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lundi 30 octobre 2017

La fin du mâle dominant ?


J'ai emprunté cette image à un article de Reporterre intitulé Violences sexuelles, violences à la terre, une même culture .
Lorène Lavocat y place en exergue cette citation du philosophe Francis Bacon « La nature est une femme publique. Nous devons la mater, pénétrer ses secrets et l’enchaîner selon nos désirs. »  
L'écoféminisme est un mouvement qui considère que le capitalisme repose sur trois piliers : la domination des femmes, l'exploitation des peuples colonisés et des ressources de la nature et qu'on doit lutter de concert contre le fléau de la domination patriarcale qui soumet femmes, peuples colonisés et nature à la seule volonté des hommes et de leur loi.
Ce n'est pas un hasard si la dénonciation des abus sexuels a un tel retentissement justement en ce moment. La prise de conscience que c'est tout un système qui doit être incriminé dont la violence faite aux femmes est un des phénomènes superlatifs d'une philosophie de la maîtrise masculine sur tous les domaines du vivant, dont la guerre,  le pillage et le viol ont été  les instruments depuis les siècles et les siècles
Les exactions commises dans un monde dont on croyait  les contours illimités sur une planète qui  comptait moins de  2 millions d'habitants au début du siècle précédent et en compte désormais 7,3 milliards sont  obsolètes, imbéciles et insupportables. La population de notre planète a été multipliée par 47 en 2500 ans en passant de 150 millions d'habitants à 7 milliards au début du XXIe siècle.
 demographie population mondiale

 L'antique pulsion de reproduction qui poussait les mâles à engrosser le plus grand nombre de femmes a trouvé son premier coup d'arrêt avec l'avènement de la contraception puis de l'autorisation de l'avortement, même si ce n'est pas encore établi dans le monde entier.  
Nous sortons de la préhistoire et les femmes libérées de la charge d'une famille pléthorique et accédant grâce à l'éducation à l'indépendance économique ne sont plus du tout disposées à subir la violence et le mépris dont elles étaient traditionnellement les cibles. Bien entendu, dans le camp des mâles contestés dans leur suprématie, ça renâcle. Quoi! On n'a plus le droit de mettre des mains aux fesses, de faire des réflexions fines sur les jolis nichons des pépettes qui passent à portée, on ne peut plus les soumettre au chantage pour leur sauter dessus en toute impunité !  Mais alors que va devenir la très fameuse "drague" (toujours détesté ce terme), comment faire savoir qu'une femme nous fait bander ? On va devoir passer par toutes ces lourdeurs : leur parler, les inviter à dîner, leur faire la cour, tous ces trucs qui prennent du temps,  sont si ringards, leur demander la permission quand on se servait sans vergogne, les femelles n'étant guère plus intelligentes qu'un barreau de chaise.
Je n'ai pas participé à la campagne "balance ton porc". Non que je n'aurais rien à dire la-dessus, j'ai eu mon lot comme beaucoup de mes consœurs, mais  je n'aime pas trop qu'on utilise des termes animaliers pour décrire des comportement humains contestables, je ne vois pas en quoi le porc, cet animal si utile, devrait être associé à la vulgarité et la bassesse de ces prédateurs. Et de surcroît j'ai un peu de mal à m'embarquer dans des débordements médiatisés. Je n'aime pas la foule qu'elle soit en chair et en os ou virtuelle.
Pourtant j'approuve cette explosion parce qu'elle est une catharsis nécessaire à une prise de conscience fondamentale : l'humanité se doit des précautions si elle veut perdurer sur une planète sérieusement entamée. Et il nous faut nous allier dans un effort d'intelligence collective qui passe par un respect mutuel entre toutes les forces du vivant. La planète ne se laisse plus détruire, elle démontre tous les jours que l'équilibre naturel se refera au détriment des minuscules scories que nous sommes, accrochés à ses flans. Et les hommes, qu'ils le veuillent ou non sont dépendants des femmes. Ils l'ont toujours été mais ont prétendu pendant des siècles qu'ils étaient les maîtres du monde. L'heure de l'humilité a sonné. Ce n'est pas de force percutante dont nous avons besoin mais d'intelligence et de toutes les intelligences  dont certaines font défaut à nos compères.
Je n'ai pas participé à la campagne (que j'approuve, je le répète) parce que ça fait longtemps que je travaille sur ces questions (par exemple  formations auprès des équipes accueillant des femmes victimes de violence et j'en entendais de bien corsées dans la bouche des gendarmes) et que j'ai établi des relations équilibrées avec un réseau d'hommes de bonne volonté , même si je les prend encore souvent  en flagrant délit de suffisance mâle, mais bon, je me prend aussi  en flagrant délit de féminitude pusillanime. Je veux parier sur les alliances après avoir bagarré.
Je remarque que les jeunes gens construisent -avec certaines difficultés certes - des ajustements affectifs plus harmonieux. C'est le déclin des vieux mâles dominants. Ils ruent et ragent mais c'est fini, la peur et la honte changent de camp et nous  allons,  enfin, assister à leur extinction et par là même à la fin de leurs ravages sur la planète.
Il faut y croire et continuer hardiment à oeuvrer dans ce sens. Et que la fête commence, sans eux!

Voir aussi  Joelle Palmieri Touche pas à mon porc, une morale
ZERO MACHO Insulter une femme ? Frapper une femme ? Violer une femme ?
C’est nous, hommes, et nous seuls, qui décidons d’agir ainsi. Ou non.
Une femme insultée, brutalisée, violée ? Quoi qu’elle ait pu faire, c’est l’agresseur, et lui seul, qui est responsable. 

Dernière minute un jugement répugnant :   http://www.revolutionpermanente.fr/Dix-huit-mois-de-prison-avec-sursis-pour-avoir-viole-sa-fille-de-ses-9-ans-a-ses-15-ans