lundi 21 novembre 2011

Trois ans et toutes ses dents


Ce blog fête cette semaine ses trois ans d'existence. En regardant en arrière, il est clair que son rythme de parution a clairement ralenti. (2009, 169 posts; 2010, 90, 2011, 57 à ce jour). D'un billet tous les deux ou trois jours, je suis passée au rythme hebdomadaire, l'enthousiasme et la productivité d'origine se sont édulcorés. Plusieurs raisons à cela : l'activité est chronophage entre l'écriture des billets, la recherche d'illustrations ou de compléments puisés ailleurs, sans oublier la réponse aux commentaires et la visite aux autres blogueurs. Le rythme est incompatible avec le travail attendu ailleurs. Ceci entrainant cela, le nombre de visiteurs s'est amenuisé, les fidèles (qu'ils en soient remerciés) continuent à se manifester, mais beaucoup ont disparu, comme blogueurs (Cactus, Dexter, CB) ou comme visiteurs. Je ne suis moi-même plus aussi présente dans les commentaires chez les autres et même quand je lis, je renonce souvent à signer de quelques mots mon passage. Enfin et surtout, le blog s'est orienté davantage vers le commentaire de l'actualité qu'auparavant. Je ne publie plus beaucoup de textes plus personnels (poésie, extraits littéraires), je ne sais à quoi est due cette bifurcation. Sans doute au fait que l'actualité est préoccupante et pour ne pas être exclusivement polémiste, je feuillette avec quelques descriptions de promenades dans des lieux ou des livres. Je passe souvent sous silence certaines actualités parce qu' il est difficile de se contenter de seulement citer les sujets sans développer autour.
C'est pourtant ce que je vais faire maintenant, une sorte de séance de rattrapage de tous ceux que je n'aurai pas traités faute de temps et que je jugeai cependant dignes d'intérêt.
Ainsi du prix Nobel de la paix attribué à la présidente du Libéria Ellen Johnson-Sirleaf, à sa compatriote Leymah Gbowee et à la Yéménite Tawakhul Karman "pour leur lutte non violente en faveur de la sécurité des femmes et de leurs droits à participer aux processus de paix". Dommage que la kényane Wangari Maathai, prix Nobel 2004, disparue en septembre n'ait pu se réjouir de concert avec ses consœurs. De tous les prix Nobel, c'est le seul qui m'intéresse, les médailles me semblent généralement bien dérisoires.
Je n'ai pas commenté les résultats des élections en Tunisie, ni les émeutes en Syrie, au Yémen, celles fort inquiétantes en Egypte où l'armée se succède à elle-même avec ou sans la marionnette Moubarak. J'ai évité la boucherie Kadhafi, même le pire ennemi doit être traité dignement.
Je n'ai pas pipé mot de l'entrée à l'UNESCO de la Palestine, ni des mesures de rétorsion minables de l'Obama ni de la couardise de nos représentants quant à son admission au sein de l'ONU.
Carla a donné naissance à Guila, ouais. Du G20, j'ai retenu autre chose que la vanne d'Obama ,
notamment le contre sommet de Nice dont on n'a guère eu d'échos dans les médias. Il y avait pourtant du monde (environ 10000 personnes) derrière la bannière "Les peuples d'abord, pas la finance", mais ça n'a pas empêché notre Prez de se féliciter d'avoir une nouvelle fois sauvé le monde.
Le groupe des Indignés est bien maigrelet en France (il faut dire que les compagnies de CRS y veillent). Partout dans le monde il y a eu mobilisation et quelle! Allez voir ici ou . Et aussi, trouvé chez Jane cela pour contempler la richesse de l'inspiration.
Évidemment après le résultat des élections en Espagne, on peut s'interroger sur la pertinence d'un mouvement de cette nature. Et s'inquiéter de la montée en force de la Droite en Europe et quelle! Cette droite conquérante s'est associée aux chefs d'entreprise comme aux hommes des médias pour promouvoir une société de divertissement et de défense des intérêts de court terme, tout en promettant la sécurité et la lutte contre l'immigration. Un projet que Raffaele Simone appelle "le monstre doux". Doux, ce n'est pas sûr, doux jusqu'à quand ?
D'autant que nous sommes tous fichés à un degré ou un autre et que si un gouvernement de répression intense se mettait en place, il n'aurait aucune difficulté à identifier ses opposants. Il suffirait qu'il s'approprie le contenu des banques d'enregistrement que nous remplissons nous-mêmes en toute ingénuité. Ainsi ceci issu des recherches de Max Schrems sur la mémoire cachée de Facebook



C'est la même chose avec nos chers hébergeurs. Je viens de m'apercevoir que les photos que j'avais transmises de mon passage place de la Bastille ont disparu. Pourquoi celles-là? Si vous avez une idée faites-m'en part. J'ai tenté d'accéder à un interlocuteur chez Blogger, on est dérivé sur une liste de réclamations dont aucune ne correspond à ce cas.
Vous voyez bien, il vaut mieux que je n'écrive pas trop souvent.
Pour conclure sur une note plus sympathique et en mémoire du Vent des blogs, un lien vers une jolie compilation invitée par Mosaïques Julos Beaucarne sur l'ile aux trésors de Colo.
Allez, on continue.

lundi 14 novembre 2011

Hubert Nyssen 1925 - 2011

Hubert Nyssen, le fondateur des éditions Actes Sud est parti contempler l'intemporel. Depuis mars, il avait cessé de publier sur son site ses carnets que j'allais feuilleter régulièrement et dont on peut trouver une version papier. J'aimais la personne bien que ne l'ayant approchée que par ses écrits. J'avais sélectionné, il y a quelques temps, dans la galerie du site, cette photo attendrissante.


Leçon de lecture et d’écriture donnée à trois petites-filles par leur grand-père

Vendredi 1er janvier 2010 . La journée se termine mal. J'apprends la mort de Pierre Vaneck. La première fois que je l'ai vu, je crois, c'était sur scène dans Les possédés, la dernière fois, j'en suis sûr, c'était dans Art. La dernière fois que nous l'avons rencontré, c'était à Ménerbes. Il était infiniment secourable pour ses amis, quand il avait appris que je souffrais d'un dysfonctionnement respiratoire il m'avait tout de suite obtenu un rendez-vous avec un professeur de sa connaissance. Nous devions nous revoir bientôt… Je voulais lui parler d'Anvers où jadis nos pas se sont croisés. Ce sera donc dans la galerie des souvenirs. Là, j'entendrai à nouveau les mots qu'il retenait et proférait soudain. Je retrouverai cette impression, qu'avec patience et temps nous aurions eu beaucoup à nous dire sur le bonheur d'être là, sur la vie précieuse qu'un rideau vient de faire disparaître à la vue. En allant voir sur la toile ce qu'on disait de lui, je suis tombé sur ma propre notice. Sous mon nom, cette notice en suspension : (1925 - ). Un blanc à remplir comme il vient de l'être dans la sienne.
Hubert Nyssen Textes et Carnets

mardi 8 novembre 2011

Le cas Dubois



Ce week end c'était Vivons livres à Toulouse. (Je m'aperçois que j'ai des marronniers.)
J'y allais à la rencontre de Jean Paul Dubois, un des écrivains vivants que j'aime fréquenter assidument (à la vitesse de ses parutions du moins). J'avais donc lu son dernier opus * et comme je sais qu'il n'aime pas le passage obligé de la promo mais s'y prête néanmoins de bonne grâce (un sourire adorable) et avec beaucoup d'humour, j'ai pris la route sous le crachin et en dépit d'une épaule passablement douloureuse. Je ne l'ai pas regretté. Brice Torrecillas après avoir buté sur la prononciation de Sneijder, (comme tout le monde), a entamé la "confession" de JPD. Il a fait des études de sociologie à l'Université du Mirail, à une époque (post 68) où on n'avait rien à faire pour obtenir un diplôme sinon être présent. Époque joyeuse et qui a laissé à Jean Paul son goût de l'oisiveté. Ecrire est le moyen de vivre cette vie idéale où on n'est assigné à rien si ce n'est ce que l'on choisit. Il souligne à quel point ce mode de vie reste un scandale pour la plupart des gens. Ecrire ça n'a pas d'autre objet que d'y voir plus clair en soi. On n'écrit pas pour un public dit-il, mais pour quelques personnes, voire et surtout pour soi-même. C'est un travail comme un autre dont il ne faut pas surestimer l'importance. Qu'un auteur rencontre la consécration est pur hasard. JPD en est persuadé, il y a de très bons écrivains qui ne sont pas publiés, d'autres sont célèbres sans que cela signifie que leur production soit de la bonne littérature. (O' comme je l'approuvais!)
Paul Sneijder prend un jour un ascenseur et il se produit un accident extrêmement rare : l'ascenseur tombe. Il est le seul rescapé, tous les autres sont morts dont sa fille. Lorsqu'il se réveille de son coma, Paul ne peut plus reprendre sa vie antérieure. Il s'en détache d'autant plus qu'elle ne lui convenait pas. Sa seconde femme est une executive woman hyper libérale dont il a deux jumeaux fiscalistes et stupides. Cette Anna a toujours refusé de recevoir Marie, née du premier mariage de Paul. Cette atroce mesquinerie est désormais impardonnable, depuis que Marie se tient tous les jours auprès de lui, dans l'urne funéraire où se trouvent ses cendres. Comme dans tous les livres de Dubois, une place importante est donnée à l'auscultation de mécanismes. Cette fois il s'agit bien-sûr de ceux des machineries d'ascenseur, Paul lit tout ce qu'il peut trouver sur ces colonnes vertébrales de la verticalité, cette étrangeté du monde moderne.
Pour gagner sa vie il finit par devenir dogwalker, promeneur de chien, ce qui dégoute profondément sa femme, révulsée à l'idée qu'on puisse le voir ramasser des crottes de chien.
L'ensemble du livre est une observation mélancolique du monde désincarné, désenchanté de cette Amérique du Nord qui l'inquiétait déjà quand il y était envoyé spécial du Nouvel Obs (Jean-Paul Dubois, L'Amérique m'inquiète : Un champignon dans la tête, éditions de l'Olivier, 1996).
Ce job de promeneur de chien est en soi une sorte de summum de l'absurdité. En effet pourquoi s'encombrer d'animaux de compagnie si on n'a pas de temps pour sortir en promenade,
en leur compagnie justement. Paul au contraire se ressource auprès des animaux, il est même le seul à mater un réputé dangereux sans rien faire qu'être là, au plus juste.
Dubois est un virtuose du mélange entre tragique et cocasserie. En même temps qu'il touche au plus profond de la condition désespérante des humains condamnés à la faillite, il nous offre d'en rire, en notant sans faillir ces moments d'absurdité absolue qui déclenchent ce que Tournier dans Le vent Paraclet nomme "le rire blanc", dont la fonction est subversive à l'égard de l'ordre social.
La question du travail, de la fonction , de la représentation de soi dans la société déjantée où s'est effondré le surmoi qui maintenait une sorte de "courtoisie " et de respect est évidemment un des sujets de ce livre. Dubois ne fait pas de thèses, il observe la réalité et choisit des héros qui sont plutôt dans la catégorie des loosers, des inquiets, des stupéfaits par l'inanité de la prétention des humains.
Ensuite j'ai croisé l'amie Frédaime, pétulante et rigolarde. Elle connaît tout le monde, on ne peut lui dire deux mots sans que quelqu'un vienne lui claquer une bise. J'avais acquis sur le stand de N&B, petite maison d'édition en faillite (c'est elle qui me l'a appris), son recueil Papier du sang, textes poétiques dont La lettre afghane. Si Frédérique est drôle elle est aussi d'une belle sensibilité et la lettre afghane douloureusement sublime.

Je n'ai pas pu revenir le lendemain pour la lecture tissée qu'elle donnait du Fils prodigue. Ce n'est que partie remise, elle est de toutes les scènes.

lundi 31 octobre 2011

Touche pas à La Franqui




En octobre dernier j'avais passé quelques jours avec une amie à La Franqui dans une petite maison prêtée par une autre amie. J'ai appris que le camping municipal des Coussoules, ce lieu paisible, resté relativement simple et protégé de la folie des promoteurs de cages à touristes est menacé : « Lodges » sur pilotis à plus de 1.000 euros la semaine, piscine ou spa : un businessman spécialiste de l'industrie du luxe promet d'investir 5 millions dans ce nouveau « glamping » (camping « glamour »). Ce lieu, peu fréquenté en raison de l'absence d'attrape - gogos risque d'être rapidement poussé à ressembler à ces stations balnéaires qui ont installé partout des blocs de béton accueillant les foules de l'été et qui alignent leurs volets clos et leurs rideaux de fer en hiver. Le camping était un des rares de la côte où se fréquentaient des habitués de toutes origines se délectant d'un lieu encore sauvage, pratiquant des prix abordables. Évidemment, le Maire a souhaité ce désastre annoncé. Bon, j'ai signé la pétition sans grand espoir de faire reculer le milliardaire qui escompte un excellent retour sur investissement et le Maire qui en espère des "retombées" pour le budget municipal.
Je participe au blog collectif Défifoto, initié par le chasseur cueilleur d'étincelles Eric Mac Comber, actuellement à Montréal pour la sortie de son nouveau livre La Solde. Le thème de ce mois n'est pas très original, certes : lumière d'automne. Il n'y a qu'une photo élue parmi ma petite collection de ce jour, je vous livre quelques unes de celles celles qui n'ont pas été choisies



Photos ZL

mercredi 26 octobre 2011

La déconfiture des arrogants n'est pas pour demain

Destruction massive : Géopolitique de la faim

Trop occupée pour avoir le temps d'élaborer, songeant que ce blog a bientôt trois ans, je reviens à mes premiers posts et j'exhume "la déconfiture des arrogants, publié initialement le 18 décembre 2008. Je le trouve en parfaite adéquation avec ce qui se fomente dans ces sommets dont on nous assomme en nous serinant qu'ils sont hyper déterminants, que s'ils échouent, c'est la catastrophe absolue. Trois ans et plus que jamais on nous raconte la légende du siècle : "libérons le marché et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes marchands".

"C'est formidable, je rencontre partout des articles où sont vantées les vertus de la coopération, de la solidarité, de la sobriété. Les conversions à "l'autre économie", à la régulation de l’État, l'invocation des mânes de Keynes fleurissent dans des cénacles où on vouait les unes et les autres aux gémonies il n'y a pas même trois mois. Ce serait à mourir de rire si on ne pressentait dans les discours opportunistes une tartufferie de première urgence, le temps de colmater, avant de repartir vers le cap du profit à tout crin. J'ai une pensée émue pour Ivan Illich et André Gorz qui ont quitté la planète avant de pouvoir assister à la déconfiture des arrogants dont ils avaient dénoncé l'immense et stupide cupidité. On ne pourrait que se réjouir de la cure d'amaigrissement infligée à la ploutocratie. Hélas, son impéritie va encore serrer d'un cran la ceinture de ceux qui crevaient déjà de faim et en augmenter les cohortes. Les autres reprendront très vite de belles couleurs."

Ca ne devrait pas s'arranger si on en croit Jean Ziegler dans un entretien à l'occasion de la sortie de son livre présenté ci-dessus.

Extrait de l'interview.
Pourquoi meurt-t-on encore de faim de nos jours ?
"Il y a cinq grandes raisons : premièrement, la spéculation financière sur les matières premières alimentaires qui a fait flamber leurs prix ces dernières années et rendu quasiment impossible aux agences d’aide, comme le Programme alimentaire mondial (PAM) de subvenir aux besoins des populations victimes de sous-alimentation. Il y a ensuite les agrocarburants, qui soustraient des terres fertiles et des plantes nourricières à l’alimentation humaine*. Troisièmement, il y a la dette extérieure, qui étrangle les pays les plus pauvres et les empêche d’investir dans l’agriculture de subsistance. Après, il y a le dumping agricole, qui fait que, sur les marchés de Dakar ou de Cotonou, les fruits, les légumes et les poulets français, grecs, portugais, allemands etc. sont vendus au tiers ou à la moitié du prix du produit africain équivalent. Enfin, il a l’accaparement des terres par les fonds d’investissement ou les grandes multinationales, qui en chassent les paysans locaux pour y cultiver des produits destinés exclusivement aux marchés occidentaux."

* Le plein d'un 4x4 en bioéthanol c'est l'équivalent en céréales de la ration alimentaire annuelle d'un enfant.

Un petit rajout de dernière minute : en Lybie, ça va grenouiller en toute tranquillité désormais

vendredi 21 octobre 2011

Le ciel vous tienne en joie !




Bien! Un brin de pédagogie. Que ceux que le mot glace (ils sont nombreux) fuient. Pour les autres qui aiment comprendre en s'amusant (si on peut dire), installez-vous tranquillement : verre de bière ou tasse de thé, tartine de rillettes ou toast confiture et c'est partiiiii!

La dette publique, tout ce que vous avez toujours (ou jamais) voulu savoir sur cette saloperie .
Un petit complément ? En anglais, (désolée) traduit en espagnol avec plein de ch'tits dessins pour bien comprendre.

La RFID, quoikes ? Suivez le guide et tentez ensuite de vous secouer les puces

Pour parachever votre connaissance du monde à venir, issu du cerveau génial des grands penseurs de ce temps, une synthèse généreusement mise à disposition par "Pièces et main d'oeuvre", un groupe d'activistes actifs, d'agités du ciboulot, qui font rien qu'à nous agacer les neurones.

Allez, je vous sens un peu tendus. Je ne suis pas chienne (bien que bourrée de puces), je vous fais cadeau d'un moment de grâce, d'un miracle d'équilibre.

Et pour finir de vous rassurer sur les vertus de l'humanitude, constatez que certains œuvrent à rendre heureux leurs congénères en construisant autre chose que des bombes à fragmentation.

Le week end s'annonce agréable et ensoleillé.

mardi 18 octobre 2011

L'oeil moderne




Je suis allée quelques jours à Paris et j'ai comme d'habitude alterné travail et balades. De l'expo Munch à Beaubourg, je ne dirai pas grand chose si ce n'est que faire la queue (25mn) avant d'entrer puis piétiner au milieu d'une foule en me tordant le cou pour apercevoir les tableaux, ça me gâche le plaisir. Munch est un peintre de la morbidité, la mort de sa mère alors qu'il a 5 ans, celle de sa sœur (qui l'a obsédé et a inspiré la série de l'enfant malade), son observation de la vie quotidienne et ses scènes de bagarre, d'incendie, son épisode amoureux achevé dramatiquement par le coup de révolver qu'il s'inflige lui-même, même le baiser est inquiétant, sa relation aux femmes est anxiogène. Ses autoportraits sont une observation sans complaisance des atteintes de l'alcoolisme, de la folie et de l'âge. Il a fini par trouver un peu de sérénité en revenant en Norvège qui l'avait enfin adopté après l'avoir ignoré ou conspué. Il a légué quelques 20000 œuvres à la ville d'Oslo
Munch était dans la modernité ("l'oeil moderne") et était affecté par la déliquescence du monde, déjà. Il était très beau. Certains de ses portraits évoquent le Brando de la cinquantaine, une belle bouche mais une lippe amère.

Autre lieu, fort différent, la Halle Saint Pierre, juste au bas du Sacré Coeur. Un endroit délicieux où se côtoient une librairie, un bistrot et des salles d'exposition, ainsi qu'une scène musicale

Pas de bousculade, mais un manque de temps pour examiner les œuvres exposées, dans une grande hétérogénéité. Art brut, art singulier (oeil moderne ?) où se côtoient des fortiches du tatouage, de la bande dessinée (une maigre participation de Crumb), un gigantesque Combas, et beaucoup d'autres que nous avons découverts (ma fillote était avec moi, ou moi avec elle).

Philippe Dereux

Lui c'est Philippe Dereux,(1918 - 2001) il fut le glaneur d'ailes de papillon pour Dubuffet. Il utilisait les épluchures, les graines, les copeaux et composait des portraits rigolos ou inquiétants dont l'exubérance tient à la richesse des matières et des couleurs.

Ronan-Jim Sevellec met la galerie Antonine Catzeflis en boites!

Ronan-Jim SEVELLEC a beaucoup intéressé ma fille. Ses boites magiques lui rappelaient à juste raison l'engouement qu'elle avait petite pour la composition de scènes de la vie quotidienne et imaginaire à partir d'une multitude d'objets qu'elle glanait un peu partout.

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Nous avons dû abandonner l'exploration du labyrinthe de Horst Haack, "Chronographie terrestre, un grand œuvre (entamé en 1980) composé de plus de 4000 feuillets de format 22x17 où se mêlent écriture calligraphiée en trois langues (anglais, allemand, français) et illustrations à la plume, à l'aquarelle, par collage. Le tout inclus sous plexiglas constitue ce bloc dans lequel on circule, le nez à ras du mur. L'ampleur du travail entrepris et déjà accompli donne le vertige.


Dernière promenade, empruntant la coulée verte que j'ai découverte, j'ai quitté Paris quand elle était encore dans les cartons des urbanistes.
Heureusement qu'il existe des espaces verts à Paris, parce que vraiment, quelle folie ! J'ai cru mourir mille morts dans le métro (le bruit, l'entassement, l'odeur), les chaussées sont encombrées de charivaris de toutes sortes. Je vous fais grâce du dispositif policier ahurissant samedi 15 autour de l'Hôtel de Ville pour juguler une manifestation (minuscule) d'Africains pro Bagbo au Châtelet tandis que le sit-in des Indignés se tenait à quelques rues, place de l'Hôtel de Ville. Il n'y a pas eu de débordements comme à Rome, mais c'était chaud et longer les haies de robocops me fout toujours la trouille. Je suis de retour dans le silence et l'horizon inaliénable. Ouf !

Photos 2 et 6, ZL
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