Au milieu du brouhaha, des bruits du monde et de
nos propres pensées, comment retrouver le sens du silence ? Dans notre
société saturée de paroles et d'images, a-t-on oublié qu'il était
parfois bon de se taire, un peu ? Gratuit, improductif et en définitive
profondément subversif : si on faisait dans nos vies une place au
silence pour écouter ce qu'il nous dit de l'accueil et de la
disponibilité, de l'ascèse et de l'ouverture ?
C'est ce à quoi nous invite Anne Le Maître dans une réflexion nourrie de
références littéraires et d'anecdotes empruntées à son itinéraire
personnel.
Une promenade enchanteresse en terre de silence. (4ème de couverture).
Les livres ne nous parviennent pas par hasard. Une amie vous le conseille, un titre vous accroche, un extrait vous séduit. Dans le cas de celui-ci les trois raisons se sont additionnées. S'y est ajoutée une dernière, j'avais vraiment besoin de silence après des journées chargées d'échanges, de bruit, de remue ménage. J'ai la chance d'habiter loin du tumulte d'une ville, au milieu des champs. Et même si la route en contrebas est plus utilisée désormais qu'auparavant, le traffic est limité aux heures de départ vers leur travail et de retour de, des habitants alentour.
J'ai donc pris le temps de déguster ce livre, écrit pendant le confinement, époque étrange qui a permis de découvrir les bruits d'ordinaire masqués par les pétarades des moteurs et des machines, le brouhaha des conversations, les sirènes et autres hurlements de la vie courante, dans tous les sens du terme .
A Paris on s'est esbaudi d'entendre le chant des oiseaux. Ici sur ma petite colline, je l'entend en permanence, mais est-ce que je prend le temps de l'écouter ? Est-ce que je sais reconnaître l'un ou l'autre de ces chanteurs ? Pas vraiment. Anne Le maître se fait cette réflexion." A l'écoute de ce qui sifle et de ce qui pépie, de ce qui trotte et de ce qui bourdonne, de ce qui pousse et de ce qui fane , dans le silence je m'ouvre au non verbal qui est tout sauf absence de parole".
Je vis de plus en plus dans le silence. Le bruit du monde avec ses litanies anxiogènes me déprend de cette sorte de tranquillité toujours menacée que j'essaie d'atteindre hors des temps que je consacre à mes occupations d'activiste utopique.
Même la musique peut me sembler intrusive. C'est que "écrire n'est pas simplement mettre en forme des idées ou coucher sur le papier un flux de pensée. Ecrire c'est aller avec les mots, là où on n'imaginait pas aller. C'est laisser à sa pensée la liberté de prendre forme sous la plume. C'est prendre la mer sans bien savoir où conduit le voyage ni ce qu'on rapportera dans ses filets (...) C'est se mettre en état de réceptivité, laisser venir à soi ce qui peut-être doit venir et qu'on ne savait pas . Blotti conter le ventre du monde, c'est se laisser traverser par ses vibrations, le stylo en guise de sismographe" .
Je reviens à cette écriture là. Qu'en adviendra -t-il ?
Ce livre rapelle fort à propos que pour écouter, il faut savoir se taire, leçon utile dans notre époque bavarde.