-vous me dire si je dois m'inquiéter de la montée de l'intolérance. Des chrétiens assassinés, des types qui éructent un peu partout.
- Oui.
- Comment ? Mais encore ?
- Oui, vous pouvez vous inquiéter. L'horreur du monde s'est toujours adossée à ce genre de folie. Les sorcières en savent quelque chose.
- Une de mes amies se trouve en Afrique, doit-elle envisager de revenir ?
- Oui.
- Comment en être aussi certaine ?
- Je ne suis certaine de rien, sauf de l'éternel retour de la pulsion de meurtre en cheville avec l'appétit de pouvoir.
- Puis-je espérer trouver du travail cette année, je suis en fin de droits.
- Nous sommes tous et de plus en plus en fin de droits.
- Vous n'êtes pas très encourageante.
- Mais si ! Indignez-vous! Vous êtes jeune, c'est à vous de secouer ce vieux monde.
- Vous croyez encore à un monde meilleur ?
- On n'a pas besoin de croire à un monde meilleur pour se bouger, il suffit de constater à quel point celui-ci est mal foutu. Faites votre part. C'est tout!
- Oui, mais comment ?
- Vous êtes seul à savoir ce que vous êtes en mesure de faire au mieux pour le moins pire. Cependant cherchez des alliances. Il n'y a d'intelligence utile que collective. Seul l'Art peut être une recherche individuelle et encore! parce que tant d'artistes vous auront ouvert le chemin.
- Qu'allez-vous faire vous-même ?
- Titiller les étoiles, mon passe-temps favori.

Illustration Le dico des sorcières. Elizabeth Brami, Francis Délivré, Hachette Jeunesse