Photo Bulles de savon
mercredi 3 mars 2010
Oxygène
Photo Bulles de savon
dimanche 28 février 2010
Le Vent des blogs 48. Avis de tempêtes
J'ai un peu de mal à rédiger un Vent des blogs alors que la tempête a dévasté une partie de la côte atlantique où je passais il y a quelques jours de paisibles vacances. Selon mes informations, le petit morceau de côte où j'ai mes attaches n'a pas été trop agressé, mais je n'ai guère de détails. La côte n'était pas au beau fixe mais pas non plus si déchaînée quand je circulais à bicyclette et m'arrêtais pour fixer quelques images comme cette plage de Nauzan, plage de mon enfance,
ou les jolies villas rescapées du bombardement qui réduisit en gravas la plupart de la ville de Royan et ses alentours, pour rien, alors que le sort de la guerre n'en dépendait pas. Je l'ai su très tard, grâce à Howard Zinn (dont la mort récente n'a pas soulevé beaucoup d'émotion) qui en avait parlé dans un entretien avec Daniel Mermet. Dire le choc que cette révélation m'a infligée est impossible alors que toute mon enfance j'ai entendu parler de ce désastre qui avait causé la mort de milliers de personnes et détruit la quasi totalité de la petite station balnéaire, investie par les officiers allemands qui y vivaient en villégiature en attendant que la guerre prenne fin.
J'ai retrouvé dans un autre entretien la confirmation de ce que j'avais entendu chez Mermet:
Neuf ans après la guerre, j’ai rencontré un homme qui se trouvait à Royan en 1945, ville que j’avais alors contribué à bombarder ( Ce fut l’une des premières utilisations militaires du napalm !). Cette rencontre m’a amené à réfléchir à la guerre en général, et à cette expérience en particulier. Nous n’avions aucune nécessité de bombarder Royan, c’était absurde d’un point de vue militaire. J’ai alors compris que ceux qui décident des guerres en évoquant des causes justes n’ont pas de motivations pures. Et j’ai saisi que même une guerre contre le fascisme corrompt ceux qui y participent. J’en ai conclu que la guerre était inacceptable, parce que ses moyens sont toujours mauvais et corrompus, sa finalité toujours incertaine. Howard Zinn
Voici donc deux des belles sauvegardées de la côte, que les avions "alliés n'ont pas ratatinées.
Ces jours derniers, je n'ai pas beaucoup visité le ouèbe, trop occupée que j'étais à déguster les délices tirés de cet océan magique
et à lire (Liquide de Philippe Annocque, Le temps des catastrophes Isabelle Stengers) et à jouer au Scrabble avec ma sister.
Puis à réparer la panne qui a affecté la machinerie.
Quelques liens cependant à vous mettre sous la souris si ça vous inspire.
La fête à Fred, une nouvelle de Manu Causse, parce que j'aime bien ce lascar.
"A vous dire le vrai, la musique que je préfère, fût-ce à la mienne, à celle de quiconque, c'est ce qu'on entend quand on se tient tranquille, simplement.", interview de John Cage citée par Hozan Kebo en commentaire d'un très bel article de Frasby sur l'inventeur d'univers sonores
La mise en disparition du travail et ses effets pathologiques et sociaux par Philippe Zarifian
A la suite d'une série d'arguties au sujet du dernier livre de Florence Aubenas « Quai de Ouistreham », dont Clopine a rendu compte (suscitant un beau hourvari), je ne sais par quelle association j'en suis venue à La journée sans immigrés, une façon de rendre visible par cessation d'activité tout ce que les immigrés font fonctionner grâce à un travail mal rétribué, pas reconnu, voire méprisé et qui ne leur donne pas même le droit de circuler librement. Honte à ce pays et à tous les pays qui humilient ceux dont la force de travail est le socle du bien être collectif. Ce sont eux qui travaillent actuellement à la réalisation du tramway parisien par exemple. Jusqu'à quand les digues sociales empêcheront-elles le déferlement de la rage ?
Ainsi que vont faire les Grecs ? Sophie K nous livre cette info qui m'a fait hurler : il s’appelle Lloyd Blankfein, dirige la banque Goldman Sachs, et vient comme un grand, avec ses copains, de foutre la Grèce en faillite. Pendez les haut et court!
Pour conclure dans la tonalité de ce Vent finalement plutôt tempêtueux, un chroniqueur que j'affectionne, capté par mespiedssurterre, j'ai nommé François Morel. Il nous donne à entendre un bon résumé finalement des petits vents aigrelets qui soufflent sous nos latitudes.
Et cependant terminer sur une note poétique avec le blog de Renato et Marianne Moore art.
vendredi 26 février 2010
Bug ou bogue, Bref malaise sous l'arbre.
J'ai de gros soucis avec mon ordinateur; je ne peux plus afficher Internet et je ne sais pas pourquoi. Par ailleurs, je commence à avoir un nombre important de pourriels. J'ai donc activé le contrôle des messages. Désolée. Si je résous mon problème, je reviendrai à la formule antérieure. Pour le moment ce sera le jeu du mot bizarre avant affichage.
J'écris ce post d'un ordinateur ami mais qui ne contient ni mes textes, ni mes images. J'ai passé ma journée à essayer de trouver une solution, je n'ai guère d'inspiration pour autre chose que des fulminations inutiles.
Patience mes chers visiteurs, je parviendrai bien à dompter l'adversité.
Photo Araignée verte
vendredi 19 février 2010
Retour aux origines
Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.
Tu te plais a plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.
Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets;
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, O frères implacables!
L'homme et la mer. Charles Baudelaire
Photos ZL
mercredi 17 février 2010
L'année du tigre ou chelle du chat ?
Cha m’chamboule !
Cha m’churchauffe !
Cha m’exchite !
Cha alors !
Ch’est l’année du chat !
Qu’ech que cha chinifie cha ?
Qu’on va ch’la couler douche ?
Qu’on chera choyé, chouchouté ?
Ch’est chublime cha !
Ch’est choudain quand on y penche !
Douje ans cha pache chi vite !
On ch’en aperchoit pas.
Et là, cha yest chez la queue du chat qui ch’impoje,
Ch’est offichiel, ch’est chacré !
Cha chavire !
Cheux qui chavent qu’ech qu’i’j en dijent ?
Pache que moi, le chigne du chat, j’ignore,
Mais cha m’inchpire
Par exjemple :
Chattemine
Raminagrobiche
Chichi, chouchou, chochotte.
Cha che lèche chouvent, les chats
Cha chomnole d’un chil,
De l’autre cha cherche les chouris,
Cha fait chemblant de ch’achoupir
Et chouff !
Cha choppe ch’qui pache par là !
Checi dit, ch’est chympa, ch’est chûr,
Ch’est chaud, ch’est chouple, ch’est chivilijé
Mais, ch’est impachient, exjigeant, exchéchif
Cha ch’accroche au chol de ches origines
Ch’est pas chi fachile, pas chi chimple
Chest cha qu’est agachant ou aguichant, cha che dichcute.
Allez, cha chuffit, je chens que vous chaturez
Chette année chera chomptueuje , ch’est dit.
Je vous chouhaite chept vies, pour chelle chi et les chuivantes.
Photo. ZL. Tite chatoune.
dimanche 14 février 2010
Le vent des blogs 47. En vrac.
Ce sera un Vent des Blogs en vrac. Je suis (encore!) de passage à Paris, je n'ai pas de connexion et j'ai courageusement fait la queue à Beaubourg pour accéder à une machine. J'ai un temps contraint. Je vais donc, une fois n'est pas coutume livrer en vrac ma moisson de la semaine. C'est parti!
Les Américains ruinés par la guerre où on apprend ce qu'Emmanuel Todd avait annoncé (Après l'Empire), à savoir que leur effort de guerre remplit les comptes des multinationales de l'armement mais vide le trésor et met à genoux le reste de l'économie. Eliminons les Saigneurs de la guerre
Frédéric Pagès le site et le blog . Cet homme possède un point de vue qui me convient.
A quoi ça sert l'amour Helenablue. Pour l'illustration sous forme de bluette et une invitation à visiter la dame bleue
Travailler plus ou moins pour rien et le point de vue de l'intéressée en commentaire chez Désormière
Un puissant coup de gueule de Cohn Bendit au Parlement européen. J'aime beaucoup les tronches de coincés des parlementaires. J'ai tendance à le trouver sympathique quand il insulte des limaces.
Un artiste mongol Morin khuur et des chevaux galopant en même temps qu'un très bel article de JEA sur les chants diphoniques de l'Altaï mongol. Sans commentaire, à déguster
La forêt de Muir Woods. J'ai visité cette forêt où les arbres sont comme des cathédrales dont la beauté m'a tiré des larmes
Le parti d'en rire. Finir sur cette note vous dérouillera les zygomatiques. Ils étaient excellents ces deux compères. (spécial remerciement à Mon Chien pour le lien).
Pas d'illustration. J'arrangerai ça demain quand j'aurais repris mon clavier à moi. Il ne me reste que trois minutes. Argh! Bye bye!
Ayé. Illustration : un séquoia de Muir Woods
vendredi 12 février 2010
Cartes postales rétroactives 11. Porto.
On parle beaucoup voyages en ce moment chez Fredaime, chez Dexter, chez Sophie K. Ca m'a incité à extraire d'un de mes zinédits (Le voyage des enfants), ce texte de saison, avant de reprendre un train de nuit. Bon voyage.
Spéciale dédicace à Jennifer qui fut ma délicieuse compagne de voyage en de multiples occasions
"L'hôtel était confortable mais pas folichon, situé dans un quartier qui à première vue n'était pas très animé. Après avoir mis la main sur une carte, repéré le port, nous nous sommes lancées à la découverte de Porto. Nous enjambions des tranchées, escaladions quelques barrières, nous avions fait le tour d'une place qui devait nous ouvrir une avenue, nous nous placions dans les ronds de lumière pour vérifier. L'avenue repérée, il nous fallait négocier le virage dans une de ces petites rues qui sur le plan conduisaient vers les rives. Nous avons louvoyé entre boutiques et églises enluminées. Il faisait doux et nos gros manteaux exhumés à Helsinki se sont retrouvés sur nos bras, d'autant que nous en étions à descendre puis remonter des ruelles, le front sur les vitrines, ou levé vers les cloches. Nous sommes passées devant l'imposante gare d'où Jennifer devait prendre un train pour Lisbonne le surlendemain. L'éclairage des rues plus faible que dans les avenues que nous avions abandonnées donnait à la ville des couleurs brugheliennes. Il faisait doux, nous étions dans le Sud, là où la vie reprend à la tombée de la nuit, mais Porto est une ville industrieuse, on s'y lève tôt. Nous ne croisions plus que de petits groupes clairsemés, quelques individus pressés filant vers leurs affaires, un rassemblement paisible d'adolescents occupés à leurs palabres. J'écoutais chanter la langue, ses chuintements sensuels, ses diphtongues plaintives.
Je ne suis pas une voyageuse organisée. Je débarque le plus souvent sans avoir compilé guides et récits. Absence de curiosité ? Fainéantise culturelle ? Non point, j'ai lu Pessoa avant de mettre le pied sur ses terres, fredonné cette langue sans la connaître lorsque Amalia est devenue internationale, j'ai des amis portugais qui m'ont ouvert leur âme.
Je préfère toujours aborder le lieu une fois que j'y suis et glaner ce que j'ai envie d'en savoir selon une humeur qui fluctuera au gré de mes rencontres avec les murs et les murmures. Le regard des autres contraint la spontanéité du mien. Outrecuidance ? Infernale fatuité ? Comme si on découvrait une ville en deux jours sans être expressément "bussé" dans un labyrinthe défriché par l'office du tourisme, les yeux au garde à vous à chaque spéculation spectaculaire ! Je passe "à côté », scrutant du non répertorié, exposée au hasard, boudant la jet set culture, fouinant dans les travées anonymes, regardant sous les jupes de la ville.
Nous avons fini par nous trouver au niveau zéro de la colline, sur un quai sombre où de petits établissements jetaient leurs lames de couleur. Perplexes, nous étions. L'environnement immédiat ne prêtait guère à l'hésitation. Quelques rares voitures rôdaient. Des groupes d'hommes posés sur des caisses discutaient, les yeux distraits de leur conciliabule par notre arrivée saugrenue. Nous avons choisi une tache de couleur à l'étalage et obliqué vers une perspective espérée et soudain tenaillante d'y dénicher un menu. En rôdant au bord des petites fenêtres, des portes entrouvertes, nous frôlions des chaudrons qui séchaient appuyés sur les murs, nous dérangions des chiens enroulés sur des seuils, croisions quelque gamin jailli d'une travée entre les façades étroites. Les salles enfumées, électrocutées au néon, saturées de quelques tablées d'hommes sombres ne nous engageaient qu'à pousser plus loin nos investigations. Au bout d'une dizaine de fuites, nous en étions à regretter notre entreprise. D'Helsinki aux rives du Douro, une seule journée, un bond galactique, des semelles de plomb, un broyeur fou au creux du ventre, une vague inquiétude de proie humant l'effluve du prédateur.
Justement, nous croisions un agrégat de jeunes fauves qui se mettaient à feuler et à dérouler leurs membres engourdis par l'inaction dans la fraîcheur de la nuit. L'un d'eux est venu vers nous, encouragé par sa cour rivalisant de railleries et d'injonctions. Jennifer et moi, entre les dents : "oh, oh, urgence !". En même temps nous avons repéré dans la rythmique des tranches de lumière, une toute dorée et rose, en rupture sur la fluorescence verdâtre. Nous avons lâché notre porte-à-porte pour filer directement vers la source de cette voluptueuse langue flammée. Nos lionceaux continuaient de miauler, leur éclaireur suspendu dans sa traque, forçait un peu sa voix pour rattraper la distance que nous nous appliquions à assurer entre leur désir de jouer de la papatte et nos âmes épuisées.
Stupeur, il y avait bien un restaurant mais, il était français. Tant pis pour la couleur locale. Une jolie jeune femme officiait. Elle était Portugaise, avait vécu en France et revenue au pays récemment, avait ouvert ce petit restaurant. Nous étions installées les coudes sur une nappe à carreaux rouges et blancs, dans un décor transposé des clichés de la bonne franquette, à la tiédeur rose, avec des œillets dans des vases et quelques couples se mangeant des yeux. Nous avons eu un fou rire hoquetant qui a duré suffisamment pour amuser le regard de notre hôtesse. Le menu prometteur n'excluait pas la gastronomie portugaise. Nous avons mangé du lapin, spécialité de la maison, bu du vin conseillé par la jeune femme comme le meilleur cru de sa cave. Elle était manifestement heureuse d'avoir des cousines étrangères, dont une française, toutes deux d'excellente humeur et prêtes à accueillir le premier ragoût comme la chair et le sang du Christ. "
Illustrations Isandro