Le titre est emprunté à un tableau de Max Ernst. Il m'avait beaucoup frappé, quand j'avais découvert le tableau, il y a longtemps maintenant. Je n'en ai trouvé trace nulle part. Aussi bien l'ai-je inventé.
Ce soir, je n'avais pas l'esprit fertile. En pianotant j'ai découvert ce site Au fil de mes lectures . En voilà un qui note au cours de ses lectures, ce que je fais rarement ou alors dans un carnet. J'en ai ainsi plusieurs qui m'ont accompagnée quand le clavier n'existait pas. Curieusement, depuis que l'ordinateur me tient lieu de calepin, je note moins. Je suis allée picorer dans sa liste et j'ai emprunté quelques citations de livres que j'ai lus sans en avoir retenu rien d'autre que le plaisir (sauf Epicure dont la citation ici est une de mes balises et Erasme ( un bon "garde fou"): Plutôt que te plaindre de l'ombre qu'on te fait, crée de la lumière.
Voici donc une petite liste du jour. Je me suis arrêtée à la lettre G et j'ai laissé beaucoup d'auteurs dont les citations ne m'inspiraient rien ou que je n'avais pas lus.
Marcel Achard (1899-1974)Voici donc une petite liste du jour. Je me suis arrêtée à la lettre G et j'ai laissé beaucoup d'auteurs dont les citations ne m'inspiraient rien ou que je n'avais pas lus.
J'adore répondre. Je réponds même quand on ne me demande rien. (Jean de la Lune, p.20, Livre de Poche n° 2458)
Alain (1868-1951)
Le besoin d'écrire est une curiosité de savoir ce qu'on trouvera.
(Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.37)
Jacques Audiberti (1899-1965)
L'existence m'apparaît comme la machination d'un mystère si fantastique et si théâtral que je tremble toujours de ne pas remplir congrûment le rôle qui m'y fut assigné.
(La fête noire, p.23, in Théâtre 2, Gallimard/nrf 1980)
Isaac Asimov (1920-1992)
La violence [...] est le dernier refuge de l'incompétence.
(Fondation, trad. Jean Rosenthal, p. 73, Denoël, Présence du futur/89)
Matsuo Bashô (1644-1694)
Aux admirateurs de lune
les nuages parfois
offrent une pause (Haiku, trad. Corinne Atlan et Zéno Bianu, p.127, nrf, Poésie/Gallimard, 2002)
Marie-Claire Blais (1939
Pour être optimiste dans la vie, il faut savoir se reposer.
(Le Disparu in Fièvre et autres textes dramatiques, p.48, Éditions du jour, 1974)
Erri De Luca (1950
Sans éclats de rire avant, les baisers sont fades.
(Trois chevaux, trad. Danièle Valin, p.34, Folio n°3678)
Marguerite Duras (1914-1996)
On ne trouve pas la solitude, on la fait.
(Écrire, p.17, Folio no 2754)
Denis Diderot (1713-1784)
Pourrir sous du marbre, pourrir sous de la terre, c'est toujours pourrir.
(Le neveu de Rameau, p.37, Livre de Poche Nos1653|1654)
Joël Egloff (1970
Il y a deux personnes absolument indispensables en ce bas mode [...]. La sage-femme et le fossoyeur. L'une accueille, l'autre raccompagne. Entre les deux, les gens se débrouillent.
(« Edmond Ganglion & fils », p.21, Folio n°3485)
Epicure (341-270 av. J.-C.)
Rappelle-toi que l'avenir n'est ni à nous ni pourtant tout à fait hors de nos prises, de telle sorte que nous ne devons ni compter sur lui comme s'il devait sûrement arriver, ni nous interdire toute espérance, comme s'il était sûr qu'il dût ne pas être.
(Lettre à Ménécée, trad. Octave Hamelin et Jean Salem, p.13, Librio n°363)
Erasme (1466(?)-1536)
Rien n'est plus sot que de traiter avec sérieux de choses frivoles ; mais rien n'est plus spirituel que de faire servir les frivolités à des choses sérieuses. (Éloge de la folie p.14 Éd. Garnier-Flammarion #36)
[...] on a raison de se louer soi-même quand on ne trouve personne pour le faire. (Éloge de la folie p.18 Éd. Garnier-Flammarion #36)
Jean Giono (1895-1970)
Qui n'a pas rêvé, à un moment donné, d'effacer la vie ? [...] L'embêtant c'est que la vie, il faut la vivre à la file. Ça commence et, à partir de là, ça tire du long jusqu'à la fin. On ne peut pas choisir.
(La femme du boulanger, p.269, Folio n° 1079)
On ne peut rien dire en criant.
(La femme du boulanger, p.317, Folio n° 1079)
Remy de Gourmont (1858-1915)
Je suis fâché qu'on ait tant pensé avant moi. J'ai l'air d'un reflet. Mais peut-être aussi que je ferai dire la même chose, un jour, à un autre homme.
(Des pas sur le sable... , p.287, in Promenades philosophiques, Troisième série, Mercure de France, 1925)
Photo ZL eh oui, il neige à nouveau.
Dernière minute, voici un lien qui atteste que ce titre existe bien (mais c'est illisible, le fond saturé ne laisse aucune chance aux lettres). Mais de tableau point de trace. Ce n'est pas faute d'avoir à ses trousses de fins limiers. Madame de K propose un rossignol chinois
ou un Chant du rossignol à minuit et la pluie matinale de Joan Miro
DH suggère "Deux enfants sont menacés par un rossignol"
et Renato poémise avec Verlaine
Vous pouvez participer à l'amélioration du billet avec vos propositions. Elles sont bienvenues
30 commentaires:
"Max Ernst n'a jamais été sérieux, c'est là son charme peint."
(Benoît Dehort, "Pensées et coquelicots", Editions du goudron, 2012.)
le rossignol reste muet sous la lune...
Les gens qui prennent des notes de lecture m'ont toujours étonné. Il y faut une disposition d'esprit spéciale. Genre premier de classe. C'est un cancre qui le dit. :)
Je garde pour moi Asimov et Erasme... Cétou.
La première ressemble à la blague juive du rabbin qui court dans les rues du village en criant " Est-ce que quelqu'un a une question? Est-ce que quelqu'un a une question? J'ai une réponse!"
haaaa le lune dans le caniveau : superbe !
Mon texte (le peu que j'avais écrit était bien mal fichu, je l'ai un peu remanié. Décidément, j'ai les synapses encrassées!
@DH, on attend avec impatience cet opus des Editions du goudron (sans plumes)
@JEA, il a une extinction de voix, comme moi.
@Anonyme, un cancre las ?
@Vinosse, ça pouvait être pire
@Lavande, en effet, elle est excellente
@Cactus, pourquoi la trainer si bas?
mademoiselle Zoë, il me contrarierai de vous laisser dans le regret d'une chose que vous auriez vue et qui n'existe pas !
j'ai donc trouvé pour vous :
- un rossignol chinois, collage de Max Ernst http://www.mouvementdanette.be/dada/images/ernst/rossignol.htm
- un Chant du rossignol à minuit et la pluie matinale de Joan Miro http://joan-miro.ifrance.com/constell.htm
en espérant vous avoir éclairci la journée, je vous prie d'agréer etc.
Rossignol
Comme un vol criard d'oiseaux en émoi,
Tous mes souvenirs s'abattent sur moi,
S'abattent parmi le feuillage jaune
De mon cœur mirant son tronc plié d'aune
Au tain violet de l'eau des Regrets
Qui mélancoliquement coule auprès,
S'abattent, et puis la rumeur mauvaise
Qu'une brise moite en montant apaise,
S'éteint par degrés dans l'arbre, si bien
Qu'au bout d'un instant on n'entend plus rien,
Plus rien que la voix célébrant l'Absente,
Plus rien que la voix - ô si languissante ! -
De l'oiseau que fut mon Premier Amour,
Et qui chante encor comme au premier jour ;
Et dans la splendeur triste d'une lune
Se levant blafarde et solennelle, une
Nuit mélancolique et lourde d'été,
Pleine de silence et d'obscurité,
Berce sur l'azur qu'un vent doux effleure
L'arbre qui frissonne et l'oiseau qui pleure.
http://www.mons.be/images/lib/verlaine.jpg
Ne s'agit-il pas du tableau de Max Ernst "Deux enfants sont menacés par un rossignol" (1924 ou 1925, selon les sources murmurantes) ?
http://z.about.com/d/arthistory/1/0/Q/O/dada_paris_03.jpg
Heureuse initiative, ces citations … On les découvre, s’en pénètre et les médite …
Je retiens surtout : la violence (…) est le dernier refuge de l’incompétence … On ne trouve pas la solitude, on la fait … Le besoin d’écrire est une curiosité de savoir ce qu’on trouvera …
@Madame de K, ton passage suffit à éclairer ma journée et dieu sait si elle est sombre, ciel bas et lourd et tutti quanti. C'est gentil ces recherches et approchantes du mystérieux titre. Ernst a beaucoup peint la lune et les oiseaux. Je me demandais si je n'avais pas vu cette peinture au MOMA qui possède une riche collection de peintures d'Ernst. Mais je n'ai rien trouvé. Aujourd'hui en cherchant encore j'ai enfin rencontré un article qui mentionne ce titre,je n'ai donc rien inventé. Je vais mettre le lien à la fin de ce post. Merci Mâme K pour ton opiniâtreté qui a stimulé la mienne.
@Renato, les sanglots longs de Verlaine me ramènent toujours à mon adolescence, quand il n'existe rien de plus urgent que l'amour.
@DH, Je connais ce tableau fameux mais non c'est bien le rossignol muet et non menaçant (voir plus haut)
@doudidelle. le choix est toujours difficile, mais sur l'ensemble, on doit pouvoir trouver son bonheur.
@doulidelle, pardon, mon clavier vous a rebaptisé
un rossignol énorme dansait le menuet par une nuit de lune brune
@Zoé, j’entends / lis “Rossignol — Lune” et c’est à Verlaine que je pense. Seulement, depuis que je lis ces vers, je ne peux m’empêcher de lire “Absinthe” là où il dit “Absente”. Vit-il un moment de manque ? je ne sais pas, en tous cas les couleurs semblent le déclarer.
"La violence [...] est le dernier refuge de l'incompétence."
à vue de nez je vois déjà une exception à cette règle, elle n'est pas loin, très près, trop près, disons qu'elle me touche, au plus près, va-t-en exception, sors de mon corps !
car quitte à être une exception à cette règle j'aurais préféré l'être dans le sens contraire : être violent et compétent, plutôt que l'inverse.
Celle de Duras ressemble à un plagiat de Duras. Elle réussit à sembler à la fois profonde et solide. Patrick Rambaud avait écrit une chouette parodie, Mururoa, mon amour, par Marguerite Duraille
Voilà ce qu'on lit sur le site quevous avez déniché, Zoë :
Mais ces images de vol et d’oiseaux ne sont pas uniques à Éluard, car on les retrouve chez Max Ernst lui-même. Le poème est aussi écrit à la troisième personne, ce qui renforce l’idée que ce poème est plus qu’un simple poème; c’est un tribut à Max Ernst. Chez Ernst, le motif des oiseaux se manifeste dans des peintures comme "Les enfants sont menacés par un rossignol", où un petit oiseau volant apparaît, ou "La lune est un rossignol muet>>, ou "La harpe aéolienne", où il emploie des parties d’une cage aux oiseaux, ou "L’heure bleue" où le thème du rossignol se revoit. Éluard, enfin, essaie de lier sa poésie à l’art (...)
(Je réitère, comm' pas passé !)
Je disais tout pareil que Vinosse pour Azimov et Erasme !
@ Renato : je me souviens que Gainsbourg avait fait rimer une "absente" et son "iris absinthe" dans l'une de ses chansons...
:)
(J'espère ne pas doublonner, chère Zoë.)
@Anonyme, seriez pas un chevalier de la lune?
@Renato, à l'époque, ils ne mollissaient pas sur les trucs qui tuent
@Dexter, vous êtes un compétent doux, ça ne vous convient pas ?
@Gibi Bravo! je l'avais choisie pour ça, la pose durassienne par eexcellence.Patrich Rambaud est un sacré farceur. Ces chroniques sur la cour du Petit sont parait-il excellentes.
@ArD Oh merci! C'est très pénible à lire, merci pour l'extrait
@Sophie K Mouahahah, one more time, tu écris en même temps que moi. C't'étrange non. Je vais aller voir sur ton site si tu nous as envie livrer le secret de tes énigmes
@Zoé, pour lire le premier lien ajouté (Max Ernst et les oiseaux) il faut se manger les yeux… et l’oiseau que l’on y voit n’est pas un rossignol mais un Léiothrix jaune dit r. du Japon parce qu’il est originaire de Chine !
Or Ernst était un authentique rossignol d’Allemagne, et contrairement au Léiothrix, un grand migrant.
Bon, c’est vrai, tout ça ne regarde que le créateur du site en question.
En Val de Travers (Jura neuchâtelois) l’on trouve une excellente Fée Verte, ce qu’avec une certaine constance permet d’expérimenter la palette de Verlaine ou de Jarry (selon l’humeur). Enfin, la Fée Verte n’a jamais vraiment disparu, fut un temps, dans le bistrot montagnard où l’on était connu, on demandait une Ovomaltine et voilà qu’une Fée arrivait (les verres à Ovomaltine n’étant pas transparent…).
À part ça, les trucs qui ne mollissent pas ne manquent pas aujourd’hui non plus, c’est le style (dans l’usage) qui manque.
Ah, vous allez mieux, chère Zoé, puisque vous vous baladez sous la lune, pour notre plus grand plaisir !
Bien à vous
Je sors définitivement de ma couette...
Clo
Achard, Erasme, Egloff. C'est le trio gagnant de Frédaim.
@ Anonyme : Je ne suis pas d'accord avec vous. J'ai toujours noté les phrases qui m'accrochaient, depuis plus de trente ans, ni pour être première de la classe, ni pour les citer à tout propos, mais pour y revenir à ma guise, pour ne pas les perdre, pour me constituer un trésor secret. Une phrase, ça peut être une rencontre si forte qu'on veut en garder l'empreinte. Et puis, il n'y a pas plus de honte à être le premier de sa classe, que de gloriole à en être le dernier. Et vice versa.
@Renato, ArD nous a fait l'amitié de s'user les yeux à notre place. Pour l'oiseau en question, je ne suis pas spécialiste. Quant à la Fée verte, je ne suis pas sûre d'avoir bien compris. Mais doit-on tout comprendre.
@Clopine, ah, enfin tirée d'affaire. Je vais sortir de mon lit pour repartir à Parid où on m'attend pour parlotes programmées. Flemme,flemme, flemme. Sans compter que les routes sont glissantes. M'enfin...
@Frédaime. As-tu lu Joêl Egloff, Ganglion & fils, un bijou d'humour noir.
Tutafait d'accord. Pas de quoi se vanter, ni de la première, ni de la dernière place au classement. Cet Anonyme, il adore fustiger avec des petites badines de coudrier, non?
C’est vrai Zoé : il ne faut pas faire de la publicité pour l’alcool.
(Pour une essence du rossignol, voir le lien)
Cela n'a rien à voir mais le soleil est revenu, c'est magnifique.
Cela n'a rien de magnifique mais le soleil est revenu, faut voir.
Ce magnifique soleil, revenu de rien, est à voir.
Voire:
Soleil revenu: rien magnifique !
Je sors, donc. ; -- ))
« La violence est l’arme de ceux à qui manquent les mots. » Heinrich von Kleist (Echo à la citation d'Asimov)
J'ai du mal à lire plusieurs citations d'affilée, pour ma part, je veux dire à leur consacrer la même attention.
Carnets, fiches, pages à la fin du livre, je note le plus souvent en lisant pour relire, retrouver, me souvenir...
Chouette photo, Zoë.
@Renato, Ayé, j'ai compris, j'ai le cerveau lent
@Dom A avec un tel soleil il vaut mieux sortir oui
@Tania. Les citations pour ceux qu'elles inspirent mais on n'en retient jamais autant. Vous annotez sans doute pour vos très riches compte-rendus
Très belles citations ! Mais Ernst était sourd. Car la lune chante pour tromper son ennui.
Enregistrer un commentaire