Vous l'aurez compris, j'avais déserté ma colline au profit d'un lieu unique au monde, la Sérénissime. Je n'y allais pas au bras d'un amoureux, mais pour une réunion prévue à Mestre sa cousine de la terre ferme qui présente beaucoup moins d'atours et accueille une population qui ne peut espérer s'offrir un pied à terre sur les îles et "vit dans la vraie vie", besogneuse et ordinaire.
Avant la séance de travail prévue entre tous ceux qui arrivaient de diverses directions et à des heures très dispersées, j'avais prévu de m'octroyer deux jours pour mes retrouvailles avec la splendide que je n'avais pas revu depuis ma tendre jeunesse où un ami italien m'avait pilotée au milieu de ses merveilles.
Il faisait très froid, mais Venise en hiver est un vrai bonheur quand on est seule et qu'on aime la quiétude des petites rues désertées du ramonage touristique et seulement occupées de la vie ordinaire des Vénitiens. Le bonheur de l'absence de voitures, de certains Campi totalement déserts et silencieux.
J'ai été surprise par la clarté des eaux; j'en avais un souvenir moins avenant. De plus, en hiver l'odeur qui s'exhale des canaux est moins entêtante qu'avec la chaleur de l'été.
Il est célèbre, à juste raison le Pont du Rialto, qui fut d'abord de bois, s'écroula sous le poids de la foule, fut reconstruit en bois de nouveau, moultes fois réparé et finalement construit en pierre sur un projet de l'architecte d'Antonio da Ponte à partir de 1558, un chantier qui dura trois ans (48 mètres de long pour 22 de large). Il est un passage obligé entre les deux rives du Grand Canal. Il précède de vingt ans la construction du Pont Neuf à Paris (1578).
Les lumières d'hiver sont particulièrement intéressantes parce qu'elles n'écrasent pas les formes et ne saturent pas les couleurs
Les rues qui convergent vers la place San Marco sont une longue litanie de boutiques du grand commerce international. On entre sur la place, on y rencontre en grande largeur un des princes de la conso et c'est très choquant, pour moi, que face à la Basilique Saint Marc, ce soit ce monument d'absurdité qui occupe.
Il parait qu'il est interdit de nourrir les pigeons mais ça reste une attraction : se faire photographier avec un zoziau sur l'épaule (mes congénères m'étonneront toujours).
Manifestement, le soir tombe sur la Place et sur le Grand Canal, au loin
la Salute. Les gondoles sont à l'arrêt. peu de clients à cette époque
pour des tournées qui coûtent un bras (oui, je sais, je manque de
romantisme).
Un café chez Florian en lisant "Seule Venise" de Claudie Gallay, l'histoire d'une femme qui s'exile à Venise pour fuir un chagrin. Cette ville est par essence un lieu littéraire.
Ils sont innombrables ceux qui ont écrit sur et à Venise, ceux qui s'y
sont réfugiés, qui se sont exaltés, détruits et abimés dans sa vénéneuse
séduction.
J'ai flâné en solitaire. Bien-sûr je suis allée dans quelques musées, quelques églises mais surtout le nez au vent. Je me suis fondue dans cette ville unique et je vous en dirai un peu plus dans mon prochain billet.
Photos ZL, Venise, janvier 2013