Offrande II Bernard Delvaille. Poëmes (1951-1981) Seghers.
Photo. Henri Zerdoun
Je pars pour quelques jours voir si le printemps se prépare à Paname.
Le « miracle sénégalais » a eu lieu, grâce à la bonne volonté et la bonne humeur indéfectibles des accueillants et grâce aussi à l'adoption par les occidentaux d'une zen attitude face aux nombreux aléas qui compliquaient l'organisation des évènements.
L'arrivée des caravanes le samedi, et la grande marche dans les rues de Dakar dimanche, étaient d'emblée bourrées d'énergie inventive et joyeuse. Les slogans montraient par antinomie, à quel point l'état du monde est piteux: « libre circulation pour tous, fin des violences faites aux femmes, éducation et formation avant tout, souveraineté alimentaire, stop à l'accaparement des terres », tous résumés par une pancarte
Explicite et radical. Aussi Evo Morales à la fin de la marche a-t-il clamé que « le capitalisme est à l'agonie». On aimerait le croire.
Nous avons eu la visite de quelques VIP, retrouvez leur nom dans votre presse favorite, en France, on a surtout épilogué sur la signification de leur présence (ou absence) au forum1
Le vendredi 4, à Gorée a été signée la Charte des migrants dont voici un extrait2
(...) nous, personnes migrantes qui avons quitté notre région ou pays, sous la contrainte ou de notre plein gré et vivons de façon permanente ou temporaire dans une autre partie du monde, réunies les 3 et 4 février 2011 sur l’Ile de Gorée au Sénégal,
Nous proclamons,
Parce que nous appartenons à la Terre, toute personne a le droit de pouvoir choisir son lieu de résidence, de rester là où elle vit ou de circuler et de s’installer librement sans contraintes dans n’importe quelle partie de cette Terre.
En perspective le passeport de citoyenneté universelle à l'horizon 2012. Optimiste non?
Les ateliers ont commencé le lundi dans la confusion totale. Le nouveau recteur avait décidé de supprimer puis de réduire de moitié les salles allouées au Forum. Le programme n'est parvenu qu'en milieu de matinée, avec des heures qui avaient changé pour certains et des lieux que seuls ceux qui en avaient concocté l'attribution pouvaient situer. Le lendemain le programme comportait en dernière page un plan du campus extrêmement vaste de l'Université Cheikh Anta Diop. Ca ne garantissait pas qu'on trouve la tente de fortune où se trouvait l'atelier mais au moins on ne se perdait plus. Et si on se perdait de jeunes volontaires recrutés parmi les étudiants, mais pas seulement, partageaient avec nous notre perplexité. Ils n'étaient en effet guère plus au courant.
Ça donnait l'occasion de pérégriner entre les stands et de faire de belles rencontres avec les humains qui les avaient montés de toute pièce.
Celles-ci cultivent la paix en réintroduisant les céréales et légumineuses éradiquées au profit de cultures d'exportation, pourvoyeuses de devises dilapidées par leurs dirigeants.
Les pêcheurs sont à la peine depuis que les accords de pêche ont été "mangés" laissant libre cours aux gros chalutiers étrangers de rafler tout ce qui nage près des côtes d'Afrique.
Une exposition de photos sur les charges invraisemblables que se coltinent les femmes.
La Canacla, une fontaine très écologique et très belle, issue du génie industrieux africain.
Quant à lui (ou elle, je n'ai pas vérifié), son calme imperturbable au milieu du charivari témoigne d'une ancestrale habitude à côtoyer l'agitation perpétuelle de l'espèce humaine.
(à suivre)
2Plus de détail http://www.cmmigrants.org