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dimanche 27 juin 2021

Chronique d'une semaine ordinaire 17

 Je commence la rédaction ce dimanche mais je risque de ne pouvoir l'achever tant l'orage menace . Je posterai cependant pour arrêter la date 

lundi 21 juin,

J'entame avec difficulté une semaine qui va être scandée de visio conférences et de rédactions multiples alors que la semaine de vacances m'a doucettement engagée vers le farniente et la liberté.  

Pour ce jour, je noterai cet article qui résonne particulièrement pour moi, relevé dans un site qui comporte une diverité de textes de qualité sur un large éventail de questions de société.

J'ai travaillé à une époque auprès d'établissements qui accueillaient des enfants plaçés et j'ai été frappée par la violence qui régnait dans ces lieux, le ton sur lequel certains éducateurs (pas tous) s'adressaient aux enfants et surtout les histoires familiales de ces enfants qui m'étaient racontées par le personnel accueillant. L'absence de solutions pour les adolescents à leur sortie d'établissements qui les avaient habitués à une sorte de liberté surveillée et peu à l'autonomie.

Confondre amour et sexe – ou comment le système de protection de l’enfance ne protège pas de la maltraitance sexuelle et de la prostitution juvénile.

C’est la défaillance du système de protection de l’enfance lui-même qui prépare le terrain à la prédation sexuelle masculine. Si les enfants étaient correctement pris-es en charge, il n’y aurait pas une telle probabilité de tomber dans les filières de la prison ou de la traite à des fins sexuelles. En attendant, la grave négligence dont sont victimes ces enfants, à laquelle s’ajoute leur capacité à endurer des expériences particulièrement douloureuses, est propice à la prédation sexuelle qui vise leur exploitation.

L'article est écrit par une personne qui a enduré elle-même ces situations

mardi 22juin

un numéro hors série de Télérama "Femmes artistes ni vues ni connues" avec en ouverture un florilège de propos gratinés d'hommes à l'égard des femmes artistes. Je choisis le plus lapidaire et un parfait résumé de l'outrecuidance de ces messieurs:

"Tant qu'une femme ne se prive pas de son sexe, elle ne peut exercer l'art qu'en amateur. La femme de génie n'existe pas ; quand elle existe, c'est un homme" Octave Uzanne, homme de lettres et journaliste. 1905 (un génie oublié semble-t-il ).

Le titre de cette recension pourrait s'intituler "Artistes empêchées". Les biographies qui accompagnent les oeuvres et leurs créatrices, alignent une longue litanie de d'embûches et de chausse-trappes placées sur leur parcours.    


Télérama - Télérama hors-série N° 231 : Femmes artistes, ni vues ni connues !.  

 

Juste un exemple, assez emblématique Marie Guillemine Benoist(1768-1826) auteure du magnifique  Portrait d'une femme noire (1800) très osé pour l'époque. Lorsque son mari qu'elle a soutenu et caché, royaliste en pleine terreur, obtient un poste de conseiller d'Etat, sous la Restauration  " exige qu'elle abandonne son activité "peu convenable". Ce qu'elle fait, la mort dans l'âme".   

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mercredi 23 juin

rien de notable, hormis cette phrase attrapée au vol au cours de l'émission la Grande librairie

"écrire c'est aller dans ce périmètre où on n'est plus personne" Marguerite Duras"

jeudi 24 juin

Petite victoire remportée sur Doctolib qui lève ses herses entre les médecins et les patients :  j'ai réussi à obtenir un rendez-vous au sein du Cabinet médical qui se trouve à 2 minutes de chez moi alors que Doctolib vous renvoie sechement en indiquant que tel médecin ne prend plus de patients. Une première fois, on m'avait refusé un rendez-vous : "gardez votre médecin traitant, c'est précieux" (!!!?) m'avait dit la secrétaire. Sauf qu'en l'occurence elle se trouve désormais à 25 kilomètres et part à la retraite en août. Le jeune femme qui m'a accueillie après que j'aie insisté sur l'urgence (qui n'en était pas une dans l'absolu) m'a redit ce que je sais déjà : beaucoup de médecins du babyboom partent à la retraite et ne trouve pas de remplaçant.e.  Aussi n'ont-ils ou elles plus le droit d'accepter des patients qui ont déjà un médecin traitant. Tout est de plus en plus cadenassé. Elle est jeune et charmante et je suis admise dans le clan de ses patients. J'espère ne pas avoir à abuser de ce privilège. 

vendredi 25 juin

grande journée! J'ai découvert une petite maison proche (4km) avec un tout petit jardin mais de grands et beaux espaces autour et une chambre supplémentaire qui me permettra d'accueillir dans de bonnes conditions. Elle fait partie d'une grande demeure datant du 18ème siècle  découpée en appartements dont celui que je guigne qui bénéficie d'une parcelle de jardin . Indépendante sans être isolée,  à proximité du domaine Clément Thermes, grand cru du Gaillacois et du Château des Fortis dans le hameau du même nom.


La personne de l'agence referme la maison qu'elle m'a fait visiter en toute hâte. Il était midi, elle avait faim!
A suivre donc...

samedi 26 juin

Jolie fête nocturne (enfin!) chez des amis. D'abord en plein air puis rapidement repliés à l'intérieur pour cause de déluge (quasi quotidien en ce moment). Un petit concert improvisé et tout le monde chante. 


 dimanche 27 juin 

Déjeuner à La Tour pour discuter de l'avenir de notre bien commun. Nous allons essayer de trouver une solution pour le garder.

Je suis repartie après avoir fait provision de romarin, de sauge, de verveine, de roses et de deux lys que l'orage avait couchés à terre. Je n'ai pu m'empêcher d'arracher les viornes qui étouffaient l'églantier. En revanche, la femme qui est installée dans mon espace se coltine le nettoyage des parterres et rien que cela me confirme dans mon choix

Ce soir orage avec interruption d'électricité (d'où mon avertissement en début de ce billet).

Je le termine cependant et n'aurai pas à y revenir sinon pour corriger les fautes qui risquent de s'y être glissées. Mais il est trop tard pour ce soir.

 

 

vendredi 4 janvier 2013

Paris est une fête

Le brouillard ne se lève pas de toute la journée. Inutile d'espérer se déplacer une fois la nuit tombée, on n'y voit pas à trente mètres. C'est exactement le genre d'ambiance qui me fait regretter la ville. Au moins peut-on aller au cinéma ou s'asseoir pour prendre un verre dans un café plein de lumières.


A Moveable FeastParis est une fête par Hemingway



Je viens de terminer la lecture de "A moveable feast" texte d'Hemingway, publié en 1964 chez Gallimard sous le titre "Paris est une fête" après la mort -le suicide- d 'Hem en 1961. L'ouvrage est constitué d'une série de "vignettes" tirées des remises de la mémoire d'Hemingway. Il y travaillait depuis 1959, après avoir repris possession , à la demande du Ritz, d'une malle où se trouvaient des textes datant de sa période parisienne. Ces souvenirs des années 20 font revivre "la génération perdue" selon le terme de Gertrude Stein qui régnait sur un groupe de peintres et d'écrivains de l'époque, génération de ces jeunes gens qui ont participé à la grande boucherie du début du siècle et y ont perdu souvent la raison quand ce n'était pas la vie. Il s'agit ici d'une version améliorée et enrichie  de vignettes inédites, sous la houlette de son petit fils Sean

A l'époque décrite ici, il est un jeune journaliste, profondément amoureux de sa femme Hadley et qui essaye de vivre de sa plume d'écrivain (un chapitre aborde  le rôle de la faim dans l'inspiration). L'ouvrage est resté inachevé alors qu'Hemingway y travaillait quelques mois encore avant qu'il ne décide de se tirer une balle dans la tête. Il y a une réelle nostalgie dans ces textes, d'une période de sa vie qui était emplie de "plaisirs secrets" (une des vignettes ajoutée à cette édition). Se promener dans les jardins du Luxembourg, s'installer pour écrire à La Closerie des Lilas, s'offrir un bon repas chez Lipp après avoir gagné aux courses et écrire bien-sûr.
"Le conte que j'écrivais se faisait tout seul et j'avais du mal à suivre le rythme qu'il m'imposait. Je commandais un autre rhum Saint-James et, chaque fois que je levais les yeux, je regardais la fille, notamment quand je taillais mon crayon avec un taille-crayon tandis que les copeaux bouclés tombaient dans la soucoupe placée sous mon verre.
Je t'ai vue, mignonne, et tu m'appartiens désormais, quel que soit celui que tu attends et même si je ne dois plus jamais te revoir, pensais-je. Tu m'appartiens et tout Paris m'appartient, et j'appartiens à ce cahier et à ce crayon.  

On croise Ezra Pound ("l'écrivain le plus généreux  et le plus désintéressé") Scott Fitgerald (et Zelda qu'Hem présente comme une folle qui empêche son homme  d'écrire par jalousie) qui l'entraine dans une folle virée de Lyon vers Paris en voiture décapotable sous une pluie battante, Pacsin le peintre (consommateur de jeunes modèles),. On rencontre un troupeau de chèvres et le berger joueur de pipeau qui les traie directement dans le pot de la voisine.

On saisit le rôle essentiel de Sylvia Beach et de sa librairie Shakespeare and Company pour les écrivains anglophones nombreux à Paris à cette époque. "La bibliothèque-librairie de Syvia Beach, 12, rue de l'Odéon, mettait en effet dans cette rue froide, balayée par le vent, une note de chaleur et de gaieté, avec son grand poêle, en hiver, ses tables et ses étagères garnies de livres, sa devanture réservée aux nouveautés et, aux murs, les photographies d'écrivains célèbres, morts ou vivants. Les photographies semblaient être toutes des instantanés, et même les auteurs défunts y semblaient encore pleins de vie." 

Pour qui a vécu à Paris, il est possible de se promener aux côtés d'Ernest en toute familiarité sur les quais, rue Cardinal Lemoine où il a vécu, dans les rues du quartier latin ou de Montparnasse. Ce passé recomposé restitue le temps de l'écrivain à la recherche de son style (réduire les adjectifs, aller à l'os) alors même que celui qui écrit est parvenu à la période ultime de sa création. C'est aussi le temps qui précède la fin de cet amour magnifié que va mettre en péril la rencontre de celle qui sera sa deuxième femme (il y en eut quatre).

"Paris est une très vieille ville et nous étions jeunes et rien n'y était simple, ni même la pauvreté, ni la richesse soudaine, ni le clair de lune, ni le bien, ni le mal, ni le souffle d'un être endormi à vos côtés dans le clair de lune."

En lisant Hemingway, on songe à ces belles heures de la jeunesse, elles aussi enfuies, celles des commencements quand on croit en l'avenir, tout en doutant qu'il réalise toutes ses promesses. On songe aux amours vifs et impétueux, aux promesses indestructibles et à l'ivresse des nuits sans fin et des aubes lumineuses.