dimanche 4 décembre 2022

Un si grand désir de silence

 

Au milieu du brouhaha, des bruits du monde et de nos propres pensées, comment retrouver le sens du silence ? Dans notre société saturée de paroles et d'images, a-t-on oublié qu'il était parfois bon de se taire, un peu ? Gratuit, improductif et en définitive profondément subversif : si on faisait dans nos vies une place au silence pour écouter ce qu'il nous dit de l'accueil et de la disponibilité, de l'ascèse et de l'ouverture ?
C'est ce à quoi nous invite Anne Le Maître dans une réflexion nourrie de références littéraires et d'anecdotes empruntées à son itinéraire personnel.
Une promenade enchanteresse en terre de silence.
(4ème de couverture)
.

Les livres ne nous parviennent pas par hasard. Une amie vous le conseille, un titre vous accroche, un extrait vous séduit. Dans le cas de celui-ci les trois raisons se sont additionnées. S'y est ajoutée une dernière, j'avais vraiment besoin de silence après des journées chargées d'échanges, de bruit, de remue ménage. J'ai la chance d'habiter loin du tumulte d'une ville, au milieu des champs. Et même si la route en contrebas est plus utilisée désormais qu'auparavant, le traffic est limité aux heures de départ vers leur travail et de retour de, des habitants alentour.

J'ai donc pris le temps de déguster ce livre, écrit pendant le confinement, époque étrange qui a permis de découvrir les bruits d'ordinaire masqués par les pétarades des moteurs et des machines, le brouhaha des conversations, les sirènes et autres hurlements de la vie courante, dans tous les sens du terme . 

A Paris on s'est esbaudi d'entendre le chant des oiseaux. Ici sur ma petite colline, je l'entend  en permanence, mais est-ce que je prend le temps de l'écouter ? Est-ce que je sais reconnaître l'un ou l'autre de ces chanteurs ? Pas vraiment. Anne Le maître se fait cette réflexion." A l'écoute de ce qui sifle et de ce qui pépie, de ce qui trotte et de ce qui bourdonne, de ce qui pousse et de ce qui fane , dans le silence je m'ouvre au non verbal qui est tout sauf absence de parole"

Je vis de plus en plus dans le silence. Le bruit du monde avec ses litanies anxiogènes me déprend de cette sorte de tranquillité toujours menacée que j'essaie d'atteindre hors des temps que je consacre à mes occupations d'activiste utopique. 

Même la musique peut me sembler intrusive. C'est que "écrire n'est pas simplement mettre en forme des idées ou coucher sur le papier un flux de pensée. Ecrire c'est aller avec les mots, là où on n'imaginait pas aller. C'est laisser à sa pensée la liberté de prendre forme sous la plume. C'est prendre la mer sans bien savoir où conduit le voyage ni ce qu'on rapportera dans ses filets (...) C'est se mettre en état de réceptivité, laisser venir à soi ce qui peut-être doit venir et qu'on ne savait pas . Blotti conter le ventre du monde, c'est se laisser traverser par ses vibrations, le stylo en guise de sismographe" .

Je reviens à cette écriture là. Qu'en adviendra -t-il ?

Ce livre rapelle fort à propos que pour écouter, il faut savoir se taire, leçon utile dans notre époque bavarde.

              

 

10 commentaires:

Bonheur du Jour a dit…

J'aime beaucoup votre chronique sur ce livre d'Anne Le Maître. Je viens de le terminer et j'ai bien prévu d'en parler également. Ce silence est une valeur sûre pour l'avenir de l'humanité !
Bonne journée.

Tania a dit…

La réflexion d'Anne Le Maître rejoint tant de nos préoccupations. J'ai aimé comme elle montre comment on se ressource dans le silence et aussi comment lui faire de la place dans notre vie.
Bonne journée, Zoë, qui avez la chance d'entendre les oiseaux tous les jours.

patrick verroust a dit…

Zoë,

Silence ! Il n'y a pas de mots pour le dire... juste écouter la musicalité qui le fait jaillir. Pour comprendre le silence, peut être faut -il s'embarquer dans la gondole du tumultueux,voluptueux,austère Litz , faire pèlerinage dans son œuvre musicale qu'il mena aux confins de la musique , aux frontières du silence....dans un irrésistible pas de deux entre la vie et la mort, entre l'instant présent et l'insaisissable éternité...

Anne Le Maître a dit…

Merci Zoë de cette lecture.
Heureuse si mon silence a su, si peu que ce soit, rejoindre le vôtre...

Zoë Lucider a dit…

@Bonheur du jour, j'irai lire votre chronique. Le silence une valeur sûre mais tellement en déclin.
@Tania, j'ai failli venir à Bruxelles et je n'aurais pas manquer de vous faire signe, j'ai un si joli souvenir de notre rencontre. Hélas, j'ai dû annuler pour cause de cas contact Covid. Heureusement je ne l'ai pas contracté.
@ PV Franz Liszt, je suppose ?
@Anne Le Maître, ravie de vous accueillir sous l'arbre. Je suis allée à votre rencontre sur vos différents blogs. J'aime beaucoup vos aquarelles, j'ai lu certains de vos textes et rencontré votre compagnon "in memoriam".Merci

Dominique Hasselmann a dit…

Silence de la mer, du ciel, des nuages, d'une église avec un bruit de chaise bougée, d'une rue (c'est rare et c'est revenu, après la Coupe du monde de foot...).

Silence de la lecture (à haute voix intérieure), du regard, de la neige, du sommeil, des rêves... Le silence impose le silence, il est contagieux mais plus aimable que le Covid.

Il n'existe heureusement pas de vaccin contre le silence (enfin, pas encore !)... :-)

Zoë Lucider a dit…

@ D.H.Silence contagieux mais beaucoup sont fortement immunisés. Il devient difficile d'échapper au bruit. Dans le métro, dans les grands magasins (je n'y vais quasiment jamais mais bon...) dans les ascenseurs, bref il n'y a guère qu'en haut d'une montagne et encore, gaffe aux avalanches!

patrick.verroust a dit…

" ...En haut d'une montagne..." Le vercors , pèse de ses silences, chargés d'histoire. Dans le silence de la nuit, roulent les échos des blessures qui barrent le plateau en une forteresse tourmentée. Il n'y a plus le silence de la mer, elle s'est retirée , il reste ses alluvions. Les voconces, guerriers farouches qui s'y barricadèrent se sont tus, étaient ils "des animaux dénaturés" ? mais reste leur esprit de résistance.Les vacarmes des guerres de religion divisent le massif entre temples et églises. Il n'y a plus le grognement des ours, la dernière reine a été tuée en 1898 . Il reste les bruissements des oiseaux, les tétras lyres... et les approches des pas de loup....Bonne vacances !

Zoë Lucider a dit…

@P.V.Merci,les pas de loups sont silencieux par nature

patrick.verroust a dit…

Dans la nature, les pas de loup permettent des avancées furtives de n'être qu'un bruit indifférencié parmi tous les bruits qui peuplent la nuit...