vendredi 9 octobre 2009

Hommage aux moines soldats de la littérature




Bob est mort ce lundi. Voici ce que j'écrivais en août, de retour du Banquet du livre de Lagrasse

"Cette année, l'ambiance du Banquet était plombée par l'absence de son initiateur Gérard Bobillier dit Bob pour cause de crabe récidivant. Le directeur (avec Colette Olive) des Editions Verdier qui sont à l'initiative en partenariat avec la librairie Ombres Blanches de Toulouse de ce rendez-vous annuel définit
dans un entretien la ligne éditoriale de son équipe de la façon suivante : "des textes où la promesse de la langue ne s'énonce jamais qu'en tension avec celle de la conscience".

Bob ne grincera plus
écrit François Bon. Gérard Bobillier a été un de ses éditeurs et un ami.
Voici mon commentaire à la suite de quelques autres

J’étais une fidèle du Banquet depuis quelques années. Cette année son absence avait pesé lourd, une mélancolie voilait l’habituelle convivialité du lieu. C’était étrange de ne plus le voir dans le petit cloître ou dans le jardin, un verre à la main. Par hasard, j’ai parlé avec Christian Thorel vendredi dernier qui avait un pronostic très pessimiste, confirmé ce lundi donc. Avec lui, qui meurt et Bernard Wallet qui se retire, l’édition libre et exigeante prend un sale coup.

En effet, vendredi 2 octobre, Lydie Salvayre présentait son livre à Ombres Blanches, la librairie, à juste titre réputée, de Toulouse. Je ne manque jamais un rendez-vous avec Lydie. J'aime l'écrivain mais plus encore la personne qui me fait l'amitié de passer une heure à boire un verre en échangeant des nouvelles de nos vies. Nous avons parlé du milieu de l'édition, de la santé de BW qui allait bien, se baguenaudant, à l'heure où nous buvions un verre Place du Capitole, à Beyrouth, et de mille autres choses. Christian Thorel nous a rejointes et nous avons reparlé de l'édition (eux du moins). Thorel n'est pas tendre non plus avec le milieu. Comme je lui demandais des nouvelles de Bob, il n' a eu qu'un visage des plus désolés pour me répondre. Il fait partie des intimes, ils ont mené l'aventure du Banquet ensemble. Verdier et Ombres Blanches ont cheminé de conserve.
Ce sont des "moines soldats" me confiait la compagne de l'un d'entre eux cet été.
Une vie totalement dédiée corps et âme à la littérature, pas n'importe laquelle, celle qui n'a pas vocation à nous distraire, au contraire doit nous déménager vers "l'intranquillité" .

Celle que le "guerrier" BW a défendu de toutes ses forces dans sa maison d'édition et qui ne devrait plus s'appeler Verticales, comme le dit François Bon, après son départ.
"Il sait reconnaître dès la première page les livres guerriers : autrement dit les livres de littérature et guerrièrement les défendre.
Combattre c'est aussi remercier.
Mais cet esprit guerrier ne lui sert à rien, dit-il, face aux manoeuvres éditoriales qui sont en cours aujourd'hui.
A rien de rien.
Pourquoi?
Parce que la guerre y est indéclarée.
Parce que l'ennemi (le système) y est sans visage et qu'on ne sait vers quoi pointer ses larmes, ses armes.
Parce que les grandes boites d'édition pourvoyeuses de gros titres, je schématise exprès, disposent de moyens avec lesquels les petites, plus braves et culottées, plus libres et inventives, ne peuvent en aucune manière rivaliser.
Parce que celles là, à plus ou moins long terme, dévoreront celles-ci (et n'en feront qu'une bouchée).
Parce qu'il faudrait pour refaire l'édition (ces derniers mots prononcés avec lassitude) refaire tout simplement le monde.
Conclusion :
Les forces en présence étant trop inégales, BW, de guerre lasse, baisse les bras." (BW, page 149).

BW est en colère, sa colère que Lydie Salvayre nous décrit avec l'humour dont elle possède une poche spéciale comme les seiches leur encre de défense, me fait du bien. Je m'y reconnais en soeur de combat même si nous ne nous sommes pas engagés dans le même bataillon. J'ai lu le livre la gorge serrée, les larmes au bord des yeux tout en m'esclaffant d'une page l'autre.
Je ne saurais trop vous conseiller d'aller vous ressourcer auprès de BW et LS, ce n'est pas si souvent qu'on approche d'aussi près de vrais humains.

Pour en savoir un peu plus lisez François Bon B W. Salvayre contre Wallet et regardez la vidéo chez Médiapart.

Photos Le cloître et l'ombre. ZL.
Cet arbre vénérable (un mélèze je crois ) dispense son ombre généreuse et cependant insuffisante au sein du petit cloître où se déroulent les lectures l'après-midi, quand le soleil d'août des Corbières est impitoyable.
Je m'associe de tout coeur à la peine de l'équipe du Banquet.

Dernière minute : Obama prix Nobel de la Paix pour ses efforts vers moins de nucléaire et plus de multilatéralisme. Encore un effort Barack, on est très très loin de la fin sans les sales moyens.

mardi 6 octobre 2009

Galerie de beaux mecs

J'ai lancé un défi chez Christophe Bohren. Après toutes ces femmes nues, pour équilibrer, j'allais moi aussi mettre à l'affiche une collection de mecs sexy et frimeurs. Après une recherche sur le ouèbe (non, je n'ai pas de collection personnelle), j'ai trouvé un nombre très confortable de sites proposant des messieurs au meilleur de leur apparence, sous forme de photos ou de vidéos, mais je ne sais pourquoi, ça me laisse de marbre. Par exemple une vidéo de Gabriel Garko, Bon il est joli ce garçon mais d'abord il faut supprimer la musique, et puis au bout de quatre diapos, je baille. Autant contempler celui-ci

Il ne dissumule rien de sa magnifique armure, aussi statique que le jeune homme vidéasté, mais lui c'est pour l'éternité (à moins que des tarés ne lui fassent subir le sorte des Buddhas de Bâmyân).

Un peu plus de mouvement ne nuit pas. Voyons cet autre.
Nan, les sportifs, c'est pas des bons coups, ils pensent qu'à leur performance au stade, la dépense physique auprès de leur brune ( brune, parfaitement) ça défalque sur leurs chances de monter sur les podiums.
Plutôt cet autre alors ?

Oui, belle morphologie, un peu de matière dans le cerveau ne nuit pas. Mais à quoi pense-t-il ? Pas à ça, sûrement pas! On n'y pense pas dans cette position recueillie et à dire le vrai absente au monde, à l'autre. On pourrait bien venir lui exhiber toutes les promesses en chair belle et bonne, il ne lèverait pas le nez, il cogite. Cogito ergo sum, ça lui suffit.

Celui là, un hombre, un vrai, sa réputation n'est plus à faire.Un homme à femme c'est certain.

Resté vert et beau jusque dans son grand âge


Hélas, partager la vie d'un artiste demande une certaine abnégation. Passons.

Je dois être une buche, mais regarder de mignons gigolos ne m'émeut pas. Entendre une voix oui, (encore faut-il qu'elle ne dise pas trop de conneries et ça finit pas être rare) percevoir une odeur itou, frôler la chaleur d'un corps, mieux encore. Mais contempler des tablettes de chocolat, bof! Vous savez quoi, ces exhibitions ne font bander que ceux qui sont pourvus pour ça. Les filles n'ont pas le même vibrato.
Mais démentez, les filles, si je me trompe. Et si ma petite galerie vous a laissé sur votre faim, il y en a qui en font de plus actuelles, une collection parmi d'autres (coupez le son les musiques sont vraiment tue l'amour).

Bon allez, j'avoue. Celui là, il me fait craquer. En toute femme sommeille un cœur à pirater.


Dernière minute, sur la suggestion de l'ami Luc Lamy, orfèvre en la matière, la direction du blog a décidé d'ajouter "l'âge d'airain". Trop beau ! Merci Luc


Illus 1 David Michel Ange
Illus 2 Le discobole Myron (?)
Illus 3 Le penseur Rodin
Illus 4 Portrait de Pablo Picasso
Photo 5 Picasso
Photo 6 Johnny Depp


dimanche 4 octobre 2009

Le vent des blogs 28. Le nom du bal perdu


Il y a comme un vent de nostalgie qui souffle sur les blogs. Est-ce moi qui y suis sensible, ou bien ceux que je fréquente sont-ils des nostalgiques (gais, je vous rassure). Est-ce l'actualité poisseuse qui nous rejette vers nos amours d'antan ? Beaucoup de vidéos et de musique dans ce VdB. Je ne mettrai que les liens (sinon le post ferait une longueur phénoménale) et ne citerai pas toujours les bloggueurs chez qui j'aurai glané l'info. Qu'ils me pardonnent.

Je ne regarde pas la télévision et surtout pas les reportages sur les horreurs qui sont perpétrées à chaque minute sur cette planète. Mon imagination se suffit des mots. Cependant je n'ai pu m'empêcher d'appuyer sur le clic chez Soulef qui déplore (et comment ne pas!) qu'on puisse traiter des humains de cette façon. Evacuation musclée à Calais, musclée du bras, pas du neurone. Et du coeur, n'en parlons pas !A mettre en parallèle avec ce document bouleversant chez Christophe Bohren et à regarder en superposant au commentaire la très belle voix d' Amina Alaoui, que j'ai trouvé chez Brigitte Giraud, qui l'avait elle-même glanée auprès d'une demoiselle infernale.

Pour faire transition, Interlude. Merci Dexter

Les vases communicants sont une mine pour ma récolte et j'ai ainsi fait connaissance avec Michel Brosseau- A chat perché qui avait mis en ligne une vidéo de Louis Ferdinand Céline qu'on peut entendre en son cabotinage. Il n'aurait été écrivain que pour gagner sa vie, il méprise la plupart de ses contemporains et il a été selon lui la victime d'une curée qui n'a jamais cessé. Le ton du type qui s'entretient avec lui contratse étrangement avec celui las et meurtri de Louis Ferdinand. Comme les voix vieillissent !
Cela m'a redonné envie d'écouter René Char (en contre poison) en me rendant sur Arcane 17 . La présentation du site renouvelée est plus agréable et on peut toujours engranger une moisson d'images et de poésie.

J'avais pensé un instant intituler ce VdB sérenpidité grâce à Mamzelle Luna. Elle en fait un bel usage dans son article dont j'aime également le titre "Le temps me traverse et les maisons brûlent". Ce terme désigne "les découvertes dues au hasard et à l'intelligence": le hasard de mes vagabondages, l'intelligence de ceux que je capte sous le clic de ma souris fouineuse.
Pourquoi ai-je changé d'avis ? Parce que je fréquente chez Sophie K (je remets le lien ? oui ? vraiment ? bon vous l'aurez voulu!), je fréquente donc quelques hurluberlus qui certains jours font assaut de liens vers des vidéos de toute nature (films, très vieux de préférence, chansons du même tonneau, dessins animés déjantés etc ). Et cette semaine on a eu droit à Le petit bal perdu (tite larme). Bourvil à la voix, Decoufflé à la mise en scène. C'est Mon Chien Aussi (quel pseudo! pourquoi pas mon chien stupide, John Fante, j'adore!) qui nous a embourvilés et après il nous a achevés avec le sublissime Astor Piazzolla.

Un qui a perdu un peu les pédales c'est notre Cactus. Il a été puni pour avoir posté une image jugée pornographique par les tenanciers (salut les gars ! Rien d'insolite par ici ?). Il a créé, ni une ni deux, un bar à thym. Ma foi, ça lui va à merveille de tenir un tel endroit non ? Il y pose une énigme énorme : qu'est-ce qu'une nanacoluthe (non je n'ai pas fait de faute, pas une anacoluthe, il ne s'agit pas de figure de style, mais de jeux de mots laids).

Frédérique M n'a pas assez de jolis mots pour décrire le bonheur que lui procure Claire Diterzi (j'aime aussi, encore Decoufflé).

Madame de K, une habituée du vent des blogs et qui ne vient sous l'arbre que pour s'y faire admirer (passons, elle doit soutenir sa moitié, aux prises avec la fabrique à suicides) nous vante les qualités d'une certaine Térez Montcalm, la nouvelle Janis Joplin, soi-disant Mame K.
Surenchère d'un Yojik qui lui, prétend que la digne succès damnée de Janis c'est Izïa (tombée de la marmite du grand Jacques il est vrai).
Faites votre choix, faites vos jeux, tout va bien!

Je terminerai ce jour (il faut bien) par deux nostalgies à moi, deux vidéos dont l'une est un superbe diaporama illustrant la non moins magnifique chanson Les glycines de l'immarcescible Mama Béa. Ca décoiffe !
La seconde m'arrache toujours le tréfonds de l'âme, Summertime en live, accompagnement subtil et Janis à son meilleur.
Je vous embrasse dans cette couleur.

Gargl, j'allais oublier, Harmonia, un des libres a créé son blog rien qu'à lui, il s'appelle l'Astragale de Cassiopée, joli non ?

Photo Concours de radeaux, Lac du Messal 1999. ZL

vendredi 2 octobre 2009

Les vases communicants. L'amour médecin

«(...) pourquoi ne pas imaginer, le 1er vendredi de chaque mois, une sorte d'échange généralisé, chacun écrivant chez un autre ? Suis sûr qu'on y découvrirait des nouveaux sites (...)».
François Bon et Scriptopolis ont lancé l'idée des Vases Communicants. Aujourd'hui Sophie K. et Zoë Lucider s'invitent réciproquement.


En rebond avec l’article précédent de Zoë, qui me fait donc l’honneur de m’accueillir chez elle pour ces échanges dont chaipuki à eu la brillante idée, en rebond donc, je me suis replongée dans L’histoire de la médecine de Roger Dachez, publiée chez Tallandier en 2004. Voilà le genre de sommes que j’achète parfois pour y voir un peu plus clair dans l’évolution humaine (par exemple, je me suis même offert l’année dernière, en soldes heureusement, toutes les planches de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, énorme ouvrage qui me prend une place dingue mais qui est formidable à consulter)(…si je vous le dis !)

Ce qui m’intéressait au premier chef, c’était évidemment la naissance de la médecine, c'est-à-dire tous les tâtonnements hasardeux de nos vaillants ancêtres en matière de soins.

Surprise : les Egyptiens de l’Antiquité, pas seulement balèzes pour construire des trucs gigantesques, étaient aussi très calés question soins, et Horus sait qu’on en avait besoin, de soins, en ces temps reculés où la moindre infection pouvait effacer des villages entiers de la carte, et où on s’usait les dents à manger tous les jours du pain plein de sable.

Vous saviez, vous, que les Egyptiens avaient découvert que le cuivre, dont ils faisaient leurs instruments de chirurgie, annihilait à lui tout seul 90 % des bactéries ? Hé oui. Du moins, ils le savaient sans le savoir, puisqu’ils avaient simplement remarqué qu’on mourait moins après avoir été opéré avec des instruments en cuivre. Les vertus de ce métal ont d’ailleurs été récemment redécouvertes, au point qu’on remplace petit à petit dans les hôpitaux modernes (en Angleterre, surtout) le plastique, l’inox ou l’acier des poignées de porte, des plateaux, des instruments et des serrureries par du cuivre, ce afin de lutter contre ces fameuses maladies nosocomiales.

Comme le rappelle Dachez, l’étude des momies l’a prouvé, le monde antique subissait déjà les plus pénibles maladies : on a retrouvé des traces de variole sur le corps de Ramsès V, on a pu établir qu’Aménophis II était probablement atteint de spondylarthrite ankylosante, et il est patent que la plupart des Egyptiens de la bonne société souffraient d’athérosclérose (artères bouchées et abîmées), là où les pauvres, avec leur rude existence, se tapaient toutes sortes de problèmes osseux.

Les premiers médecins ayant probablement été des prêtres, il y avait donc en Egypte des écoles de médecine ; les apprentis y étudiaient leur art sur des papyrus établis par leurs maîtres. La plupart des descriptions cliniques commençaient par les mots « Si tu examines un homme ayant… ». S’ensuivait une série de symptômes, et enfin venait la solution, quand il y en avait une.

Parmi les ingrédients utilisés, la graisse d’oie dont on enduisait les bandages, et le miel, bien sûr, pour ses vertus calmantes et antiseptiques. Mais on trouve aussi des recettes de toutes sortes. En voici une assez étonnante concernant les femmes enceintes. Je cite Dachez :

« Orge et blé amidonnier que la femme humectera de son urine chaque jour, ainsi que des dattes et du sable mis dans deux sacs séparés. S’ils se développent ensemble, la femme accouchera de façon normale. Si seul l’orge se développe, elle aura un enfant mâle. Si seul le blé se développe, l’enfant sera une fille. Si rien ne se développe, elle n’accouchera pas.

Une telle prédiction peut sembler a priori assez fantaisiste. Pourtant, ce jugement n’est vrai qu’en partie. On sait aujourd’hui que pendant la grossesse, l’urine de la future mère recèle une grande quantité d’hormones stéroïdes qui présentent, curieusement, une analogie structurale avec les facteurs de croissance des végétaux. A plusieurs reprises, on a vérifié que l’urine de femme enceinte permet en effet la germination plus rapide du blé, aussi bien que de l’orge au demeurant : la précision du sexe – peut-être liée à un problème de traduction – est certainement aléatoire, mais le principe de ce "test de grossesse" n’est donc pas sans fondement.

Dans ce domaine, et malgré l’amour légendaire des Egyptiens pour les enfants, les médecins du Nil ont même inventé la contraception, notamment à l’aide d’un tampon vaginal imprégné d’un broyat de coloquinte, d’acacia et de dattes, le tout mêlé de miel, comme le mentionne le papyrus Ebers. »

Le médecin Egyptien s’appelait le sounou, en plus des praticiens spécialisés dans des domaines précis, comme le remarquait en son temps Hérodote. Tous étaient rémunérés en nature, un peu comme nos anciens médecins de campagne. L’art pharmaceutique Egyptien était élaboré et c’est dans ce pays que sont nés les apothicaires chargés de préparer et de doser les médications. Certains remèdes sont toujours actuels, notamment pour les problèmes oculaires :

« Un remède pour chasser le trachome des yeux : antimoine, ocre rouge (riche en cuivre), ocre jaune (argile riche en oxyde ferrique), natron rouge, sont appliquées sur les paupières. »

Dachez le compare à un remède des années 1930 de notre ère :

« Chez soi, on emploiera des enveloppements d’argile avec une solution boratée ou acétique ; le soir, on appliquera une pommade de cuivre. »

Enfin, comme le souligne encore l’auteur, « les Egyptiens n’ignoraient pas les effets narcotiques et anti-spasmodiques du pavot, administré sous forme de jus, et si la mandragore n’est pas explicitement citée dans les papyrus, elle figure sans équivoque dans les bas-reliefs, et il est donc peu douteux que ses propriétés antalgiques et anesthésiques aient été utilisées dès cette époque. »

Il y aurait encore beaucoup à dire… Attelles pour les fractures, plaies recousues grâce à du fil fabriqué à partir de boyaux de chat (« catgut » en Anglais moderne), cautérisation au fer rouge, circoncisions, trépanations, voilà qui faisait de l’Egypte, outre ses structures avancées, un endroit hautement civilisé, là où nous n’en étions, nous les futurs Franchouilles, qu’aux villages lacustres et aux invocations aux dieux. Inutile de souligner que cette avance orientale dans le domaine de la médecine ne sera pas rattrapée en Europe avant un temps considérable, ce que prouvent entre autres les récits des croisades.

La prochaine fois, tiens, je vous parlerai des croisades - vous ai-je dit que je m’étais acheté « L’Histoire des Croisades » de Steven Runciman ?


Sophie K. pour Zoë Lucider.

Anna de Sandre et Tor-ups

Ligne de vie et Arf

Frédérique Martin et Désordonnée

Tiers livre et la vie dangereuse

A chat perché et Mahigan Lepage

C’était demain et Petite racine

Les lignes du monde et Paumée

36 poses et Arnaud Maisetti


mercredi 30 septembre 2009

Marcheurs cueilleurs

Découverte du panorama au matin (arrivée la veille dans la nuit). Le village le plus proche Aleu, la ville Saint Girons (Ariège).


J'ai un faible pour les vaches
Ci-dessous l'alchémille et sa dentelle de rosée
Pédoncule, sépale, pétale ovaire, pistil, stigmate, style, étamine, anthère, carène, étendard, ailes, bractée, bractéole, inflorescence, ligule, involucre, panicule, pédicelle, corymbe, apiacées, vocabulaire indispensable pour comprendre les fleurs.
Limbe, pétiole, stipule, sessile, amplexicole, ovale, obovale, spatulée, reiniforme, cordée, lancéolée, lyre, accuminée, terminologie conseillée pour décrypter la feuille.
La taxonomie est précise, elle permet de différencier une espèce d'une autre, l'une pouvant être comestible, l'autre toxique.
Nous avons fait connaissance avec la consoude, l'achillée, l'alchémille, l'angélique, la benoite, le bouillon blanc, le lierre terrestre, l'aillère, la carotte,la berce, la mauve, le plantain (fort utile pour calmer les démangeaisons dues aux orties cueillies à mains nues, selon une recette infaillible pour ne pas se piquer, uh uh), des laiterons divers, des pissenlits promptement mis en besace avec moultes autres différentes graines et feuilles qui ont ensuite composé le menu du soir puis le lendemain de midi. En tout six à sept heures de marche, une halte pic nic avec des provisions rassemblant tartes et cakes, excellent saucisson au roquefort et fromages de brebis. Le soir le vin était bon après un morito, apéritif préparé par la jeune et jolie Camille. Excellente humeur des explorateurs de la survie comme chasseur cueilleur (les temps s'annoncent difficiles, il faut se préparer). Le lendemain nous avons cuit des "tourons" (sorte de chaussons ) fourrés d'ortie, de cerfeuil, de lierre terrestre et d'achillée, accompagné d'une salade de mache et de pissenlits et autres fantaisies dont des fleurs de mauve. C'était délicieux.
Hélas, le lendemain j'ai été prise de vertiges, de nausées. J'ai cru ma dernière heure arrivée, un peu de cigüe avait pu s'égarer dans la mixture. Le médecin a diagnostiqué une gastrite aigüe, m'a prescrit une palanquée de médicaments. j'en ai pris pendant deux jours et je me porte comme un charme. Peut-être ce régime hypervitaminé, bourré de fer et de liquides astringents a-t-il déclenché un processus de purge qui s'est violemment mis en marche, alors qu'il me semblait que tout allait bien.
Expérience riche en saveurs, en savoir et ... en émotions

Non, cet homme n'est pas mort foudroyé par l'amanite phalloïde que nous aurions confondu avec la coulemelle,(il y en avait et nous avons pu en déguster), il s'octroie une petite sieste avant de reprendre sa besace et son couteau.

Si vous voulez approcher ces sauvages sans quitter votre fauteuil c'est possible mais je vous conseille le contact direct

Photos ZL (pas excellentes hélas, défaut de dioptries vraisemblablement)

dimanche 27 septembre 2009

Le vent des blogs 27. Appelez la Polis


Je reviens d'un week-end consacré à l'exploration des plantes sauvages comestibles. Groupe de gens sympathiques dont quelques amis, animateurs drôles et compétents, repas pantagruéliques et délicieux avec une variété incroyable de plantes que nous arrachons d'ordinaire comme mauvaises herbes dans nos jardins. Je connaissais les vertus de l'ortie, j'ai découvert la pimprenelle, le lierre terreste, l'achilée, la consoude, et beaucoup d'autres dont je reparlerai.
Un vent des globes réduit pour cause d'occupations champêtres donc.

Vous ne connaissez peut-être pas La rénovitude . J'ai découvert sur ce site ce qui suit:

Quelques chiffres bruts sur les candidats socialistes aux régionales de 2010 (têtes de listes). (calcul sur 21 régions métropolitaines - hors Corse).
  • Nombre d’hommes candidats: 19 (90,48%)
  • Nombre de femmes candidates: 2 (9,52%)
  • Moyenne d’âge des candidats: 63 ans en 2010 (soit 69 ans en 2016, en fin de mandat)
  • Nombre de sortants: 19 (tous les sortants sont reconduits, sauf Frêche, enfin on l’espère).
  • Nombre de candidats ayant déjà fait deux mandats: 6
Il faudrait en effet redonner un coup de neuf, ça n'avance pas très vite dans ce parti devenu arthritique.

L'Hérétique
(il semble qu'on ait affaire à un Modem) vote Irina Guerguieva Bokova. On ne peut qu'être de son avis et de toute façon c'est fait, elle est élue. Exit donc l'Egyptien Farouk Housni qui ne semblait pas très franc du collier. L'UNESCO c'est sans doute un "machin" mais un de ceux qu'il me semble utile de conserver, une mondialisation utile.

Kamizole continue son oeuvre de salubrité publique. Elle ne passe rien à notre Nano Président et n'a pas apprécié qu'il s'offre une tribune en direct des Etats Unis pour venir faire causette avec son peuple chéri et lui rappeler que la justice fait son devoir en faisant comparaître les "coupables" d'outrage à sa personne par l'intermédiaire de faux en écriture. L'affaire du lapsus a été largement relayée, mais Kamizole est vénère et le dit avec humour. En voilà une que les chiffres ci-dessus ne doivent guère réjouir.

Le vent de cette semaine sera bref et exclusivement orienté politique. Pour le conclure je suggère un petit tour chez P. Corcuff qui propose une lecture de Rosa Luxembourg "volontairement anachronique, dans le sens où elle part d’aujourd’hui, d’une certaine interprétation actuelle des enjeux politiques de la période, pour puiser des questions et des pistes qui nous aident dans la formulation des problèmes contemporains. . Corcuff met en lumière sa position délicate entre anarchisme et bolchévisme, une autre voie qui n'a pas eu l'occasion d'exister.
Ajoutons cette info pour les Parisiens, que Corcuff mentionne au début de son article Dans la reprise recomposée de son beau spectacle Rosa, la vie (créé initialement en 2006), Anouk Grinberg lit des lettres de Rosa Luxemburg, au Théâtre de la Commune à Aubervilliers, du 24 septembre au 4 octobre 2009. Le jeudi 1er octobre, un débat entre la comédienne et Edwy Plenel suivra la représentation, en partenariat avec Mediapart. L'occasion de revenir sur l'actualité de Rosa Luxembourg...
Oui, j'aime bien Rosa.

Photo Wikipedia

vendredi 25 septembre 2009

Epitaphe pour les morts de la rue


Alors que je débutais ce blog j'avais posté ceci, que j'ai retiré par la suite et je dirai pourquoi

Te rappelles tu, cet homme au regard de rapace, si fier, si beau ?
Ce copain de bohème des années du Marais ?
Ce fou de vie qui se retrouva enfermé pour 3 ans ?
Tape sur Google : R.J.
Tristesse.

N.

J'ai tapé. Je suis arrivée directement sur la liste 2007 des morts de la rue. Il y apparaissait, mort le 22/01/2007, Paris 13. J'ai tapé d'autres noms dont je n'ai plus de nouvelles, puisque les hommes fiers et beaux à vingt ans peuvent mourir seuls, dans la rue, comme lui en ce mois de janvier où j'ai failli moi-même mourir. Ils seront accompagnés pour leur dernier voyage par ces hommes et femmes (Collectif des morts de la rue) déterminés - qu'ils en soient remerciés- à leur manifester une dernière fois leur appartenance à cette espèce qui se distingue de ses compagnons mammifères par le langage et le rituel funéraire. Ce mort là m'obsède. Ainsi nous avons été proches d'hommes et de femmes qui mourront seuls et abandonnés et nous, ne le saurons que parce que cet outil invraisemblable, Google, est capable de repérer dans une liste leur nom que des humains compassionnels auront noté à cette fin, nous alerter. Mais il y a dans cette liste des dates de mort avec comme seule trace de celui là qui est parti, X homme, environ 50 ans, 28 / 01/ 2007 Paris 15. Comment en arrive-t-on à ne même plus avoir de nom ? Pas de papiers, perdus ou volés et non renouvelés, jamais obtenus ? Plus de famille, plus d'amis ? Errance subie ou choisie et dégénérant peu à peu ? Rebelle, peu enclin à la courbure de l'échine, on refuse la bride sur le cou. Mais la ville est la pire des jungles où survivre. Ou bien de chômage en RMI, on ne peut plus s'assurer un couvert. Pour R., il n'y avait aucune fatalité. C'était un homme intelligent, possédant les moyens de se créer une niche de survie. Quelle fatale déréliction l'a conduit à cette mort solitaire ? Nous ne saurons probablement jamais.


Quelques semaines plus tard j'ai remarqué un commentaire qui était resté en souffrance (c'est le cas de le dire). On me demandait de prendre contact d'urgence, un numéro de téléphone et un mail étant joint.
J'appris ainsi que le frère de cet ami avait eu connaissance de la mort de R. par le biais de Gougueule, qu'il avait trouvé mon épitaphe par la même voie et il me demandait de retirer mon texte. R. s'était brouillé avec sa famille, sa mère ne savait rien de la mort de ce fils ainé, elle était cardiaque et risquait de tomber sur l'information par hasard. R. est mort dans son camion, dans un garage qu'il louait, c'est la propriétaire qui l'a découvert. Mort de quoi ? On ne sait. Il n'y a pas d'enquête pour ceux que personne ne réclame. J'ai donc retiré mon texte, assez bouleversée par ma conversation avec cet homme que j'avais croisé une ou deux fois quand je fréquentais R.

Pourquoi je remets en circulation ce billet (en l'anonymisant cette fois) ? Parce que j'ai lu aujourd'hui que depuis le début 2009, au moins 205 SDF sont morts. le 25 novembre, le collectif Les Morts de la rue rendra hommage à ces soldats tombés au front de la misère. La cérémonie aura lieu Place du Palais Royal à Paris.
Je n'ai pu publier "épitaphe à RJ" ce sera donc une épitaphe collective répertoriée comme anonyme Nous avons trop aimé les étoiles, pour avoir peur de la nuit.

Le collectif des morts de la rue

Illus L'homme de demain. Paul Klee 1933