vendredi 28 février 2014

jeudi 13 février 2014

Zoë, le retour.

Le blog avait reculé en arrière plan ces jours-ci. En quelques jours, je me suis déplacée plusieurs fois dont trois fois à Paris. Par ailleurs, je suis dans un vrai chantier affectif et spatial dont je ne dirai rien de plus mais qui m'a occupée en permanence et devrait me mobiliser encore beaucoup.
Alors qu'ai-je fait de racontable ?
J'ai eu le plaisir de passer quelques jours à Paris en compagnie de l'amie avec qui j'ai arpenté les rues de la capitale du temps de notre belle jeunesse et c'était la première fois que cela nous était possible. Nous nous rencontrons dans nos campagnes respectives mais pas sur les traces de notre ancienne vie parisienne. Pas de nostalgie, du plaisir à savourer ensemble quelques heures de baguenaudes. Le temps qui menaçait la veille nous a fait la grâce du soleil.
Nous sommes allées voir l'exposition de la Halle Saint Pierre.


cartonkatuOK/5.

 C'est la troisième fois que je visite ce temple de l'Art brut. A chaque fois des découvertes et surtout cette impression forte d'artistes qui ne prétendent pas en être mais consacrent leur temps de façon absolue à leur recherche. La majorité des œuvres présentes sont le fruit d'existences bannies. La plupart des artisans de ces toiles ou de ces objets baroques hantés par des obsessions, des hallucinations, des obstinations ont passé leur vie en asile. Certains ont entrepris des études d'art mais ont été rejetés par l'institution. Ils ont en commun des itinéraires de vie chaotiques (orphelinats, maltraitance, ruptures diverses), une spiritualité gouvernée par des forces occultes. Et pourtant la couleur et l'exubérance prédominent. 

Aloise Corbaz, Coquille-Venus (verso) sans date, Crayons de couleur sur papier, 200 x 43 cm. Galerie du Marché, Lausanne
Aloïse Corbaz, Vénus Coquille.

La minutie des réalisations également. C'est un art généreux d'autant plus riche qu'il ne prétend pas à la postérité. Au contraire, il a été le plus souvent conçu dans des lieux modestes, à l'écart du monde  voire dans un atelier attaché à un établissement psychiatrique. Certains  comme Adolf Wölfli  y ont passé la majeure partie de leur vie. Pour les rencontrer, aller à la Halle Saint Pierre qui offre une restauration agréable et une belle librairie consacrée à l'art et à l'Art brut bien-sûr

Nek Chand - Rock Garden. India 
Nek Chand, Rock  Garden. India

Alphabet, Dalton Ghetti, série de mines de crayons sculptées. Collection de l’artiste 

Vous pouvez retrouver les figures majeures de l'Art brut, cet art mis en lumière par un psychiatre Hans Prinzhorn et que Dubuffet a relayé avec enthousiasme sur ce site.

Quoi d'autre ? Vu quelques films qui m'ont enchantée et que je vous recommande. Je n'en ferai pas le commentaire mais vous trouverez toutes les infos sur vos sites préférés et si vous n'en avez pas je vous livre les liens. 
Je le conseille à toute femme dont la vie s'est ternie et s'est dissolue  dans la grisaille d'un quotidien sans tendresse et sans  poésie. Merveilleux interprètes : Karin Viard, Bouli  Lanners, Claude Gensac (la biche de Louis de Funès dans beaucoup de ses films ). Ça requinque.
Un thème qui pouvait être un tire-larmes, traité avec sobriété, humour et gravité,  cette horreur que peut être l'arrachement d'un enfant à sa mère (merci les nonnes!). Judy Dench, Steve Coogan, un duo improbable que Frears filme avec délicatesse. 
Un pur délice. Deux solitudes qui se prennent à se désirer avec comme lien de savoureux petits plats délivrés par erreur. Par de petites lettres échangées dans cette lunchbox qui a dérivé de son cours, peu à peu s'engage un dialogue intime. Une visite de Bombay entre hyper modernité et services désuets, surpopulation et moderne solitude. Une merveille, bourrée de notations subtiles, qui ouvre l'horizon aux femmes délaissées. Le film avait obtenu le prix de la semaine de la critique à Cannes. Plus que mérité.
Mandela Un long chemin vers la liberté, Justin Chadwick 
L'exercice était périlleux. Mandela est une icône, son visage, sa voix sont très connus, il est encore vif dans les mémoires. J'avais vu le documentaire qu'Arte lui avait consacré. Eh bien j'ai été totalement séduite par l'interprétation d'Idris Elba des faits (connus) tirés de son autobiographie d'un Madiba tout en nuances qu'il incarne  de ses jeunes années d'avocat pugnace et séducteur à sa sortie triomphale de prison.  Naomie Harris / Winnie  nous donne à sentir comment les humiliations transforment  une jeune femme aimante et enjouée en une guerrière haineuse, impitoyable à l'égard des Blancs mais aussi des Noirs traites à la cause. Une leçon d'histoire et d'humanité.
En résonance au combat de Mandela,  une bonne nouvelle : Ousman Sow à l'Académie des Beaux Arts.
 
Quoi d'autre ? Hélas, l'actualité c'est aussi ça  et  ça et bien d'autres tristes régressions de tout poil. Mais j'avais envie de légèreté pour ce retour en blogosphère.

Et je terminerai sur cette photo d'une sculpture qui se trouve à Beaubourg (où je suis allée musarder) dans la partie du Musée dédiée aux œuvres les plus récentes. Elle m'a amusée. Elle aurait pu se trouver à la Halle Saint Pierre, non ?



Barry Flanagan (1941-2009), Soprano, 1981.


samedi 25 janvier 2014

Zone de turbulence

Comment dire. Chamboulement, déménagement, arguties, cogitations, interprétations, interpellations, silences obstinés, regards noirs, pluie, pluie.
Lumière, là, tout au bout, envol.
Mais tenir, s'y tenir. Coire en la "magie sienne". (Deborah Choc)

Déborah Chock - Croire en la magie sienne 

Et puis dire un mot d'adieu à une tendre amie qui vient de mourir brutalement.  Endormie,  elle ne s'est pas réveillée. Mon amie,  toujours en retard, pourquoi alors mourir si vite ?


Le chien Bolo aura beau guetter à s'en noyer les yeux, elle ne reparaitra plus et la fontaine qui coulait à l'entrée de sa maison pleine d'objets moulés de ses doigts, de peintures et de musique va émettre en vain son joyeux gargouillis dans la résignation muette des murs qui ne l'abriteront plus.


J'avais raconté une de mes visites à Souf ici

dimanche 5 janvier 2014

Et vous ça va ?

Après ces fêtes si tant joyeuses, j'ai un coup de mou. Je vais faire une pause. Un mantra pour soutenir ce nécessaire temps de méditation.

lundi 30 décembre 2013

Retrofestive 2013.

Pour conclure cette année,  mon cinquante deuxième post (eh oui, le rythme est devenu quasi hebdomadaire et ça me convient) pour accompagner donc le  passage de l'année 2013 à la  nouvelle  que je vous souhaite pleine d'amitié et de plaisirs aussi simples que ceux que je vous offre ci-dessous.
D'accord, c'est un peu étouffe-chrétien, mais faites comme dans un buffet, picorez...

janvier 2013
Un de mes préférés  Avishaï Cohen deux heures de concert à Paris comme si vous y étiez.


 Ma fillote, deux ans. Déjà - et toujours - curieuse (scan)

Deux accompagnatrices qui lui vont bien Esperanza Spalding et Gretchen Parlato



La chaine des Pyrénées vue de ma fenêtre (7/03/13). Le bois au premier plan est la branche la plus haute du cerisier.

Martha Argerich  dit à sa fille dans Bloody Daughter qu'elle aime jouer Rachmaninov (ici le Concert pour Piano n°3)


 Amusant non ? (14 /04/2013)

Autre pianiste, de jazz lui, Roberto Fonseca, jeune prodige  (comme Martha) mais élevé à La Havane au milieu des grands du jazz afrocubain (il a joué avec les vétérans du Buena Vista Social Club.


Vous ai-je jamais dit que j'aimais les vaches ? Cluny 26/05/13.

Vous ai-je dit que j'aimais Anna Calvi ?

Les roulottes d'accueil du théâtre de verdure  de la Girandole aux murs à pêches  Montreuil (01/06/13)

Un peu de jazz manouche, Bireli Lagrene, Thomas Dutronc, pas forcément le meilleur mais tellement sympatoche

Il faut que le hasard renverse la fourmi pour qu'elle voit le ciel. Proverbe arabe

Ibrahim Maalouf, Hashish . Spéciale dédicace à Sergeant Pepper


Méditation. 22/08/13 
Et pour l'accompagner un duo de hang drums.

Paris, le Marais, 15/09/13
Un autre duo, Adèle B & Zalem didgéridoo Duet.


 

Recyclart, Alternatiba, Bayonne 06/10/13  

Avez-vous déjà croisé l'extraordinaire instrument de Louis ?  


 

Florence 13/11/13

Philippe Jaroussky , magnifique contre ténor, interprète Vivaldi, "Aria Vedro con mio diletto"

 Pour finir et vous souhaiter un excellent réveillon en compagnie de ceux que vous aimez.


 Le surréalisme et l'objet.  Jusqu'au 3 mars 2014. Centre Pompidou 

J'avais hésité entre deux morceaux de Roberto Fonseca, je vous donne lecture de l'autre, c'est trop beau!

A tous mes amis et amies chéri(e)s, mes amis blogueurs et à toutes les âmes de bonne volonté. 
  Bonne année !!! 

Une petite suggestion : si vous avez envie d'enrichir cette modeste playlist, vos suggestions sont les bienvenues. je les posterai en bonne place ici même.

Et voici la rubrique brillamment initiée par Sergeant Pepper.
Léo Ferré récitant Rimbaud, merci Iris .

Photos ZL, toutes 2013, sauf la fillote, un peu plus ancienne.  

mercredi 18 décembre 2013

Mes dernières séances


Je suis restée à distance de ce blog, occupée ailleurs.
En très lapidaire, mes dernières péripéties, extrêmement banales mais très fournies.
Quelques jours à Paris.

  
Art mural. Belleville.   11/12/13, 9h23
Partagé une petite heure avec l'amie Sofka, en grande forme et très remontée contre à peu près tout et notamment les Politiques, les publicitaires, les journalistes et j'en passe. Nous nous sommes réciproquement congratulées de notre virulente lucidité.
Suis beaucoup allée au cinéma. Je vous épargnerai un laïus critique, des recommandations, juste proposer quelques mots sur les films, une image forte, une émotion fugace
Le fond de l'air de l'air est rouge de Chris Marker. Dans cette fresque, collage d'images d'archives des années 60 à 70, de la guerre du Vietnam au coup d'Etat de Pinochet, beaucoup de violence dans ces réminiscences. Pour moi la plus hallucinante est celle du jeune aviateur américain commentant en direct l'usage du Napalm et la façon dont ils canardent (ils sont nombreux)  les malheureux qui s'éjectent du brasier. La jubilation de ce type est insoutenable et on se dit qu'on ne permettrait plus à la barbarie une expression aussi directe. Autre constat, le contraste entre mai 68 en France où les victimes ont surtout été les pavés et les voitures versus ce qui se passait au Mexique, au Japon et bien sûr à Prague. Nos CRS étaient décidément des tendres, comparés à leurs homologues  de ces pays.
Les jours heureux  de Gilles Perret. Leçon d'histoire sur le CNR (Conseil National de la Résistance). Images d'archives et témoignage des survivants. Qu'ils étaient beaux à 20 ans, Lucie et Raymond Aubrac ! La photo des cinq survivants qui nous servent de guides pendant le film nous fait, hélas, percevoir l'impitoyable manducation du temps, qui leur a laissé leur vivacité d'esprit et leur humour mais a ravagé la belle texture de leur visage.
Violette de Martin Provost ( l'auteur du magnifique Séraphine). Le cinéaste aime tirer de l'oubli des talents qui n'avaient eu qu'une notoriété passagère, des femmes au destin étrange, des sensibilités ignorées voire bafouées.. Violette Leduc est interprétée par Emmanuelle Devos (qui ne me plait pas beaucoup d'ordinaire, je ne sais pourquoi). Dans ce rôle son tempérament excessif donne toute son ampleur à cette femme dévorée du désir d'être aimée et sans cesse repoussée y compris par Simone de Beauvoir (Sandrine Kiberlain métamorphosée). Une scène  emblématique : Beauvoir déménage, Violette lui offre de l'aider de sa façon habituelle, en forçant un peu la main. Comme elle propose de décrocher les rideaux, Simone lui suggère de les prendre ainsi que quelques objets dont elle se débarrasse. Violette quitte la place offusquée, humiliée. La bourgeoise et la fille de peu : un fossé infranchissable. Cependant, Simone soutiendra de toutes les façons cette femme dont la qualité d'écriture et la hardiesse du propos l'a immédiatement convaincue qu'il était de son devoir de lui permettre de rencontrer des lecteurs, et surtout des lectrices. "Aucune femme n'a parlé de la sexualité comme vous, Violette". A l'époque c'était sans doute vrai. Depuis les termes et les images sont devenus banals.
La Vénus à la fourrure de Roman Polanski. nous permet l'entrée par infraction dans un lieu d'où le spectateur est en général banni : la répétition de la pièce et le temps de l'accord entre metteur en scène et comédiens, comédienne en l'occurrence. Or, Mathilde Seigner,  non seulement n'a pas l'intention de se plier aux directives du metteur en scène (Mathieu Amalric) mais elle va en permanence contester ses partis pris, dénigrer le machisme sous-jacent et renverser les rôles.
Le jeu de séduction sera l'occasion de propos bien sentis sur le désir de pouvoir sous-jacent à toute création artistique,   sur l'identification entre auteur et personnage et en clôture la revanche de la marionnette sur le marionnettiste. Comme les pôles d''empathie permutent sans cesse, on en sort un peu chamboulé, retrouvant dehors les préparatifs du Noël chrétien. Mais Jésus n'est-il pas une icône du masochisme ?

Parvis de Notre-Dame , 10/12/13, 18h43

Suis allée le lendemain piétiner un peu à l' Hôtel de Ville. Je ne saurais trop vous recommander l'exposition Brassaï, pour l'amour de Paris ( l'artiste hongrois est photographe, dessinateur, sculpteur, journaliste, écrivain, cinéaste), plus de 300 photos nous donnent à voir la vitalité de la  capitale, de jour comme de nuit des années 30 à 50. Diversité des thématiques : du graffiti, au Paris canaille, au Paris la nuit (flous et brouillards), aux portraits d'artistes dont beaucoup de Picasso et de ses divers ateliers  J'y ai trouvé une photo bien connue de Simone de Beauvoir qui m'a permis de constater à quel point Sandrine Kiberlain avait su se rapprocher de son célèbre modèle. On peut comprendre que Violette en ait été si amoureuse.

 
 La suite se passe à Toulouse. Mon fils ayant souhaité squatté la maison avec une bande de cinéphiles pour projections privées sans discontinuer de films sélectionnés par leurs soins, nous avons échangé nos clés de pénates. J'ai ainsi eu tout loisir de me promener dans cette ville qui a beaucoup de points communs avec les villes de la renaissance italienne (couleurs, architecture, richesse du patrimoine) et notamment Florence.

 Toulouse 15/12/13, 11h38

Il a fait très beau ces derniers jours. J'ai pu marcher le nez au soleil. Au jardin des Plantes, entre autres où j'ai croisé quelques poussettes, barbe à papa (et papas à proximité),  et même des paonnes (ça se dit ?) perchées un peu partout.

 Jardin des Plantes 15/12/13, 16h52
Voir des ours, très innofensifs ceux-là,  qui se trouvent en vedette sous la conjugaison d'une expo consacrée à l'Ours (Ours, mythes et réalites) et de la période de Noël ( le nounours a toujours la cote chez les mouflets.

Jardin des Plantes, 15/12/13, 17h15

Cinéma encore.
Henri de Yolande Moreau dont j'avais aimé Quand la mer monte . C'est le cinéma populaire des Carné et des Jean Vigo, intensément proche des petites gens dont il enregistre la subtilité des états d'âme qui s'expriment à peu de frais, d'un clignement de paupière, ou d'une moue à peine ébauchée. Yolande Moreau est une artiste de l'image et son univers poétique est fondé sur l'art de dénicher la beauté dans l'ordinaire du monde. La rencontre entre Henri (Pippo Delbono) et Rosetta (Candy Ming) est l'alliance de deux fragilités animées d'un même désir d'être aimé. Seulement, les gens là, ils veulent pas...
Casse-tête chinois, de Cédric Klapisch pour le plaisir de retrouver les acteurs avec quelques années de plus, embringués dans des histoires de familles éclatées, recomposées, d'homoparentalité, de carte de travail, de diversité culturelle. A peu près tous les sujets de nos sociétés en évolution lente et fulgurante à la fois. mais surtout le plaisir de retrouver New York comme si j'y étais (à nouveau). Léger sans être mièvre. Sympatoche et rigolo, un moment agréable à se faire du bien.
Un dernier et je ferme, c'est promis.
Les Garçons et Guillaume à table de et avec Guillaume Gallienne. Hyper nombriliste, un humour parfois de plomb, quelques scènes un peu drôles, mais bon, je pouvais m'en passer.


 Samedi, j'avais rejoint dans un bout du mondeManu Causse et Emmanuelle Urien qui signaient dans ce café culturel très sympathique, (que j'ai découvert grâce à eux, merci les Manu Manu), en compagnie de quelques autres des auteurs que publie cette aimable maison d'édition. 
 
 Toulouse, au coucher en longeant la Garonne, alors que les oiseaux paillent au ras de l'eau, c'est beau.

Berges de la Garonne 15/12/13, 17h42

Depuis, je suis de retour sur ma petite colline. Eh bien vous savez quoi ? J'irais bien faire un petit tour à New York. Sacré Klapisch!

Photos ZL, Décembre 2013, sauf la 3 bien-sûr.

jeudi 5 décembre 2013

Reposez en paix Nelson Mandela. Total respect.





 “A Man who takes away another man’s freedom is a prisoner of hatred” Long walk to freedom

Nelson Mandela , 18 juillet 1918, 5 décembre 2013.

L'hommage de Christiane Taubira   (ajouté ce jour, 7/12/13)