samedi 7 février 2009
Cartes postales rétroactives (1) . Cornes de gazelle
Entre la frontière rwandaise et Biramulo en Tanzanie, seuls Muzungu (nous deux) dans un bus bourré d'Africains, frontaliers ou non. Les Ougandais sont à l'époque réfugiés politiques en diaspora dans toute l'Afrique centrale et de l'Est. A l'approche de la frontière une partie des passagers s'est évanouie dans la nature et n'a réintégré le bus que quelques kilomètres au delà. Le douanier s'est un peu énervé, nos passeports sont trop en règle. Pourquoi avions nous acheté notre visa à Kigali au lieu de nous en acquitter à proximité immédiate de ses poches !
Nous roulons sur une piste de latérite. La guerre entre l'Ouganda et la Tanzanie a ruiné le pays et le réseau routier relativement en bon état (aide de la Chine à Nyerere) a été bousillé par les chars remontant de Dar el Salam vers Kampala pour faire rendre gorge à Idi Amin Dada qui s'était lancé dans une ultime mégalomanie, envahir la Kagera. Il manque une vitre et nous avons un foulard en filtre sur la bouche et le nez, notre peau est d'un rouge franc au dessus. Nous roulons et la savane et ses herbes hautes et grillées s'étend à l'infini. Brusquement du maïs et du blé, des arbres à thé des caféiers, une profusion effarante. Le bus s'arrête. Des nuées d'enfants nous proposent des petites bananes , des graines grillées, des boulettes de céréales. Nous finissons par comprendre que nous sommes au sein d'une expérience agronomique canadienne; le flux de dollars et d'engrais a transformé la savane en coulée verte. Quelques 25 kilomètres d'épis dressés hauts et de route goudronnée et nous rejoignons les mornes étendues poussiéreuses et les nids de poule chaotiques. Plus tard, le bus s'arrête à nouveau, au milieu de cette savane à peine hérissée de quelques arbres décharnés et cependant majestueux, baobabs mythiques dont la découverte m'a au premier abord déçue. Peu de couronne, une peau d'éléphant, une allure balourde mais une telle variété de forme, et des circonférences du tronc inouïes. Une cahute se dresse là. Tout le monde descend. Mon compagnon s'est endormi et le remue-ménage de l'étape ne l'a nullement alerté. J'ai très envie d'une tasse de thé. Je vais m'installer à une des tables de la taverne de fortune. Je ne suis pas très à l'aise, seule face de lune parmi ces visages de pure anthracite. Je tente de boire au plus vite mon thé mais il est brulant. Une femme qui partage une table voisine avec deux autres se porte vers moi. Elle pose près de ma tasse deux cornes de gazelle dans une coupelle, accompagnant son offrande d'une mimique de complicité rieuse pour ma solitude d'égarée. Ce geste d'amicale sollicitude me revient souvent en mémoire. Il me serre le cœur lorsque, -l'actualité est prodigue-, j'entends que l'un ou l'autre de ces ressortissants venus de ce magnifique continent où j'ai voyagé en toute liberté est saisi au col, sans ménagement et "renvoyé".
quelques unes de mes négresses chéries : la grande Billy, Rokia Traore, Angélique Kidjo
et Aminata Traore
vendredi 6 février 2009
Sous les flocons dans leur globe
« Là comme ailleurs, les clients dînaient le portable à l’oreille, chacun dans son univers, assourdissants. C’est comme les transports en commun, me disais-je, il suffit de les prendre pour être assailli par les conversations gueulées à des interlocuteurs invisibles, les gens alentour ignorés, niés, réduits en cendres, toutes frontières abolies entre les espaces public et privé à la manière des régimes totalitaires, éventrés que nous sommes par les sons d’autrui, ouverts aux quatre vents, attaqués de tous côtés, fourragés sans pitié, perforés de part en part. Paradoxe de l’individualisme, on ne disposait plus de périmètre infrangible, d’un quant-à-soi étanche, la collectivité s’imposait sans sauvegarde possible (...). Elle finissait par m’excéder, moi, cette utilisation tous azimuts des téléphones portables, à pied, en voiture, à vélo, en rollers, au lit, aux W.-C., même au spectacle, quasi un nouvel organe. Tous ces gens à déblatérer en public, chacun enfermé dans son monde comme des petits sapins en plastique sous les flocons dans leur globe. »
Jean-Michel Delacomptée, La vie de bureau
On se calme ! Antidote ci-dessous.
http://www.youtube.com/watch?v=jiEHKz-ShVI
jeudi 5 février 2009
Jimi
Enchemisé dans les violences de sa nuit, le corps de notre vie est pointillé d'une infinité de parcelles lumineuses coûteuses. Ah! quel sérail. René Char Le nu perdu
http://www.deezer.com/track/1462
Photo Clément: Vif comme l'éclair
mercredi 4 février 2009
Le syndrome de Diogène
Florilège
"Je crois que la vieillesse arrive par les yeux et qu'on vieillit plus vite à voir toujours des vieux" jette Hugo dans Ruy Blas (11).
On ne se voit pas vieillir. Un jour, c'est un autre qui vous le dit. Le lendemain, mille autres. Alors ce n'est plus la flèche du temps, c'est un carquois bourré de piques: « Comme quelqu'un, entendant dire que j' étais souffrant, demanda si je ne craignais pas de prendre la grippe qui régnait à ce moment-là, un autre bienveillant me rassura en me disant: -Non, cela atteint plutôt les personnes encore jeunes. Les gens de votre âge ne risquent plus grand-chose. (. .. ) Et je pus me voir, comme dans la première glace véridique que j'eusse rencontrée, dans les yeux de vieillards restés jeunes, à leur avis, comme je le croyais moi-même de moi, et qui, quand me citais à eux, pour entendre un démenti, comme exemple de vieux, n'avaient pas, dans leur regard qui me voyait tel qu'ils ne se voyaient pas eux- mêmes et tel que je les voyais, une seule protestation. Car nous ne voyions pas notre propre aspect, nos propres âges, mais chacun, comme un miroir opposé, voyait celui de l'autre. Et sans doute, à découvrir qu'ils ont vieilli, bien des gens eussent été moins tristes que moi. Mais d'abord il en est de la vieillesse comme de la mort. Quelques-uns les affrontent avec indifférence non pas parce qu'ils ont plus de courage que les autres, mais parce qu'ils ont moins d'imagination. » (57,58) citant Proust
Bien avant d'être un destin biologique, dira Gorz, le vieillissement est un destin social, mais comment entrer dans cette société sans renoncer aux possibilités et aux désirs qu'on p0rte en soi (59). Il n' a que 36 ans quand il écrit "Le vieillissement", Erasme, la quarantaine quand il attaque son De senectute
Paul Valéry a dit que ce qu'il y a de plus profond ans l'homme, c'est la peau. Mais un peu plus loin, pris de repentir, il rectifia: ce qu'il y a de vraiment insondable, c'est le foie. (137).
Autant dire que le régime grec ou un autre, c'est plus efficace pour le prolongement de soi si on y tient
Régine Detambel ne nous épargne aucun détail de la dégénérescence liée à l'âge, ni du sort mauvais qu'on réserve aux vieillards qui seront en nombre croissant (croassant ?) dans les décennies qui viennent. Mais elle nous fournit également quelques formules d'élixir de jouvence et elle nous fait visiter les textes que le sujet a inspiré aux grands écrivains de Cicéron à Guyotat.
Aller les glaner au fil de ses 321 pages.
Pour ma part j'use chaque fois que faire se peut de certains des conseils délivrés par ces augustes prédécesseurs pour faire reculer la gueuse : l'immersion régulière dans une forme ou une autre de réjouissance (rire, chanter, danser). Avec l'intention ferme de conserver jusqu'au bout le désir de créer, la vie intellectuelle protège de la sénescence.
Quelle sagesse pour se rire du temps ? Celle de Colette percluse de rhumatismes qui se penche à son balcon du Palais Royal pour encore et toujours s'emparer des bonheurs du jour.
Ou celle de Gide
"La vie humaine tout entière est un art du temps que célèbrent les clepsydres, les natures mortes et la poussière des vanités. Il y a quelques heures de bonheur dans une existence: la somme des rosées, des étoiles filantes, la phosphorescence des vers luisants, quelques éclairs dans des arcs-en-ciel, bref de petits éclats parfaits et invaincus, pleinement édéniques. Même les menues infirmités du grand âge qui font d'un vieillard une créature si misérable sont encore traversées de ces lucioles de joie." (99)
Vivez si m'en croyez, vivez dès aujourd'hui.
lundi 2 février 2009
L'arbre à palabres
Le banquet du livre 2007.
La nuit sexuelle. Pascal Quignard
Des inconnus versent dans la nuit qui suit la projection de Sodome et Gomorrhe de Pasolini des litres de fuel sur les livres de la librairie Ombres Blanches.
Des intégristes ne supportant pas la "souillure" du lieu sacré?
Jean Claude Milner conclue le banquet : Résister
dimanche 1 février 2009
La république des lettres de mon moulin
En attendant, je glane au hasard certains des liens que je place ici à droite pour les mieux explorer. Sur ce site les commentaires n'asphyxient pas le visiteur. Je n'ai pas encore beaucoup informé sur l'existence de ce blog et ceux qui me lisent ne sont pas des bloggers, seulement des amis et encore, deux ou trois. Je m'essaye donc timidement à la complicité textuelle et virtuelle, mais je pêche par ambiguïté. Ni dédié à l'adoration de la chose littéraire, ni engagé sur une voie militante je vois bien que ce site manque de fermeté dans son parti-pris. Chateaubriand justement intitule "stromates ou bigarrures de ma jeunesse" des pensées diverses qu'il se promet de publier un jour. Il les aurait de nos jours postées sur le web. J'ai essayé de me faire une petite Clopine, mais elle me boude, ne publie pas mes commentaires. Pourtant je l'aime bien et vous invite à aller contempler sa trogne de petite normande sur une de ses dernières bigarrures. Il faudrait que je retrouve une de ces photos où j'arbore des nattes savamment attachées de la sorte.(Clopineries, tout de suite à droite).
Il faut reconnaître qu'ici comme ailleurs il faut jouir d'une certaine réputation pour voir venir à soi les petits manants.
Alors pour conclure je vous invite à aller sur le blog de Philippe Corcuff (qui me connais ah ah mais sous mon vrai nom et à qui je n'ai rien dévoilé de cette publicité gratuite ) où il nous fait (re) découvrir un beau texte d'Anne Sylvestre.
"La chanson d'Anne Sylvestre, "Les gens qui doutent", datant de 1977, reprise récemment par le trio Jeanne Cherhal, Vincent Delerm et Albin de la Simone, garde quelque chose comme une jeunesse poético-philosophique."
Oui, je sais, Vincent Delerm, euh... Faites comme moi, dépassez votre allergie, écoutez le texte, et tiens, je le dédie à Clopinette qui se fait éreinter sur son blog par un gros troll.
vendredi 30 janvier 2009
IBM, Comment calculer ton Indice de Bonheur Mondial,
Le soir j'étais conviée à participer à un café citoyen organisé par "Les petits débrouillards" qui tentent de diffuser une science citoyenne auprès des enfants. . Nous avons eu un reportage en direct de Bélem, ce n'était pas la bousculade au forum Science et citoyenenté le premier du genre au sein du FSM. Après quoi, nous avons entamé un débat : le thème « Indicateurs de bonheur : Quels progrès apportent les sciences?». J'avais été chargée des indicateurs. Autant dire que j'ai d'emblée traité de saugrenue cette idée émise en premier lieu par le Roi du Bhoutan soi-même au prétexte sans doute qu'il pensait pouvoir faire celui de son peuple.
Mais ne pas s'en tenir au dénigrement. Examiner ce qui en résulte. Ça progresse. Je veux dire la prise de conscience que la richesse ne se mesure pas au volume de fric qui circule. En France, Patrick Viveret (auteur d'un rapport sur "La mesure de la richesse")a imposé une métaphore : c'est le thermomètre (la mesure du PIB, donc la course à la croissance) qui nous rend malades. La tempête qui vient de ravager les Landes c'est du bon PIB en puissance (réparation des dégâts).
Donc rien que pour vous, dévoreurs de blogs, voici un petit raccourci de la question.
Le classement par pays effectué par le Globeco est calculé à partir des mêmes principes que l’indice du bonheur mondial, à partir des 20 indicateurs suivants :
- Paix et sécurité : guerre et paix, morts violentes, corruption, sécurité économique, sécurité humaine
- Liberté, démocratie, droits de l’homme :démocratie, liberté de la presse, droits des femmes,
droits des enfants, peine de mort ;
- Qualité de la vie : PIB par tête, coefficient de GINI,
espérance de vie, suicides, air pur ;
- Formation, information, communication :
Formation (coefficient 2), journaux, radios et TV, Internet.
Ce classement est effectué pour 60 pays qui représentent 85 % de la population mondiale et plus de 90 % du PIB mondial.
• Ces 3 indices et classements sont publiés tous les ans sur www.globeco.fr sous la même rubrique et sous le même titre que l’indice du bonheur mondial.
Je vous soulage du suspense insoutenable, nous sommes à la douzième place au Palmarès. Peut mieux faire, surtout du côté du critère sexospécifique. Quoisque ? Niveau de participation des femmes à la vie publique et économique (au plus haut niveau s'entend, parce qu'à la photocopieuse ça ne compte pas) combiné avec le taux de femmes victimes de violence et autres vétilles de notre charmant pays. Bref on n'arrive pas à la cheville des Pays Nordiques, et singulièrement du Danemark qui présenterait toutes les garanties pour une félicité sans trêve. J'y ai vécu et je n'ai pas constaté chez les Danois une propension excessive à l'euphorie mais il est vrai que c'était bien avant la mise au point de ces charmants indicateurs.
Dans les conclusions du dernier rapport de Globeco, quelques bonnes et mauvaises nouvelles. Je choisis de vous transmettre les mauvaises, les bonnes étant moins spectaculaires. Les gens heureux n'ont pas d'histoire, c'est bien connu.
- Le volume du commerce des armes augmente par rapport à l'an 2000 ;
- Le nombre de victimes des catastrophes naturelles et technologiques augmente de façon particulièrement tragique en moyenne triennale à cause du Tsunami, de Katrina et du tremblement de terre du Cachemire.
- Le nombre de réfugiés recommence à augmenter par rapport à l'an passé ;
- Le nombre de victimes de la peine de mort augmente sensiblement ;
- L'inégalité des revenus à l'intérieur des pays augmente lentement mais sûrement ;
- L'Indicateur de pauvreté humaine et salariale des pays du " milliard de pauvres " que nous prenons en considération se détériore par rapport à l'an 2000 ;
- La teneur en CO2 de l'atmosphère augmente régulièrement : 366 ppm en 2000 et 378 en 2006 …
- La surface forestière par habitant diminue lentement mais sûrement ;
- Les disparités entre le " milliard de riches " et le " milliard de pauvres " augmentent aux dépens des femmes depuis l'an 2000 ;
- Les disparités entre le " milliard de riches " et le " milliard de pauvres " concernant l'espérance de vie augmentent depuis l'an 2000.
lundi 26 janvier 2009
Retour vers le futur
Pour l'instant les amoureux des arbres pleurent les massacrés et les pianoteurs de messages hasardeux repartent de plus belle à l'assaut de la montagne sacrée.
vendredi 23 janvier 2009
Voyages
jeudi 22 janvier 2009
Questions fameuses
http://lettreslibres.zeblog.com/c-02-confessionnal
Ce sera un face à face avec un inconnu que vous retrouverez en cliquant sur le lien ci-dessus. Je m'appose en rouge
Mes réponses au fameux questionnaire de Proust...
Le principal trait de mon caractère ?
La patience.
La patience
La bienveillance.
L'humour
La qualité que je préfère chez une femme ?
La bonté.
L'humour
Mon principal défaut ?
L'impatience.
L'anxiété = l'art d'imaginer le pire pour éviter qu'il n'advienne.
Ce que j'apprécie le plus chez mes amis ?
Leur amitié.
Qu'ils soient vivants
Mon occupation préférée ?
L'écriture.
La rêverie
Mon rêve de bonheur ?
Cesser de rêver.
Rêver sans limite
Quel serait mon plus grand malheur ?
Mourir.
Survivre à la mort du monde
Ce que je voudrais être ?
Moi-même, puisque je est un autre...
Ni tout à fait la même ni tout à fait une autre
Le pays où je désirerais vivre ?
Ici et maintenant.
Le Pôle Nord en été, l'Equateur en hiver.
La couleur que je préfère ?
Le rouge.
L'arc en ciel
La fleur que je préfère ?
La rose (rouge).
Celle qui fleurit dans mon jardin
L'oiseau que je préfère ?
Le colibri.
Le pélican
Mes auteurs favoris en prose ?
Artaud, Auster, Casanova, Céline, Flaubert, Faulkner, Hemingway, Joyce, Kafka, Kundera, Mauriac, Proust, Sollers, Voltaire..
Certains ci-dessus et beaucoup d'autres dont Eric Chevillard et Lydie Salvayre .
Mes poètes préférés ?
Rimbaud, et quelques autres...
Question trop intime
Mes héros dans la fiction ?
Dedalus (Joyce), Joseph K. (Kafka), Maître Yehudi (Auster)...
Les héros sont fatigants
Mes héroïnes favorites dans la fiction ?
Emma Bovary (Flaubert), Nana (Zola), Caddy (Faulkner), Maou (Le Clézio)...
Mère courage
Mes compositeurs préférés ?
Mozart, et quelques autres...
Coltrane, John Surman
Mes peintres favoris ?
Matisse, Picasso, et quelques autres...
Basquiat
Mes héros dans la vie réelle ?
Les dissidents, les résistants et les enfants.
Les héros sont fatigants
Mes héroïnes dans l'histoire ?
Les reines, les saintes et les prostituées.
Et ta soeur ?
Mes noms favoris ?
Rachel, Rebecca, Philippe, Samuel...
Clément, Olivia
Ce que je déteste par-dessus tout ?
La haine de soi (et d'autrui).
La détestation et pourtant elle m'habite, que faire ?
Personnages historiques que je méprise le plus ?
Adolf Hitler, et Khomeiny et Staline et leurs spectres...
Les héros sont fatigants
Le fait militaire que j'admire le plus ?
Le débarquement allié en Normandie (6 juin 1944).
Je n'admire aucune performance militaire, mes plus fortes détestations relèvent des faits d'armes
La réforme que j'estime le plus ?
L'abolition de la peine de mort par François Mitterrand et Robert Badinter (9 octobre 1981).
Pareil + la légalisation de l'égalité entre tous
Le don de la nature que je voudrais avoir ?
Que je voudrais avoir ou que je voudrais être ?
Le cameléonisme, vertu méprisée consistant à ne pas faire tache,
Comment j'aimerais mourir ?
À l'air libre et seul.
En rêvant comme le patriarche de cent ans de solitude
Etat présent de mon esprit ?
Calme et concentré.
Transhumancien
Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence ?
Celles d'autrui.
De mieux
Ma devise ?
S'adapter sans adopter.
A chaque jour suffit sa peine, demain est un autre jour, tel qui pleure aujourd'hui demain rigolera.
mardi 20 janvier 2009
Adieu au vieux monde des mâles pâlichons
Dans ce moment unique, nous assistons à une sorte de quintessence des outrepassements : un Noir, premier Président de couleur aux Etats Unis accueilli pour cette cérémonie au Congrès où officie une femme Nancy Pelosi (la première également) présidente de la chambre des représentants. Une telle conjonction est en effet inouïe et paraissait improbable il y a seulement quatre ans lorsque les Etats Unis avaient réélu GWB, qui restera avec Nixon un des plus calamiteux du genre. Il a d'ailleurs été sifflé lors de la passation de pouvoirs. Bon débarras (si toutefois on se débarrasse avec l'une de ses marionnettes de l'engeance qui sévit encore).
Longue vie à Obama, pas seulement for USA sake mais pour le monde entier. Il est temps de laisser le vieux monde des mâles imbus de leur supériorité de pâlichons et de détenteurs de testostérone pour entrer dans une combinatoire plus subtile des forces et des talents de l'espèce. Un peu d'optimisme ne nuit pas.
lundi 19 janvier 2009
Un texte resté en suspens, avant la nausée;
A propos des exactions perpétrées en Palestine:
me revient en mémoire une interview d'Howard Zinn l'historien américain qui avouait avoir participé au bombardement de Royan en avril 1945, opération parfaitement inutile qui a détruit 85% de la petite station balnéaire et soufflé les poumons d'un nombre hallucinant de ses habitants. Il s'agissait d'expérimenter le prototype de ce qui allait devenir le napalm tristement célèbre par la suite. Il n'en était pas fier et déclarait que cela avait été fondateur de ses engagements futurs contre la guerre au Vietnam. Il était reçu par Daniel Mermet à l'occasion de la publication "d'Une histoire populaire des Etats Unis". Que croyez-vous disait-il en substance, lorsque les armes existent, elles doivent être utilisées. Si on les crée il faut leur trouver un débouché en quelque sorte. Les Allemands étaient à genoux, il n'était nullement nécessaire de les déloger à grands frais (payés au prix des morts de Royannais). Dans ce pays de Cocagne, se prélassaient essentiellement quelques gradés logés dans les grands hôtels, dégustant des huitres et du Cognac et jouant au Casino. Ils auraient déguerpi lorsque l'Allemagne aurait été complètement vaincue. Mais les militaires américains piaffaient, ils voulaient tester leur dernier bijou de technologie meurtrière.
J'ai été particulièrement révoltée par son témoignage, j'en ai conçu un surcroit de détestation à l'égard de toute forme d'armement. Au nombre de mes utopies, je considère que le premier décret que devrait prendre un gouvernement mondial s'il pouvait enfin voir le jour serait celui d'un désarmement immédiat assorti d'une reconversion à grande vitesse de toutes les industries militaires en industries de paix.
Oui, j'ai été particulièrement révulsée, je suis née à Royan. L'aurais-je moins été si j'avais fait mes premiers pas ailleurs que sur les plages où s'enfoncent depuis désormais soixante ans les blockhaus érigés par la folie allemande ?
La nausée
Une paix provisoire qui intervient exactement la veille de l'investiture de Zorro Obama.
Do not worry, Uncle Sam is back !
Pendant que l'Amérique et tout l'Occident va éructer de bonheur pour fêter le nouveau messie, la population palestinienne ira errant entre les gravats à la recherche d'une trace même infime de ses maigres possessions pulvérisées par les jeux de pouvoir de nos grands hommes.
La nausée !
mardi 13 janvier 2009
Léger blues
Bon, je vais me coucher. Ça ira pour aujourd'hui. J'ai occupé ma portion congrue, là où j'étais attendue, et ma foi, personne ne s'est plaint que je lui aie marché sur les pieds. Il n'y a pas de petits miracles.
Ah ! si, un petit lien pour la route, d'un qui s'obsède de sauver les langues moribondes, aliénées,minorées etc . Sus à l'ennemi Jacme !
http://jacmetolosa.spaces.live.com/blog/cns!49914F5702C5C72E!8868.entry
lundi 12 janvier 2009
"Savoir se tenir dans l'incertitude"
Extrait : « Nous, professionnels du soin, du travail social, de l'éducation, de la justice, de l'information et de la culture, attirons l'attention des Pouvoirs Publics et de l'opinion sur les conséquences sociales désastreuses des Réformes hâtivement mises en place ces derniers temps".
Sans compter que si vous n'êtes pas acteur, vous êtes de toute façon un usager de l'un ou l'autre de ces secteurs. Alors avant la casse totale et même si, comme moi, vous n'avez guère d'illusion sur l'efficacité des signatures, juste pour faire partie du dernier carré de buffles, pour faire front commun face aux prédateurs aux dents pointues et aux hyènes situées en marge du festin, je vous livre le lien. Faites en ce que bon vous semble. Comme j'ignore le nombre de lecteurs qui s'intéressent à mes élucubrations tout ça relève du coup d'épée dans l'eau. Impuissance pour impuissance, au moins ne sera-ce pas avec notre assentiment . Qui ne dit mot consent
http://www.appeldesappels.org
Sinon nous guette la mélancolie, celle qui nait de cet écart que chacun, dans l'intimité de sa relation à lui-même, mesure entre l'idéal et la trivialité de sa vie. Spinoza nous prévient contre les passions tristes. Le monde actuel qui engloutit chaque jour toute pulsion de joie sous les tonnes de déchets que l'actualité livre à notre déréliction, nous entraine vers la rage de l'impuissance et la mélancolie, nostalgie d'un monde passé où le futur avait moins mauvaise mine.
Ne nous laissons pas glisser dans les marais de la mélancolie. "Résister c'est exister" titre d'une pièce magnifique donnée en Avignon l'été dernier dont les textes puisées dans les archives de la période vichiste étaient d'une criante actualité.
Sur le thème, voir Philippe Corcuff (cf liste blogs) "Mélancolie : une radicalité de l'imperfection". "L'héroïsme au quotidien désormais c'est« savoir se tenir dans l’incertitude ».
Et pour aller plus loin La société de verre. Pour une éthique de la fragilité, Paris, Armand Colin, 2002.
samedi 10 janvier 2009
Volontaires de la Paix
Je sais, je fais la bête, la naïve. Nous assistons impuissants à une nouvelle (ultime ?) hystérie des faucons israéliens soutenus avant son départ (enfin!) par ce calamiteux gouvernement bushique. Dernier feu d'artifice avant de remiser l'attirail ? Il est certain que le monde entier attend d'Obama qu'il adopte une attitude de retrait. Stop war, please, Mister Président! Soyez le premier président américain à introduire dans votre pays et ainsi dans l'orientation spirituelle du monde le dégoût des armes, l'interdit absolu du meurtre sous quelque prétexte. Soyez celui qui donnera à l'Organisation des Nations Unies la latitude de porter haut sa mission et ses buts.
Organisez une armée de dissuasion formée d'un mur vivant de volontaires de la paix. Nous avons un droit d'ingérence absolu ! Ça fait soixante ans que la question israélo -palestinienne nous empoisonne. Créons une fédération de deux Etats, contraints, sous contrôle international de vivre en paix. Et ceux qui ne pourraient le supporter seront priés de s'exiler. Cela semble plus juste que la situation actuelle qui force ceux qui souhaitent vivre normalement à s'extirper de ce bourbier, exportant par là même la haine et le ressentiment.
Oui, oui, naïf ce discours et pourtant il faudra bien que cela advienne et le plus tôt possible.
vendredi 9 janvier 2009
Vagabonder avec Chantal Thomas
"Etre avec moi-même me plaît. Cette connivence intime ne laisse pas de place à l'ennui. J'ai toujours cru qu'au commencement de l'existence chacun forme avec soi-même une monade idéale, sur laquelle viendront se greffer par la suite des rencontres avec des personnes et des lieux. (...) J'ai une préférence pour les conversations de hasard, les échanges anonymes, entre des "je" incertains, mais résolus à ne pas se fondre dans un groupe.
Elle insiste sur la difficulté pour une femme à faire admettre que sa solitude est librement consentie, y compris lorsque l'amour aurait pu l'incliner à se "fondre" dans la fameuse dyade. "En dépit du mythe platonicien, je ne croyais pas être une moitié en mal de son complément. je refusais confusément toute perspective de dépendance et donc de manque plus ou moins latent dès qu'on aime"
Il est vrai aussi que si on a l'ambition de se consacrer assez exclusivement à l'écriture, par exemple, il est préférable d'éloigner les tâches chronophages au nombre desquelles élever des enfants est un paroxysme. "Rien mieux que l'écriture ne s'accorde au passage, à la non installation. Il suffit de rien pour écrire, d'un coin de table et du fil du temps", d'une chambre à soi et de quelques livres de rente disait Virginia Woolf, mais surtout de temps dédié, de temps inexpugnable .
L'écriture de Chantal Thomas est une perfusion d'optimisme et de plaisir à vivre même lorsqu'elle aborde les thèmes de la douleur (Souffrir, Manuels Payot 2003). "on manque aussi, en voulant se dérober à des souffrances inévitables, le lien essentiel qui unit le courage d'affronter la douleur à l'évènement de la joie, à la seule possibilité d'un rapport au monde entièrement vivant".
jeudi 8 janvier 2009
Bouffes de neige
dimanche 4 janvier 2009
Un ludion nommé Agnès
Agnès s'appelait Arlette, son prénom lui déplaisait, elle en changea. Avant de devenir la Varda, la fille de la Nouvelle Vague, qui gagnait un début de renommée comme cinéaste avec Cléo de 5 à 7, un de ces petits films faits avec trois sous et qui firent le tour du monde. Agnès a quatre vingts balais et s'offre à cette occasion une sorte d'Amarcord à la Varda, aussi drôle et fantaisiste, qui met bout à bout ses souvenirs et son présent avec pour seul fil directeur la grâce de sa photographie, la magie de ses collages et un commentaire sans complaisance pour sa vieillesse (elle se promène en lisière d'un défilé protestataire en arborant une petite pancarte où on peut lire "J'ai mal partout"). Comme elle a été la photographe des années Vilar à Avignon, du temps de Gérard Philippe, Avignon lui a proposé d'organiser une rétrospective en 2007, elle nous fait partager un des rares moments de profonde nostalgie lorsqu'elle dépose des boutons de roses et de bégonias en hommage à tous ses chers disparus. Sinon elle est bien vivante, lovée dans le ventre de la baleine,(un hommage à Bachelard dont elle a eu le bonheur de suivre les cours à la Sorbonne) elle chemine avec et à côté des images dont elle nous livre une abondante moisson entre celles de ses films passés et celles tournées sur ses plages en France ou en Californie où elle revient sur Mur Murs ou rend un bel hommage à un couple de ses amis avec une pointe d'envie, vieillir ensemble, c'était leur projet à Jacquot de Nantes et Agnès .
On visite un peu son royaume rue Daguerre. C'est un souvenir pour moi aussi. Lorsqu'elle préparait son film "L'une chante, l'autre pas", mon amie Pomme et moi avions été photographiées par Agnès et nous figurons ainsi au générique, au titre des portraits de femmes tristes que le photographe suicidaire (dans le film) affichait en vitrine. Ce portrait je n'en avais pas de copie. Mon fils l'a récupéré il y a peu de temps en le repiquant grâce à l'outil magique du net. Nous avions en effet pris l'air le plus sinistre mais nous sommes tout de même dans la splendeur de nos vingt ans.
Les plages d'Agnès ce sont des immuables, le temps n'y a pas de prise. L'eau et le sable ne vieillissent pas eux. Et les films ? Ils vieillissent si on s'en tient à la forme des coiffures, la marque des voitures, le vocabulaire, le ton des voix. Mais ce qu'ils gardent en eux d'incorruptible, c'est la force du désir qui animait leur créateur. Agnès réussit à sauver même les morts-nés en disposant la pellicule telle une toile de tente où la lumière joue au travers du visage de Catherine Deneuve et Michel Picolli ("les créatures"), puisqu'elle a ajouté à ses multiples talents celui de plasticienne.
Ce film n'est pas une autobiographie même s'il nous donne à connaître la mère, les sœurs, les enfants, les petits enfants d'Agnès V, il est une promenade dans un labyrinthe dont nous reconnaissons quelques coursives, dont nous découvrons des pans entiers de perspectives et que nous empruntons à la suite d'une sorte de ludion qui monte et descend sur les vagues de son imagination, n'en fait qu'à sa tête, mélange allègrement les noms, les dates et les références. Etourdissant et délicieux.
Me revient en mémoire le bras d'honneur que le grand-père de Fellini faisait à la mort dans Amarcord. Agnès pour ses quatre vingts balais fait un joli pied de nez à la vieillesse.
Pour aller à la rencontre d'Agnès Varda
http://www.cine-tamaris.com/
Et pour lire une analyse pertinente (comme toujours) Mona Chollet
vendredi 2 janvier 2009
Tribus de l'Omo
http://akwaba-africa.blogspot.com/2008/03/tribus-de-lomo-par-hans-sylvester.html
Sur ce site (dont on retrouve le lien ci-contre) on peut contempler des oeuvres d'art éphémères, les peintures corporelles que réalisent quotidiennement les membres d'une tribu située en Ethiopie"Au confins de l'Ethiopie , du Kenya et du Soudan la basse vallée de l'Omo est encore un monde perdu . Située dns la basse vallée du Rift , là où fut trouvée Lucy, cette contrée demeure l'une des plus sauvages d'Afrique . Ni esclavage ni colonisation n'ont atteint ces tribus semi nomades qui n'ont connu la "civilisation"qu'à travers des guerres et ses trafics d'armes . La kalachnikov semble être leur seul "bien".
Hélas, c'est par le pire que la "civilisation" les rejoint. Prendre le temps de découvrir ces merveilles puisque nous ne savons plus consacrer le nôtre à la création et à la beauté éphémères.
jeudi 1 janvier 2009
Les noces du Che et de Sainte Utopie
J'ai clôturé la précédente en assistant à la projection en avant-première du "Che, l'Argentin" (le film ) proposée par Utopia Toulouse. Ca flingue beaucoup ! Idéal de mecs qui en ont, des "cojones". Et il en fallait. Pas seulement pour se battre contre l'armée de Battista mais pour clamer haut et fort que l'Oncle Sam était le responsable de ces dictatures tortionnaires qui infestaient l'Amérique du Sud, au Panama, au Vénézuela, en Bolivie, à peu près partout dans ces années 50. Comme il n'a pas été possible de les mettre au pas, à genoux, (dans le film, le Che remercie le délégué américain des Nations Unies pour l'épisode de la Baie des cochons, le meilleur moyen de souder un peuple), cinquante ans de blocus imposé par les Etats Unis, appliqué par les "démocraties européennes", le meilleur moyen de les envoyer dans les bras des Rouges . En dépit des dérives d'un régime réduit à la crispation sur une paranoïa pas seulement fantasmatique, le peuple cubain toujours debout et l'un des mieux éduqués du continent. "Ce qui ne vous tue pas vous rend fort". En revanche, il y a fort à parier que l'ouverture actuelle des frontières aux requins yankees va par effet d'instillation diffuse de l'individualisme et du consumérisme ruiner la solidarité qui lui avait permis à ce peuple de préserver son inégalable splendeur.
La Révolution cubaine avant de s'avachir et s'obscurcir avait suscité dans le monde entier l'espoir que le système mafieux qui est le jumeau de l'ombre du libéralisme, l'exécuteur de tous les coups foireux de l'Empire, allait enfin être ramené à la lumière et comme tout vampire s'y dissoudre. Espoir déçu. Trop de transfusés du démon par morsure insidieuse participent et collaborent.
Pourtant, voilà bien ce qu'il nous faudrait. Une année de dissolution de toutes les camorras et pour commencer balancer dans des bains d'acide toutes les pétoires que nos mâles ornés des fameuses cojones arborent en sautoir sur tous les théâtres du monde. Interdiction absolue des armes. Expurgation totale. A mains nues, les pugilats s'épuiseraient assez vite et auraient l'insigne avantage de laisser les non pugilistes hors champ des gnons.
Sainte Utopie, priez pour nous. Ainsi soit-elle (la nouvelle année).