dimanche 17 mai 2009

Le vent des blogs 12. Enigmes à gogo.


Je ne sais qui en a lancé la vogue, le week-end, sur certains blogs c'est l'énigme. Peut-être à l'origine "les Papous dans la tête" l'émission de France Culture (dimanche 12H45-14h), culte pour certains : un texte est proposé et les éminents Papous doivent en deviner l'auteur."Les Papous dans la tête" réunissent des écrivains, des journalistes, des peintres et même une cantatrice. Leur empire s'arrête là où commence l'esprit de sérieux, car culture sans gaieté n'est qu'une ruine de l'âme. Dixit la fiche de présentation du Dictionnaire (ss dir Françoise Treussard, bien sûr)avec Eva Almassy, Jacques A. Bertrand, Patrick Besnier, François Caradec, Patrice Caumon, Jérôme Clément, Henri Cueco, Hélène Delavault, Patrice Delbourg, Lucas Fournier, Serge Joncour, Jacques Jouet, Hervé Le Tellier, Patrice Minet, Gérard Mordillat, Ricardo Mosner, Dominique Muller, Jean-Bernard Pouy, Jacques Vallet. Pour retrouver tous les rigolos qui jouent suivez le lien des liens.
Pour ma part j'en extraie Hervé Le Tellier dont le titre d'un des ouvrages m'enchante oulipiennement "Les amnésiques n'ont rien vécu d'inoubliable" (le Castor astral 1998). Les autres sont tous fort honorables. Découvrez Delbourg, Mordillat etc , si ce n'est déjà fait.

Sur ce concept j'ai pu répertorier au moins trois blogs qui pratiquent la religion de l'énigme. Il y en a sans doute beaucoup plus, mais il s'agit de ceux que j'ai croisés au fil de mes randonnées, relativement circonscrites (pas le temps de faire mieux).
Chantal Serrière, nous proposait cette semaine un texte d'Aminata Traore, haute et forte figure de l'altermondialisme, à partir d'un essai, l'Afrique humiliée. Ne jamais renoncer, tel est son viatique.
Paul Edel titillait ses habitués avec un texte de Gide. Evidemment si on visite à postériori, on n'a plus à concourir mais on peut toujours s'amuser des commentaires où les adeptes se chipotent sur les antériorités et les délicatesses du jeu qui consistent à ne pas dévoiler d'emblée (quand on est très fort et ils le sont) mais à glisser de fines allusions, indices pour les suivants et preuves pour l'antériorité dans la divination.
Chez les Libres, ils sont trois à se relayer pour animer le blog et singulièrement "l'énigme du samedi soir", laquelle comporte deux volets, accompagnés d'illustrations (généralement des peintures) dont il faut également découvrir les auteurs. Ce samedi Soded nous proposait une lettre d'Héloïse à Abélard, un tableau de Klimt (j'avais trouvé, même si venant trop tard, il était inutile de me manifester). En revanche le deuxième texte, aucune idée . L'amour de Petrarque pour Laure dans ses"Canzoniere". Eh oui, ça ne nous rajeunit pas.





Afin de renchérir sur cette excellente manie et exceptionnellement pour fêter un nouveau blog dans ma liste, en remplacement de celui dont on ne prononce pas le nom par crainte de ses particulièrement furieuses avanies, un extrait, dédié à Vinosse et à tous ceux qui fidèlement viennent s'enquérir des tribulations de ma caboche. Si vous trouvez, vous êtes très forts !

Tout bon pépiniériste doit savoir inséminer une fleur à l'aide de son propre pollen: un pollen à cueillir tôt le matin, quand la fleur est encore mâle, et à en saupoudrer son pistil, le soir, quand la fleur est devenue femelle (il s'agit donc d'espacer les visites, savoir jouer habilement de la répétition et de l'alternance); la réussite des opérations repose sur la précision des rendez- vous et sur la fidélité, bien qu'en·apparence passer d'un mâle à une femelle suppose la plus extrême des inconstances.



Spéciale dédicace donc à Vinosse, La Feuille charbinoise et Cactus pour leur amitié plantureuse.
Cactus était déjà au tableau d'honneur sur le dernier VDB mais cette semaine il cancanne de Cannes alors c'est la pointe extrème de l'actu.

A demain pour la solution. A moins que, chers intervenautes, vous n'ayez élucidé le mystère avant que je ne vous livre en pâture (excellente) l'écrivain qui a commis ces conseils étranges.

8 commentaires:

JC a dit…

J'ai trouvé !
Marivaux. Non ? Montherlant ? Non plus ? Marivaux ? Non encore ...!
Adieu Zoé...

JC a dit…

A la réflexion, Groucho Marx !
Là, j'en suis sûr !

JC a dit…

Bon Dieu, mais c'est Wilde, Oscar Wilde !

Clo a dit…

Ahahah, un petit DLA ! Allez, zou, Zoë, je réfléchis tout haut, là. (je veux dire je tape sans recul, et vous livre tout de go mes réflexions à la queue leu leu)

Sur l'insémination des fleurs,Zoë, je vous soupçone d'avoir en tête, en choisissant cet extrait, d'avoir en fait pensé à un autre extrait ! Et d'avoir ainsi, malicieusement et silencieusement, "visé" la métaphore la plus poussée de toute la littérature moderne, celle de Proust comparant la rencontre Charlus/Jupien à l'improbable fécondation d'une plante en pot par un bourdon vagabondant... Non ?

Mais ce n'est pas Marcel, ici. Ce pourrait être une sorte de "traduction", de mise en langage moderne, de l'admirable langue d'Olivier DE SERRES dans son "théâtre d'agriculture et mesnage des champs", mais quelqu'un comme vous, Zoë, aurait laissé l'écriture originale, je pense. La langue de De Serres n'est pas si éloignée de la nôtre qu'il lui faille une traduction !

Donc, ni Proust parlant du baron de Charlus, ni De Serres distillant son savoir agricole.

Il reste évidemment l'entomologue enchanté, familier de la Feuille Charbinoise et de votre servante, Zoë, qui en fit son miel et y retourne régulièrement - J'ai nommé Fabre l'entomologiste, dont les ouvrages, au-delà de l'étude scientifique de l'insecte dans son milieu naturel, sont une inépuisable source d'émerveillement, notamment littéraire !

Pourtant, il ne s'agit pas ici d'insectes mais de culture de plante, d'insémination de plantes..

Et, puisque vous jouez au DLA, ce ne doit pas être un scientifique comme Fabre, ce n'est pas un aïeul comme De Serres, ce n'est pas Proust puisque Charlus ne vrombit pas ici, alors ?

Je vois bien un autre grand nom littéraire, habitué à se pencher sur la fleur et à même de décrire une fécondation , comme dans le passage que vous nous proposez, Zoë. Mais si je pense ainsi à Colette, la langue me semble un peu torp "sèche", trop précise aussi, trop "masculine" en un mot, si ce "masculin" exclut l'allusion...

Il nous faut un expert ! Un certain "Gorgomar" vous résout d'habitude, en moins de deux, les énigmes les plus érudites chez Màc et Sophie : appelons-le !

Ou alors, encore un petit bout d'extrait, qu'on puisse posséder un peu plus d'éléments...

Clopine

Cactus , ciné-chineur a dit…

JC en go go boy chez toi , veinarde !

Vinosse a dit…

Alors-là, moi j'en sais rien...

Sinon Zoé, je suis confus et rosi de votre sollicitude à mon égard!
J'en suis heureux même!

C'est pas comme chez les "Libres", comme vous dites, où l'on m'agonisât un jour... Sans que je sache véritablement pourquoi!

La Feuille a dit…

Beaucoup d'énigmes aussi, et de toutes sortes, sur le blog d'Eric Poindron, le cabinet des curiosités, les dernières publiées ont pour départ une photo. C'est souvent trop pointu pour mes médiocres références littéraires mais la formule est sympa à condition que les lecteurs jouent le jeu. Cette semaine, la feuille charbinoise part de la botanique pour voguer vers d'autres cieux, d'autres cultures et d'autres luttes. Que le monde est vaste !

Zoë a dit…

J'avais dit que c'était difficile et le peu de commentaires me surprend. Deux interprétations possibles : personne n'a le temps de se livrer au petit jeu de la découverte ou les visiteurs habituels perplexes n'ont osé se manifester. Donc un petit indice avant de révéler l'auteur de ce texte qu'on croirait sorti d'un catalogue écologique pour soigner la nature au plus près de son essence. L'auteur fait partie des jeunes (1968), le livre est paru chez Verticales, l'auteur cisèle des textes relativement déjantés et bourrés d'humour.
Bravo Clo pour la pensée en avançant, si tu n'as pas trouvé tu as analysé à merveille