Alors qu'ai-je fait de racontable ?
J'ai eu le plaisir de passer quelques jours à Paris en compagnie de l'amie avec qui j'ai arpenté les rues de la capitale du temps de notre belle jeunesse et c'était la première fois que cela nous était possible. Nous nous rencontrons dans nos campagnes respectives mais pas sur les traces de notre ancienne vie parisienne. Pas de nostalgie, du plaisir à savourer ensemble quelques heures de baguenaudes. Le temps qui menaçait la veille nous a fait la grâce du soleil.
Nous sommes allées voir l'exposition de la Halle Saint Pierre.
C'est la troisième fois que je visite ce temple de l'Art brut. A chaque fois des découvertes et surtout cette impression forte d'artistes qui ne prétendent pas en être mais consacrent leur temps de façon absolue à leur recherche. La majorité des œuvres présentes sont le fruit d'existences bannies. La plupart des artisans de ces toiles ou de ces objets baroques hantés par des obsessions, des hallucinations, des obstinations ont passé leur vie en asile. Certains ont entrepris des études d'art mais ont été rejetés par l'institution. Ils ont en commun des itinéraires de vie chaotiques (orphelinats, maltraitance, ruptures diverses), une spiritualité gouvernée par des forces occultes. Et pourtant la couleur et l'exubérance prédominent.
Aloïse Corbaz, Vénus Coquille.
La minutie des réalisations également. C'est un art généreux d'autant plus riche qu'il ne prétend pas à la postérité. Au contraire, il a été le plus souvent conçu dans des lieux modestes, à l'écart du monde voire dans un atelier attaché à un établissement psychiatrique. Certains comme Adolf Wölfli y ont passé la majeure partie de leur vie. Pour les rencontrer, aller à la Halle Saint Pierre qui offre une restauration agréable et une belle librairie consacrée à l'art et à l'Art brut bien-sûr
Nek Chand, Rock Garden. India
Alphabet, Dalton Ghetti, série de mines de crayons sculptées. Collection de l’artiste
Vous pouvez retrouver les figures majeures de l'Art brut, cet art mis en lumière par un psychiatre Hans Prinzhorn et que Dubuffet a relayé avec enthousiasme sur ce site.
Quoi d'autre ? Vu quelques films qui m'ont enchantée et que je vous recommande. Je n'en ferai pas le commentaire mais vous trouverez toutes les infos sur vos sites préférés et si vous n'en avez pas je vous livre les liens.
Je le conseille à toute femme dont la vie s'est ternie et s'est dissolue dans la grisaille d'un quotidien sans tendresse et sans poésie. Merveilleux interprètes : Karin Viard, Bouli Lanners, Claude Gensac (la biche de Louis de Funès dans beaucoup de ses films ). Ça requinque.
Un thème qui pouvait être un tire-larmes, traité avec sobriété, humour et gravité, cette horreur que peut être l'arrachement d'un enfant à sa mère (merci les nonnes!). Judy Dench, Steve Coogan, un duo improbable que Frears filme avec délicatesse.
Un pur délice. Deux solitudes qui se prennent à se désirer avec comme lien de savoureux petits plats délivrés par erreur. Par de petites lettres échangées dans cette lunchbox qui a dérivé de son cours, peu à peu s'engage un dialogue intime. Une visite de Bombay entre hyper modernité et services désuets, surpopulation et moderne solitude. Une merveille, bourrée de notations subtiles, qui ouvre l'horizon aux femmes délaissées. Le film avait obtenu le prix de la semaine de la critique à Cannes. Plus que mérité.
Mandela Un long chemin vers la liberté, Justin Chadwick
L'exercice était périlleux. Mandela est une icône, son visage, sa voix sont très connus, il est encore vif dans les mémoires. J'avais vu le documentaire qu'Arte lui avait consacré. Eh bien j'ai été totalement séduite par l'interprétation d'Idris Elba des faits (connus) tirés de son autobiographie d'un Madiba tout en nuances qu'il incarne de ses jeunes années d'avocat pugnace et séducteur à sa sortie triomphale de prison. Naomie Harris / Winnie nous donne à sentir comment les humiliations transforment une jeune femme aimante et enjouée en une guerrière haineuse, impitoyable à l'égard des Blancs mais aussi des Noirs traites à la cause. Une leçon d'histoire et d'humanité.
En résonance au combat de Mandela, une bonne nouvelle : Ousman Sow à l'Académie des Beaux Arts.
Quoi d'autre ? Hélas, l'actualité c'est aussi ça et ça et bien d'autres tristes régressions de tout poil. Mais j'avais envie de légèreté pour ce retour en blogosphère.
Et je terminerai sur cette photo d'une sculpture qui se trouve à Beaubourg (où je suis allée musarder) dans la partie du Musée dédiée aux œuvres les plus récentes. Elle m'a amusée. Elle aurait pu se trouver à la Halle Saint Pierre, non ?
L'exercice était périlleux. Mandela est une icône, son visage, sa voix sont très connus, il est encore vif dans les mémoires. J'avais vu le documentaire qu'Arte lui avait consacré. Eh bien j'ai été totalement séduite par l'interprétation d'Idris Elba des faits (connus) tirés de son autobiographie d'un Madiba tout en nuances qu'il incarne de ses jeunes années d'avocat pugnace et séducteur à sa sortie triomphale de prison. Naomie Harris / Winnie nous donne à sentir comment les humiliations transforment une jeune femme aimante et enjouée en une guerrière haineuse, impitoyable à l'égard des Blancs mais aussi des Noirs traites à la cause. Une leçon d'histoire et d'humanité.
En résonance au combat de Mandela, une bonne nouvelle : Ousman Sow à l'Académie des Beaux Arts.
Quoi d'autre ? Hélas, l'actualité c'est aussi ça et ça et bien d'autres tristes régressions de tout poil. Mais j'avais envie de légèreté pour ce retour en blogosphère.
Et je terminerai sur cette photo d'une sculpture qui se trouve à Beaubourg (où je suis allée musarder) dans la partie du Musée dédiée aux œuvres les plus récentes. Elle m'a amusée. Elle aurait pu se trouver à la Halle Saint Pierre, non ?
Barry Flanagan (1941-2009), Soprano, 1981.
14 commentaires:
Bien content de cette réapparition culturelle après un silence tout à fait compréhensible... Il manquait quelque chose ces dernières semaines dans mon environnement virtuel mais ô combien sensible.
Un blog c'est terriblement chronophage et il est parfois bon de faire un pas de côté quand l'esprit n'y est pas.
Bons "palabres" à venir !
Forces, formes et couleurs pour ce retour attendu ! Merci pour le lien vers le site abcd art brut plein de ressources.
Je me souviens des sculptures d'Ousmane Sow sur le Pont des Arts, je ne savais pas qu'il était entré à l'Académie, formidable !
Dans un moment un peu brutal, vous ressourcer en qustionant l'art brut témoigne de votre capacité à trouver compagnonage avec des artistes qui touchant le fond ont su en extraire beauté et sensibilité....Courage!!
Paris n'est vraiment pas loin de Toulouse...
L'art devient brut aussi dans ses manifestations les plus commerciales, il faut trier le bon grain de l'ivresse.
@La Feuille, vous ouvrez les commentaires sous l'arbre pour mon retour, c'est de bon augure, le printemps n'est plus très loin.
@Tania, je ne suis pas étonnée que vous aimiez vous aussi Ousmane Sow. merci d'être si fidèle;
@PV, j'aime le compagnonnage. Et le courage ne m'a pas quitté, heureusement, j'en avais besoin...
@DH, j'ai bien pensé à toi, j'ai croisé beaucoup de ces camions peinturlurés que tu affectionnes
Je pars à Paris la semaine prochaine. Je prends note. A Beaubourg, Cartier Bresson n'avait pas commencé?
@la bacchante, hélas non,je suis repartie deux jours avant l'ouverture, mais j'aurai l'occasion de lui rendre visite j'espère.
Mais alors ces mines de crayon ! Ça m'aurait rendue zinzin...
Merci pour la balade. Être léger est un sacré tour de force ces temps-ci...
Et bien voilà, je ne connaissais pas la halle St Pierre... c'est incroyable non ?
@Sofka, il fallait une loupe pour examiner toute la finesse des sculptures.
@Mâme K, voilà, c'est fait
Retour gagnant, à n'en pas douter
@D.A pas encore bien de retour, je ne vais même plus sur les blogs amis.
Je ne connais pas l'histoire mais je peux imaginer. Il n'est pas facile d'en sortir , le travail de deuil est long. Dans un sens, heureusement pour la qualité des engagements, même si on se retrouve floué.
Le beau billet que voilà...
Sur la Halle Saint Pierre, un autre regard : http://lorgnonmelancolique.blog.lemonde.fr/2014/02/28/transmission/
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