De mon périple de l'autre côté de la frontière, en Germanie, je ne dirai pas grand chose, hors ce qui va suivre. Toujours un peu étrange de passer une frontière sans en être informé autrement que par votre portable qui vous signale (au moins 7 fois!) que vous passez à la surtaxe.
En fait, j'ai stationné quelques jours à
Fribourg-en-Brisgau.
Cette ville est passée successivement sous le contrôle autrichien (1368) puis français (1679) puis à nouveau l'Autriche (1697) ainsi de suite pour devenir définitivement badoise en 1806.
Après la guerre elle est sous tutelle française avec un casernement qui ne prendra fin qu'en 1992, laissant à l'abandon une friche militaire (le "Vauban", du nom de notre éminent bâtisseur de fortifications et autres merveilles militaires) dont des militants vont occuper de façon illégale dans un premier temps 4 hectares, en transformant les casernes en logements.
Cette initiative des "pionniers" (
SUSI) va donner lieu à la mobilisation de plusieurs vagues d'habitants qui s'organisent (en négociation quelques fois tendue avec la Municipalité de Fribourg) pour créer un écoquartier considéré comme exemplaire d'un habitat autogéré fondé sur la recherche d'une autonomie énergétique et sur un équilibre entre espaces construits privatifs et espaces collectifs arborés, préservés de la circulation automobile.
La voiture n'y est pas bienvenue. On préfère réserver les espaces aux enfants qui peuvent y jouer en toute sécurité. Pour les incontinents de la bagnole deux "silos parkings", mais mieux encore, un système d'autopartage. "J'ai 40 voitures" nous a dit malicieusement un habitant.
Les immeubles conçus sur le principe de la
maison passive, comportent des espaces collectifs qui permettent d'organiser des fêtes familiales ou amicales. On y trouve également des laveries et des espaces de séchage, des lieux d'accueil petite enfance et même une maison pour personnes âgées victimes de la maladie d'Alzeimer qui bénéficient d'un accompagnement des gens du quartier. Certains immeubles ont été conçus pour accueillir des personnes à faibles revenus. Ils possèdent les mêmes avantages que les autres et sont gérés par une association dédiée.
Les espaces extérieurs sont plantés de fleurs mais de plus en plus de légumes.
Une centrale produit de l'énergie en
cogénération (biomasse et géothermie) qui alimente les immeubles en chaleur et électricité.
Les toits des immeubles sont également équipés de panneaux photovoltaïques ou
végétalisés.
Ce quartier de 5500 habitants fonctionne avec une association d'habitants qui a notamment forcé la ville à le relier au centre ville grâce au tramway. Il y règne une atmosphère de convivialité (des espaces pour se parler) et de tranquillité (pas de rugissement automobile).
Beaucoup de ces dispositions pourraient être transplantées en les adaptant sur nos quartiers tristes et déshérités. Les espaces extérieurs sont pris en charge par les habitants et beaucoup de frais de logistique sont économisés grâce à l'implication de ceux qui bénéficient ainsi d'un espace vital de haute qualité pour des loyers plus faibles qu'ailleurs.
Se promener dans ce quartier redonne un coup de jeune à la fameuse idée d'Alphonse Allais : "Les villes devraient être construites à la campagne, l'air y est tellement plus pur."