mardi 16 août 2011

Une ville à la campagne






De mon périple de l'autre côté de la frontière, en Germanie, je ne dirai pas grand chose, hors ce qui va suivre. Toujours un peu étrange de passer une frontière sans en être informé autrement que par votre portable qui vous signale (au moins 7 fois!) que vous passez à la surtaxe.
En fait, j'ai stationné quelques jours à Fribourg-en-Brisgau.
Cette ville est passée successivement sous le contrôle autrichien (1368) puis français (1679) puis à nouveau l'Autriche (1697) ainsi de suite pour devenir définitivement badoise en 1806.
Après la guerre elle est sous tutelle française avec un casernement qui ne prendra fin qu'en 1992, laissant à l'abandon une friche militaire (le "Vauban", du nom de notre éminent bâtisseur de fortifications et autres merveilles militaires) dont des militants vont occuper de façon illégale dans un premier temps 4 hectares, en transformant les casernes en logements.



Cette initiative des "pionniers" (SUSI) va donner lieu à la mobilisation de plusieurs vagues d'habitants qui s'organisent (en négociation quelques fois tendue avec la Municipalité de Fribourg) pour créer un écoquartier considéré comme exemplaire d'un habitat autogéré fondé sur la recherche d'une autonomie énergétique et sur un équilibre entre espaces construits privatifs et espaces collectifs arborés, préservés de la circulation automobile.



La voiture n'y est pas bienvenue. On préfère réserver les espaces aux enfants qui peuvent y jouer en toute sécurité. Pour les incontinents de la bagnole deux "silos parkings", mais mieux encore, un système d'autopartage. "J'ai 40 voitures" nous a dit malicieusement un habitant.




Les immeubles conçus sur le principe de la maison passive, comportent des espaces collectifs qui permettent d'organiser des fêtes familiales ou amicales. On y trouve également des laveries et des espaces de séchage, des lieux d'accueil petite enfance et même une maison pour personnes âgées victimes de la maladie d'Alzeimer qui bénéficient d'un accompagnement des gens du quartier. Certains immeubles ont été conçus pour accueillir des personnes à faibles revenus. Ils possèdent les mêmes avantages que les autres et sont gérés par une association dédiée.
Les espaces extérieurs sont plantés de fleurs mais de plus en plus de légumes.

Une centrale produit de l'énergie en cogénération (biomasse et géothermie) qui alimente les immeubles en chaleur et électricité.

Les toits des immeubles sont également équipés de panneaux photovoltaïques ou végétalisés.

Ce quartier de 5500 habitants fonctionne avec une association d'habitants qui a notamment forcé la ville à le relier au centre ville grâce au tramway. Il y règne une atmosphère de convivialité (des espaces pour se parler) et de tranquillité (pas de rugissement automobile).


Beaucoup de ces dispositions pourraient être transplantées en les adaptant sur nos quartiers tristes et déshérités. Les espaces extérieurs sont pris en charge par les habitants et beaucoup de frais de logistique sont économisés grâce à l'implication de ceux qui bénéficient ainsi d'un espace vital de haute qualité pour des loyers plus faibles qu'ailleurs.

Se promener dans ce quartier redonne un coup de jeune à la fameuse idée d'Alphonse Allais : "Les villes devraient être construites à la campagne, l'air y est tellement plus pur."

dimanche 7 août 2011

Promenade au jardin des Martels



Promenade aujourd'hui dans le jardin des Martels où les Lotus sont encore fleuris en abondance même si l'apogée est en juin juillet.

On dirait les amants des Visiteurs du Soir, figés pour l'éternité dans leur embrassement.


Au nombre des constructions de bois qui jalonnent le parcours, la maison d'Alice.

Ceux-là au moins devraient conserver leurs andouillers sans souci pour quelques années, ils sont sous la protection du jardin.

Un petit tour à la Maison de la Céramique de Giroussens qui accueille une très belle exposition intitulée Tchèques. Les plus belles pièces (dont celle qui orne la cour d'entrée) sont (de mon point de vue) celles d'Iva Ouhrabkova.

Je bouge beaucoup, donc j'écris peu.

Demain je pars pour une semaine en Allemagne. La Forêt noire devrait me permettre de rencontrer quelques sorcières de bonne compagnie.

Photos ZL 07/08/2011

dimanche 31 juillet 2011

Gourmandises en vrac

Ce pot pourri délicieux sous l'égide de l'Impératrice du Jardin des Tarots de Niki de Saint Phalle.

Les week-ends chez l'amie Danielle ( littérature et bonne chère)


Minuit à Paris, marcher sur les quais avec ma fillote

L'Orbieu à Lagrasse et son Banquet du livre (je n'irais pas cette année)

Les couchers de soleil sur le pas de ma porte.


Les potées de cactées noires


L'étal de poissons au marché de Royan. J'y suis née et j'y reviens pour le bonheur de l'iode respirée dans le vent du large.


Là même, au bord de l'océan d'où ils ont été tirés pour emplir nos assiettes.


Délice aussi, les nenfants qui aiment la vie et le rire.

Et fêter leurs anniversaires (les bougies se sont multipliées avec le temps).

Je vous avais prévenu : blog en vrac.

Photos ZL

dimanche 24 juillet 2011

In memoriam



Amy Whinehouse a été retrouvée sans vie, vraisemblablement à cause d'un abus de substances toxiques. C'est toujours sidérant d'apprendre la mort violente, plus ou moins volontaire de gens beaux et talentueux.
A Avignon, j'ai assisté à un spectacle basé sur un épisode imaginaire de la vie de Janis Joplin et Jim Morrison. J'y allais pour faire plaisir à une amie n'ayant pas de goût pour la nostalgie et craignant que les deux interprètes ne tiennent pas la comparaison. Il faut reconnaître l'exploit du concert live de Johann Nicol (Jim Morrison), Elsa Perusin (Janis Joplin), accompagnés de Eric Volpatti (batterie), Jean-Luc Nemours(guitare), Gilles Ramade (claviers), Hervé Richaud (basse). La prestation hyper speed d' Elsa / Janis qui doit se frayer sa place dans un univers masculin pour ne pas dire macho de la scène rock des années 70 est plutôt fidèle à ce qu'on connait de Janis (peut-être un brin trop hystérique). Quant à Johann / Jim il est sombre et déjanté à souhait et nous restitue la désespérance qui animait / détruisait l'idole. Deux jeunes gens assis devant moi n'ont pas cessé de s'agiter manifestement néofans des seventies. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser à l'éventuelle contagion que pouvait susciter le fait d'entrer dans la peau de ces deux mythes. Ils sont morts à 27 ans eux aussi. Les héros ne peuvent pas vieillir.

Mais cette mort violente me rend triste parce qu'elle me rappelle celle d'une amie.
Carole, je l'avais connue en Grèce puis revue à Paris. Elle essayait de trouver un job et je l'aidais à formuler un panégyrique pour se vendre. Elle avait tâté du mannequinat mais n'avait pas la taille pour espérer autre chose que les seconds rôles pour vente par correspondance. Par ailleurs, son bagage scolaire était minuscule. Elle a été représentante en lombrics pour compost et autres positions exotiques. Puis elle a disparu. Un jour, elle m'a appelée. Elle était dans une clinique, hospitalisée pour cause de VIH. Puis elle a disparu de nouveau. En fait elle ne se manifestait que lorsqu'elle avait décidé de rompre avec la saloperie qui lui pourrissait la vie, sachant mon peu de sympathie pour la chose. Elle venait puiser auprès de moi des encouragements à persévérer dans l'abstinence.
Un jour elle m' a annoncé qu'elle attendait un enfant, avec toute l'angoisse d'avoir transmis le virus. Plus tard encore, elle m'a claironné, triomphante, que son fils était sauf : rétroversion. Je venais moi-même de donner naissance à mon fils. J'étais particulièrement sensible à sa résurrection. Elle est partie pour une mise au vert, histoire de se retaper un peu. Elle était maigre, tenait à peine debout en dépit de la relative exubérance que lui prodiguait son état de jeune mère. Un jour, son compagnon m'a téléphoné: elle avait été trouvée inanimée dans les toilettes d'un café, overdose alors qu'elle revenait chez elle pour reprendre sa vie "ordinaire". Y a-t-il place pour une vie "ordinaire" quand on a depuis si longtemps cherché à s'en évader avec la poudre. Quand son malheureux partenaire m'a abandonnée au bout du fil, refoulant ses sanglots, parce que vraiment, elle allait mieux, pourquoi, mais pourquoi ??? c'est la rage qui est montée en moi. Je l'ai insultée ma Carole, j'ai hurlé des injures avant de chialer sur sa pauvre vie envolée.
C'est à elle que je pense ce soir.

jeudi 21 juillet 2011

Carnet de vacances



Avignon, place des Corps saints. Les places d'Avignon abondent en arbres multi-centenaires qui prodiguent une ombre généreuse quand le soleil abuse de son pouvoir et dont les branches s'animent dans les lumières de la nuit.

Cette année, je n'ai pas été immergée comme je l'étais auparavant dans le Festival. J'étais accueillie chez un ami d'amis, à Chateauneuf du Pape ( j'ai pu déguster quelque bonne bouteille de cet éminent terroir). Dépendante du voiturage et à distance du grouillement ordinaire de la Cité des Papes. Pas en mesure de m'approcher du "In", parce que je n'avais pas prévu d'aller cette année me frotter à la foule festivalière, mais ayant répondu à la proposition de mes amis de me joindre à eux à l'impromptu. Off donc. Dont surnagent "Motobécane" texte sensible en langue des corons, d'un pauvre hère accusé de séquestration voire d'abus de fillette, quand il prétend (et il est convaincant) n'avoir rien fait d'autre que recueillir une ch'tiote bastonnée par sa mère et fuyant l'école qui ne l'aime guère.

Les politiques sont venus faire leur show et en passant j'ai écouté quelques minutes le discours de Hollande entouré de quelques figures que je vous laisse le soin de découvrir si vous le souhaitez. Augmentation, consultation, responsabilisation etc etc.

Tout ne se passe pas à Avignon. Villeneuve, accueille les théâtres en itinérance. Les saltimbanques ont dressé leurs campements et en glissant d'un chapiteau à l'autre on peut capter des échos des différentes troupes qui s'y agitent.

Eux je les connais. Ils présentaient On / Off ou les tribulations du salarié dans le monde sans pitié de l'entreprise. Réaliste, hélas et si violemment, que l'hilarité nous prend au pire de la détresse de ces employés étrillés par le "système".

Les Bougres nous racontent une autre arnaque d'un autre temps mais qui, au final décrit l'habitude de manipulation dont les hommes au pouvoir ne se déprennent jamais et qui résulte en massacres et dépossessions. Très beau travail. D'une grande drôlerie rabelaisienne mâtinée de la compassion qu'inspirent les destins broyés des innocents pris dans la tourmente de l'Histoire.


Je ne suis pas gourmande (de sucreries, pour le reste...), mais la vitrine était particulièrement achalandée.

Un petit saut à Vaison la Romaine, la plaque indique le niveau de la crue qui déferla sur la ville en 1992 provoquant la mort de 21 personnes et la disparition de 40 autres.

Le Mont Ventoux (1910m) et dans la vallée, les champs de lavande qu'on peut admirer depuis Sault et qui font la réputation du pays.

Passage chez mes amis potiers. Ils m'emmènent diner à Sauve. De la terrasse du restaurant, le Micocoulier (excellente adresse), on peut se pencher vers le Vidourle.


Avant de m'y installer je me promène dans le village, où sont installés nombre d'artistes de tout poil dont le gigot de potence, que je m'étais promis d'inviter à boire une bière et puis... Une autre fois.
Une autre fois, je pérégrine souvent dans cette région.

Photos ZL juillet 2011.


jeudi 14 juillet 2011

Interlude

prelude-fornication.gif

Je vous abandonne en de bonnes mains (si j'ose dire).

Je vais faire un petit tour.

Ne soyez pas sage, faites de la musique!


Merci à l'ami Phildo pour la transmission. C'est un grand mélomane

samedi 9 juillet 2011

La glan(d)erie


Il fait chaud, il fait beau. Avant d'aller nager, je vous livre quelques pépites à croquer avec un verre de Blanc bien frais.

Baissez le son, rentrez le ventre, ça déménage.

Une question qui vous taraude, si si, j'en suis sûre, pourquoi les femmes gagnent moins que les hommes ? Un grand penseur a trouvé la réponse.

Je suppose que vous faites partie de ceux qui applaudissent des deux mains au "dégraissage" du service public, qui nous permet de rester la tête haute face aux agences de notation et de conserver nos 3 A, nous épargnant moultes humiliations comme d'aller mendier, la corde au cou, tels les Bourgeois de Calais auprès du FMI pour boucler nos fins de mois. Eh bien vous avez tort. La vox populi soutient ses fonctionnaires qu'elle décrète "honnêtes, compétents et disponibles". Vieux peuple rétrograde attaché à ses privilèges gnin gnin gnin. Encore un effort Mâme Parisot, apparemment vos litanies n'ont pas encore déclenché une adhésion franche à votre religion du tout privé.

De même suis-je persuadé que vous appartenez à la catégorie des citoyens au-dessus de tout soupçon qui ne voient aucun problème à se soumettre au contrôle d'une identité sans tâche. Cependant, si par le plus grand des hasards, on vous confondait avec ces énergumènes qui font rien qu' à embêter les forces de l'ordre, sachez qu'il existe un Guide du Manifestant arrêté qui a pour ambition entr'autres de "mettre chacun en garde contre les conséquences désastreuses d’une forme contemporaine de pénalisation de la contestation" édité par le Syndicat de la Magistrature, excusez du peu.

Vous appréciez pleinement les compétences et le talent de notre ministre de l'Intérieur et vous êtes comme lui indigné de la mauvaise note attribuée par la Cour des Comptes à sa politique de sécurité. Selon les magistrats qui ont compilé les chiffres, " on ne peut pas affirmer que la délinquance a fortement reculé dans notre pays, ni que l'efficacité des forces de police et de gendarmerie a fait des progrès spectaculaires ". Vous aviez le sentiment au contraire d'évoluer dans un pays pacifié où règne une riante fraternité ? Volez au secours du Ministre qui est très énervé de même que son prédécesseur, l'arroseur arrosé.

Pour conclure cet exercice de glanage (à ne pas confondre avec la récupération de nourriture avariée dans une poubelle), rions un peu grâce à un détour par la sagesse africaine.

L'illustration est empruntée à JEA capturée au sein de ses magnifiques portraits d'arbres. Et si vous ne cliquez que sur un seul lien, que ce soit ce dernier.