Mon amie Virginia, Belge vivant depuis toujours en France, s’était amourachée et réciproquement d’un violoncelliste belge qui vivait lui à Bruxelles, mais venait se joindre à quelques groupes français parfois. Viens quand tu veux m’avait-elle dit. A l’époque, je vivais à Athènes. Alors que je me faisais un petit retour momentané à Paris, besoin de ressourcer mes ressources, j’ai fait un détour par Bruxelles, les avions étaient moins chers entre la Belgique et la Grèce et j’avais ainsi l’occasion de voir ma jolie copine, son fiancé et Bruxelles que je ne connaissais ni l’un ni l’autre. Les deux amoureux vivaient dans une grande maison qu’ils partageaient avec d’autres drôles de même espèce. J’ai découvert les jardins secrets, qu’on ne devine pas de la rue et la Blanche, cette bière qui semble plus légère a priori, moins au fur et à mesure, les bars que la petite bande animait de ses airs de rock totalement inédits à mes oreilles et ce n’était pas de la bibine. Je suis restée trois jours, j’étais prête à changer mes plans pour m’installer à Bruxelles que je n’avais pour ainsi dire pas vu de jour, tant les nuits se prolongeaient jusqu’au matin, la nuit revenait vite, c’était l’hiver. Était-ce la Blanche, l’herbe excellente qui l’accompagnait, l’humour belge de mes compagnons, particulièrement prodigues, j’ai le souvenir d’avoir eu les coins des lèvres accrochés aux oreilles sans discontinuer.
Sans surprise, quand je suis revenue à Bruxelles plusieurs années plus tard, je n’ai rien reconnu. C’était l’affaire Dutroux, des affiches blanches et noires s’exposaient à toutes les vitrines annonçant les manifestations silencieuses contre l’horreur, j’étais en voyage « sérieux », il faisait froid. J’ai marché et marché dans Bruxelles et peut-être grâce à notre rencontre inaugurale, j’ai encore aimé Bruxelles et une autre fois encore et je serai prête à échanger pour une heure, une heure seulement mes prairies calmes et silencieuses contre un tour aux pieds du petit qui se soulage sans vergogne au nez du passant.
Ce texte a été publié dans la série proposée par Rodolphe çmr, (ça m'rappelle)
Après suggestion des lecteurs et intervention circonstanciée (merci Luc), la petite soeur du galopin ci-dessus se devait d'apparaître ici. C'est la Jeannke Pis, elle a été créée en 1985 et inaugurée en 1987 à l'initiative d'un commerçant de l'Ilot Sacré pour soutenir une oeuvre de bienfaisance. Alors...
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