A force d'entendre déplorer le silence de Sapience Malivole, je me suis décidée ce jour à lui rendre visite. Son blog est consacré à "la littérature et l'histoire, principalement hellénique". Or donc le dernier message s'intitule Physionomie de ci-boire et présente à l'image une poterie qui a déclenché en moi tout soudain un de ces accès de profonde nostalgie, alors que l'instant d'avant, j'étais dans l'ordinaire d'une fin de journée, pianotant sur le clavier, lecture et reponses au mails, visite en coup de vent sur la blogosphère avant d'attaquer la mise en route d'un repas, qu'est-ce que je pourrais bien faire de bon.
Cette poterie et le texte sur le vin, une promenade dans les messages antérieurs mais plus encore les commentaires et les réponses de Sapience m'ont brusquement replongée dans le monde hellénique, pas celui de l'Illiade et l'Odyssée, celui de mes séjours plus ou moins longs voire très longs, j'y ai vécu un an et demi d'affilée, après de multiples passages et avant d'autres encore. Il y a maintenant plus de dix ans entre moi et mes dernières ripailles arrosées de vin grec sous une tonnelle en bord de mer. Mon dernier séjour était à Samos. Une amie grecque, la douce Sissi (Vassilia), m'avait prêté un appartement donnant sur le port. Mon compagnon m'avait rejointe, nous avions loué un scooter et étions partis en baguenaude sur les routes en lacets à l'arrière de l'ile. Nous avions déniché une plage sublime et déserte, au bout d'un sentier abrupt, une de ces criques d'eau cristalline, de sable fin surmontée d'une falaise dont le creux nous donnait de l'ombre. Nous avions une telle impression de virginité des lieux, les dessins figurés dans la roche par le jeu des strates découpés dans les arrachements dont naissent les îles étaient si étranges, que nous avons eu envie de nous photographier nus conte la roche. Ces photos des jeux de lumières et d'ombres jouant sur nos peaux fragiles collées à la roche nous avaient absorbés un long moment. Puis nous nous étions baignés dans l'eau transparente, nous pouvions voir la côte turque, l'impression qu'on aurait pu la ralier à la nage. Nous avions regrimpé la falaise en écrasant sous nos sandales ces herbes odorantes, craquantes, piquantes qui bordent les sentiers caillouteux. Je m'étais arrêtée pour prendre en photo une épeire délicate et tigrée
Ainsi, l'évocation de Sapience a-t-elle fait remonter un moi cepuissant désir d'une table au bord de l'eau le soir quand le soleil s'y noie, on déguste des mézés (tranches de concombre et de tomates dans l'huile d'olive, feuilles de vigne, pieuvre grillée) en buvant du Retsina et en écoutant du Rebetiko.
J'oubliais. Les photos d'Adam et Eve aux premiers jours du monde ont été lamentablement ratées. La pellicule n'a pas embrayé.
Photos ZL