lundi 8 mars 2021

Chronique d'une semaine ordinaire 1

Il n'aura pas échappé aux quelques fidèles qui viennent de temps à autre sous l'arbre que je ne poste plus grand chose. Aussi aujourd'hui ai-je décidé de transformer ce blog en une sorte d'éphéméride hebdomadaire rendant compte des mille petits morceaux de vie qui m'occupent tant, que je n'ai plus d'énergie pour concevoir un texte présentable sur ce blog.

Au début de ce blog, je m'étais fixé une petite obligation : rendre compte dans "le vent des blogs " de mes visites chez mes bloggeurs favoris et de bien d'autres choses. J'en ai tenu 52 soit un par semaine. Allant faire un tour vers quelques uns pris au hasard j'ai pu constater l'ampleur des disparitions : beaucoup des liens ne mènent plus nulle part.

Tout passe et tout s'efface. Je vais donc essayer de retenir quelques bribes dans les mailles de ce filet bien peu fiable. Ce ne sera pas "Les années" mais peut-être une année, non pas un journal du confinement mais bien  une année parmi tant d'autres.

Lundi 1 mars : j’ai rendez vous avec Clem, par visio, lui étant à Toulouse et moi sur ma colline, pour nous accorder sur les images qui vont illustrer les propos tenus il y a une semaine par les 7 personnes qui ont contribué au projet européen de formation sur l’économie solidaire. Devrait en résulter un vidéoclip de 5 minutes de promotion de l’expérience. Les enregistrements sont réalisés par zoom avec pour résultat beaucoup d’inégalités dans la qualité des images et du son. Mais Clem qui est un as du motion design devrait s’en sortir pour dépasser ces contraintes. Nous travaillons jusqu’à 17h00. Je vais marcher sur la petite route qui dessert la maison et me régale de la vue sur les champs où le vert commence à supplanter l’ocre des terres labourées


Mardi 2 mars

Rendez-vous hebdomadaire de coordination de la communication. Le point sur les articles déjà répertoriés, ceux à venir qui seront publiés en trois langues (Fr, En, Es). Je suis surtout aux manettes pour l'édito que j'écris au dernier moment puisque je dois de façon un peu subtile introduire les thématiques qui sont traitées par les contributeurs. Ils sont bien sûr dans tous les cas réunis sous l'égide de l'économie solidaire puisque le RIPESS Europe est le réseau des réseaux européens qui se coltinent la cause. Distribution des tâches : outre l'édito,  je dois reprendre une partie des textes du site web qui datent de dix ans et sont obsolètes sur certains points

L'après-midi première séance de modelage. J'ai eu envie de m'extraire un peu du tête à tête avec mon écran. Un ami potier propose un atelier hebdomadaire de terre. J'ai donc façonné une petite main (on commence toujours par la main). Ces trois heures m'ont fait un bien fou. 

Dans la soirée, lu la bande dessinée très belle et très émouvante de Catherine Meurisse qu'elle a réalisée à la suite du massacre de ses amis et collègues de Charlie Hebdo.  Elle l'a intitulée "La légèreté"

 


Mercredi 3 mars. 

Une demi-heure d'initiation à un nouvel outil de collaboration en ligne "loomio".C'est assez simple mais je ne suis pas tellement encline à utiliser ces systèmes même si j'en reconnais l'utilité et la pertinence. Au fond, j'en suis restée à la page de papier et au crayon. C'est ainsi que je prend mes notes, avant bien sûr, de me résigner au clavier. 

Repris une partie des textes du site. Opération fastidieuse s'il en est. Que garder, que reprendre, que supprimer? Je soumettrai le résultat à l'équipe.  

Le soir je regarde le film de Sautet sur Arte "Un coeur en hiver". Toujours troublant de revoir des acteurs avec trente ans de moins (eux et moi ...). Emmanuelle Béart d'une beauté inouïe. Comme toujours chez Sautet on est dans la valse des sentiments, traités avec délicatesse et profondeur. Le regret de Daniel Auteuil / Stéphane d'avoir méprisé l'amour que lui exprimait avec passion Emmanuelle Béart / Camille (violoniste de talent dans le film). Lorsque humiliée par le refus hautain de Stéphane, elle renonce et revient vers son premier amour (André Dussolier / Maxime)  impeccable, ne soupçonnant pas la vilénie de son associé et lui collant une gifle magistrale quand il comprend que celui-ci a fomenté cette entreprise de séduction par pure jalousie à son égard. Le regret si subtilement exprimé et si bouleversant pour cela. S'en suivait un documentaire sur le cinéaste qui montrait un homme qui doute mais poursuit cependant obstinément sa peinture des êtres ordinaires pris dans les affres de l'amour.

jeudi 4 mars

Je remplace au pied levé Bruno indisponible pour une réunion où il s'était inscrit  qui se trouve en concurrence avec une autre incontournable pour lui. J'espérais passer ma matinée à lire. Raté !

Il fait très beau, je vais faire du jardin. Nettoyer les plates bandes très envahies pour dégager les plantes élues des invasives. Le printemps est en route et me donne l'occasion de contempler le prunus en fleurs et l'horizon où  surgit la blancheur des buissons d'aubépines et les amandiers. On distingue les petits tas de tonte, la première de l'année. Même si on n'est pas obsédé par la tenue d'une pelouse qui de toute façon est un mélange de toutes les sauvages, on est bien obligé de tondre pour pouvoir se déplacer et tenir à l'écart chardons, ronces, orties (qui gardent un domaine protégé parce que l'omelette aux orties c'est très bon).



Photo prise le matin, on sent monter le soleil par la gauche.


vendredi 5 mars
Andrea m'a proposé de m'interviewer à l'occasion du 8 mars. Elle m'a soumis la veille les trois questions auxquelles je dois répondre. Comme ça doit être en anglais, je prépare un peu mes réponses pour éviter de m'embrouiller, il s'agit d'une interview filmée. Je les formule en français et fait appel aux services de deepl excellent traducteur en ligne, ça va plus vite et m'évite de rédiger directement en anglais. Hélas, je dois m'interrompre pour relire le texte de mon amie Sabine, un témoignage sur son tour du monde des coopératives de femmes au Sud, voyage qu'elle a réalisé il y a quelques années. Trois ans autour du monde à la rencontre des femmes alliées pour améliorer ensemble leurs conditions de vie. Quand Andrea m'appelle, j'ai bien mon papier à l'écran mais je m'aperçois que dans la précipitation, au milieu de mon speech, j'ai copié collé la version française. Je traduis donc en direct avec évidemment un peu de bafouillage. Heureusement ce n'est pas très grave, ça n'est pas destiné à passer au 20 heures.
 
L'après midi re visio, cette fois c'est l'intercontinental. Il y a ceux qui ont dû se lever très tôt et ceux qui se coucheront très tard et puis l'Europe dont l'horaire est central. Et nous parlons tous anglais avec des accents tous différents. Fatigue...
 
Je lis l'excellent Dictionnaire amoureux des îles d'Hervé Hamon, grand pratiquant de l'océan. Au nombre de ses explorations, l'île de Miyajima qui se trouve à une quinzaine de kilomètres d'Hiroshima. A Hiroshima il y a la visite du mémorial du 6 août 1945, ce jour maudit où l'irréparble a eu lieu. Irréparable parce que cette mort ignoble infligée pour vérifier la puissance potentielle de cette arme absurde inaugurait une ère dont nous ne sommes pas sortis.. Seul Camus  a compris l'envergure du désastre. Hervé Hamon cite son propos dans Combat  "la civilistion mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie". Un lieu où on "patauge dans l'humanité souffrante".
"A une quinzaine de kilomètres donc, s'offre la splendeur des îles de la mer intérieure...) et la plus proche la plus sacrée :  Miyijima. On ne peut ni y naître ni y être enterré et l'abattage des arbres y est interdit. Elle est couverte d'une forêt luxuriante où vivent en liberté des daims.
Elle est le temple de la religion shintoïste, "un sacré profane" qui" bannit le péché, la mortification, l'éthique et la morale, la doctrine, le De Profundis, le châtiment, l'angoisse ou l'enfer"...
Je vous  invite à découvrir ce merveilleux dictionnaire qu'on visite au gré de ses envies : la Crête, la Corse bien-sûr, Molène, Nosy Be et tant d'autres avec un marin qui manie la langue avec maestria et vous familiarisera avec le langage des arpenteurs des océans.

L'ouvrage abandonné aux côtés de la chatte endormie

Samedi 6 mars,
Jour de marché. On a rétabli le rituel du café pris avec les copains mais dehors avec des gobelets. Plus de tablées. Plaisir quand même mais un peu chiche.
Je ne traine pas, les enfants viennent déjeuner.
Je parle avec Clem du Japon où il est allé en visite pendant deux mois juste avant le confinement. Plaisir des conversations avec mes enfants adultes qui désormais me viennent en aide quand j'ai des soucis avec mon portable ou mon ordinateur. 
 
dimanche 7 mars
Ecriture, jardin, lecture.La vie passe si vite!
 


vendredi 12 février 2021

So long Chick


 Désolée, mais lui aussi je l'aimais beaucoup, même si je l'écoutais moins ces derniers temps.


Ce concert à Marciac est juste sublime. 

Si je n'y prend garde, ce blog va devenir un cimetière!!!

samedi 23 janvier 2021

Grand froid.

 Depuis quelques jours, je suis en deuil.

Jean-Pierre Bacri — Wikipédia

Je ne suis pourtant pas du genre à éplucher la presse people pour y glaner les derniers ragots sur les stars du système. Et bien depuis le 18 janvier, je cherche les articles parus, les interviews, les extraits de films consacrés à Jean Pierre Bacri. J'aimais le comédien et j'aimais la personne qui refusait les faux semblants et n'était pas dupe. Son travail d'écriture avec Agnès Jaoui prenait pour cible l'hypocrisie, de façon générale et son personnage, qu'on dépeignait trop souvent  comme le raleur, bougon, volontiers désagréable ne l'était qu'en réaction à cela : la tricherie déguisée en politesse, les bonnes manières dissimulant l'égoisme, le vernis sur la vraie brutalité. Un air de famille met en scène l'arrogance d'une vedette de la télé totalement aveugle au reste de la famille, dont Bacri est le frère modeste qui a conservé le café du paternel et entretient son vieux chien en dépit des exhortations à l'euthanasie. Bacri est malheureux, il est rogue mais c'est de lui qu'on se sent proche. Il y a souvent des fêtes prétextes dont la fausse gaieté fait mieux ressortir les vieilles rancunes et les petites misères cachées. Lui est celui qui dit qu'il est déçu, fatigué, sans illusion. Dans "le goût des autres" il fait montre naîvement  d"inculture",  il est la risée des snobs et par contraste ce sont les snobs qui sont odieux, Dans "Place publique" son dernier film -hélas-  il endosse le rôle d'un animateur de télé menacé de licenciement pour être remplacé par un plus jeune. Il ne le sait pas et se comporte de façon odieuse au cours de la fête (encore une) de pendaison de crémaillère donnée par son agente ( Léa Drucker). Après beaucoup de péripéties toutes plus drolatiques et après qu'il a appris successivement qu'il est lourdé puis qu'il est repris, il termine la soirée chantant "Osez Joséphine" et c'est émouvant . Dans les entretiens de promotion du film il dit qu'il s'agissait bien de se payer un de ces "importants " qui font leur beurre de pousser à la confidence intime des invités, pourvu qu'ils soient eux- mêmes un peu célèbres. Jabac ( le surnom qu'on donne au duo ), de grands observateurs de la société et des êtres humains dont les films recèlent une multitude de portraits que La Bruyère ne renierait pas s'il lui prenait le goût de revenir au 21 siècle. C'est la lucidité du regard qui est touchant chez Bacri, la douleur sous-jacente au rire. Au fond c'est un Alceste qui a finalement un code de conduite et de dignité incompatible avec toutes les forgeries dont le paysage médiatique est friand. Il est bien l'illustration de la fameuse formule, l'humour, la politesse du désespoir. Ils ne sont pas si nombreux ceux qui peuvent nous faire rire de notre misérable finitude sans caricature et sans vilénie. Je le regarde ironiser dans l'émission  C à vous pour la promotion du film et j'ai le coeur serré de deviner sur son visage comme je l'avais perçu dans le film les ravages de la maladie qui va l'emporter

Donc ces jours-ci je regarde au moins un film par jour pour accompagner ma tristesse et pour qu'il demeure vivant encore un peu. Agnès, j'ai le coeur lourd quand j'imagine ton chagrin.         




jeudi 31 décembre 2020

Chanter et danser en attendant la suite.


Que  nous souhaiter de mieux puisque l'avenir est par définition improbable. Chanter, danser, déguster le sel de la vie et rester optimiste en dépit de tous les prophètes de mauvais augure.

Tous mes voeux de résilience. 


Cette photo a gagné le 1er prix de "Siena International Photography Awards - Nature"
Crédit 📸 baglars_photostream

 

mardi 8 décembre 2020

Arbres, protégeons les, ce sont de purs miracles.

A une heure de ferry du port d’Athènes, se situe l’île de Aigina. L’endroit où se trouve cet arbre âgé d’environ 1 800 ans, surnommé « grand-mère »


 Il a 2000 ans, c'est un olivier, il s'intitule l'arbre pensant et il est situé dans les Pouilles en Italie

 Le pin de Bristlecone, Mathusalem, Californie 4852 ans. Il n'a plus de feuilles mais il est toujours vivant et continue sa croissance. J'espère qu'il n'a pas brulé au cours des incendies qui ont ravagé l'Etat ces dernières années  


Le plus vieil olivier français, situé à Roquebrune Cap-Martin entre 2500 et 2800 ans, les spécialistes ne sont pas tous d'accord


Le senateur, 3500 ans, 58 mètres de haut était situé dans le Big tree park en Floride. Il a été détruit accidentellement  en 2012, par une jeune femme sous stupéfiant ayant provoqué un incendie.

 

Je ne me souviens plus l'origine de cette photo, mais je la place dans cette série pour rappeler toutes les fééries de couleur que nous offrent ces robustes vivants.

 Lui, c'est un olivier,encore tout jeune. Il m'a été offert cette année pour mon anniversaire et il entame sa traversée du temps. Il devrait me survivre normalement, j'y veillerai mais qui peut prévoir l'avenir ?
 
 
 


TREES, Soichiro Tomioka, Japonais  1922 - 1994.
 
J'ajoute une vidéo qui passe en revue des arbres multicentenaires dont un qui ressemble à un animal mythologique. Merci Colo.

jeudi 3 décembre 2020

Ma sorcière bien aimée

 A une certaine époque dans ce blog, je m'étais amusée à tenir une petite chronique satirique dont voici quelques titres qu'on n'est pas obligé de consulter mais on peut..*

Pourquoi exhumer ma sorcière ? Pour rendre hommage à une sorte d'émulation: Anne Sylvestre  vient d'enfourcher son balai pour rejoindre le paradis des poètes dont elle était une fière envoyée sur terre et pour cette raison n'a été admise sous les sunlights télévisuels qu'avec circonspection. Elle s'en fichait un peu parce que ce n'était pas ce qui l'intéressait. Aux plateaux de télé elle préférait la bonne chaleur d'un public aimant qui la suivait fidèlement.

 

 


Je l'ai beaucoup écoutée à certaines époques de ma vie puis je l'ai un peu oubliée puis redécouverte. La dernière fois que j'ai eu le plaisir de l'écouter et de l'approcher (nous avons bu un verre ensemble avec d'autres après le concert), elle participait à la 1ère Edition du Festival Saison d'Elles, festival féministe  qui se déroulait les 7, 8 et 9 octobre 2016 sur la place des Pradettes à Toulouse. En grande forme, elle nous a bluffées par sa puissance (elle était âgée de 84 ans donc) et lorsque une zélée dans un silence avait soufflé la suite de la chanson, elle l'avait sèchement  rabrouée, elle n'aimait pas faire l'objet d'une quelconque allusion à son âge qui aurait entravé sa mémoire.

Depuis lundi, on retrouve sur les ondes et surtout sur les réseaux ses chansons dont celle-ci, Une sorcière comme les autres  qui m'a inspiré le titre de ce billet et qui est très connue, à juste raison.  Mais il y en a tant qui sont dans notre mémoire dont bien-sûr les fabulettes que nous avons données à entendre à nos enfants.

Vous en saurez davantage grâce à ce  très bel hommage.

Ce que je retiens de son parcours, c'est la fidèlité à  elle-même, la pugnacité, l'humour. Elle est restée vivante jusqu'au bout.

 Rajoutons l'hommage de François Morel

*Les recettes de la Sorcière du placard aux balais 14/04/ 2010 La Sorcière du placard aux balais ne prend pas de stagiaires  27/09/2010 La Sorcière écrit au Père Noyel 11 / 12 /10 LaSorcière du placard aux balais range son grenier  11/10/2010

vendredi 20 novembre 2020

Une envie furieuse de changer d'air

 


Dans les bois des Géants de Vyrnwy, au Pays de Galles, les visiteurs peuvent trouver une main tendue vers le ciel au milieu de la forêt. Cette sculpture a été réalisée par Simon O'Rourke, un artiste local.. L'oeuvre de 15 mètres de hauteur s'appelle « La main géante de Vyrnwy ». Elle a été sculptée à partir d'un arbre multicentenaire endommagé qui aurait été  abattu sans l'intervention de l'artiste.

Cette main tendue vers le ciel figure -à mes yeux- une sorte d'imploration. Sans doute mon interprétation est-elle due à cette période si confuse, si menaçante (les lois liberticides pleuvent comme à Gravelotte), si incertaine.Une main qu'on tend pour ne pas se noyer, pour ne pas mourir en l'occurrence.

J'ai lu dernièrement quelques livres qui m'ont aidé à supporter les inepties qui nous envahissent l'esprit si on n'y prend garde. J'interromps la radio dès qu'on y parle encore et encore du Covid 19.

Gloria Steinem se  raconte dans"Ma vie sur la route"*, et c'est un formidable témoignage sur les mouvements féministes et antiracistes aux Etats Unis. Elle est née dans une famille un peu bizarre avec un père qui précisément passait son temps dans sa voiture et vivait un vagabondage agrémenté de multiples métiers et inventions et une mère réduite à une forme de pauvreté et empêchée de se réaliser. Gloria se destinait à une vie "normale" mais elle voulait être journaliste et au cours d'un séjour en Inde elle rencontre la puissance des cercles de parole pratiqués par des groupes de femmes pour s'aider à trouver leurs solutions. Cette méthode deviendra pour elle un outil efficace pour les multiples campagnes qu'elle va mener toute sa vie aussi bien pour la défense du droit des femmes que des minorités.Son récit est un formidable témoignage sur les soubresauts que les Etats Unis ont connu dans la dernière partie du siècle précédent. En 1972, elle co-fonde avec la militante afro américaine   Dorothy Pitman Hughes le magazine féministe Ms. 

C'est une figure, voire une icône de la lutte des femmes pour leur liberté. Agée de 86 ans, elle est toujours active même si j'ai cru lire sur ses traits pendant sa prestation à la Grande Librairie une certaine lassitude.

Voici ce qu'elle dit en conclusion du récit de ses tribulations sur les routes.

"Ce n'est qu'à cinquante ans révolus que j'ai accepté de regarder la vérité en face : je souffrais moi aussi d'une forme d'instabilité. Je me plaignais de ne pas avoir de foyer, mais je me cachais toujours derrière ma  méfiance et mon amour de la liberté. (...) Je devais me construire un foyer si je ne voulais pas finir comme lui (son père). La maison est le symbole du moi. Prendre soin de sa maison c'est prendre soin de soi.

Peu à peu les pièces qui me servaient avant tout de bureau et de placard se sont remplies d'objets que j'étais heureuse de retrouver lorsque j'ouvrais la porte . (...) Après quelques mois passés à décorer mon nid, (...) je me suis rendue compte que j'appréciais encore plus de voyager. (...) Je peux partir parce que j'ai une maison qui m'attend . Je peux rentrer parce que je suis libre de partir. C'est l'alternance qui donne toute sa saveur à chacun de ces modes de vie. Cet équilibre est à la fois très ancien et très moderne. Nous avons besoin des deux."

Inutile de dire que je me retrouve parfaitement dans  cette analyse. Mais le confinement après m'avoir permis de me reposer de mes nombreux voyages me pèse désormais surtout en ce mois de novembre qui, heureusement nous fait la faveur de ne pas être trop rigoureux. J'avais prévu quelques échappées. Elles sont remises à on ne sait quand.

Autre lecture, totalement différente, "Vers la beauté toujours" ** un petit opus dans lequel Pascal Dessaint  livre une ode au plaisir de marcher, en montagne de préférence, pour y rencontrer la faune et la flore, se coltiner les montées et les descentes et parfois avoir la chance de contempler un des princes du ciel,  un aigle gypaète.

Pascal Dessaint nous gorge d'appelations ornithologiques, c'est un grand amoureux des oiseaux, mais aussi de l'ours dont le retour dans les Pyrénées semble enfin consolidé, Il marche avec ses amis, ses amours ou seul. . Il marche en philosophe dit-il en ne cherchant pas l'exploit, seulement le plaisir de l'effort récompensé par la beauté du monde, tellement menacée même à très haute altitude par la négligence coupable des promeneurs inconscients.  Marcher un bonheur tellement simple

Marcher, voyager, j'en ai furieusement envie.

*Ma vie sur la route: Mémoires d'une icône féministe, HarperCollins, , 416 p. (ISBN 979-1033902874) (trad. de My Life on the Road , Random House, 2015). Préface de Christiane Taubira

** Vers la beauté toujours Salamandre Pascal Dessaint EAN : 9782889583997 134 pages

Éditeur : Salamandre (03/06/2020)