mardi 13 novembre 2012

Chroniques parisiennes. Dans la vie, y'a des hauts et des bas.


La veille j'avais assisté à la première de Félicie, je m'étais régalée et couchée à pas d'heure. Le lendemain j'entamais ma journée parisienne d'un bon pied et l’œil affuté.


Arrrrrgh! C'est le râle que Sofka a entendu pendant que nous devisions au téléphone quand je découvris le temps d'attente pour l'expo Hopper : deux heures et demi !!!
Je renonçais immédiatement et comme j'étais à Champs-Elysées Clémenceau, je suis descendue vers la Concorde et l'Orangerie. Il faisait très froid et j'ai emprunté la contre-allée, ne serait-ce que pour éviter les baraques du marché de Noël déjà en place et  les camions qui installaient les drapeaux pour la cérémonie du 11 novembre.



J'y ai rencontré une statue étrange intitulée : la muse, ah bah!


Dans les jardins des Tuileries, j'ai croisé un Dubuffet, le Bel Costumé, une oeuvre de 1973,installée là en 1998.

 J'ai eu raison de choisir  Chaïm Soutine, (1893-1943) : pas de queue, donc des salles relativement tranquilles et une collection regroupée autour du fond de l'Orangerie (collection Paul Guillaume) avec des toiles venant de tous les grands musées du monde.
Chaïm Soutine était un être étrange qui déchirait des toiles pour les recoudre, peignait sous une impulsion irrépressible (dixit Madeleine Castaing, décoratrice et mécène de Soutine, elle décrit ses relations avec le peintre dans une archive INA diffusée dans l'exposition).   

 
Madeleine Castaing vers 1929
Elle et son mari prendront la suite de Paul Guillaume pour soutenir Soutine. C'est un homme introverti, coléreux, exigeant, qui brule volontiers ses toiles. On estime qu'il en a brulé autant qu'il en a peint. Il est vrai que sa peinture traduit ces états extrêmes.
Les portraits sont étonnants, ils sont à la fois torturés et compassionnels. Chaïm Soutine est particulièrement sensible aux petites gens (il appartenait à la communauté juive pauvre de Biélorussie sous l'empire russe)



 

Le Petit Pâtissier, vers 1922-1923 

La série de paysages peints dans le Sud  sont éclatants, vibrants, dansants,  

L'escalier rouge à Cagnes 1923-1924

Et pour l'amoureuse des arbres que je suis il y a une belle série dont celui ci et les suivants. Mais allez plutôt voir l'exposition (si vous le pouvez), ces images ne rendent pas justice à la puissance des toiles  

 
 

J'ai bien-sûr eu beaucoup de plaisir à parcourir la collection de Jean Walter et Paul Guillaume, riche des Derain, Matisse, Cézanne et  Picasso  (avant le cubisme, Domenica, la veuve de P. Guillaume s'en étant débarrassée). Je sais bien que Les Nymphéas sont considérés comme la pièce majeure et inaugurale de l'Orangerie mais je ne sais pourquoi, dans cette immense salle de béton,  ils perdent leur sensualité. Ou je commençais à être fatiguée.

Nu drapé étendu
Henri MATISSE (1869 – 1954)
1923 - 1924


Il me fallait un répit : une salle de cinéma ("J'enrage de son absence", film très sensible de Sandrine Bonnaire, -une femme que j'aime beaucoup -, un peu gâché -le film- par une musique trop insistante dans le pathos). Ensuite, j'avais rendez-vous avec mes amis potiers qui exposaient au Salon du Patrimoine culturel au sein du Carrousel du Louvre. Quelle foire insensée, pas le salon en lui-même, plutôt compassé avec toutes ces choses précieuses comme des meubles en bois de rose et des vitraux et des fers forgés et tout ça



Non, c'est l'immense usine à consommer située à quelques encablures du Louvre qui m'a effarée. Une horreur!
Après un diner dans un restaurant que nous faisait découvrir un ami, ( je vous l'aurais bien recommandé, mais  j'ai oublié le nom et l'adresse) l'ami en question a tenu absolument à nous faire visiter son nouveau futur logis (un monceau de travaux à prévoir). Pas très enthousiaste pour ma part, j'avais envie de me coucher de bonne heure ou plutôt, moins tard que les jours précédents mais je n'ai pas voulu gâcher l'ambiance. Las, nous sommes restés bloqués dans l'ascenseur entre deux étages (5 et 6). Lutte contre la claustrophobie (prévu pour quatre, l'ascenseur, mais bien esquichés), contre l'angoisse de la chute libre (j'avais lu Le cas Sneijder), contre l'agitation de mon copain qui se maintenait guilleret en se proposant de péter la porte et la vitre pour nous glisser dans le petit carré dégagé. Finalement en appelant par le bouton prévu à cet effet nous avons obtenu l'assurance qu'on viendrait nous délivrer dans un délai d'une demi-heure. Je vous épargne les détails. Ce fut fait puisque me voilà ici à vous conter ce petit incident. Statistiquement, il est normal que ça arrive une fois au moins dans une vie, j'espère avoir ainsi effacé ma trace sur l'ardoise du destin.

Photos ZL, sauf les peintures qu'on ne peut prendre en photo au musée et c'est aussi bien.


21 commentaires:

Depluloin a dit…

Ah Soutine ! Bien meilleur choix - bien que vous ne l'ayez pas eu si j'ai bien compris - que Hopper ! Enfin... bien plus qu'un lot de consolation en tout cas.

Allez, tous avec moi : Vive Poutine !!

(Preumss ?)

versus a dit…

Oui, Soutine à tous les étages!
Le Xavier Girard sur Soutine suis en train de lire...
Et les textes de Jean Revol dans la NRF, vous en souvenez-voue?
Question souvenir, l' exposition Soutine au Musée de Céret et de pouvoir constater l'existence permanente des platanes peints par le caractériel..Eh bien, ils ont du caractère ses arbres, je vous le dis!
Bien à vous.

versus a dit…

Souvenez-vous..sorry my dear!

patrick.verroust a dit…

Soutine, bigre, vos pas vous mènent aux bons endroits quoique vous auriez bien fait d'emprunter l'escalier rouge ou ,au moins une esquisse. Qu'allez vous vous esquichiez dans cette cage? Je savoure l'habileté avec laquelle vous évoquez, distraitement, le "cas sneidger"...
Dubois vous renverra l'ascenseur à moins qu'il ait ,plutôt , l'esprit de l'escalier....

Vinosse a dit…

Chaime pas trop soupline...

Zoë Lucider a dit…

@Depluloin, heureux de cette première place ?
A-t-on jamais le choix ? N'a-t-on pas toujours le choix? Je ramasse la copie dans deux jours.
@Versus, au Musée de Céret j'ai vu une très belle exposition Picasso, peintre d'objets, objets du peintre. J'aime beaucoup la région, bien que très rude.
@PV, Dubois est un de mes chouchous. Je ne pouvais pas ne pas le convoquer dans cette histoire.
@Vinosse, qu'aimes-tu donc o' toi.

Sophie K. a dit…

Oui, j'ai entendu le "rhâââ" devant le Grand Palais, je témoigne ! :D
Ah Soutine... Il fait partie de mes préférés. J'irai la voir dès que possible, cette expo, je pense.
(Ainsi, on t'a fait le coup de la panne d'ascenseur ? Excellent ! C'est tout ce qui reste aux mâles parisiens depuis que la bagnole est devenu un luxe, les pannes d'ascenseur, hahahaha !)

la bacchante a dit…

Soutine, je n'ai pu aller le voir parce qu'Hopper a accaparé ma journée.

patrick.verroust a dit…

Zoë:
Vous retournerez à Paris et à l'orangerie,forcément!
Peut être y verrez vous une artiste peignant en s'inspirant des bulles de couleurs inspirées des nymphéas.Gabrielle Thierry, peintre, perçoit et vit la représentation de la musique en peinture. Elle aborde les paysages d'eau de Monet comme comme des partitions musicales colorées. Ses œuvres sont interprétées par des chefs d'orchestre. Elle est d'un abord agréable et simple..N'hésitez pas à faire sa connaissance, elle vous fera entendre les clapotis de Monet et ses silences.

Tania a dit…

Ah que j'aime lire votre visite enthousiaste de l'exposition Soutine !
Pour ce qui est des "Nymphéas", je suis d'accord avec vous, Zoë : même si l'Orangerie se targue d'avoir restauré l'éclairage original, je trouve aussi que les deux salles ont perdu de leur magie dans cette ambiance trop froide, et c'est très dommage pour le chef-d'oeuvre de Monet. (Ne désespérons pas, les Renoir accrochés au béton à l'origine ont droit à présent à un mur peint, c'est déjà un progrès.)
Votre panne d'ascenseur - je compatis - me rappelle plus d'une heure passée à rassurer mes élèves qui s'étaient glissées en surnombre dans celui de l'hôtel - et bien sûr à une heure tardive où il n'est pas facile de dépanner... Elles étaient au bord de la crise de nerfs.

Cactus , ciné-chineur a dit…

le nu drappé étendu c'est toi , avoue ! si oui tu es dans de beaux draps !

Cactus , ciné-chineur a dit…

Soutine avec ou sans sous tif perso aissi tch'adore : voir des filles ainsi vêtues m'émeuvent ! meuhhh , oui !!!!!!!!!

Zoë Lucider a dit…

@Sofka, rhâââ ou arrrgh? C'est toi qui a ouï donc... Quant au coup de la panne d'acenseur, c'est du lourd!
@la bacchante, les deux dans la même journée, c'est étouffe chrétien :-)
@Tania, merci de votre accord pour les Nymphéas. Heure tardive également, mais il semblerait que ce soit un atout à Paris, le dépanneur pouvant se déplacer sans risquer l'embouteillage.
@Cactus, si c'était moi, je serais désormais un squelette blanchi. :-)

Dominique Autrou a dit…

Ceci dit, se présenter toute nue chez Hopper sans avoir réservé tient de l'acte manqué. Pas de regrets donc. Et les "Nomades" voisins, vous les évitâtes ? J'y suis rentré les doigts dans le nez (ça fait "Bohème").

'Tsuki a dit…

Je ne connaissais pas Soutine, merci de m'avoir fait découvrir.

Sympa, cette virée à Paris en ta compagnie.

Zoë Lucider a dit…

@Dominique Autrou, les Nomades, ça me tentait, mais il y avait un soupçon de queue...
@'Tsuki, découvrir tous les jours quelqu'un.

la bacchante a dit…

Contrainte du jour des 366!!!

Zoë Lucider a dit…

@la bacchante, oui, j'ai vu, amusante coïncidence

Cactus , ciné-chineur a dit…

hooo oui , bah si tu résilles sans grésiller

Dominique Hasselmann a dit…

@ Zoë : pour Hopper, on peut espérer que la prochaine expo Dali (à Beaubourg) va orienter la foule vers un autre lieu...

Soutine, très bon choix.

Zoë Lucider a dit…

@Cactus je grésille sans résilier.
@DH, c'est une possibilité. N'irai pas voir Dali. Vu Figueras et surtout sa maison près de Cadaquès.De plus je le trouve souvent pompier. Oups!