lundi 12 juillet 2010

Harmonie du soir*

Mon jardin m'a tuer bis repetita. Pour quelque détail, se reporter au lien. Pour cette raison et bien d'autres, mon ordi entre en veille de plus en plus souvent. Je m'apprête à rejoindre Avignon pour quelques jours de fournaise et de baguenaude. Je ne verrai pas Richard II, je dois revenir à temps pour assister à la représentation de "La terrible défaite d'Aizu Taketori", une adaptation à la mode japonaise de Macbeth, et c'est une copine qui a commis le forfait, ça se passe sur les terres lauragaises. Cette année donc, j'irais seule à Avignon. Le rituel qui m'était cher d'y entrainer ma fillote et sa copine a pris fin. L'une et l'autre sont devenues des "grandes" qui font leur vie et je suis priée de faire la mienne en arpentant seule la rue des Teinturiers et l'esplanade du Palais des Papes. Bon, bon, je m'en remettrai. N'ai-je pas fréquenté la cité alors que toute jeune, un amoureux m'y avais conviée. Entre elle et moi, se sont agglomérées de nombreuses strates. Je n'en conterai pas le détail ce soir, pressée que je suis d'offrir à mon corps fourbu une position propice à l'évasion. Je vais à Bakou avec Olivier Rolin. Chaque soir, à l'heure où les hirondelles tourbillonnent dans le ciel mauve, un homme aux cheveux gris franchit la porte d'un petit hôtel de la rue Mirza Mansûr, tourne à droite dans Harb, puis à gauche dans Sabir, que surplombent de beaux balcons de bois parfois entortillés d'une vigne, pavoisés de linge. Tombé d'un minaret proche du palais des Shirvanshashs, l'appel d'un muezzin suspend dans l'air de frêles festons sonores - si discret, presque plaintif, qu'il en devient émouvant. Le Dieu qu'invoque cette voix de violoncelle n'a pas l'air terrible, on l'inviterait bien au restau, justement on dîne seul ce soir- comme tant d'autres soirs. Je remplacerais bien Dieu, en l'occurence

 *C'est le titre du premier chapitre du livre d'Olivier Rolin, Bakou, derniers jours, Fiction & Cie/ Seuil, 2010 

 Photo ZL, Fillote au masque d'argile.

mercredi 7 juillet 2010

Hors de moi



J’ai formé le vœu de me débarrasser de ma peau, de travailler à la dissolution de ma figure, la ruine de mon visage, d’y mettre toute l’énergie possible, entendez bien, il ne s’agit en rien d’un projet funeste ou suicidaire, juste l’envie de sortir de tout ce que je suis censé être, une naissance, une filiation, une famille, une couleur, une identité pour employer ce mot affreux des documents d’état civil et autres débats en vogue, il s’agit seulement de renoncer à à l'injonction de mes oreilles qui me racontent sans cesse des paysages anciens, des senteurs révolues, abandonnées,des rues passées, des amours perdues même, oui renoncer même à cela malgré mon inclination au regret, à la nostalgie, et aux bénéfices secondaires du deuil.
Là où je me tiens, il n'y a pourtant de place que pour cela, tout ce qui me contraint à moi-même, et moi je veux sortir,je suis sûr que lire c'est sortir, écrire c'est sortir, parler c'est sortir et je voudrais lire et écrire et globalement jusqu'ici je me suis tu. Si je considère l'ampleur de ce qui ébranle le monde à chaque instant, ce qui atteint le monde, les bruits qui y résonnent, ce qui le laisse à genoux, chaque jour et de plus en plus, ce qui le réduit au silence, alors je peux dire que je n'ai pas parlé assez. (...)
Trouver ce tissu continu entre nousqui à la fois invente et annule les identités, les pays, les naissances, parce que le point qui nous soude est le même, notre rencontre évidente est au prix d'un seul geste : défaire la couture du masque et que nous soyons tous au bout du compte toujours et définitivement des hommes qui doutent de leur figure.

Thierry Illouz. Politis / Digression, 1er Juillet 2010.
Thierry Illouz est avocat, écrivain : L'ombre allongée Fayard 2001, Quand un soldat, Fayard 2003, et dramaturge, J'ai tout, Buchet Chastel, 2004.

Photo ZL, Frontière du jardin 7 juillet 2010

vendredi 25 juin 2010

Téoùlà

Ca, c'est un bouquet des champs que ma copine chérie a collecté
au cours de sa promenade autour de chez moi

Téoùlà, c'était un nom d'entreprise que Marc Jolivet (un humoriste toujours vivant et n'ayant fait l'objet d'aucune excommunication, alors qu'il n'est pas tendre avec l'engeance prétentieuse des "élus" du peuple) avait inventé lors de l'explosion du portable.
Je suis partout sauf sur ce blog, même si je le garde en fond d'écran glissé derrière une multitude d'autres "espaces existentiels", au nombre desquels le pied du cerisier, du moins le haut de l'escabeau campé sous son ramage, histoire de l'alléger de ses délicieuses et charnues et rouge sombre cerises avant de les réduire en une confiture qui fera mon bonheur cet hiver.
Et bien d'autres lieux dont je ne dirai rien, parce que je m'apprête à partir tôt demain vers la jolie cité de Carcassonne où je suis attendue pour des parlotes orientées.
Après Carcassonne, je suis -en principe- rendue à une vie plus calme et plus propice au vagabondage verbal (sinon verbeux) sur la Toile.
En attendant, une petite livraison d'images.

Le temps des cerises un peu décalé cette année pour cause de bizarrerie climatique.

Tous ensemble, tous ensemble, etc...

Rappel utile pour comprendre.

Lui, s'en fout totalement de la lutte des classes

Placide, il va m'accueillir, les grosses chaleurs s'annoncent.

vendredi 18 juin 2010

Encore heureux qu'on va vers l'été








Menuhin joue Debussy. Jardin sous la pluie

Le titre est celui d'un roman de Christiane Rochefort, paru chez Grasset en 1975 qui raconte les péripéties d'enfants qui décident de fuir l'école. Un livre drolatique et une critique féroce de l'institution.

Photos ZL juin 2010

dimanche 13 juin 2010

Il le dit tellement bien.


Comme je ne saurais le dire mieux, je vous livre un commentaire de Nicolaï Lo Russo qui colle parfaitement à ma situation actuelle (sauf que j'suis pas sûre d'avoir quelque chose à montrer, mais bon). Son dernier post date du 7 avril, donc y'a pas l'feu !

Bientôt je pourrai vous montrer ce que je suis en train de faire en ce moment. Ce qui m’occupe. C’est vrai que « blog » ça prend beaucoup de temps en fait. Et ça rapporte pas grand chose à part de bien aimables visiteurs (ce qui est énorme me direz-vous). C’est un peu un état d’esprit, une disponibilité (pour son propre blog et aussi celui des autres – tu visites mon blog, je visite le tien, etc.) Réflexion faite, les blogs bien achalandés sont souvent des blogs tenus par des gens qui ne travaillent pas (au sens le plus basique du terme) ; retraités, rentiers, chômeurs, célibataires sans enfants, étudiants glandouilleurs, femmes (ou hommes) au foyer, pigistes au repos, etc. Tous mes amis qui ont un travail fixe (de mettons 9h à 18h) ont, me disent-ils, « largement autre chose à penser qu’à tenir un blog ». Bon.

(...)

C’est sûr que quand on travaille, qu’on a des délais à tenir, qu’on doit faire les courses, faire un brin de sport, de ménage, se tenir au courant d’un minimum d’infos, avoir une ébauche de vie sociale hors web, eh ben un blog… comment dire, c’est pas évident – je parle d’un blog où l’écriture a un peu de tenue, où il y a quelque réflexion.

Je vais tâcher quand même de faire un effort, de m’arranger, car je vous aime bien. Et écrire en ligne me manque. Il y a quelque chose de vivant, dans l’échange éventuel, que je trouve appréciable.

Hendrix Je l'ai trouvé sur la playlist de CUL.

Encore quelques jours et je vous fais un compte rendu d'activités. Promis


dimanche 6 juin 2010

En attendant qu'elle descende de l'arbre


Nous sommes comptables de notre énergie. Nous savons calculer exactement ce qu'il nous en faut dépenser.

Nous passons beaucoup de temps à des réglages infimes, cherchant le climat adéquat pour perdurer.

Mais peut-être est-ce cette parcimonie qui finit par nous ruiner.petite racine

Illustration Méridien du sang Jean Denis Robert

Merci à eux de leur collaboration quelque peu obligée et à Sophie K qui m"a aimablement fourni sur son nouveau site le lien vers J D Robert. Strictement Confidentiel est rutilant, remis à neuf avec encore plus de tout. Du texte, de l'image, de la musique, ça vaut le détour.

Heureusement que certains s'échinent!

mardi 1 juin 2010

Prolongations



"C'était un artiste et un homme d'une conscience si sensible qu'il entendait encore là où les sourds se croyaient faussement en sûreté."Lettres à Miléna" Franz Kafka

Un site découvert aujourd'hui, à la recherche des oeuvres de Louise Bourgeois qui vient de mourir à 98 ans. Une vie bien remplie dédiée à l'Art : ses énormes araignées qu'elle appelait "maman" en hommage à la patience et à la délicatesse du travail de la fileuse et les "fillettes", énormes phallus portables. Une vieille dame indigne comme on les aime.

Et un duel Eric Zemmour, Caroline Fourest où le premier fait pitié et la seconde démontre une belle pugnacité.

Et pour ceux qui ne connaîtraient pas Didier da c'est ici.

Je ne reviens que pour repartir, une nouvelle éclipse de quelques jours.
Merci à tous ceux qui m'ont exprimé leur amitié. Ces quelques liens étaient pour vous faire patienter

A bientôt. Ne soyez pas sages.