
Depuis que j'ai mis les doigts dans la blogosphère je m'interroge et je suppute sur le sens à donner à cette manie récente de me manifester sous la forme écrite au sein d'une grande toile où je ne suis qu'un tout petit point de chaine.
Il se trouve que je fréquente quelques supputeurs qui me bousculent à la fois le zygomatique et le système synaptique. Il y a de la perte sur cette toile, beaucoup de pensées fort sensées échappent à la réverbération qui leur donnerait tout leur lustre. Je vais donc me livrer à un exercice de rafraîchissement qui aura le double avantage de donner plus large audience à de l'exclusive confidence et de m'offrir l'occasion de poster sans trop me fatiguer. (Que celui qui n'a jamais été tenté par ce type de solution se lance le premier dans l'opprobre).
Donc voici un raccourci d'un débat éclaté et étalé en différents endroits dont j'ai récupéré quelques bribes strictement confidentiel(les)
"A voir tous ces textes éparpillés sur le ouèbe, j' suis de plus en plus intrigué par la démarche de ces "écriveurs"? me demande pourquoi ils écrivent ? Dans quel but ? Sont-ils satisfaits par cette publication immédiate, ne perpétuent-ils pas davantage l'écriture salonnarde que le vrai travail de l'écriture ?... Y a des textes vains et mal fichus, des textes dignes de gamins de 10 ans, des tartines de prétention, des montagnes de souffrances "littéraires" ou si mal écrites qu'elles donnent l'impression de souffrances inventées, des romans minables, des fragments de choses dont on se dit qu'elles mériteraient un support plus tangible, des éclairs propres, des phrases limpides aussi (parfois), des ébauches de nouvelles... Et puis, de temps en temps, un véritable écrivain, mais c'est très rare, un homme ou une femme qui se lance dans ses mots et dont on sent le coeur palpiter sur l'écran". Mon Chien Aussi (vous le connaissez, j'en suis sûre).
"La seule réponse que je trouve, finalement, c'est que les blogs pourraient être similaires aux lettres de jadis - Madame du Deffand ou la Princesse Palatine auraient fait de grandes blogueuses, au fond. C'est vrai qu'on peut considérer ça comme vain et futile, mais c'est aussi un moyen d'exorciser certaines frustrations (littéraires ou politiques ou autres), et j'ai tendance à me dire de plus en plus souvent que les blogs sont un refuge pour tous ceux qui n'ont pas actuellement voix au chapitre (même par écrivain "porte-voix" interposé) dans des publications officielles de plus en plus formatées "grand public" (avec toutes ces fameuses listes de choses à compter, à faire ou à voir). Le blog est une évasion collective, je crois. Sophie K, chevalière de l'ordre des Ni NI.
"Ma question n'était pas une critique des blogs, c'était une manière de mettre le doigt sur une petite question qui n'affleure pas beaucoup sur le Net ; et puis, l'aspect vain de certains écrits est parfois émouvant... Le seul truc qui m'ennuie un peu, c'est la flatterie presque obligatoire, ou le commentaire est supprimé, pas partout bien sûr. Ça, c'est le hic qui me fait penser que s'il y a une nouvelle zone de liberté, elle est quand même sous la surveillance du bon goût commun. (C'est moi, Zoë, qui souligne) Mais bon... Je sais qu'un type m'a interdit tout accès à ses pages parce que j'étais pas assez louangeur. Un mec connu. Chez lui, seuls les commentaires du genre : "Comme vous êtes intelligent ! Comme vous écrivez bien ! Quelle pensée majestueuse !" étaient acceptés. A sa place, je s'rais emmerdé de collectionner les lèche-culs..." Mon Chien Aussi (le même)
"Alors, Mon Chien, tu rigoles ou quoi ? Tu t'interroges sur cette pléthore de textes de niveaux plus ou moins et plutôt moins et keski motive et tout ça ? Et toi ? Pourquoi tu pianotes d'un blog à l'autre pour déposer ton grain de sel sur la queue du dragon de la caverne, hein ? C'est juste que le ouèbe c'est une immense cour de récréation et une salle des pas perdus pour tout le monde. On va y faire son marché selon son humeur du jour. On y a des fidélités comme quand on se retrouvait à la récré. Entre temps chacun vaque à ses petites et grandes occupations avec dans le fond de sa poche son blog / doudou, qui lui fait chaud au coeur. Quant à l'écriture, pour moi c'est une façon de garder le neurone mobile. Ça s'encrasse si vite ce matériau, si on ne le lubrifie pas d'une façon ou d'une autre.
Celle-là, en ce moment je la kiffe, oualatou! Zoë (je me cite puisque je lui répondais)
Voici donc, remises en piste, les pensées profondes que j'ai souhaité sauver de l'enfouissement définitif dans le grand magma de l'oubli, avant qu'elle n'y retournent, après avoir pris, sous l'arbre, l'air de rien, une petite bouffée de spiritualité chatoyante.
*Comme je ne recule devant aucune forfaiture, j'emprunte l'idée du" neuf avec du vieux" à la copine Clopine qui ce jour (09 09 09) a commis un titre de même acabit et un joli pastiche de Brassens tiré de ses tiroirs.
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