dimanche 25 avril 2010

Paris. Des plantes et des oiseaux.

J'ai trouvé les allées du Jardin des Plantes un peu tristes. Peu de plantations, à part une bordure de pavots. je ne sais pourquoi, le lieu semblait négligé.



Il y avait bien au loin cette masse rose, qui grossissait alors que j'avançais dans sa direction. Il s'agissait d'un Prunus serrulata au meilleur de sa floraison.



Je n'ai fait que traverser le Jardin des Plantes mais il me semblait que le lieu n'était plus entretenu. Etait-ce seulement une affaire de saison ou une restriction de personnel sur le vieux Musée dans son ensemble. "Il a trouvé que c'était poussiéreux" disait une mère à un père qui, semblait-il, venait de les rejoindre après leur visite de la grande galerie de l'évolution. Ben forcément, hein tout ça c'est vieux, très vieux. Je me demandais combien de temps encore les serres seraient visitées. C'est l'année de la biodiversité. Une année ? Et après ?

Je venais de m'offrir un plaisir-souvenir, un repas au restaurant de La Grande Mosquée de Paris, un endroit délicieux où j'avais interrompu ma dégustation, pour capturer par l'objectif les moineaux eux-mêmes occupés en toute tranquillité à se rassasier des miettes, soit un vrai festin pour leurs minuscules estomacs.




N'étant pas moi-même musulmane, j'ai toujours aimé ce lieu où je retrouvais mes amies pour un hammam suivi d'un thé et de quelque patisserie. Patios ombragés, fontaines, mosaïques. Pourquoi cet art de vivre devrait-il être méprisé au prétexte que l'islamisme rugissant nous pourrit la vie et que l'intégrisme essentiellement porté par des hommes qui en tire leur pouvoir de domination sur l'autre moitié de l'espèce est devenu une caricature sanglante d'une spiritualité qui a par ailleurs inspiré de grandes réalisations.
Merci à Floréal pour ce lien qui hélas nous rappelle que les femmes sont les martyres de ces religions mortifères. Non, "c'est pas normal des tueries pareilles".

mercredi 21 avril 2010

Paris. Au bord du canal, fièvre du samedi.



Paris sera toujours Paris. Il n'empêche, j'ai pu constater quelques modifications profondes. Ainsi le canal de l'Ourcq. Du temps où j'habitais rue de Joinville, c'était un lieu très peu attractif, bordé d'immeubles gris, entrepôts et autres lieux de labeur. Je m'y suis promenée samedi, on y a installé des restaurants, l'Holidays Inn vous y accueille à partir de 110 euros la nuit. Le petit noir vous brule le gosier à raison de 2euros 80, à moins que vous ne choisissiez d'embarquer aux antipodes pour un prix plus doux. Ce que j'ai fait.



Puis j'ai continué ma promenade.

En approchant de la Rotonde de la Villette, j'ai bien remarqué sous des piliers des matelas entassés à peine masqués par des guenilles placées en rideau et noté également que la plupart des gens passaient à l'arrière, évitaient cette partie de la promenade Signoret Montand (sissi, ils ont donné leur nom à cet endroit propice au campement SDF).

En passant devant le cinéma MK2, Quai de la Seine, j'ai pris plaisir aux citations.



Comme je dépassais le cinéma, je tombai sur une scène qu'on aurait pu croire tirée d'un film. Quatre types campés sur la hauteur séparée du quai par une dizaine de marches se hurlaient des insultes. Deux d'entre eux ont dégringolé les marches, l'un s'est emparé d'une bouteille, a ajusté un des clochards resté sur la hauteur et l'a atteint en plein visage, lui explosant la joue et lui criant "T'es mort", comme dans un jeu d'enfant. Le deuxième, un grand Noir s'est alors tourné vers nous et on a pu voir qu'il avait le visage en sang.
Il est venu se laver en prenant l'eau de la fontaine puis est reparti à l'attaque, armé de bâtons.



Le malaise grandissait chez les badauds mais en quelques minutes, alors qu'ils s'étaient rapprochés et se menaçaient de coups de batons, des flics en civil se sont rués sur les belligérants, révolver au poing et les ont fait se jeter à terre, les maintenant de la sorte jusqu'à ce qu'une voiture de police déverse les renforts, en uniforme, qui ont passé les menottes à deux des combattants (un dans chaque camp). Les pompiers sont intervenus quasi immédiatement et ont commencé à soigner le Noir au visage ensanglanté, tandis que le clochard moins touché, se carapatait sans que personne ne s'y oppose et que les deux autres se tortillaient à terre, les mains menottées derrière le dos.
Une jeune femme me commentait la scène. Elle habitait à Paris depuis un an. Cet endroit est -disait-elle- un lieu de trafic et il existerait une guerre larvée entre police nationale et police municipale qui aboutirait à laisser se développer une zone de non droit. En tout cas, pensais-je, elle est truffée de policiers en civil qui interviennent en jaillissant de la foule installée paisiblement aux alentours. Je n'ai pas attendu la clôture de l'algarade. Je suppose que tout le monde a été embarqué. Sauf, le clochard évaporé. Au total deux voitures de Police, deux de pompiers, des flics en civil, et les veaux sont bien gardés.

mercredi 14 avril 2010

Les recettes de la sorcière du placard aux balais (suite)

- Bonsoir o' Lumière des tréfonds
- Vous me dérangez dans mes méditations. Quel en est le motif ?
- C'est que, Subtile Gorgone, la planète menace de s'enflammer au motif que rien ne va plus, que les dés sont pipés, qu'on n'y voit plus très clair, que satire et hagiographie s’entremêlent et s'annulent, exultation et dépression alternent et nous épuisent, inondations succèdent à tremblements de terre, nous ne savons plus où donner de l'urgence, bref nous souhaiterions que votre sagacité nous désigne ne serait-ce qu'un tout petit, minuscule sentier de crête entre tous ces chaos.
- Le chaos est la nature première du monde.
- Sans doute, mais Sublime Protectrice, comment conjurer ces oracles qui nous annoncent une mort par extinction lente et douloureuse ?
- Il se peut qu'elle soit rapide et presque indolore.
- Que nous conseillez-vous pour échapper à un destin si funeste.
- Croyez-vous qu'il m'importe de secourir une engeance coupeuse de tête? Ça non ! Débrouillez vous puisque vous ne savez pas échapper à l'embrouille. Il est bien temps de consulter une fois que vous avez prétendu tout savoir sur tout, tout gouverner sans une once d'humilité, tout posséder sans remise. Allez, ne venez pas pleurnicher au bord des gouffres. Mettez à contribution votre fameuse "raison", peut-être saurez-vous en tirer un brin de bon sens, vertu que vous avez tenu en mépris ces derniers siècles. Et maintenant, retirez-vous, je retourne à mes occupations.


Petit ajout du 15 avril
La sorcière part quelques jours. Elle a envie de vous confier un petit dilemme, le voici:
Chaque intervenaut est salué ici d'une réponse. Une façon d'adresser un message de réception à minima, parfois d'entamer un débat. Cette méthode (ou cette manie) qui n'est pas pratiquée par tous les blogueurs est diversement appréciée. Pour ses détracteurs (le mot est trop fort), ce serait une façon d'avoir le dernier mot, une pratique d'institutrice qui rectifie la copie.
Je suis donc perplexe. Comme je ne pourrais pas avoir accès à mon blog pendant quelques jours, prenez la liberté de vous exprimer (ou non) sur ce point, juste pour me permettre de me faire une idée. Appelons ça une consultation.

dimanche 11 avril 2010

Capture


« Ce que je suis ? Je vais vous le dire et c’est très simple. Je suis un homme qui écrit dans une chambre, tout seul, et qui ne s’inquiète pas du destin de ses œuvres, qui ne se laisse jamais troubler par le tapage, l’admiration ou la colère que ses œuvres peuvent un jour susciter. Pour tout dire, un homme qui ne demande rien aux hommes, sinon de l’amitié, quelque tolérante compréhension. »

Michel de Ghelderode, Les entretiens d’Ostende

Je viens de retrouver dans mes archives cette capture dans une présentation de Tania Textes et prétextes.

Je n'écris pas , du moins rien qui ait vocation à être publié. Je travaille mais ce n'est pas pour alimenter ce blog. Je le nourris donc grâce aux provisions glanées au cours de ces derniers mois.

En attendant de revenir avec du grain à moudre.

mercredi 7 avril 2010

Hymne à l'oisiveté


Le paresseux

Accablé de paresse et de mélancholie,
je rêve dans un lit où je suis fagoté
Comme un lièvre sans os qui dort dans un pâté,
Ou comme un Don Quichotte en sa morne folie.

Là, sans me soucier des guerres d'Italie,
Du comte Palatin, ni de sa rouauté,
je consacre un bel hymne à cette oisiveté
Où mon âme en langueur est comme ensevelie.

Je trouve ce plaisir si doux et si charmant,
Que je crois que les biens me viendront en dormant,
Puisque je vois déjà s'en enfler ma bedaine,

Et hais tant le travail que, les yeux entrouverts,
Une main hors des draps, cher Baudoin, à peine
Ai-je pu me résoudre à t'écrire ces vers.

Saint-Amant (1594-1651)

A peine ai-je pu les reproduire...
Spéciale dédicace aux flemmards et autres adeptes de la procrastination

Illustration Vénus endormie Paul Delvaux

dimanche 4 avril 2010

Les filles de joie, Florilège


Pour faire suite au post précédent, je ne pouvais me priver du secours de ce brave
Georges. Si vous voulez chanter avec lui, comme au karaoké voici les paroles. Sinon, ça fonctionne très bien sans musique, en élégie élémentaire.
Bien que ces vaches de bourgeois
Les appell'nt des filles de joie
C'est pas tous les jours qu'ell's rigolent
Parole, parole
C'est pas tous les jours qu'elles rigolent

Car, même avec des pieds de grues
Fair' les cents pas le long des rues
C'est fatigant pour les guibolles
Parole, parole
C'est fatigant pour les guibolles

Non seulement ell's ont des cors
Des œils-de-perdrix, mais encor
C'est fou ce qu'ell's usent de grolles
Parole, parole
C'est fou ce qu'ell's usent de grolles

Y a des clients, y a des salauds
Qui se trempent jamais dans l'eau
Faut pourtant qu'elles les cajolent
Parole, parole
Faut pourtant qu'elles les cajolent

Qu'ell's leur fassent la courte échelle
Pour monter au septième ciel
Les sous, croyez pas qu'ell's les volent
Parole, parole
Les sous, croyez pas qu'ell's les volent

Ell's sont méprisées du public
Ell's sont bousculées par les flics
Et menacées de la vérole
Parole, parole
Et menacées de la vérole

Bien qu'tout' la vie ell's fass'nt l'amour
Qu'ell's se marient vingt fois par jour
La noce est jamais pour leur fiole
Parole, parole
La noce est jamais pour leur fiole

Fils de pécore et de minus
Ris pas de la pauvre Vénus
La pauvre vieille casserole
Parole, parole
La pauvre vieille casserole

Il s'en fallait de peu, mon cher
Que cett' putain ne fût ta mère
Cette putain dont tu rigoles
Parole, parole
Cette putain dont tu rigoles

Celles-ci le chantent d'ailleurs et elles sont de Toulouse, o' Toulouse. Les filles de joie

Ici, il s'agit de l'enfer des filles de joie à la frontière germano-tchèque . Edifiant

Enfin pour satisfaire mon goût des contrastes je propose à ma droite celles qui, prétendant défendre un nouveau féminisme "décomplexé"se dénudent dans Le cabaret des filles de joie
A ma gauche Les filles de joie de la pensée 68. Il s'agit d'un numéro de Multitudes, une revue trimestrielle. Ce n° 12 date de 2003, mais la revue existe toujours. Je dois avouer que le titre m'a tiré l'oeil et que je me suis contentée de lire l'article d'introduction d'Anne Querrien. Guattari a sonné l'alarme en 1981, nous allions entrer dans une période de glaciation. Le numéro 40 du printemps 2010 nous le confirme " Big Brother n'existe pas, il est partout". Vous voilà prévenus. Sinon, les oeufs, les cloches, l'homélie de Benoit, tout ça, c'était bien ?

La photo, je l'ai trouvée sur ce blog, ainsi vous avez en ce dimanche saint tout de même une bribe (et quelle!) de Vent des blogs

jeudi 1 avril 2010

Réouverture des maisons closes: la burqa y est interdite.


Ca y est! Les maisons closes sont ouvertes!

C'est un misérable poisson d'avril, mais provisoire peut-être, car 70% de mâles les plébiscitent et 49% de femmes (on croit rêver!) dont sans doute 100% de «travailleuses du sexe » qui peuvent considèrer comme Wonderzone que cela offrira

-de meilleures conditions sanitaires pour les travailleurs et leurs clients (lieux propres, accès à la contraception, suivi médical constant...). - la possibilité de cotiser pour la retraite. - une plus grande sécurité dans l’exercice de la profession. - un plus grand contrôle et une réduction de la prostitution clandestine. - une reconnaissance et une réhumanisation des travailleurs du sexe qui sont encore aujourd’hui déconsidérés ou mal considérés dans notre société. - une levée des tabous liés au travail du sexe. etc..

La prostituée c’est « la patate chaude » si je puis me permettre ce mauvais jeu de mot. Considérer que le sexe n’a pas vocation à être vendu, pas plus que le cerveau à être rendu disponible c’est être rangé dans le camp des puritaines effarouchées ou des chiennes de garde hargneuses. Il n’y aurait plus que 10% d’opposants absolus ! Misère!

La prostitution, c'est de la soumission, de la domination et de l'exploitation. Ce n’est pas moi qui le dit mais un homme Bernard Lemettre, Président du mouvement du Nid qui accueille des femmes victimes de violences. Et s’il y a bien une violence faite aux femmes c’est la mise sur le marché de leur corps, les exposant à la libre disposition (moyennant monnaie, dont une maigre partie reste aux mains de la gagneuse, le reste au mac et à l'Etat) par des mecs pas toujours « d’équerre », ni bien ragoutants, voire très fêlés.

La prostitution, « le plus vieux métier du monde » est coextensive de la « plus vieille exploitation du monde », celle des femmes et de la plus ancienne hérésie, le désir de domination. Dominer la nature, dont les femmes, c’est l’obstination absolue de l’engeance.

La prostitution c’est aussi le résultat d’une inégalité perpétuée dans l’accès à un salaire correct pour un travail supportable, alors que ce sont les femmes qui sont toujours assignées aux temps partiels sous payés pour des boulots pourris, sans aucune reconnaissance sociale.

Que des femmes ou des hommes utilisent leurs corps à des fins vénales, c’est une pratique répandue et pas seulement des secrétaires avec leurs patrons, à des niveaux très élevés dans la hiérarchie sociale. Maintenant que les femmes accèdent au pouvoir, elles peuvent s’offrir de mignons gitons jeunes, beaux et pas forcément cons à la fois. Pourquoi pas. Chacun fait ce qui lui plait pour les raisons qui le regardent et dans les conditions qui lui conviennent. Moi, ça me débecte, mais ça ne regarde que moi.

A part ça qu’il puisse exister des maisons dites de rendez-vous où hommes et femmes, consentants se rencontrent pour des parties fines, il n’y a rien à redire, les clubs échangistes sont là pour ça. Ou alors imaginer la parité au bordel, les joyeux bordeaux qu'avait inventés Christiane Rochefort dans Archaos

En revanche les maisons closes ne sont rien d’autres que des hypermarchés du sexe, où « les petites mains » et les "petits culs" sont exploités sans vergogne. La réouverture ce serait signifier que nos sociétés considèrent qu’il est normal qu’un être humain détruise en le galvaudant ce qui fait de lui un être de désir et de liberté.

Oui, je sais pour un premier avril, ce n'est pas rigolo, mais voilà, la rigolade obligatoire c'est pas mon truc. Pour conclure et en écho au buzz de Mélenchon dont j'approuve la colère (après la burqa, les maisons closes, foutez nous la paix les roquets) et qui a provoqué dans la volière des cris d'orfraie ou d'effraie, un lien vers une harangue qui était en effet très visionnaire, même si elle semble éloignée du sujet. Pas tellement en fait. Au contraire. Dis-moi qui tu exploites, je te dirais qui tu es.

Ah oui, j'oubliais c'est une femme , Chantal Brunel, députée UMP qui s'est chargée de la besogne. Misère! Qu'il est long le chemin.

Photo. Musée de l'Erotisme; Expositions temporaires. Les maisons closes