Le parler que j'aime, c'est un parler simple et naïf, tel sur le papier qu'à la bouche, un parler succulent et nerveux, court et serré, non tant délicat et peigné comme véhément et brusque [ ... ] plutôt difficile qu'ennuyeux, éloigné d'affectation, déréglé, décousu et hardi: chaque lopin y fasse corps; non pédantesque, non fratesque, non plaideresque, mais plutôt soldatesque.[.. .] Je n'aime point de tissure où les liaisons et les coutures paraissent, tout ainsi qu'en un beau corps il ne faut pas qu'on puisse compter les os et les veines. L' éloquence fait injure aux choses, qui nous détourne à soi. » Montaigne
vendredi 16 octobre 2009
mercredi 14 octobre 2009
Cartes postales rétroactives 10. Malachite et crapauds buffles
Au Zaire, sur les bords du lac Kivu, à Bukavu, nous étions hébergés (mon compagnon de voyage et moi-même) par l'attaché culturel de l'Alliance française, un type jeune, qui faisait là ses mois de service national en lieu et place de l'armée. Il nous avait fait la proposition de nous accueillir quand nous l'avions rencontré dans cette petite ville perdue aux confins du Zaïre (ex Zaïre, devenu par la suite la République Démocratique du Congo sans que la démocratie y ait progressé d'un pouce). Nous cherchions à aller à Goma pour approcher le Nyiragongo, volcan toujours vivace. En dépit de nos recherches frénétiques nous ne parvenions pas à trouver le moyen de quitter Bukavu autrement que dans des bus bondés (les "tétanos") qui partaient à des heures aléatoires.
Nous étions donc hébergés dans cette maison confortable, nourris grâce aux bons offices du cuisinier (dont la deuxième mission était de veiller à tuer les serpents hyper venimeux et très nombreux dans les alentours). Le jeune homme ne se plaignait pas de sa condition mais nous tenait des discours fort étranges pendant qu'il nous présentait de temps à autre une cigarette de zaïroise, une herbe explosive.
Nous regardions les pirogues chargées de bananes et autres fruits passer sur le lac Kivu au rythme du chant des pagayeurs. La nuit nous écoutions les crapauds buffles et les milliers de bestioles qui participaient de la symphonie nocturne.
Ce charmant jeune homme nous présente, un jour parmi les jours, un Zaïrois qui vend des statuettes d'ivoire, de malachite, d'ébène, bref de l'Art africain . Il nous dit que ces objets sont des originaux et qu'il les vend pour le compte des artisans qui les fabriquent. Circuit court s'il en est. Nous objectons que nous voyageons le plus léger possible et que pour cette raison nous ne pouvons nous charger d'objets. Qu'à cela ne tienne nous rassure notre hôte, il revient en France dans quelques mois et il nous les expédiera dès le retour de son déménagement. Ils font si bien l'un et l'autre que nous acceptons de regarder les objets avec attention et que nous finissons par
en acquérir.
La malachite, cette pierre d'un vert intense qu'on trouve en grande quantité dans cette partie de l'Afrique me fascine, je sélectionne quelques objets puis je craque pour une mignonne statue en ivoire, même si je n'ignore pas que le commerce de l'ivoire provoque des dégâts (nobody is perfect). Bref, nous confions notre petite manne au cher attaché, nous échangeons nos adresses et comme la liaison Bukavu Goma s'avère impossible, nous partons vers Cyangugu, village frontalier du Rwanda d'où nous trouverons un camion pour Kigali (150Km, 5 heures de route, cinq jours pour que mon dos cesse de me reprocher).
Plus tard, avant notre départ de Tanzanie, nous échangerons à Dar es Salam, quelques vêtements (sur la sollicitation des vendeurs) contre deux sculptures makonde.
Après avoir constaté que nous n'avions aucune nouvelle de notre obligeant gardien, après quelques lettres pour nous rappeler à son bon souvenir, nous avons dû nous rendre à l'évidence : notre modeste trésor ne reviendrait pas.
Il reste que nous ne saurons jamais si ce garçon fut indélicat ou si dans ces pays en troubles perpétuels il aura été victime d'un aléa du sort. Les bords du Kivu étaient réputés dangereux. On accédait aux jardins des maisons par la rive (ne laissez pas de linge dehors disait-il) et on pouvait fuir sans grandes difficultés.
Il est inutile de le mentionner, nous espérons que nos emplettes ont complété une collection déjà fort bien achalandée et que son silence ne signifie pas qu'on lui aura coupé la langue et les mains ou que la malaria foudroyante rencontrée (et redoutée) par la suite en Tanzanie l'aura emporté.
Font partie de mes intimes deux sculptures makonde, seules traces de mes pérégrinations d'alors et c'est très bien ainsi.
J'ajoute les liens sur le blog de l'ami Luc, amoureux de l'Afrique, (parce qu'il y a passé son enfance et qu'il vient d'y faire un beau voyage de retrouvailles), les liens proposés dans ses commentaires
Le chant des crapauds
dimanche 11 octobre 2009
Le vent des blogs 29. To bite or not to bite
Heureusement certains nous font partager leurs exercices de vigilance. Ainsi un certain Jo, repéré par Gérard Ponthieu nous déroule la liste des techniques de manipulation des masses ou comment anesthésier une nation .
Cpolitic revient sur le Syndrome du Titanic, Nicolas fait son numéro « Quand le superflu des uns est sans limite, alors que l’essentiel des autres n’est même pas satisfait ».
Ah bon ? Sans blague ! Tous ces nouveaux prosélytes, ils m'énervent ! Pas attendu qu'ils tirent la sonnette après s'être bien gobergés pour choisir un mode de vie modeste et j'ai bien dit choisir.
Y'en a d'autres qui se cherchent des expériences limites. Je vous livre la conclusion d'une exploration que le sieur Matton nous dépeint:
"Assez vite j'ai pu revenir à moi. Je suis redevenu fonctionnel. Je me suis levé, ma pensée s'est remise en place. La première chose que j'ai faite a été de me précipiter sur Anne en criant : « Joie ! joie ! joie ! Il n'y a que joie, perfection et amour ! » Je devais avoir l'air complètement allumé mais elle est habituée. Sans vouloir en dire plus j'ai éclaté de rire pendant un bon moment."
Faut juste y croire et persévérer. C'est simple non ?Pour rire sans exercice préalable, je vous conseille le commentaire de Desproges sur l'entartrage du divin philosophe BHL. J'ai glané ça chez un féroce qui a intitulé sa petite cambuse Le crachoir (*) et en effet il y va hardiment. Pour vous donner une idée voici un de ses titres : "GAG: le caniche des armuriers reçoit le Nobel de la Paix". Je vous laisse juge.
J'ai appris un terme cette semaine. Epoché, il désigne la suspension du jugement. Il a été utilisé par un intervenaute (pardon, je ne sais plus où ni qui) pour exprimer sa position sur l'affaire RP et FM. Cela correspondait plutôt à ma propre position. Dans la foulée cependant j'ai pris connaissance de données qui m'ont trouée (j'utilise ce terme à dessein, dans ce contexte, il me semble le seul qui donne la mesure de mon ébahissement horrifié). Allez lire par vous même, ce sont des graphiques, je ne veux pas même commenter. Si on veut approcher la question du tourisme sexuel du côté des enfants une adresse sûre, le rapport de l'Unicef .
Pour finir sur des émoustillements et sur les conseils de Madame de K, qui vient faire sa pub sous l'arbre, la photo de "la scène la plus torride du cinéma qui prouve qu'il n'y a pas besoin d'être déshabillé pour être super-sexy ;-)" (sic) (oui, je sais, Madame de K et Sophie K bénéficient d'un traitement de faveur éhonté, mais c'est parce qu'elle paient bien et rubis sur l'ongle).
J'envisage, par ailleurs, d'espacer les vents des blogs, sinon je ne vais bientôt publier rien d'autre et je n'ai plus le temps de regarder le film du dimanche soir. Heureusement qu'il y a Ascenseur pour le jazz !
vendredi 9 octobre 2009
Hommage aux moines soldats de la littérature
Bob est mort ce lundi. Voici ce que j'écrivais en août, de retour du Banquet du livre de Lagrasse
"Cette année, l'ambiance du Banquet était plombée par l'absence de son initiateur Gérard Bobillier dit Bob pour cause de crabe récidivant. Le directeur (avec Colette Olive) des Editions Verdier qui sont à l'initiative en partenariat avec la librairie Ombres Blanches de Toulouse de ce rendez-vous annuel définit dans un entretien la ligne éditoriale de son équipe de la façon suivante : "des textes où la promesse de la langue ne s'énonce jamais qu'en tension avec celle de la conscience".
Bob ne grincera plus écrit François Bon. Gérard Bobillier a été un de ses éditeurs et un ami.
Voici mon commentaire à la suite de quelques autres
J’étais une fidèle du Banquet depuis quelques années. Cette année son absence avait pesé lourd, une mélancolie voilait l’habituelle convivialité du lieu. C’était étrange de ne plus le voir dans le petit cloître ou dans le jardin, un verre à la main. Par hasard, j’ai parlé avec Christian Thorel vendredi dernier qui avait un pronostic très pessimiste, confirmé ce lundi donc. Avec lui, qui meurt et Bernard Wallet qui se retire, l’édition libre et exigeante prend un sale coup.
En effet, vendredi 2 octobre, Lydie Salvayre présentait son livre à Ombres Blanches, la librairie, à juste titre réputée, de Toulouse. Je ne manque jamais un rendez-vous avec Lydie. J'aime l'écrivain mais plus encore la personne qui me fait l'amitié de passer une heure à boire un verre en échangeant des nouvelles de nos vies. Nous avons parlé du milieu de l'édition, de la santé de BW qui allait bien, se baguenaudant, à l'heure où nous buvions un verre Place du Capitole, à Beyrouth, et de mille autres choses. Christian Thorel nous a rejointes et nous avons reparlé de l'édition (eux du moins). Thorel n'est pas tendre non plus avec le milieu. Comme je lui demandais des nouvelles de Bob, il n' a eu qu'un visage des plus désolés pour me répondre. Il fait partie des intimes, ils ont mené l'aventure du Banquet ensemble. Verdier et Ombres Blanches ont cheminé de conserve.
Ce sont des "moines soldats" me confiait la compagne de l'un d'entre eux cet été.
Une vie totalement dédiée corps et âme à la littérature, pas n'importe laquelle, celle qui n'a pas vocation à nous distraire, au contraire doit nous déménager vers "l'intranquillité" .
Celle que le "guerrier" BW a défendu de toutes ses forces dans sa maison d'édition et qui ne devrait plus s'appeler Verticales, comme le dit François Bon, après son départ.
"Il sait reconnaître dès la première page les livres guerriers : autrement dit les livres de littérature et guerrièrement les défendre.
Combattre c'est aussi remercier.
Mais cet esprit guerrier ne lui sert à rien, dit-il, face aux manoeuvres éditoriales qui sont en cours aujourd'hui.
A rien de rien.
Pourquoi?
Parce que la guerre y est indéclarée.
Parce que l'ennemi (le système) y est sans visage et qu'on ne sait vers quoi pointer ses larmes, ses armes.
Parce que les grandes boites d'édition pourvoyeuses de gros titres, je schématise exprès, disposent de moyens avec lesquels les petites, plus braves et culottées, plus libres et inventives, ne peuvent en aucune manière rivaliser.
Parce que celles là, à plus ou moins long terme, dévoreront celles-ci (et n'en feront qu'une bouchée).
Parce qu'il faudrait pour refaire l'édition (ces derniers mots prononcés avec lassitude) refaire tout simplement le monde.
Conclusion :
Les forces en présence étant trop inégales, BW, de guerre lasse, baisse les bras." (BW, page 149).
BW est en colère, sa colère que Lydie Salvayre nous décrit avec l'humour dont elle possède une poche spéciale comme les seiches leur encre de défense, me fait du bien. Je m'y reconnais en soeur de combat même si nous ne nous sommes pas engagés dans le même bataillon. J'ai lu le livre la gorge serrée, les larmes au bord des yeux tout en m'esclaffant d'une page l'autre.
Je ne saurais trop vous conseiller d'aller vous ressourcer auprès de BW et LS, ce n'est pas si souvent qu'on approche d'aussi près de vrais humains.
Pour en savoir un peu plus lisez François Bon B W. Salvayre contre Wallet et regardez la vidéo chez Médiapart.
Photos Le cloître et l'ombre. ZL.
Cet arbre vénérable (un mélèze je crois ) dispense son ombre généreuse et cependant insuffisante au sein du petit cloître où se déroulent les lectures l'après-midi, quand le soleil d'août des Corbières est impitoyable.
Je m'associe de tout coeur à la peine de l'équipe du Banquet.
Dernière minute : Obama prix Nobel de la Paix pour ses efforts vers moins de nucléaire et plus de multilatéralisme. Encore un effort Barack, on est très très loin de la fin sans les sales moyens.
mardi 6 octobre 2009
Galerie de beaux mecs
Il ne dissumule rien de sa magnifique armure, aussi statique que le jeune homme vidéasté, mais lui c'est pour l'éternité (à moins que des tarés ne lui fassent subir le sorte des Buddhas de Bâmyân).
Un peu plus de mouvement ne nuit pas. Voyons cet autre.
Nan, les sportifs, c'est pas des bons coups, ils pensent qu'à leur performance au stade, la dépense physique auprès de leur brune ( brune, parfaitement) ça défalque sur leurs chances de monter sur les podiums.
Plutôt cet autre alors ?
Oui, belle morphologie, un peu de matière dans le cerveau ne nuit pas. Mais à quoi pense-t-il ? Pas à ça, sûrement pas! On n'y pense pas dans cette position recueillie et à dire le vrai absente au monde, à l'autre. On pourrait bien venir lui exhiber toutes les promesses en chair belle et bonne, il ne lèverait pas le nez, il cogite. Cogito ergo sum, ça lui suffit.
Celui là, un hombre, un vrai, sa réputation n'est plus à faire.Un homme à femme c'est certain.
Hélas, partager la vie d'un artiste demande une certaine abnégation. Passons.
Je dois être une buche, mais regarder de mignons gigolos ne m'émeut pas. Entendre une voix oui, (encore faut-il qu'elle ne dise pas trop de conneries et ça finit pas être rare) percevoir une odeur itou, frôler la chaleur d'un corps, mieux encore. Mais contempler des tablettes de chocolat, bof! Vous savez quoi, ces exhibitions ne font bander que ceux qui sont pourvus pour ça. Les filles n'ont pas le même vibrato.
Mais démentez, les filles, si je me trompe. Et si ma petite galerie vous a laissé sur votre faim, il y en a qui en font de plus actuelles, une collection parmi d'autres (coupez le son les musiques sont vraiment tue l'amour).
Bon allez, j'avoue. Celui là, il me fait craquer. En toute femme sommeille un cœur à pirater.
Dernière minute, sur la suggestion de l'ami Luc Lamy, orfèvre en la matière, la direction du blog a décidé d'ajouter "l'âge d'airain". Trop beau ! Merci Luc
Illus 1 David Michel Ange
Illus 2 Le discobole Myron (?)
Illus 3 Le penseur Rodin
Illus 4 Portrait de Pablo Picasso
Photo 5 Picasso
Photo 6 Johnny Depp
dimanche 4 octobre 2009
Le vent des blogs 28. Le nom du bal perdu
Il y a comme un vent de nostalgie qui souffle sur les blogs. Est-ce moi qui y suis sensible, ou bien ceux que je fréquente sont-ils des nostalgiques (gais, je vous rassure). Est-ce l'actualité poisseuse qui nous rejette vers nos amours d'antan ? Beaucoup de vidéos et de musique dans ce VdB. Je ne mettrai que les liens (sinon le post ferait une longueur phénoménale) et ne citerai pas toujours les bloggueurs chez qui j'aurai glané l'info. Qu'ils me pardonnent.
Je ne regarde pas la télévision et surtout pas les reportages sur les horreurs qui sont perpétrées à chaque minute sur cette planète. Mon imagination se suffit des mots. Cependant je n'ai pu m'empêcher d'appuyer sur le clic chez Soulef qui déplore (et comment ne pas!) qu'on puisse traiter des humains de cette façon. Evacuation musclée à Calais, musclée du bras, pas du neurone. Et du coeur, n'en parlons pas !A mettre en parallèle avec ce document bouleversant chez Christophe Bohren et à regarder en superposant au commentaire la très belle voix d' Amina Alaoui, que j'ai trouvé chez Brigitte Giraud, qui l'avait elle-même glanée auprès d'une demoiselle infernale.
Pour faire transition, Interlude. Merci Dexter
Les vases communicants sont une mine pour ma récolte et j'ai ainsi fait connaissance avec Michel Brosseau- A chat perché qui avait mis en ligne une vidéo de Louis Ferdinand Céline qu'on peut entendre en son cabotinage. Il n'aurait été écrivain que pour gagner sa vie, il méprise la plupart de ses contemporains et il a été selon lui la victime d'une curée qui n'a jamais cessé. Le ton du type qui s'entretient avec lui contratse étrangement avec celui las et meurtri de Louis Ferdinand. Comme les voix vieillissent !
Cela m'a redonné envie d'écouter René Char (en contre poison) en me rendant sur Arcane 17 . La présentation du site renouvelée est plus agréable et on peut toujours engranger une moisson d'images et de poésie.
J'avais pensé un instant intituler ce VdB sérenpidité grâce à Mamzelle Luna. Elle en fait un bel usage dans son article dont j'aime également le titre "Le temps me traverse et les maisons brûlent". Ce terme désigne "les découvertes dues au hasard et à l'intelligence": le hasard de mes vagabondages, l'intelligence de ceux que je capte sous le clic de ma souris fouineuse.
Pourquoi ai-je changé d'avis ? Parce que je fréquente chez Sophie K (je remets le lien ? oui ? vraiment ? bon vous l'aurez voulu!), je fréquente donc quelques hurluberlus qui certains jours font assaut de liens vers des vidéos de toute nature (films, très vieux de préférence, chansons du même tonneau, dessins animés déjantés etc ). Et cette semaine on a eu droit à Le petit bal perdu (tite larme). Bourvil à la voix, Decoufflé à la mise en scène. C'est Mon Chien Aussi (quel pseudo! pourquoi pas mon chien stupide, John Fante, j'adore!) qui nous a embourvilés et après il nous a achevés avec le sublissime Astor Piazzolla.
Un qui a perdu un peu les pédales c'est notre Cactus. Il a été puni pour avoir posté une image jugée pornographique par les tenanciers (salut les gars ! Rien d'insolite par ici ?). Il a créé, ni une ni deux, un bar à thym. Ma foi, ça lui va à merveille de tenir un tel endroit non ? Il y pose une énigme énorme : qu'est-ce qu'une nanacoluthe (non je n'ai pas fait de faute, pas une anacoluthe, il ne s'agit pas de figure de style, mais de jeux de mots laids).
Frédérique M n'a pas assez de jolis mots pour décrire le bonheur que lui procure Claire Diterzi (j'aime aussi, encore Decoufflé).
Madame de K, une habituée du vent des blogs et qui ne vient sous l'arbre que pour s'y faire admirer (passons, elle doit soutenir sa moitié, aux prises avec la fabrique à suicides) nous vante les qualités d'une certaine Térez Montcalm, la nouvelle Janis Joplin, soi-disant Mame K.
Surenchère d'un Yojik qui lui, prétend que la digne succès damnée de Janis c'est Izïa (tombée de la marmite du grand Jacques il est vrai).
Faites votre choix, faites vos jeux, tout va bien!
Je terminerai ce jour (il faut bien) par deux nostalgies à moi, deux vidéos dont l'une est un superbe diaporama illustrant la non moins magnifique chanson Les glycines de l'immarcescible Mama Béa. Ca décoiffe !
La seconde m'arrache toujours le tréfonds de l'âme, Summertime en live, accompagnement subtil et Janis à son meilleur.
Je vous embrasse dans cette couleur.
Gargl, j'allais oublier, Harmonia, un des libres a créé son blog rien qu'à lui, il s'appelle l'Astragale de Cassiopée, joli non ?
Photo Concours de radeaux, Lac du Messal 1999. ZL
vendredi 2 octobre 2009
Les vases communicants. L'amour médecin
François Bon et Scriptopolis ont lancé l'idée des Vases Communicants. Aujourd'hui Sophie K. et Zoë Lucider s'invitent réciproquement.
En rebond avec l’article précédent de Zoë, qui me fait donc l’honneur de m’accueillir chez elle pour ces échanges dont chaipuki à eu la brillante idée, en rebond donc, je me suis replongée dans L’histoire de la médecine de Roger Dachez, publiée chez Tallandier en 2004. Voilà le genre de sommes que j’achète parfois pour y voir un peu plus clair dans l’évolution humaine (par exemple, je me suis même offert l’année dernière, en soldes heureusement, toutes les planches de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, énorme ouvrage qui me prend une place dingue mais qui est formidable à consulter)(…si je vous le dis !)
Ce qui m’intéressait au premier chef, c’était évidemment la naissance de la médecine, c'est-à-dire tous les tâtonnements hasardeux de nos vaillants ancêtres en matière de soins.
Surprise : les Egyptiens de l’Antiquité, pas seulement balèzes pour construire des trucs gigantesques, étaient aussi très calés question soins, et Horus sait qu’on en avait besoin, de soins, en ces temps reculés où la moindre infection pouvait effacer des villages entiers de la carte, et où on s’usait les dents à manger tous les jours du pain plein de sable.
Vous saviez, vous, que les Egyptiens avaient découvert que le cuivre, dont ils faisaient leurs instruments de chirurgie, annihilait à lui tout seul 90 % des bactéries ? Hé oui. Du moins, ils le savaient sans le savoir, puisqu’ils avaient simplement remarqué qu’on mourait moins après avoir été opéré avec des instruments en cuivre. Les vertus de ce métal ont d’ailleurs été récemment redécouvertes, au point qu’on remplace petit à petit dans les hôpitaux modernes (en Angleterre, surtout) le plastique, l’inox ou l’acier des poignées de porte, des plateaux, des instruments et des serrureries par du cuivre, ce afin de lutter contre ces fameuses maladies nosocomiales.
Comme le rappelle Dachez, l’étude des momies l’a prouvé, le monde antique subissait déjà les plus pénibles maladies : on a retrouvé des traces de variole sur le corps de Ramsès V, on a pu établir qu’Aménophis II était probablement atteint de spondylarthrite ankylosante, et il est patent que la plupart des Egyptiens de la bonne société souffraient d’athérosclérose (artères bouchées et abîmées), là où les pauvres, avec leur rude existence, se tapaient toutes sortes de problèmes osseux.
Les premiers médecins ayant probablement été des prêtres, il y avait donc en Egypte des écoles de médecine ; les apprentis y étudiaient leur art sur des papyrus établis par leurs maîtres. La plupart des descriptions cliniques commençaient par les mots « Si tu examines un homme ayant… ». S’ensuivait une série de symptômes, et enfin venait la solution, quand il y en avait une.
Parmi les ingrédients utilisés, la graisse d’oie dont on enduisait les bandages, et le miel, bien sûr, pour ses vertus calmantes et antiseptiques. Mais on trouve aussi des recettes de toutes sortes. En voici une assez étonnante concernant les femmes enceintes. Je cite Dachez :
« Orge et blé amidonnier que la femme humectera de son urine chaque jour, ainsi que des dattes et du sable mis dans deux sacs séparés. S’ils se développent ensemble, la femme accouchera de façon normale. Si seul l’orge se développe, elle aura un enfant mâle. Si seul le blé se développe, l’enfant sera une fille. Si rien ne se développe, elle n’accouchera pas.
Une telle prédiction peut sembler a priori assez fantaisiste. Pourtant, ce jugement n’est vrai qu’en partie. On sait aujourd’hui que pendant la grossesse, l’urine de la future mère recèle une grande quantité d’hormones stéroïdes qui présentent, curieusement, une analogie structurale avec les facteurs de croissance des végétaux. A plusieurs reprises, on a vérifié que l’urine de femme enceinte permet en effet la germination plus rapide du blé, aussi bien que de l’orge au demeurant : la précision du sexe – peut-être liée à un problème de traduction – est certainement aléatoire, mais le principe de ce "test de grossesse" n’est donc pas sans fondement.
Dans ce domaine, et malgré l’amour légendaire des Egyptiens pour les enfants, les médecins du Nil ont même inventé la contraception, notamment à l’aide d’un tampon vaginal imprégné d’un broyat de coloquinte, d’acacia et de dattes, le tout mêlé de miel, comme le mentionne le papyrus Ebers. »
Le médecin Egyptien s’appelait le sounou, en plus des praticiens spécialisés dans des domaines précis, comme le remarquait en son temps Hérodote. Tous étaient rémunérés en nature, un peu comme nos anciens médecins de campagne. L’art pharmaceutique Egyptien était élaboré et c’est dans ce pays que sont nés les apothicaires chargés de préparer et de doser les médications. Certains remèdes sont toujours actuels, notamment pour les problèmes oculaires :
« Un remède pour chasser le trachome des yeux : antimoine, ocre rouge (riche en cuivre), ocre jaune (argile riche en oxyde ferrique), natron rouge, sont appliquées sur les paupières. »
Dachez le compare à un remède des années 1930 de notre ère :
« Chez soi, on emploiera des enveloppements d’argile avec une solution boratée ou acétique ; le soir, on appliquera une pommade de cuivre. »
Enfin, comme le souligne encore l’auteur, « les Egyptiens n’ignoraient pas les effets narcotiques et anti-spasmodiques du pavot, administré sous forme de jus, et si la mandragore n’est pas explicitement citée dans les papyrus, elle figure sans équivoque dans les bas-reliefs, et il est donc peu douteux que ses propriétés antalgiques et anesthésiques aient été utilisées dès cette époque. »
Il y aurait encore beaucoup à dire… Attelles pour les fractures, plaies recousues grâce à du fil fabriqué à partir de boyaux de chat (« catgut » en Anglais moderne), cautérisation au fer rouge, circoncisions, trépanations, voilà qui faisait de l’Egypte, outre ses structures avancées, un endroit hautement civilisé, là où nous n’en étions, nous les futurs Franchouilles, qu’aux villages lacustres et aux invocations aux dieux. Inutile de souligner que cette avance orientale dans le domaine de la médecine ne sera pas rattrapée en Europe avant un temps considérable, ce que prouvent entre autres les récits des croisades.
La prochaine fois, tiens, je vous parlerai des croisades - vous ai-je dit que je m’étais acheté « L’Histoire des Croisades » de Steven Runciman ?
Sophie K. pour Zoë Lucider.
Ligne de vie et Arf
Frédérique Martin et Désordonnée
Tiers livre et la vie dangereuse
A chat perché et Mahigan Lepage
C’était demain et Petite racine
36 poses et Arnaud Maisetti