dimanche 20 février 2022

Prendre soin des mots

En revenant sous l'arbre, il m'arrive d'aller au hasard lire les blogs apparemment désertés. J'y repêche parfois quelques pépites et les ramène à la surface du temps présent. Ainsi cet aphorisme publié par helenablue  le 4/08/2017

Tu me dis : le quotidien tue l’amour

Je te dis : l’amour fait vivre le quotidien

- Maram al Masri -

Vaste question ! De quel amour parle-t-on ? Un ami m'a souvent entretenue sur les définitions de l'amour dans la philosophie grecque. Platon distingue Eros, Philia et Agape qui pris dans cet ordre représenterait en quelque sorte une progression (ou une régression) du sentiment le plus exclusif au plus altruiste. En fait ces formes de relation à nos semblables ne sont pas distinctes ou intrinsèquement  hermétiques les unes aux autres.  Il y a de l'Eros dans la Philia et de la Philia dans l'Agape et la même personne peut nous inspirer tour à tour, le désir érotique, la complicité de l'amitié et la compassion de l'altruisme universel. C'est sans doute grâce à ces "glissements progressifs du désir" que l'amour peut enchanter le quotidien.

J'ai découvert par l'intermédiaire de Frédérique Martin qui signait son livre "La méthode Molotov" (voir post précedent) dans la librairie proche de chez moi (où j'achète exclusivement mes livres), un site de podcast consacré à l'exploration de "l'amour en occident". Je reprend à dessein ce titre de Denis de Rougemont qui m'avait fait si forte impression quand je l'ai lu il y a fort longtemps. Je le relirai peut-être si je parviens à le dénicher dans les piles qui patientent en attendant de retrouver un espace de stockage dédié. Le coeur sur la table, c'est sous cet intitulé que Victoire Tuaillon  publie une fois par semaine une analyse très pertinente et documentée, des relations amoureuses Le bandeau de présentation sur le site est explicite de l'intention :"Parce que s’aimer est l’une des façons de faire la révolution. Une fois par semaine, un  épisode pour réinventer nos relations amoureuses, nos liens avec nos ami·e·s, nos parent·e·s et nos amant·e·s.  Vous pouvez la rencontrer ici

Elle étudie et convoque pour ce faire des écrivains, des philosophes, des sociologues et observe comment l'éducation, les médias, l'art (essentiellement masculin) nous distillent les injonctions et les stéréotypes qui formatent nos dispositions à la rencontre et dans certains cas à l'épreuve de l'amour. Elle ponctue son exposé de témoignages recueillis en groupe ou en entretien individuel. La plupart des personnes sont jeunes, du moins entre la trentaine et au plus la cinquantaine. A la trentaine se pose la question de l'engagement ou du divorce si on s'aperçoit qu'on s'est fourvoyé.e dans l'affaire matrimoniale avec pour bagage, les histoires de Prince charmant que les contes, mais plus encore les  dessins animés de Disney nous ont imprimés dans l'imaginaire au temps de nos rêves d'enfants. Sois belle et tais-toi, sois fort et montre le sans douter. Belle comme les poupées de magasine pour l'une et fort comme Rambo pour l'autre. 


Je lis parallèlement "Le rire de la Méduse" d'Hélène Cixous, ouvrage fondateur que je n'avais jamais approché à ce jour . Et pourtant HC faisait partie de mon Panthéon en tant que figure de la rébellion féministe portée par la poésie. Son "rire" a fait le tour du monde et d'une certaine façon occulté les ouvrages antérieurs et les suivants. C'est elle qui le dit dans son introduction à la réédition (paru en 1975 et rééditée en 2010) : "la Méduse est allée beaucoup plus vite, beaucoup plus loin que mes textes de fiction et plus tard mon théâtre. Franchement, j'eus un agacement  (...) Mettez vous à ma place : une fille faite à la va-vite qui vous devance et vous retarde". Le texte est écrit pour faire advenir les femmes à l'écriture et déconstruire les structures "phallogocentriques"  qui aliènent aussi bien les femmes que les hommes. 

"Toute femme a connu le tourment de la venue à la parole orale, le coeur qui bat à se rompre, parfois la chute dans la perte de langage, le sol, la langue se dérobant, tant parler est pour la femme - je dirais même ouvrir la bouche-, en public, une témérité, une transgression. Double détresse, car même si elle trangresse, sa parole choit presque toujours dans la sourde oreille masculine, qui n'entend dans la langue que ce qui parle au masculin" 

Un extrait que j'ai sélectionné tant il me parle à moi qui ait dû lutter contre  ce tourment puisque mon activité professionnelle m'a conduite sur des estrades ou dans des colloques où je devais exprimer un point de vue que je savais être toujours un peu décalé face à un auditoire majoritairement masculin. Quand encore ces messieurs n'avaient pas rogné sur mon temps imparti m'obligeant à rétrécir mon propos jusqu'à l'absurde. Quant à la sourde oreille masculine, je continue à la constater. Quand l'assurance me fut venue (habitude et pas toujours), j'étais sidérée par l'absence de prise de parole des femmes dans les assemblées que je fréquentais. Les jeunes femmes semblent moins intimidées et encore n'est-ce évident qu'au sein de certains regroupements !



Interlude. Promenade au couchant avant de finaliser ce post


Il ne s'agit pas, bien-sûr de nier la parole masculine en retour. Je vais au contraire vous proposer de prendre connaissance de la pensée alerte et profonde d'un homme explicitant  le danger qui guette l'humanité, l'effondrement de la pensée et nous proposant de sortir de nos servitudes. 45 minutes d'intelligence et d'humanité. Merci Roland Gori   

Je concluerai donc en le citant, lui même citant beaucoup au cours de son entretien .

Nous avons à prendre soin des mots parce que les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d'eux comme le disait le poète René Char  

lundi 24 janvier 2022

Reconnaître son propre désir


 Mon dernier post date de novembre. Deux mois que je n'ai rien écrit sous l'arbre. Rien d'étonnant à cela, j'ai à nouveau déménagé mais pour revenir chez moi. Troisième épreuve de cartons et de charroi de meubles. J'ai laissé la petite maison à une Julie ravie de l'occasion, elle cherchait justement un lieu où s'installer. Je lui ai abandonné quelques unes de mes acquisitions dont je n'aurais su que faire chez moi déjà envahi de meubles. Un nouveau modus vivendi s'est mis en place avec mon partenaire. Les enfants sont ravis de voir leurs parents réconciliés. Je ne regrette pas cette parenthèse. Elle a permis de revoir un peu en profondeur les raisons de partager à nouveau cette grande maison où nous occupons chacun un espace personnel.

J'ai renoué avec bonheur avec les levers de soleil que je contemple au réveil douillettement sous ma couette,  et les couchers qui ont été somptueux. Hélas, il est arrivé une grosse vague de froid mais les poèles ajoutés au chauffage central nous offre la chaleur nécessaire pour combattre les -5° du petit matin.

De ma fenêtre le 6 janvier 2022
 

Depuis deux semaines, je replace les objets soit à la place qu'ils occupaient précédemment soit dans une nouvelle configuration, j'ai en effet remanié l'espace.

J’ai trop de livres et ne parviens pas à les sacrifier. Je vais pourtant devoir en éliminer.

Je suis comme tout à chacun fatiguée de cette pandémie, du cirque médiatique organisé, doublé désormais de la campagne pour l'élection présidentielle. J'évite le plus possible d'écouter les "nouvelles" qui n'en sont pas tellement c'est le même discours récurrent. 

Je suis allée rendre visite à mes amis à Anduze. Il faisait très froid et nous sommes peu sortis d'autant qu'ils travaillaient beaucoup pour préparer une expédition de leurs poteries à Boston. J'ai appris ainsi que les Américains sont très friands de leur production.

Nous avons  partagé quelques soirées télé (il faut que ce soit l'hiver et qu'il fasse froid). J'ai ainsi pu voir "12 years a slave, un film basé sur le récit de Solomon Northup, 
un Noir, charpentier et violoniste, qui vit en homme libre avec sa femme et ses deux enfants. Un jour il se fait gruger par deux faux artistes qui le droguent, le  kidnappent et le vendent auprès d'un propriétaire du Sud comme esclave. Le film montre la violence des traitements infligés aux Noirs quand ils avaient le malheur de tomber sur un maître cruel et cinglé. Mon ami protestait en disant que c'était largement exagéré. Me revenaient des récits que je lisais quand j'étais adolescente dont j'ai oublié et le titre et l'auteur, mais qui décrivaient ce type de réalité. Très jeune j'étais effarée de cette histoire de traite des Noirs

Revenue chez moi, j'ai regardé sur France 2 mardi soir un documentaire intitulé Noirs en France . Le documentaire, donne la parole aux Français noirs de tous âges et de tous horizons, connus ou inconnus du grand public. Raconté par l'écrivain Alain Mabanckou, ce documentaire retrace leurs histoires faites de préjugés et de stéréotypes, mais traversées aussi d’espoir et de fierté. Ces noirs en France construisent une histoire en constante.  transformation (présentation sur france.tv). A l'écoute des témoignages du racisme ordinaire, je ne pouvais m'empêcher de repenser au film et aux humiliations subies pendant des siècles dont la mémoire reste cuisante même quand on n'y a pas soi-même été exposé. Quand s'effacera-t-elle des mémoires et des comportements cette ignoble traite des humains ?  Tellement tragique l'expérience auprès des petites filles noires à qui on demande de choisir entre deux poupées, l'une blanche et l'autre  noire et qui choisissent  toutes   la blanche "parce qu'elle est plus jolie". Edifiant le témoignage de Laetitia Helouet  rapporteuse à la Cour des comptes : « Je ne m’appelle pas Aminata, et quand on me voit arriver avec ma collaboratrice, on pense tout de suite que la directrice générale, Laetitia, c’est forcément elle, Nathalie, blonde aux yeux bleus. ». Un documentaire sans pathos victimaire qui nous permet -si nous l'ignorions- de percevoir de quelle façon le préjugé reste puissant à l'égard des anciens colonisés et d'admirer la résilience des témoins .

Frédérique Martin fait partie de mes auteures favorites. Dans La méthode Molotov écrit à quatre mains avec sa complice Frédérique le Romancer, les 2Freds font un sort à toutes ces vilénies qui pourrissent la vie en dressant le portrait de deux vieilles rebelles qui accueillent une jeune femme que l'ingratitude de son sort de femme au foyer jette un jour, elle aussi dans la rébellion. Sa vie est totalement consacrée au bien être de son mari et ses enfants sans que ce don perpétuel ne soit payé d'un retour d'attention. Le bon patriarcat de base, c'est à dire pratiqué inconsciemment, "naturellement" avec l'assentiment de celle que manquer à son "devoir" immole sur l'autel de la culpabilité. Un jour Pétronille craque, monte dans sa voiture, roule la rage au cœur et tombe en panne d'essence et de portable au milieu de nulle part. Pas tout à fait nulle part, juste à proximité d'un refuge où Jeanne accueille les cabossés qui ont besoin d'un lieu où se régénérer et pour certains souffler, à l'abri après un long périple de fuite. La jeune femme (40 ans quand même, il est temps qu'elle réagisse) découvre apeurée / éberluée puis ravie qu'on peut vivre autrement. Les personnages sont puissants, le langage fleuri, les lieux hors du temps, bref tout est réuni pour la métamorphose de Pétronille. " La liberté commence quand on sait reconnaître son propre désir. " Les échanges entre Jeanne et La Molotov, ex stripteaseuse,  pétroleuse et toujours activiste sont un régal. La Molotov a choisi le refuge auprès de sa vieille amie et espère échapper à l'Ehpad. Mais Jeanne est fatiguée et veut vendre. La suite, allez la lire, vous ne regretterez pas  votre visite.  Je n'oublie pas que "En tant que lecteur, je sais que c'est à moi d'apporter les dernières finitions à ce que je lis, en l'associant à mon existence. (Erri de Luca? "Le Plus et le moins", Gallimard. Du monde entier

Revu le film de Xavier Dolan, "Juste la fin du monde". Troublant de revoir Gaspard Ulliel dans ce rôle où il vient annoncer sa mort prochaine à sa famille et ne parvient pas à trouver l'instant propice. J'ai surtout été frappée par le contraste entre la douceur du personnage incarné par Gaspard Ulliel et la violence de son frère que joue Vincent Cassel. On sent toute la hargne de celui qui n'est pas "le préféré" parce que l'autre a tous les talents et a négligé sa famille, avec le soupçon qu'il la méprise. On sent la blessure de celui pour qui ces derniers instants sont vraiment les derniers et qui repart sans avoir rien dit. D'autant plus troublant que c'est comme s'il venait de nous annoncer sa mort prochaine. Alors on a envie de dire comme François Morel : c'est injuste de mourir à 37 ans . 

 

Une douceur étincelante

 "C’est invraisemblable, insensé, et tellement douloureux de même penser écrire ces mots, écrit le cinéaste québécois. Ton rire discret, ton œil attentif. Ta cicatrice. Ton talent. Ton écoute. Tes murmures, ta gentillesse. Tous les traits de ta personne étaient en fait issus d’une douceur étincelante. C’est tout ton être qui a transformé ma vie, un être que j’aimais profondément, et que j’aimerai toujours. Je ne peux rien dire d’autre, je suis vidé, sonné par ton départ." Hommage de Xavier Nolan


mardi 9 novembre 2021

Pas de liberté sans courage

Il m'est décidément difficile de tenir le rythme que je m'étais proposé d'un billet par semaine.
Alors, n'en parlons plus. Je viendrai sous l'arbre aussi peu souvent que cela se présentera, évoquer ce qu'il me viendra en tête sans souci de chronologie. J'aimais beaucoup la rubrique que tenait la Feuille charbinoise le bric à blog qui a disparu elle aussi semble-t-il, le dernier numéro date de 2017. Ici ce sera le bric à brac, un mélange plus ou moins bien concoté.

Les derniers mois se sont faits sous le signe des anniversaires. 

Le mien fin août en réunissait plusieurs, outre le mien, celui  de l'amie Malika et celui de l'engagement collectif du groupe qui a fondé un habitat participatif "Les amarres" où s'organise la construction d'une dizaine de maisons écologiques autour d'une maison  commune préalablement retapée qui accueille les réunions, comporte une cuisine collective, des chambres pour gens de passage et des ateliers de diverse nature.

Quelques uns de ceux qui se sont lançés dans l'aventure des "Amarres"

Anne et Thomas nous ont honorées d'un joli récital
   

En septembre nous avons fêté les dix ans du RIPESS, ce réseau qui m'occupe principalement. Dix ans et un bilan plutôt positif et en tout cas une joyeuse assemblée de quelques activistes qui s'échinent à faire advenir un monde moins désespérant.

Il y a là des ressortissants d'une bonne quinzaine de pays. 

Autre anniversaire et cette fois très émouvant pour moi, les 20 ans du Master dans lequel j'ai enseigné. L'occasion de revoir les étudiants et d'apprendre qu'ils se sont orientés sur telle ou telle piste, qu'ils ont eu des enfants -ou non- et en l'occurence qu'ils souhaitent relancer l'association des anciens étudiants. J'ai passé une journée délicieuse sur le campus qui a tellement changé puisque l'université a été totalement rebatie.

Toutes les promotions n'étaient pas représentées mais il y avait néanmoins une fameuse bande 



Autre anniversaire, celui d'une Christine qui chante et vit très chichement de son talent. La fête a rassemblé les amis que j'ai rencontrés  grâce à une amie retrouvée en arrivant dans le village, heureux hasard.  

Une des raisons qui m'a éloignée de ce blog, c'est bien-sûr ma translation dans un nouveau lieu (deux déménagements en trois mois c'est un peu absurde) et le temps consacré à réinvestir un nouvel espace.

C'est à peu près stabilisé maintenant bien que sans cesse remanié parce que tableaux et objets doivent se trouver un  nouvel équilibre dans une configuration très différente même si certaines constantes demeurent.

Mon nouveau spot se situe à égale distance de trois villes dont une, Gaillac, présente l'avantage entre autres d'un cinéma dont les films correspondent à mes attentes et une librairie où je trouve tous les livres que je cherche. Je jouis donc d'une campagne paisible à 10mn de toutes les commodités. Autre bonheur, une cheffe de choeur fameuse vient d'ouvrir un nouvel atelier à Rabastens, à 10mn également. J'ai donc retrouvé le bonheur de chanter. Mon village actuel possède une gare qui me permet de me rendre à Toulouse sans prendre la voiture, ce qui était une des raisons de mon choix.

Mes amis sont venus me rendre visite et nous sommes allés visiter les bastides de Castelnau de Montmirail et de Puycelsi, très jolis villages perchés dans le nord ouest du Tarn.

Je m'aperçois que mon texte prend le tour d'une  rubrique "feelgood". Pas envie sans doute de rendre compte des moments plus difficiles. Et pourtant! Je suis allée à Royan pour récupérer quelques objets dans la maison familiale. Elle est vendue, je n'irai plus. C'est l'année des grandes séparations...

Heureusement, ma soeur habite juste à côté, je pourrai toujours aller m'emplir les poumons d'iode. J'ai fait une ballade le long de la côte en découvrant le plaisir du vélo électrique prêté par ma soeur (le plaisir sans la souffrance). Je vais m'en procurer un et laisser ainsi plus souvent ma voiture à l'arrêt.

Une des villas de la côte que les bombardements ont laissée intacte


      Pendant que je rédige ce post, j'écoute Love song Melody Gardot et Ibrahim Maalouf .

J'ai lu durant ces quelques mois notamment "Rêver debout". 

 

Voici un extrait de la quatrième de couverture :" Convoquant ainsi l'auteur  de toute une époque pour mieux parler de la nôtre, l'autrice de Pas pleurer brosse le portrait de l'homme révolté par excellence, animé par le désir farouche d'agrandir une réalité étroite et inique aux dimensions de son rêve de justice".

 J'ajoute la dernière partie de l'ouvrage "Don Quichotte est notre frère. Notre frère rêveur en un monde brutal, notre frère insurgé en un monde avachi, notre frère indocile, rageur, intempestif, tumultueux, incandescent et qui dit non (un non désespéré parfois), qui dit non à l'insupportable injustice, comme à l'indifférence blasée ou au consentement mou à ce qui pourrait un jour nous mener cap au pire. (...) c'est grâce aux brèches ouvertes par le Quichotte et les allumés de son espèce dans les murs qui nous cernent, que notre monde reste encore vivable et encore désirable. Monsieur de Cervantes, merci

Et merci Lydie Salvayre de nous le rappeler "pas de liberté sans courage"

dimanche 5 septembre 2021

ZL, le retour (raté)

 Suite à une manoeuvre maladroite mon post a disparu et je n'ai pas le temps à l'heure qu'il est pour le rétablir. Je suis furieuse parce qu'il m'avait demandé beaucoup de temps pour résumer ces deux mois d'été qui ont été très cahotiques, plein de moments tristes et d'autres réjouissants (je n'avais fait mention que des derniers). J'ai été très chahutée. Mais ça va mieux. Tant pis pour ce que j'avais rassemblé sur mes pérégrinations (Porto, Sète, Anduze et mes lectures entre autres Patrick Chamoiseau "Une enfance créole I, II, III), le hors série Philosophie Magazine sur l'amitié, et tout dernièrement ma Chère Lydie Salvayre " Rêver debout" un hommage à Cervantès déguisé en lettres de protestation sur le sort qu'il fait subir au Quichotte. J'y reviendrai. Ce soir, je prend le train pour Paris puis je me rendrai à Royan. Je n'aurai guère le temps de visiter ce blog. Ce court passage pour rassurer mes amis (merci Tania) de se préoccuper de mon silence.

Quelques unes des photos que j'avais sélectionnées

 

Le coucher du soleil sur l'étang à La Pointe courte (chère Agnès Varda



Les bateaux sur le Douro à Porto et le célèbre pont Don Luis construit par un élève de Eiffel

Les rues qui remontent des quais vers le centre ville à Porto. Porto se mérite!!!

La petite maison sur la gauche d'où je peux chaque matin fouler la rosée dans l'herbe de mon minuscule jardin.

A bientôt

dimanche 4 juillet 2021

Chronique d'une semaine ordinaire 18

Cette semaine sera surtout consacrée à mes rencontres épistolaires ou littéraires

Lundi 28 juin 2021

Je fais partie d'une liste de diffusion d'un groupe "Les convivialistes"  pour avoir participé de temps à autre à leurs élucubrations.  Sur un sujet qui opposait nomadisme à sédentarité voici ce que répondait Marc Humbert l'animateur du groupe avec Alain Caillé du MAUSS

L'enracinement est souvent recherché et les migrants n'entament le plus souvent leurs migrations que contraints et forcés, et non pas par manque de souhait de "vivre et travailler au pays" entre autres. Il y a cependant des cosmopolites heureux et la question ne me parait pas être celle du nomadisme ou de la sédentarité, les chasseurs cueilleurs que nous fûmes, ne restaient guère longtemps au même lieu et notre humanité s'est disséminée sur la planète entière jusqu'en des lieux qui paraissent des plus hostiles.
 
Le problème que pose cette citation de Descartes me parait être ce que Morin appelle l'un des deux défauts majeurs de la rationalité moderne, elle est disjonctive et réductionniste. Ici la disjonction, c'est la séparation de l'inséparable, nous ne sommes certes pas lié au sol par des racines, comme le sont d'autres végétaux ou des espèces animales non adaptables à certaines latitudes, mais pour autant nous ne pouvons pas vivre sans être en relation permanente avec notre "milieu de vie" qui nous imprègne pour notre vie et pour lequel nous sommes aussi des contributeurs,  quand bien même nous sommes "mobiles" pour aller d'un site à un autre... et découvrir que nous sommes une seule et même humanité planétaire ce que nous avons pu expérimenter depuis le 16ème siècle.
 
Je réagis rarement au fil de la discussion mais cette fois j'ai eu envie de le faire et voici comment :

Personnellement je pense comme Marc ou Morin que c'est encore opposer des parti- pris qui ne s'opposent pas mais se conjuguent. Il y a depuis la parabole de Caîn l'agriculteur sédentaire tuant Abel l'éleveur nomade un schisme entretenu entre ceux qui sont "enracinés" (et possèdent la terre) et ceux qui voyagent (voir le sort fait aux peuples nomades dans le monde et singulièrement chez nous). Celui qui se déplace présente un danger pour ceux qui ne bougent pas. Le tourisme a en quelque sorte encadré le mouvement dans la fixité des voyages organisés où les chemins sont balisés et toute autre forme de déplacement est suspectée sauf bien sûr celle de la jet society qui bouge dans tous les sens, possède des points d'ancrage dans plusieurs pays et situe ses racines dans les entreprises qui alimentent ses cartes de crédit. Pour les autres, l'absence de point fixe est synonyme de vagabondage, susceptible de ce fait de répression par les forces de l'ordre. Toute démarche administrative est liée à une adresse fixe. Changer d'adresse implique toute une série de tracas dont ceux relatifs à la kyrielle de cartes (vitale, mutuelle, assurance, crédit etc.) sans parler de nos équipements informatiques dont il faut renseigner la "localisation". La métaphore végétale vaut ce qu'elle vaut mais comme me le rappelait un ami, un arbre vit aussi dans ses parties aériennes, les racines seules ne suffisent pas à sa vitalité. Nous qui avons tant fécondé la biodiversité de nos importations diverses, créant de nouvelles espèces, acclimatant à tout va des plantes qui ne demandaient sans doute qu'à rester enracinées dans leur milieu d'origine, pourquoi sommes nous si peu ouverts aux migrations humaines désormais, alors qu'elles ont de tout temps permis des métissages féconds. Il y a ceux, -dont les migrants- qui cherchent un "enracinement " - et encore est-ce bien sûr, ne cherchent -ils pas plutôt un lieu où on leur fout la paix au sens littéral- et il y a ceux qui aiment "vagabonder" dans le vaste monde. De quel droit les proscrire dès lors qu'ils ne nuisent d'aucune façon à autrui ? Il y a ces belles expériences du woofing pour voyager, du coach surfing et de toutes sortes de combinaisons pour aller à la découverte du monde et conserver son intégrité identitaire. Ce luxe nous est permis à nous autres Blancs (Blanches c'est plus compliqué sans chaperon testeronné). Que ne le permet-on de façon universelle à tous ceux qui se déplacent quel qu'en soit le motif. Pour mémoire au cours du Forum Social Mondial de Dakar, la Charte mondiale de Migrants, signée à Gorée en 2011 emettait des revendications pour la liberté de circulation des êtres humains. Autant de coups d'épée dans l'eau où se noient hélas, tant de postulants à cette liberté

Monument aux esclaves. Ile de Gorée. Dakar

mardi  29 juin 2021

Achevé la lecture du livre de Leila Slimani "Le pays des autres". Il s'agit d'exil mais en sens inverse. Une jeune femme alsacienne à la fin de la guerre tombe amoureuse d'un jeune marocain qui s'est illustré parmi les Spahis et a cantonné dans son village. Elle le suit dans son pays où il entreprend de reprendre des terres agricoles que lui a léguées son père. Pendant qu'il se tue au travail, elle apprend à vivre dans un pays où le sort des femmes est totalement sous la férule des hommes. Le couple affronte une double difficulté. Il n'appartient ni totalement à la culture musulmane ni non plus à la catholique même s'ils se sont mariés dans cette religion. Les efforts d'Amine (le mari) pour faire fructifier sa terre le rendent sourd et aveugle à la détresse de sa femme qui cherche à conserver son appétit de culture et à le transmettre à ses enfants et à sa jeune belle soeur. Le frère d'Amine, Omar s'est engagé dans les factions nationalistes qui veulent débouter l'occupant et restaurer le pouvoir du Sultan Mohammed Ben Youssef, démis par les forces coloniales. Leila Slimani tisse les histoires des membres d'une famille atypique en proie aux aléas de la tenue d'une propiété agricole, au racisme exercé par les Blancs sur les "bronzés", à la double appartenance des enfants et à la position de "traitre "potentiel de celui qui a épousé une Blanche et refuse de s'engager aux côtés de ses coreligionnaires. Beaucoup de portraits attachants et une écriture remarquable d'une grande précision.


 

Mercredi 30 juin 2021

Je tombe sur cette info :
Lors de la free party organisée à Redon les 18 et 19 juin, les gendarmes ont gravement blessé des teufeurs, dont un a eu la main arrachée par une grenade. Les pompiers, qui auraient pu intervenir pour secourir des jeunes dans un état sanitaire dramatique, en ont été empêchés par la préfecture.

Du coup il y a eu une opération "retour à l'envoyeur" :
Les munitions utilisées ont été dispersées sur la place de Bretagne. L'endroit est jonché de restes de lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Les forces de l'ordre avaient utilisé plus de 1400 grenades contre la fête, blessant de nombreuses personnes, et mutilant à vie un jeune de 22 ans.

Hallucinant non ? Tout ça pour disperser une fête!!!
jeudi 1 juillet 2021

Repéré cet article sur un des blogs que je suis

 https://entreleslignesentrelesmots.blog/2016/01/08/il-faut-souffrir-pour-etre-belle-tu-parles/

Incroyable le nombre de tortures que les hommes ont inventé pour réduire la liberté des femmes et les contraindre à user de différents stratagèmes pour être admises dans le jeu de conquête. C'est sans doute un bon outil de mesure de la liberté conquise des femmes : l'abandon du frou frou handicapant au profit du pantalon et des chaussures de marche. Quand je regarde les jeunes femmes, ça me rejouit de les voir enfin libérées (pas toutes) de l'obsession de séduire par des artifices. Lire à ce sujet le livre de Mona Chollet "Beauté fatale" que j'avais chroniqué ici

vendredi 2 juillet  2021

une amie me transmet un lien vers une émission d'Envoyé spécial consacré à la ville de Pontevedra en Espagne dont le maire (réélu depuis 1999) a entrepris de rendre la ville aux piétons. On en rêve! Le reportage est très convaincant sur la faisabilité de la chose, comme quoi, il s'agit bien de choix politiques et non d'une impossibilité de la  rétroaction. 

samedi 3 juillet 2021

Il y a beaucoup de petits festivals alentour, qui ont lieu tous en même temps : effet du confinement antérieur. Je me lève très patraque et ne me sens pas le courage d'en affronter aucun, d'autant que pour l'un, il se déroule à quelques mêtres de chez moi et -merci la technologie du double vitrage- je peux échapper à la musique un peu tonitruante des Ogres de Barback. 

Je lis cet article Revisiter Picasso à l'ère de me too  et je me sens confirmée dans le malaise que m'a toujours procuré la peinture de Picasso. "Il faut distinguer l'artiste de l'homme gna gna gna. je dois reconnaître que j'ai un peu de mal.

dimanche 4 juillet 2021

Après le marché, le café sous les arcades, je me rend à Graulhet pour le festival Rues d'été dans lequel une des pièces de ma fillote se joue. No(s) Futurs(s) duo comico apocalyptique

Lo et Ly les deux cosmonoautes à vélo de l'apocalypse


Je rencontre plusieurs connaissances. Bizarrement et je m'en aperçois après coup, je ne vois que des pièces que je connaissais déjà. Mais baste, vive le théâtre  

dimanche 27 juin 2021

Chronique d'une semaine ordinaire 17

 Je commence la rédaction ce dimanche mais je risque de ne pouvoir l'achever tant l'orage menace . Je posterai cependant pour arrêter la date 

lundi 21 juin,

J'entame avec difficulté une semaine qui va être scandée de visio conférences et de rédactions multiples alors que la semaine de vacances m'a doucettement engagée vers le farniente et la liberté.  

Pour ce jour, je noterai cet article qui résonne particulièrement pour moi, relevé dans un site qui comporte une diverité de textes de qualité sur un large éventail de questions de société.

J'ai travaillé à une époque auprès d'établissements qui accueillaient des enfants plaçés et j'ai été frappée par la violence qui régnait dans ces lieux, le ton sur lequel certains éducateurs (pas tous) s'adressaient aux enfants et surtout les histoires familiales de ces enfants qui m'étaient racontées par le personnel accueillant. L'absence de solutions pour les adolescents à leur sortie d'établissements qui les avaient habitués à une sorte de liberté surveillée et peu à l'autonomie.

Confondre amour et sexe – ou comment le système de protection de l’enfance ne protège pas de la maltraitance sexuelle et de la prostitution juvénile.

C’est la défaillance du système de protection de l’enfance lui-même qui prépare le terrain à la prédation sexuelle masculine. Si les enfants étaient correctement pris-es en charge, il n’y aurait pas une telle probabilité de tomber dans les filières de la prison ou de la traite à des fins sexuelles. En attendant, la grave négligence dont sont victimes ces enfants, à laquelle s’ajoute leur capacité à endurer des expériences particulièrement douloureuses, est propice à la prédation sexuelle qui vise leur exploitation.

L'article est écrit par une personne qui a enduré elle-même ces situations

mardi 22juin

un numéro hors série de Télérama "Femmes artistes ni vues ni connues" avec en ouverture un florilège de propos gratinés d'hommes à l'égard des femmes artistes. Je choisis le plus lapidaire et un parfait résumé de l'outrecuidance de ces messieurs:

"Tant qu'une femme ne se prive pas de son sexe, elle ne peut exercer l'art qu'en amateur. La femme de génie n'existe pas ; quand elle existe, c'est un homme" Octave Uzanne, homme de lettres et journaliste. 1905 (un génie oublié semble-t-il ).

Le titre de cette recension pourrait s'intituler "Artistes empêchées". Les biographies qui accompagnent les oeuvres et leurs créatrices, alignent une longue litanie de d'embûches et de chausse-trappes placées sur leur parcours.    


Télérama - Télérama hors-série N° 231 : Femmes artistes, ni vues ni connues !.  

 

Juste un exemple, assez emblématique Marie Guillemine Benoist(1768-1826) auteure du magnifique  Portrait d'une femme noire (1800) très osé pour l'époque. Lorsque son mari qu'elle a soutenu et caché, royaliste en pleine terreur, obtient un poste de conseiller d'Etat, sous la Restauration  " exige qu'elle abandonne son activité "peu convenable". Ce qu'elle fait, la mort dans l'âme".   

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mercredi 23 juin

rien de notable, hormis cette phrase attrapée au vol au cours de l'émission la Grande librairie

"écrire c'est aller dans ce périmètre où on n'est plus personne" Marguerite Duras"

jeudi 24 juin

Petite victoire remportée sur Doctolib qui lève ses herses entre les médecins et les patients :  j'ai réussi à obtenir un rendez-vous au sein du Cabinet médical qui se trouve à 2 minutes de chez moi alors que Doctolib vous renvoie sechement en indiquant que tel médecin ne prend plus de patients. Une première fois, on m'avait refusé un rendez-vous : "gardez votre médecin traitant, c'est précieux" (!!!?) m'avait dit la secrétaire. Sauf qu'en l'occurence elle se trouve désormais à 25 kilomètres et part à la retraite en août. Le jeune femme qui m'a accueillie après que j'aie insisté sur l'urgence (qui n'en était pas une dans l'absolu) m'a redit ce que je sais déjà : beaucoup de médecins du babyboom partent à la retraite et ne trouve pas de remplaçant.e.  Aussi n'ont-ils ou elles plus le droit d'accepter des patients qui ont déjà un médecin traitant. Tout est de plus en plus cadenassé. Elle est jeune et charmante et je suis admise dans le clan de ses patients. J'espère ne pas avoir à abuser de ce privilège. 

vendredi 25 juin

grande journée! J'ai découvert une petite maison proche (4km) avec un tout petit jardin mais de grands et beaux espaces autour et une chambre supplémentaire qui me permettra d'accueillir dans de bonnes conditions. Elle fait partie d'une grande demeure datant du 18ème siècle  découpée en appartements dont celui que je guigne qui bénéficie d'une parcelle de jardin . Indépendante sans être isolée,  à proximité du domaine Clément Thermes, grand cru du Gaillacois et du Château des Fortis dans le hameau du même nom.


La personne de l'agence referme la maison qu'elle m'a fait visiter en toute hâte. Il était midi, elle avait faim!
A suivre donc...

samedi 26 juin

Jolie fête nocturne (enfin!) chez des amis. D'abord en plein air puis rapidement repliés à l'intérieur pour cause de déluge (quasi quotidien en ce moment). Un petit concert improvisé et tout le monde chante. 


 dimanche 27 juin 

Déjeuner à La Tour pour discuter de l'avenir de notre bien commun. Nous allons essayer de trouver une solution pour le garder.

Je suis repartie après avoir fait provision de romarin, de sauge, de verveine, de roses et de deux lys que l'orage avait couchés à terre. Je n'ai pu m'empêcher d'arracher les viornes qui étouffaient l'églantier. En revanche, la femme qui est installée dans mon espace se coltine le nettoyage des parterres et rien que cela me confirme dans mon choix

Ce soir orage avec interruption d'électricité (d'où mon avertissement en début de ce billet).

Je le termine cependant et n'aurai pas à y revenir sinon pour corriger les fautes qui risquent de s'y être glissées. Mais il est trop tard pour ce soir.

 

 

dimanche 20 juin 2021

Chronique de 2 semaines ordinaires 15 & 16

 Léger retard dû au transit entre différents points de l'hexagone, notamment dimanche, jour dédié à la rédaction de ce petit memorandum d'où le doublet du jour gagné sur l'extrème fatigue du voyage de retour après 12 jours de baguenaudes diverses et variées dont voici ci- dessous un résumé elliptique

lundi 7 juin 

visio, écriture, longue conversation avec mon fils qui s'interroge sur sa vie.

mardi 8 juin

écriture édito et réunion dite de "com com". Le bulletin de ce mois est dédié à la jeunesse. Réjouissant de constater que la relève est bien là 

mercredi 9 juin

déjeuner avec mon fils avant de prendre un train pour Dijon, déjeuner imprévu ménagé en raison de la grève qui affecte -une fois de plus la ligne qui dessert le village.

Arrivée tardive 22h30 et un peu de mal à trouver le logement qui m'était réservé rue de la Préfecture.

jeudi 10 juin

retrouvailles avec beaucoup de collègues réunis pour la première fois depuis 2 ans. Agora sur le thème "Démocratie économique, Utopie ou réalité". Bonne question mais je ne développerai pas ici, ce lieu est réservé aux "loisirs" 

Le soir nous assistons à la présentation d'un ouvrage rédigé par certains d'entre nous.

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Le lieu qui nous accueille est particulièrement agréable. Fondée en 2004, l’association Rézo’Fêt’Art génère du lien social dans un cadre multiculturel et intergénérationnel, par le biais d’activités créatives et récréatives. Le but est de réunir, au sein d’une structure dynamique, des membres investis dans des actions à caractère culturel, social et alternatif. Ainsi, le Rézo’ réalise des projets et mène des actions depuis plus de 10 ans dans des secteurs divers et variés. 


 Après la présentation nous dégustons un excellent repas servi avec zèle et humour par les officiants du Rézo et en cas de besoin un petit coin particulièrement beau: des toilettes sèches décorées par un artiste local

vendredi 11 juin.

Session de travail le matin et voyage vers Nimes l'après-midi où m'attend ma chère amie N. Elle m'emmène dîner au restaurant "Le Bayou" où sont déjà installés des amis qui exposent le lendemain et pour deux jours dans le cadre d'un parcours artistique de land art intitulé  "Voyage  autour du lac" dont c'est la troisième édition. 

samedi 12 juin

nous allons donc en promenade autour du lac où nous découvrons de belles choses tout en cherchant intensément l'ombre, il fait 34 °. 20 exposants, des réalisations originales, des titres amusants ou poétiques ou les deux

 

Les dames du lac. Claire Pauvarel


La tête sous les étoiles, Eric Hengl

Le totem est tabou (Collectif)  
Fontaine "Glouglou" à mécanisme solaire, Gérard Coquelin

 

 

dimanche 13 juin 

voyage vers Royan. Or donc comme notre amie la SNCF nous avait informées de la suppression de notre correspondance, j'ai recherché une solution bus, en vain, et finalement Bla Bla Car. Chance, la conductrice qui nous embarque va très exactement où nous allons. Mon amie s'installe à l'avant, le GPS est en marche, je rêvasse à l'arrière. Nous sortons de Bordeaux, je ne prête pas attention au fait que nous n'empruntons pas le pont habituel. Au bout d'un certain temps mon amie s'inquiète que nous soyons sur la rive gauche de l'estuaire où nous croisons tous les châteaux des grands crus. En alerte, nous commençons à consulter sur nos smartphones l'itinéraire. Entre temps nous sommes arrivées devant l'embarcadère   du bac qui traverse la Gironde à la hauteur de Blaye, juste au moment où il quitte notre rive. Heureusement il est censé revenir pour un dernier tour. Une petite heure plus tard nous embarquons, notre conductrice un peu fâchée de devoir payer une traversée pour sa voiture (nous nous acquittons de notre passage). Finalement nous arrivons à destination avec deux heures et demi de retard sur nos prévisions, affamées. Heureusement ma soeur avait préparé un diner mais avait craqué et diné seule. Seul bénéfice de cette bévue, la traversée de l'estuaire


  lundi 14 juin

début des vacances. Dès le matin visite du bord de mer, la petite plage  du Conseil, dans le bois des Fées, située à dix minutes à pied de la maison. La marée est basse et découvre largement toutes les infractuosités où sont accrochées les jeunes huitres que mon père pêchait et revendait aux ostréiculteurs pour implanter dans les parcs à huitres. Je doute que la méthode ait perduré.


 


Après-midi plage de Nauzan, N. se baigne, l'eau est trop froide pour moi

mardi 15 juin

Promenade à bicyclette jusqu'à Pontaillac. Bain, je participe et apéro au Calumet, un bar que j'ai toujours connu et où j'allais avec les copains du temps de ma belle adolescence.


Le soir -et il faut bien que je sois avec une amie, avec une télé à disposition alors que je n'en ai pas chez moi- pour regarder un match de foot. France Allemagne avec un beau suspense  jusqu'à la victoire finale 1-0. 

mercredi 16 juin,

nous allons au marché de Royan pour acheter des fruits de mer (huitres moules, coques, bulôts bigornaux, crevettes). Ma soeur nous offre un tour de la conche de Royan pour admirer les très belles villas qui la bordent. Nous allons jusqu'à Saint Georges de Didonne d'où nous avons un très beau point de vue sur la ville 



   

Dans la soirée éclate un orage qui nous tient sous la terrasse à admirer les zébrures qui éclairent violemment par intermittence le jardin. La chute de température nous réjouit.

jeudi 17 juin

il pleut, il pleut, il pleut. Nous empruntons un bus qui nous mène en un quart d'heure à Royan, nous avons choisi d'aller au cinéma voir "Le discours"  . Nous avions toutes deux adoré le livre de Fab Caro. Le film est fidèle au livre -trop peut-être-, les acteurs excellents et c'est un bon moment, surtout si on n'a pas lu le livre. Mais c'est souvent le cas pour les adaptations. (N'aurais-je point produit un cliché à l'instant ?)

vendredi 18 juin,

nous empruntons la voiture de ma soeur qu'elle a offert fort gentiment quand elle nous a entendu parler d'une location. J'avais envie de montrer quelques endroits que j'aime et N. souhaitait également explorer davantage le pays. 

Première étape Mornac, un des plus jolis villages de Charente Maritime qui a attiré beaucoup d'artistes et d'artisans pendant que l'activité ostréicole développée sur la Seudre perdurait. Désormais beaucoup des cabanes  sont concédées aux touristes et alternent avec les cabanes de pêcheurs. Le tourisme est devenu l'activité principale. Nous nous promenons le long de la Seudre, ce petit fleuve  (68 km) qui se  jette dans l'Atlantique en face de l'île d'Oléron. Nous choisissons un restaurant d'où nous pouvons l'admirer  tout en dégustant une mouclade.



 

 

Nous ne manquerons pas une petite visite au Phare de la Coubre après avoir sué pour franchir les dunes qui nous séparaient de la plage de la Pointe espagnole. 


Comme il n'est pas prudent de se baigner sur la côte sauvage, nous nous sommes repliées sur la plage de Saint Palais pour nous y baigner dans une mer plus tranquille puis nous sommes reparties nous installer sur la terrasse du Petit Poucet, emplacement imprenable pour admier le coucher tout en partageant un plateu de fruits de mer. Hélas les nuages ont happé le bel astre avant qu'il ne rejoigne l'ocean . Et la pluie était de retour.

Comme nous n'avons pu le capturer, j'emprunte au site du Petit Poucet sa photo


samedi 19 juin    

Journée préparatifs de départ, ranger, laisser la maison comme nous l'avons trouvée.

Dernière promenade le long de la côte. Ici la plage du Gilet la plus sauvage des criques de ce bord de mer.  


 

Le soir, nous mettons en place les moules pour la traditionnelle terrée. Mon amie découvre, je me régale de l'odeur et du goût, autant de madeleines pour revenir à mon enfance et revoir mon père disperser les cendres avec le calendrier des postes  .

On pose des aiguilles de pin sur les moules. Quand elles ne "chantent" plus on enlève les cendres délicatement en les éventant 

 

 dimanche 20 juin

la SNCF en grève me prive de la correspondance qui m'aurait permis d'arriver à temps pour me rendre aux urnes. J'ai ainsi grossi le chiffre faramineux des abstentionnistes. Trois heures d'attente pour rejoindre mon village. J'ai pu terminer le livre entrepris pendant ces vacances, je le recommande.