Je suis de retour, j'en conviens.
Assez peu satisfaite de mes glaneries photographiques, c'est fou ce que c'est flou !
Aussi vais-je vous resservir l'arbre du cloitre pris sous un angle un peu différent certes, mais enfin guère une découverte. Quelle beauté cependant, reconnaissez.
Cette année, les murs de Lagrasse étaient couverts de photographies à la gloire des habitants actifs de cette petite commune, réalisées par un certain Idriss Bigougilles. J'ai photographié celle-ci pour la dame qui trône au milieu des oeuvres qu'elle expose et la citation de Paul Klee " L'Art ne reproduit pas le visible, il rend visible"
Un des rituels était la leçon de philosophie (tous les jours de 11h30 à 13h) de la charmante et très érudite Françoise Valon qui chaque année entreprend de nous mieux faire connaître la pensée de Platon, dépouillée des scories aristotéliciennes qui auraient déformé voire dénaturé l'essence des grands textes platoniciens. Cette année, eu égard au titre même du Banquet 2009 (pour rappel : "Au delà du tout politique"), Françoise nous a proposé "Le Sophiste" (De l'être) où l'on apprend que les ombres de la caverne sont celles des marionnettes agitées par les Sophistes dont tout l'art consiste à nous faire prendre pour vrai le vraisemblable qui n'est cependant que du fantasme ou de la fantaisie, ou de la fantasmagorie et en tout cas toute chose qui n'engage pas celui qui la fait miroiter aux yeux des incrédules, car le Sophiste ne se préoccupe que de complaire à son public cible, sans souci et dans l'inconséquence de ses propos (pardon Françoise de ce raccourci lapidaire). Quelle est la raison d'une telle conduite ? Le pouvoir pardine!
Ne l'avais-je pas dit ? Si cette photo n'était pas si sombre et si je n'étais pas si loin de l'estrade vous auriez pu apercevoir les traits de Patrick Boucheron qui après avoir disserté l'après-midi sur "Le tranchant de la défaite: variations sur Machiavel ou comment toute pensée politique ne jaillit que du temps qui succède à l'échec, lit, accompagné de Mélanie Traversier, sous la lampe alors que l'assemblée est plongée dans une pénombre éventuellement assoupissante, des textes croisés de Léonard de Vinci et de Machiavel.
Ce monsieur qui semble se régaler d'apposer quelques mots sur une page c'est Pierre Michon. Je lui ai trouvé très bonne mine cette année. Apparemment, son succès (critiques et ventes) dépasse ses espérances et cet écrivain plutôt "confidentiel", selon le terme usuel, semblait fort épanoui d'être passé dans la catégorie "best seller" . La lecture dans les conditions décrites ci-dessus était très impressionnante. D'abord par les extraits du texte qui font apparaitre les onze membre du Comité de Salut public, responsables des décisions d'assassinat au temps de la terreur comme autant d'artistes (écrivains, poètes, peintres) déchus. Surtout par la voix de Michon proche d'un acteur comme Cluny, profonde, chargée d'une emphase à peine atténuée par un soupçon de désinvolture bravache. Après quoi, après une longue salve d'applaudissements, Michon s'assoit et signe, un très joli et très doux sourire aux lèvres.
Le moment fort, pour moi, était la rencontre d'Olivier Rolin, mais j'y reviendrai plus longuement. Pour l'instant vous pouvez lire à quelques mots près (ceux de circonstance ajoutés dans l'ici et maintenant du lieu) l'essentiel de son propos sur "La métis du roman", Olivier Rolin ayant travaillé pour le Nouvel Obs, son texte y trouve naturellement un espace de rayonnement.
Il y a eu enregistrement de toutes les conférences, on devrait les trouver sur le site du Banquet, mais ce n'est pas encore en ligne semble-t-il.
Je reviendrai sur quelques autres temps forts et quelques notations personnelles.
That's all for today
19 commentaires:
Bête remarque technique, votre photo avec Boucheron peut être éclaircie sans la trahir. Mais comment vous la transmettre moins ombrageuse ?
Boucheron ????
Moucheron ?
Pichon ?
Mon bouchon ?
Pierre Michon, Olivier Rolin... ça valait le détour : quand le plaisir se mêle à la connaissance (avec philo platonicienne en plus), les vacances sont forcément réussies.
L'ombre d'une photo peut d'ailleurs être aussi propice que celle d'un arbre : ne rien (re)toucher.
Le terme (slogan), derrière le Michon, "Accélérateur de cultures" me fait un peu sourire ... Il doit avoir une signification positive s'il ne surprend personne !
Je conviens et je reconnais !
J'aime beaucoup l'image avec l'ombre de l'arbre qui se dessine sur le mur.
Au risque de passer pour un bourrin inculte et obtus, je trouve que toutes ces manifestations ont un côté suranné. Ça sent le bon goût, le thé vert, les madeleines et toutes ces choses qu'on sait délicieuses (je ne le nie pas) mais qu'on ne peut que trouver hors du temps. Je sais qu'on va me dire : mais Platon et Machiavel sont hors du temps, hors de leur temps, donc ils nous parlent aussi. Disons que Machiavel, OK, mais Platon ! Ce connard invétéré ! (C'est juste pour dire une grossièreté) Bon, passons... Les arbres, les vieilles maisons, le soleil, les discussions, les philosophes de fin de soirée... Vraiment, je peux pas. Je préfère boire un coup avec le boulanger, tiens, plutôt que de causer Art et Littérature avec Michon qui écrit avec du formol.
A part ça, je suis content que vous soyez contente, Zoë.
Michon ? La chance que tu as !
Mon chien... un vrai Bichon !
@JEA, merci, je crois connaître la méthode mais je n'aime pas trop trafiquer les photos, après tout c'est ainsi qu'était la lumière
@Vinosse Un verre de chouchene, pour digérer ?
DH Oui , peut-être une overdose de pensées profondes, mais j'en parlerai dans le prochain post.
@JC, merci d'avoir noté, c'est la collision entre l'affiche vantarde du Conseil Régional et la présence d'un simple homme assis qui m'a donné envie de prendre la photo.
@Elisabeth B. je l'ai beaucoup contemplé,ce cèdre au milieu du "petit cloître", il est superbe.
MCA, Ah!Ah! Comme je l'aime, le voilà, mon chien, tu as bien raison de grogner, je dirai pourquoi bientôt.
@L°, Michon, ouais, mais Rolin !!!
@Vinosse, chonchaine chonchon !
Michon m'est tombée des mains, je le trouve, ah, comment dire ? Pompeux, oui c'est cela pompeux mais bon je ne lui veux pas de mal pour autant, hein. Si quelqu'un que j'aime aime quelqu'un que je n'aime pas, j'ai toujours tendance à me dire que c'est à cause d'un manque de ma part, qui m'empêche de voir la beauté que l'autre admire...
J'attends la suite de votre récit avec impatience, parce que comme cela je vis votre banquet un peu par procuration...
Clopine
Zoë des arbres, j'adore lire tes billets, les trouve toujours intéressants, et ils suggèrent la présence d'une personne enrichissante et curieuse derrière les mots! Seulement... je ne sais jamais quoi dire (et pourtant je voudrais), ma seule confrontation avec la philosophie a été "le monde de Sophie" et le seul type grec qui reste à mon chevet, c'est Sophocle...
Alors je ne commente jamais... Masi voilà, tu as une lectrice fidèle!
Bonne continuation! ;P
@Clo, Je ne te reprocherais pas Michon, je le trouve moi-même difficile et il transpire l'angoisse (dans la vraie vie aussi). J'ai beaucoup aimé les vies minuscules et surtout la Grande Beune, le Roi des fôrets. L'avantage de Michon c'est que ses textes sont courts, ah ah!
La suite aujourd'hui, si je trouve le temps (copine à la maison, fille en alerte amoureuse ach!)
@Mademoiselle Lacloche. C'est bien Sophocle! Et Aristophane donc! Merci de ta fidélité
A propos de l'image de Pierre Michon, cette affiche pour le conseil régional et qui dit : " La région, accélérateur de cultures..."
Mon Dieu ! Pourquoi accélérer là où, précisément, il faut de la lenteur. Ah ! Je pense à Pierre Sansot. Il aurait ricané en lisant ce slogan pondu par les plumitifs du conseil régional.
Alors Zoé, vous ne voulez pas échanger avec moi dans le cadre de l'initiative lancée par François Bon ? Dites-le moi, que je cherche quelqu'un d'autre, car l'idée, finalement, est bonne.
Quel plaisir que de lire le commentaire de "mon chien aussi"!Quelqu'un de normalement constitué qui parle d'une manière claire et intelligible, trop modeste même et qui doit être d'agréable compagnie.
Il se fait peut-être beaucoup d'illusions sur votre côté précieuse radicale-chic, il n'a pas dû lire votre commentaire chez Suzanne, ici:
http://merle-moqueur.blogspot.com/2009/08/faut-il-stigmatiser-les-blogs-qui-vous.html?showComment=
1250004020664#c6618355265183957005
"Bonne fête enfoirée! Que le cul te pèle et que ta morve te gèle au nez." (je vous cite), ça jure quand même avec votre article intello bien ciré.
Quand on l'a lu, on a surtout le sentiment qu'on a échappé à un séjour hyper chiant d'où on ne doit revenir comme vous que le cul pelé et le reste avec.
@Dominique Boudou, ach! pas assez d'esprit de suite. je vous répond sur votre blog
@Floreal, morte de rire! Vous ne vous attendiez pas à du Platon et du Michon après avoir lu mes insultes. mais c'est pour de faux ! connais pas Suzanne, juste elle faisait un appel à la transgression, ça c'est fastoche. Eh Mon chien, un fan, un!Tu devrais faire un blog si t'étais pas si flemmard °°°
@Zoë. J' suis pas flemmard, qu'est-ce que c'est qu' cette histoire ! J' travaille, moi. Pas l' temps de m'occuper d'un blog. Picorer par-ci par-là, ouais... Et puis, j'ai rien à dire. J' suis trop con.
Magnifique citation de Paul Klee...
Très beau billet aussi, votre arbre vous pourriez me le re-servir tous les jours, j'en serai absolument ravie. Merci pour Pierre Michon, Olivier Rolin (shame on mi!) je le ne connais que de nom (ouh les cornes !) donc je mets des souliers de marche, et remonte à l'étage ... éclairer ma lanterne ;-) Merci .
Bonjour,
Merci pour votre petit article par rapport à mon expo, c'est très gentil !
Idriss.
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